Le search fund: un véhicule de financement pour les jeunes repreneurs de PME qui gagne à être connu

En mûrissant mon projet de reprise de PME en Suisse Romande, j’ai discuté avec un ami sur les financements possibles d’une acquisition. Il m’a parlé avec enthousiasme de search fund, ce véhicule financier relativement peu connu en Europe qui a fait ses preuves avec des retours sur investissement plus élevés qu’en private equity tout en donnant une chance à de jeunes entrepreneurs de devenir CEO sans expérience préalable.

Le concept de search fund, qui prend son origine à l’université de Harvard en 1984, se définit comme un groupe d’investisseurs qui accompagne un ou une jeune repreneur(se) dans l’acquisition, la gestion, le développement et la revente d’une PME. 

Souvent sorti de MBA (là où on enseigne le search fund), l’entrepreneur fait une première levée de fonds (entre 200 et 300MCHF auprès d’une dizaine d’investisseurs) pour financer son search fund, grâce auquel pendant deux ans il ou elle va financer la recherche de cibles. Une fois la cible trouvée, ces mêmes investisseurs ont la possibilité de réinvestir au capital en priorité.

Les étapes clés

La plus récente étude de l’IESE en collaboration avec l’université de Stanford, qui se concentre sur la performance des search funds en dehors des Etats-Unis et du Canada, découpe le cycle de vie d’un search fund en quatre étapes:

  1. La création, avec un pool de capital d’un groupe d’investisseurs qui souhaitent investir dans des PME
  2. Recherche et acquisition de l’entreprise cible, qui dure un à trois ans en général
  3. La gestion et le développement, l’étape la plus longue au cours de laquelle l’entrepreneur dirige l’entreprise
  4. La vente potentielle, qui permet aux investisseurs et entrepreneurs de réaliser leur gain de capital, parfois avec un horizon long-terme

La cible-type d’un search fund

Une bonne cible est une PME qui se valorise entre 5 et 20 MMCHF et est souvent trop chère pour un repreneur individuel mais pas assez grosse pour intéresser une boite de private equity. Les critères financiers tels la récurrence des revenus, une marge opérationnelle haute et des flux de trésorerie stables sont communs pour ce type de fonds. Les critères géographiques, sectoriels sont établis par l’entrepreneur et présentés aux investisseurs potentiels.

La performance des search fund

Ce véhicule reste très niche, mais mérite d’être mis en lumière avec le changement de génération qui s’opère.

Selon l’étude de l’IESE:

  • 83 search funds ont été créés depuis 1992 à l’international, dont 22 en Europe et un en Suisse (contre 325 aux Etats-Unis & Canada). On observe un boom avec 21 search funds créés en 2017 seulement
  • A ce jour, 40 fonds recherchent, 30 ont conclu une acquisition, 8 ont dévié du modèle et 5 ont arrêté, faute de trouver une cible
  • Les résultats de gestion sont très bons, avec une création de valeur dans 87% des cas. Excluant les 3 meilleurs search funds dont le succès fausse les moyennes, le TRI agrégé atteint 28.4% et le retour sur capital investi (ROIC) atteint 2x
  • A ce jour, 12 sociétés ont été revendues et 18 sont toujours en gestion

À ce jour, le seul search fund suisse a été créé par Tobias Raeber (suisse) et Till Bossert (allemand), avec une optique d’investissement dans la région DACH. Ils ont finalement acquis Herchenbach, une entreprise de construction de bâtiments industriels semi-permanents en Allemagne en 2015, après une recherche de 18 mois au cours de laquelle ils ont analysé près de mille sociétés et rencontré une centaine de dirigeants-propriétaires. Depuis, ils ont étendu leurs activités au Royaume-Uni, aux Pays-Bas et en France, et ont fait grandir l’équipe de 20 à 60 salariés.

Difficultés et facteurs de succès

Basé sur une cinquantaine d’entretiens, les auteurs de l’étude soulignent les difficultés auxquelles les entrepreneurs font face au cours du cycle de vie du search fund, mais aussi les éléments de réussite:

  • La méconnaissance du modèle cause une certaine difficulté à lever des fonds en dehors des Etats-Unis. La création de groupes d’investisseurs spécialisés au Royaume-Uni et en Allemagne permet de faciliter l’accès au capital
  • Les méthodes de recherche et la façon de présenter le search fund doivent s’adapter aux cultures des pays. Par exemple, le téléphone marche aux Etats-Unis mais semble trop direct pour la Suisse ou l’Allemagne. Lorsqu’on éduque les vendeurs potentiels au principe du search fund, il est mieux d’éviter de parler de private equity, mais plutôt de partenariat, ou de succession d’entrepreneurs
  • La gestion d’une entreprise par un individu sans expérience de CEO peut être vue comme un risque, mais le modèle du search fund permet de bénéficier de l’expérience des investisseurs du fonds et contribue grandement au succès
  • 50% des search funds se créent à deux individus, avec des compétences complémentaires. Ils semblent avoir plus de succès dans la phase de levée de fonds, et ont fait les trois meilleures reventes.

