La Convention européenne de la jeunesse s’est tenue du 9 au 12 mars à Strasbourg. L’occasion pour 150 jeunes Européens d’esquisser une vision pour leur Europe. Retour sur quatre jours intenses.
«Unis dans la diversité, nous, les citoyens européens, […] nous sommes réunis pour créer une Constitution par et pour les peuples d’Europe». C’est avec ces mots que commence le texte adopté dimanche 12 mars lors de la Convention européenne de la jeunesse, organisée par les Jeunes Européens. L’union dans la diversité – et peut-être même dans l’adversité – c’est également ce que les 150 participants ont ressenti durant toute la durée de la manifestation: issus de 38 pays et presque autant d’organisations, ils ont réussi la prouesse de donner naissance à dix chapitres constitutionnels en un week-end.
Tout commence le jeudi 9 mars vers midi au Parlement européen de Strasbourg. Rassemblés dans l’un des hémicycles, les participants se réjouissent des paroles d’encouragement qu’Antonio Tajani, le nouveau président des lieux, a tenu à leur adresser en vidéo: «L’Europe est là pour les jeunes. Vous êtes notre avenir», martèle-t-il. Hochements de têtes approbateurs dans la salle, chacun veut prouver qu’il peut façonner et représenter l’Europe de demain. Et soudain le gong retentit, le coup d’envoi résonne, les participants sont priés de rejoindre leur salle, leur thème et leur fonction. Durant les six ateliers de quarante minutes qui suivront, chaque jeune se retrouvera ainsi deux fois à la table des négociations auprès de cinq collègues, deux fois en position de critique avec un temps de parole de cinq minutes – et pas une minute de plus! – et deux fois dans les rangs silencieux des observateurs. Elaborée par l’institut Malik de Zurich, cette méthode intitulée Synthegration® permet à chacun, même le moins loquace, d’exprimer son point de vue selon son domaine de compétence. Dans cette configuration, les discussions sont denses, le débat vif et passionné. L’heure tourne à toute vitesse. Et, sans savoir comment, il est déjà 19h00, c’est la fin des débats du jour.
Vendredi 10 mars, retour au Parlement à 8h00 tapante. Plus question de tergiverser, les vraies discussions commencent. Après une heure de visual applause lors de laquelle les participants découvrent les résumés rédigés par les médiateurs de chaque groupe et y apposent des gommettes vertes pour signifier leur accord avec telle ou telle déclaration, chacun rejoint son poste. Avec pour consigne: imaginez l’avenir dont vous rêvez, pas celui qu’on vous propose ! Au sein du groupe «valeurs de l’UE», les questions fusent : faut-il ou non sanctionner un Etat membre qui ne respecterait pas les valeurs européennes? N’est-ce pas contraire à celles-ci justement? Et quid de l’Etat de droit? «Ceci est une constitution pour et par les citoyens, il faut que nous restions simples», rappelle Chloé. Plus tard, le groupe «règles électorales» se penche longuement sur le principe des listes transnationales pour les élections au Parlement européen et se heurte à un problème insoluble: comment les candidats pourront-ils faire campagne dans toute l’UE? Une solution est envisagée, pourquoi ne pas séparer l’UE en territoires de même taille et de même démographie et créer ainsi des listes régionales? Mais est-ce bien de cela dont nous rêvons?
Le samedi 11 mars débute par un coup d’éclat lors du visual applause dans le foyer de la Maison de la région Grand Est où les débats du week-end se tiennent. Verena, déçue de ce qu’elle lit sur les grandes feuilles récapitulatives, prend ses collègues à partie: «Pensez davantage à ce que vous voulez, innovez, ne reproduisez pas des schémas préfabriqués!». C’est que ce samedi est décisif pour l’avenir du texte de la constitution: c’est la dernière possibilité pour les groupes de plancher sur leurs sujets. Avec un avantage de taille, puisqu’ils ont désormais 70 minutes à disposition et un brouillon de constitution à examiner. Le groupe «institutions» reprend le débat là où il l’avait laissé la veille: doit-on mettre en place un système parlementaire bicaméral similaire à celui de la Suisse? Cette proposition finit par être adoptée tout comme l’idée de réduire le nombre de membres au sein de la Commission européenne. Le but de cette dernière mesure? Assurer une représentation européenne et non plus nationale au sein de l’organe exécutif. Dans le groupe «Europe sociale» en revanche, aucun consensus n’est trouvé sur la question de la sécurité sociale européenne, bien que l’accès aux traitement médicaux pour tous fasse l’unanimité.
En ce dimanche 12 mars, dernier jour de la Convention, il est temps de voter. Les participants ayant encore eu la possibilité d’ajouter des amendements personnels jusqu’à 21h la veille sur le forum en ligne, pas moins de 100 amendements doivent être passés en revue dans les quatre heures qui viennent. Un vrai défi dans la mesure où personne n’a encore lu le texte définitif élaboré dans la nuit par les organisateurs. Aucun jeune ne manque à l’appel, chacun est concentré, tous se sentent liés à un projet qu’ils ont porté ensemble. Les mines sont fatiguées, mais l’implication se lit sur tous les visages. «Nous voulons notre constitution», peut-on y déchiffrer. Les arguments jaillissent, crépitent, les votes s’enchaînent, quelques frustrations émergent, inévitables lors d’un tel exercice. Les propositions centrales telles que la mise en place d’un système commun d’asile répartissant les réfugiés selon les capacités des Etats membres, d’une agence européenne de cybersécurité et d’une armée européenne sont examinées à la loupe. Et, finalement, vers 13h30, c’est la délivrance, le texte de la constitution est adopté! Le soulagement est perceptible, la joie au rendez-vous, oui, ils l’ont fait! Certes, le texte est incomplet, par endroit idéaliste voire un peu contradictoire, mais il représente un vrai travail commun et européen, de la jeunesse pour son Europe, un document consistant élaboré en quatre jours seulement. Qui a dit que les jeunes ne se sentaient pas concernés? Qu’ils n’étaient pas engagés en politique, peu soucieux de leur avenir? Chez eux, c’est l’Europe et ils feront en sorte que ça le reste.
Retrouvez le texte définitif de la Constitution le 17 mars sur : www.youthconvention.eu
C’est certain que la complexité du system international européen peu creer des problèmes de compréhension au niveau culturel et operationelle. Ce qu’il doit être clef c’est de pouvoir trouver un compromis et des valeurs fondamentales presente entre les pays et s’appuyer sur elles.
Vous n’aurez une jeunesse européenne que lorsqu’elle aura de nouveau accès à 85% de la littérature de l’Occident, c’est-à-dire qu’elle parlera latin.
Schola Nova