Chers dirigeants-propriétaires, où en est votre réflexion sur la transmission de votre entreprise?

‘On peut pas s’empêcher de vieillir, mais on peut s’empêcher de devenir vieux’

Matisse

 

Faites-vous partie des 60% de dirigeants-propriétaires de PME de plus de 55 ans et qui n’ont pas encore de plan de transmission clair ?

La plupart des dirigeants-propriétaires repoussent l’échéance de préparer la transmission de leur entreprise. Manque d’informations, urgences du quotidien, déni de la retraite qui approche, espoir que les enfants reprennent – nombreuses sont les raisons pour éviter de se poser des questions fondamentales.

Seulement, une transmission peu préparée met en danger la pérennité de l’entreprise, sans parler des conséquences financières et émotionnelles. Pour rappel, 30% des entreprises suisses ne trouvent pas de repreneur.

Les quatre conseils d’or que Vincent Mignon, avocat-associé LE/AX et Claude Burgdorfer, fondateur de la fiduciaire ReviXpert  à Neuchâtel donnent sont :

  1. Anticipez le projet de transmission
  2. Sachez valoriser votre entreprise de manière juste
  3. Encadrez-vous le plus vite possible de gens compétents
  4. Restez flexible et proactif, cela ne se passe jamais comme prévu

 

1. Chers patrons, préparez-vous bien en amont

Le processus de transmission est long: pour bien se préparer, il faut commencer à réfléchir à un plan entre cinq et dix ans avant la date de transmission. En effet, que l’on envisage de remettre à un membre de la famille ou un collaborateur, il faudra le former, l’intégrer progressivement aux processus de décision et ainsi lui permettre de gagner en crédibilité. Si l’on souhaite vendre à un tiers, il faut suffisamment de temps devant soi pour faire les transformations stratégiques et opérationnelles nécessaires afin d’optimiser la valeur de l’entreprise.

A ce sujet, il est primordial de bien comprendre les éléments de valorisation de l’entreprise.

 

2. Chers patrons, faîtes vous une idée juste de la valeur de marché de votre entreprise.

Trop d’entrepreneurs confondent prix de vente et leurs besoins de prévoyance. Si vous pouvez vous le permettre, faire une évaluation financière par un cabinet expérimenté est un vrai atout pour la négociation – en connaissant en amont les leviers de valorisation, vous pourrez défendre votre prix de vente et/ou transformer votre société pour maximiser sa valeur.

Par exemple, la valeur de beaucoup de petites sociétés dépend largement du patron – Patrick Nosten, partenaire de PME-Successions.ch, spécialiste de la vente de PME, “ Je vois beaucoup de cas où le patron a toute l’intelligence : de l’expertise technique aux relations commerciales privilégiées, il est un élément essentiel, ce qui peut mettre en danger la pérennité de l’entreprise après la transmission”.

Un patron bien conscient des enjeux aura quelques années pour rendre son entreprise moins dépendante de lui, notamment en déléguant certaines tâches à ses employés – et pourquoi même ne pas recruter un directeur opérationnel plus jeune qui serait à même de la diriger une fois vendue ?

 

3. Chers patrons, sachez bien vous entourer.

Votre banquier, votre comptable ou votre avocat seront sûrement les premiers au courant de votre projet de transmission.

Votre banquier pourra vous aider à vous poser les bonnes questions concernant l’impact de la vente sur votre prévoyance et fiscalité. Par exemple, UBS dédie un microsite entier avec une série de documents et checklists utiles pour initier la réflexion.

Votre fiduciaire vous aidera à préparer les documents nécessaires à l’évaluation de l’entreprise et la préparation de la due diligence (ensemble de vérifications que fait un acheteur en vue d’une transaction). Certaines peuvent avoir un service de valorisation d’entreprises, mais il est mieux de passer par un cabinet spécialisé, car plus objectif et capable de comparer avec d’autres transactions du même secteur.

Il existe aussi des entreprises spécialisées dans la vente de sociétés, comme par exemple Business Broker (filiale de Raiffeisen) ou PME-Successions.ch ou encore Triportail SA et Uneo qui ont un large réseau de repreneurs potentiels et mènent le processus complet avec discrétion.

 

4. Chers patrons, soyez flexibles.

Pour vous, l’idéal serait sûrement de vendre vite, au prix que vous souhaitez et sans conditions, de se retirer rapidement de votre affaire pour mener à bien vos nouveaux projets…

Même si le marché est plutôt vendeur, cela se passe rarement comme on le souhaite. Quelques points à retenir pour que la phase de vente se passe bien:

  • Mettez-vous dans la peau de l’acheteur, qui fait un pari sur votre société et s’engage financièrement et opérationnellement.
  • Préparez un plan B, si l’opération ne se fait pas – il y’a des enjeux commerciaux non négligeables en cas d’échec de la transaction.
  • Détachez-vous progressivement. Alain Joseph, repreneur de plus de quinze entreprises avec sa holding Phida Invest SA, ayant fait la récente expérience de la cession “La vente c’est compliqué de se détacher émotionnellement de l’entreprise, on se sent responsable”. Il faut apprécier le chemin parcouru et sortir libre pour de nouvelles aventures !

Cet article me tient particulièrement à coeur, ayant rencontré des dirigeants de belles entreprises, avec lesquels ce n’était pas possible de discuter faute d’une bonne préparation et prise de conscience des enjeux de transmission. Si vous connaissez des dirigeants dans votre entourage qui sont susceptibles d’être concernés, partagez l’article!

Caroline Menard

Caroline Menard a commencé sa carrière chez P&G à Genève après un master de management à St Gall. En 2016, elle a pris un tournant plus opérationnel en rejoignant Uber pour développer l'activité suisse et monter un centre de service client au Portugal. Depuis quelques mois, elle cherche activement une petite société à reprendre et vous livre son expérience riche de dizaines de rencontres et conférences.