 

Si vous êtes investisseur(se) ou repreneur(se), est-ce que modèle attire votre attention? Alors contactez moi, j’envisage d’organiser une conférence sur le sujet.

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Pour plus d’informations, voici des liens utiles:

Centres de recherche académique sur le sujet:

Articles (en anglais):

Chers dirigeants-propriétaires, où en est votre réflexion sur la transmission de votre entreprise?

‘On peut pas s’empêcher de vieillir, mais on peut s’empêcher de devenir vieux’

Matisse

 

Faites-vous partie des 60% de dirigeants-propriétaires de PME de plus de 55 ans et qui n’ont pas encore de plan de transmission clair ?

La plupart des dirigeants-propriétaires repoussent l’échéance de préparer la transmission de leur entreprise. Manque d’informations, urgences du quotidien, déni de la retraite qui approche, espoir que les enfants reprennent – nombreuses sont les raisons pour éviter de se poser des questions fondamentales.

Seulement, une transmission peu préparée met en danger la pérennité de l’entreprise, sans parler des conséquences financières et émotionnelles. Pour rappel, 30% des entreprises suisses ne trouvent pas de repreneur.

Les quatre conseils d’or que Vincent Mignon, avocat-associé LE/AX et Claude Burgdorfer, fondateur de la fiduciaire ReviXpert  à Neuchâtel donnent sont :

  1. Anticipez le projet de transmission
  2. Sachez valoriser votre entreprise de manière juste
  3. Encadrez-vous le plus vite possible de gens compétents
  4. Restez flexible et proactif, cela ne se passe jamais comme prévu

 

1. Chers patrons, préparez-vous bien en amont

Le processus de transmission est long: pour bien se préparer, il faut commencer à réfléchir à un plan entre cinq et dix ans avant la date de transmission. En effet, que l’on envisage de remettre à un membre de la famille ou un collaborateur, il faudra le former, l’intégrer progressivement aux processus de décision et ainsi lui permettre de gagner en crédibilité. Si l’on souhaite vendre à un tiers, il faut suffisamment de temps devant soi pour faire les transformations stratégiques et opérationnelles nécessaires afin d’optimiser la valeur de l’entreprise.

A ce sujet, il est primordial de bien comprendre les éléments de valorisation de l’entreprise.

 

2. Chers patrons, faîtes vous une idée juste de la valeur de marché de votre entreprise.

Trop d’entrepreneurs confondent prix de vente et leurs besoins de prévoyance. Si vous pouvez vous le permettre, faire une évaluation financière par un cabinet expérimenté est un vrai atout pour la négociation – en connaissant en amont les leviers de valorisation, vous pourrez défendre votre prix de vente et/ou transformer votre société pour maximiser sa valeur.

Par exemple, la valeur de beaucoup de petites sociétés dépend largement du patron – Patrick Nosten, partenaire de PME-Successions.ch, spécialiste de la vente de PME, “ Je vois beaucoup de cas où le patron a toute l’intelligence : de l’expertise technique aux relations commerciales privilégiées, il est un élément essentiel, ce qui peut mettre en danger la pérennité de l’entreprise après la transmission”.

Un patron bien conscient des enjeux aura quelques années pour rendre son entreprise moins dépendante de lui, notamment en déléguant certaines tâches à ses employés – et pourquoi même ne pas recruter un directeur opérationnel plus jeune qui serait à même de la diriger une fois vendue ?

 

3. Chers patrons, sachez bien vous entourer.

Votre banquier, votre comptable ou votre avocat seront sûrement les premiers au courant de votre projet de transmission.

Votre banquier pourra vous aider à vous poser les bonnes questions concernant l’impact de la vente sur votre prévoyance et fiscalité. Par exemple, UBS dédie un microsite entier avec une série de documents et checklists utiles pour initier la réflexion.

Votre fiduciaire vous aidera à préparer les documents nécessaires à l’évaluation de l’entreprise et la préparation de la due diligence (ensemble de vérifications que fait un acheteur en vue d’une transaction). Certaines peuvent avoir un service de valorisation d’entreprises, mais il est mieux de passer par un cabinet spécialisé, car plus objectif et capable de comparer avec d’autres transactions du même secteur.

Il existe aussi des entreprises spécialisées dans la vente de sociétés, comme par exemple Business Broker (filiale de Raiffeisen) ou PME-Successions.ch ou encore Triportail SA et Uneo qui ont un large réseau de repreneurs potentiels et mènent le processus complet avec discrétion.

 

4. Chers patrons, soyez flexibles.

Pour vous, l’idéal serait sûrement de vendre vite, au prix que vous souhaitez et sans conditions, de se retirer rapidement de votre affaire pour mener à bien vos nouveaux projets…

Même si le marché est plutôt vendeur, cela se passe rarement comme on le souhaite. Quelques points à retenir pour que la phase de vente se passe bien:

  • Mettez-vous dans la peau de l’acheteur, qui fait un pari sur votre société et s’engage financièrement et opérationnellement.
  • Préparez un plan B, si l’opération ne se fait pas – il y’a des enjeux commerciaux non négligeables en cas d’échec de la transaction.
  • Détachez-vous progressivement. Alain Joseph, repreneur de plus de quinze entreprises avec sa holding Phida Invest SA, ayant fait la récente expérience de la cession “La vente c’est compliqué de se détacher émotionnellement de l’entreprise, on se sent responsable”. Il faut apprécier le chemin parcouru et sortir libre pour de nouvelles aventures !

Cet article me tient particulièrement à coeur, ayant rencontré des dirigeants de belles entreprises, avec lesquels ce n’était pas possible de discuter faute d’une bonne préparation et prise de conscience des enjeux de transmission. Si vous connaissez des dirigeants dans votre entourage qui sont susceptibles d’être concernés, partagez l’article!

La reprise de PME, une opportunité réaliste pour les jeunes cadres qui rêvent d’entreprendre?

Qui n’a pas entendu dans son jeune entourage “j’en ai marre de mon boulot, je rêve de monter ma boite”? Ou bien “moi, après l’uni, je crée ma startup”?

Les jeunes générations s’enthousiasment pour l’entrepreneuriat et voient souvent la création de startup comme un débouché tentant après leurs études ou quelques années de vie professionnelle.

D’un autre côté, près de 30% des PME suisses actuelles et leurs emplois vont disparaître après le départ à la retraite du dirigeant, faute de repreneur. Et on cite souvent un profil-type de repreneur à la quarantaine bien entamée, ex-cadre dirigeant de grande entreprise.

Mais pourquoi n’y a-t-il pas plus de jeunes professionnels qui considèrent la reprise?

C’est une option particulièrement séduisante pour des profils de salariés avec 8 à 15 ans d’expérience professionnelle et qui ne voient pas forcément de perspectives d’évolution dans leurs entreprises, mais toujours de l’énergie et une vraie envie de mettre la main à la pâte.

Henri de Wulf, entrepreneur dans le recyclage des fers et métaux avec sa société Big Bennes depuis plus de trente ans, explique très bien l’attrait de cette option : “La trentaine paraît le bon âge pour reprendre une société car on combine l’expérience et la velléité de prendre des risques, on est pas encore habitué à un niveau de vie trop élevé et on tombe aujourd’hui sur la génération du baby boom qui part en retraite – Il y a donc des opportunités de reprise de PME, avec des cédants prêts à les aider pour la transmission, notamment par le biais d’une phase d’accompagnement ou un crédit vendeur”.

Alors pourquoi pencher pour la reprise, plutôt que la création d’entreprise, ou rester salarié? Voici quelques pistes de réflexion…

 

Reprise versus Création – avantages et choses à savoir:

 

  • C’est moins risqué  – La reprise est considérée comme moins risquée que la création – Après 5 ans seulement 50% des startups existent encore, contrairement à 95% des PME reprises(1).
  • On ne part pas de zéro – On reprend une entreprise avec une base de clients existante et un savoir-faire solide. En effet, la plupart des dirigeants qui se rapprochent de la retraite ont développé leur activité sur certains axes, mais il peut y avoir d’autres opportunités de développement ou de modernisation en matière de gestion. Tandis qu’il faut quelques années à une startup pour tester sa viabilité.

Mais…

  • Cela a un coût non négligeable en amont – Le financement du prix de l’acquisition de l’entreprise repose sur plusieurs piliers, dont des fonds propres (à hauteur de 30-50% du prix d’acquisition). Alors qu’on peut lancer sa boîte et attendre d’avoir un produit viable avant de lever des fonds.
  • Cela prend du temps – Il faut aussi s’armer de patience, car le processus complet de la recherche de cibles à la conclusion du contrat de vente peut durer de 9 à 18 mois, voire plus, et la réussite ne dépend pas que de vous ( le vendeur peut se rétracter à la dernière minute)! Alors que vous avez la liberté de commencer votre startup dès que vous le voulez.

 

Reprise versus Salariat: avantages et choses à savoir:

 

  • On peut développer une activité en ligne avec ses valeurs: Autonomie de décision, liberté d’organisation, créer de la valeur pour soi selon ses propres principes… les avantages sont nombreux. Véronique Basch, ancienne cadre dirigeante de grand groupe, qui a racheté la société de stérilisation d’instruments médicaux ​Steriswiss​ fin 2015, apprécie sa liberté de décision et d’organisation de son temps: ​“Je travaille beaucoup, mais avec énormément de flexibilité aussi, et finalement c’est moi qui donne le rythme au développement de mon entreprise. Cela inclut des succès, qui sont très gratifiants, et demande également une grande capacité de résilience, mais en fin de compte, j’y ai largement gagné en qualité de vie”​. Avec son équipe, ils développent l’activité et augmentent ainsi la valeur de l’entreprise, qui était auparavant une filiale non stratégique d’un groupe dentaire. Elle a d’ailleurs été lauréate du ​Réseau entreprendre Suisse Romande​ en 2016, et participe désormais activement au développement des activités de soutien aux repreneurs au sein du réseau.

Mais…

  • Il faut se préparer à être au four et au moulin – Mais pour réussir, il est important d’avoir conscience que l’on met les mains dans le cambouis et que c’est mieux d’être intéressé par plein de choses, car le dirigeant repreneur s’occupe de multiples tâches qui sont souvent déléguées dans les grands groupes. Les tâches RH, administratives, de facturation sont souvent gérées par le dirigeant dans des micro-entreprises, au même titre que le développement commercial et le suivi de projet. Autant dire que les journées sont bien remplies!
  • Le soutien de l’entourage est clé surtout dans les premiers mois de la reprise, non seulement d’un point de vue émotionnel, mais aussi financier, car le salaire du chef d’entreprise reste souvent la variable d’ajustement pour les débuts.

 

Chers lecteurs, si vous avez des arguments en faveur ou défaveur de la reprise d’entreprise vs. le salariat ou la création, n’hésitez pas à les partager en commentaires!

 

Liens utiles:

Vous souhaitez en savoir plus sur la perspective de reprendre une PME? Voici quelques noms d’associations et d’entreprises utiles:

Sources:

(1) Office fédéral de la statistique suisse

Que vont devenir les 70’000 entreprises suisses qui doivent changer de main dans les cinq prochaines années?

Le sujet est brûlant depuis quelques années – La Suisse étant une économie florissante grâce notamment au dynamisme de ses PME créées et dirigées par la génération du baby-boom, la transmission est au coeur des préoccupations.

En effet, on voit les banques accélérer leurs efforts marketing pour appuyer leur rôle déterminant dans la prévoyance des cédants et le financement des repreneurs, les grosses fiduciaires créer des équipes dédiées à la transmission, les études d’avocats participer aux tables rondes sur le sujet.

Pourtant, lorsqu’on se rend à des conférences sur le sujet, comme la journée nationale de la transmission à Paudex le 2 octobre dernier, les grands absents sont ces 70’000(1) entrepreneurs concernés par un changement de main.

Lors de cette journée, on a surtout parlé d’une toute petite proportion de ces entreprises en phase de transmission. Ce sont celles qui sont reprises par des fonds de Private Equity ou d’autres boîtes, valorisées à plusieurs dizaines de millions. On est donc loin du compte d’une activité à la hauteur du défi – Mr Nicolas Brunner, Responsable Clientèle commerciale et membre de la direction du CIC en Suisse, l’indiquait lors d’un entretien en juillet:  ‘on parle beaucoup du sujet, mais finalement on voit peu de dossiers liés au financement d’une transmission’.

Mais alors que deviennent ces entreprises?

Pour donner un peu de dimension à la problématique – La Suisse a près de 600’000 entreprises dont 98% ont moins de 50 employés – si l’on affine les chiffres, on se rend compte que 90% sont des micro-entreprises de moins de 10 employés.

Lorsqu’on annonce un chiffre aussi conséquent que 70’000(1) entreprises concernées par une transmission dans les cinq prochaines années, on comprend qu’une écrasante majorité concerne les petites sociétés:

Celles dans lesquelles le dirigeant, très souvent également fondateur a souvent mis toute son énergie et y joue de multiples rôles.

Celles qui sont, en raison de leur petite taille, hors du radar des banques, avocats et fiduciaires.

Celles qui sont souvent donc peu préparées en amont à ce processus de transmission.

Or, ces nombreuses entreprises sont clé car, elles sont souvent la principale richesse de l’entrepreneur et contribuent à l’emploi local. Leur multiplicité participe à la diversification du tissu économique, ce qui favorise le client final en aval et les fournisseurs en amont qui ont alors plus le choix et peuvent ainsi diversifier leur risque.

Quelles sont les options  de transmission pour ces petites entreprises?

1.Remettre à un collaborateur qui connaît l’entreprise et a le potentiel de la diriger

Cette option se prépare bien en amont – il faut idéalement recruter un tel profil plusieurs années avant, soit avoir une discussion avec un collaborateur sur son envie de reprendre, les modalités de reprise et le faire progressivement monter en puissance.

2. Remettre à un membre de la famille

C’est l’option la plus évidente pour l’entrepreneur, et qui paraît le plus simple. Or on minimise souvent l’aspect émotionnel qui va en découler (impact sur la fratrie, mélange des vies familiales et professionnelles, difficulté pour le repreneur de s’affranchir de l’autorité parentale). L’étude du Crédit Suisse annonce un déclin de ce type de transmission ces dernières années. Les enfants souhaitent poursuivre un autre chemin professionnel.

3. Vendre à un repreneur externe

Le repreneur externe peut avoir plusieurs visages : un compétiteur, un ancien cadre dans une plus grosse entreprise du secteur mais aussi quelqu’un sans expérience directe de l’industrie.

Afin de maximiser les chances de vendre l’entreprise il est important pour le vendeur de rendre la valeur intrinsèque de sa société moins dépendante du propriétaire (qui souvent est l’interface commerciale, en plus d’avoir les connaissances techniques) et ainsi proposer un accompagnement de l’acquéreur (allant de 3 à 12 mois).

Mr Millioud qui a repris(2) la société CADSchool spécialisée dans la formation à Genève, a pu bénéficier d’une transition en douceur – Le couple de dirigeants propriétaires avait construit une équipe solide autour d’eux et l’épouse a souhaité poursuivre son activité encore quelques années, ce qui lui a permis de se concentrer rapidement sur les projets développement de l’école.

Dans tous les cas, la préparation d’une transmission prend plusieurs années selon le scénario choisi.

Près de 30% de ces sociétés ne trouvent pas de repreneur

Le manque de préparation explique sûrement pourquoi l’entreprise est liquidée dans 30%(1) des cas, faute de repreneurs. On peut imaginer que cela concerne principalement les entreprises de 1-2 personnes, car on compte en moyenne 1.78 employé par micro-entreprise. Si l’impact sur l’emploi est moins important, une liquidation a tout de même un impact important sur l’économie locale car elle affecte les clients et fournisseurs ainsi que la prévoyance de l’entrepreneur.

En résumé, si le chiffre de 70’000 entreprises impactées par une transmission justifie l’éveil des milieux politiques et économiques, il est important d’adapter les actions et communications de sensibilisation à la taille de l’entreprise – plus de 60’000 sont des micro-entreprises, près de 9000 emploient entre 10 et 49 salariés et plus de 1000 on entre 50 et 249 salariés.

Ce qui manque le plus est la sensibilisation aux micro-entreprises : une meilleure connaissance de ces acteurs pourrait faire naître des vocations de repreneurs.

Si vous êtes curieux, abonnez-vous à mon blog, ce sera le sujet de mon prochain article!

Quelques chiffres clés pour aller plus loin:

●      587’000 entreprises marchandes enregistrées en Suisse en 2016

●      75% d’entreprises familiales et plus de 50% dirigées par des hommes et femmes de plus de 55 ans

●      Plus de 70’000 entreprises changeront de main dans les cinq ans, dont plus de 60’000 des micro-entreprises avec une moyenne de 1.8 employé par structure


Sources:

(1) Etude Credit Suisse 2016 sur la transmission des PME en Suisse

(2) Retrouvez l’intégralité de l’histoire de Cédric Millioud et la reprise de CADSchool

Agenda 2019:

12 septembre – La Matinale à Neuchâtel (Programme 2018)

2 octobre -Journée transmission entreprise à Berne