Carrière : 5 clefs pour parler de soi quand on n’est pas au top

Parler de soi est un acte assez spontané dans des circonstances ordinaires. Qu’il s’agisse de partager des nouvelles, de rire et de nous lamenter, l’échange avec autrui est fluide. Tout se complique lorsque notre carrière nous interroge. C’est particulièrement le cas quand on perd son travail ou que le changement de carrière entrepris n’a pas encore abouti. Que son projet d’entreprise stagne ou que la retraite nous cueille insuffisamment préparés. Ou quand, après avoir mis sa carrière entre parenthèses, on ne sait par quel bout la poursuivre.

Dans ces différentes transitions professionnelles nombre de mes clients évoquent leur malaise face à certaines questions. Que cela soit à une soirée («que faites-vous dans la vie?»), entre deux portes («que deviens-tu?») ou en entretien de travail («parlez-nous de vous»), et voilà que la réponse n’est jamais pleinement satisfaisante. Comment se montrer engageant, concis, convaincant et pertinent quand on doute? Repenser la manière dont nous parlons de nous contribue à renouer avec la confiance en soi, en faisant de ces questions des opportunités positives.

Repenser notre réponse varie selon la personne qui nous interroge et son intention. Rien ne nous oblige, en effet, à nous raconter. Il est donc utile d’avoir en réserve une réponse succincte comme parade. Un classique consiste à répliquer à la question par une autre, qui lancera l’interlocuteur dans un développement. Quant à repenser notre présentation, voici:

5 clefs pour parler de soi quand on n’est pas au top de sa carrière:

  • Démarrez au présent par votre positionnement actuel et futur : je suis spécialiste en, expert/e en, je veux, je cherche, mon projet consiste à …
  • Réservez le passé pour plus tard. Comment vous êtes devenu/e ce que vous êtes servira à renforcer votre crédibilité ultérieurement. Et gare aux envolées nostalgiques : mettez l’accent sur les projets actuels et d’avenir.
  • Songez au fil conducteur qui relie les différentes étapes de votre parcours. L’identifier met en valeur le cheminement, vos motivations, votre personnalité.
  • Partez de votre interlocuteur/trice: écoutez et observez. Comment adapter votre propos pour le rendre encore plus pertinent, l’illustrer? Les histoires doivent intéresser celui qui les écoute. Misez sur la concision et restez connecté/e aux signaux émis par votre interlocuteur.
  • Exercez-vous: votre récit gagnera en conviction à mesure que vous vous l’appropriez. Votre confiance en vous également.

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De l’opportunité d’organiser le grand fourre-tout de l’âge

La société nous range par tranches démographiques : enfants, adolescents, adultes actifs, retraités… Elles lui permettent de nous compter, de s’organiser, de définir les prérogatives, obligations et prestations pour chaque catégorie, etc. Reconnaître l’existence de ces catégories génère, par la même occasion, de la valeur économique. Comment ? En développant des métiers et des produits adaptés à chaque catégorie. Tout le monde y trouve ainsi son compte. La preuve par l’exemple de l’adolescence.

Qui, de nos jours, pourrait concevoir une société occidentale sans adolescence? Il s’agit d’un concept, somme toute, récent, lié à l’allongement de l’espérance de vie. Autrefois, la puberté propulsait directement l’enfant vers l’âge adulte, sans escale.
En officialisant l’existence de l’adolescence, la société a reconnu les spécificités de cette population «entre deux âges », ses caractéristiques, ses droits, ses obligations, etc. L’économie en a bénéficié par l’émergence de métiers spécialisés (dans la crise d’adolescence, l’éducation, l’orientation professionnelle, etc), sans parler de secteurs aussi lucratifs que la musique, le cinéma, le sport, la mode, les soins pour adolescents…

N’est-il pas grand temps de faire de même en mettant de l’ordre dans le grand fourre-tout de la période “post-âge-officiel-de-la-retraite”? Dans les faits, une fois franchi ce seuil symbolique séparant les actifs des rentiers, les sexagénaires côtoient les centenaires, soit un écart de deux générations! Or, qui songerait à s’adresser avec le même vocabulaire et les mêmes services à un public d’enfants, d’adolescents et d’adultes? Pourquoi le faire avec les 60-100 ans ?

Au vu de l’allongement de l’espérance de vie, nous continuons à devenir officiellement vieux sensiblement au même âge que lorsque les retraites modernes ont été conçues avec pour conséquence que nous allons finir par être à la retraite en milieu de vie. Comme pour l’adolescence en son temps, reconnaître l’émergence de catégories démographiques spécifiques au sein de la population plus âgée est une question de réalisme. Face à cette reconnaissance officielle, l’économie saura créer des opportunités dans lesquelles le public cible pourra se reconnaître.

Je peux me tromper mais pour finir d’officialiser toute catégorie émergente, rien de tel que de trouver une étiquette attrayante. Tout comme pour l’enfance, l’adolescence et le stade adulte, l’étiquette en question ne doit pas automatiquement faire référence à l’âge, d’ailleurs!

Le concours d’idées est lancé : à vous de jouer.

 

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Y a-t-il une obsolescence programmée des collaborateurs?

Diversité : le mot est dans l’air du temps. Il émaille les discours tandis que certains employeurs en font un argument de recrutement.

Que ce soit dans les entreprises, dans les moyens de transports empruntés à l’heure de pointe, la vie active reflète la réalité de la diversité de notre société : genres, croyances, cultures, préférences, voire tatouages (des avant-bras ou des sourcils).

Une catégorie de cette diversité est en voie de raréfaction dans le monde du travail. Je vous donne trois indices :

  • elle représente un pourcentage considérable de la population active
  • sa part augmente de jour en jour
  • elle nous concerne tous, tôt ou tard!

La bonne réponse est … les plus de 45 ans, également appelés « seniors ». Dans cet océan de diversité, où sont-ils? Combien y en a-t-il autour de vous?

Allons faire un tour en ville. Entrons au hasard dans un grand magasin. Au premier coup d’œil, les vendeurs de plus de 45 ans ne sont pas légion et encore moins au rez-de-chaussée. Où donc passent les vendeuses en cosmétique une fois qu’elles ont des rides? Juste au moment où elles seraient encore plus crédibles en matière de produits anti-âge, où l’on pourrait enfin apprécier (en vrai) les bienfaits de leurs produits, voilà qu’on ne les voit plus, nous obligeant à nous contenter d’acheter des promesses…

Certes, l’apparence compte dans ce secteur où une ride ternit le rêve. Entrons donc chez les marchands de téléphonie. La première impression suggère que la diversité d’âge s’arrête au seuil des 35 ans. Au-delà, les conseillers de vente sont-ils promus dans les bureaux, tous à la direction, dans les « call centers »… loin du public?

Je peux me tromper mais, comme pour les appareils électriques, y a-t-il une obsolescence programmée des collaborateurs ? Quid de la diversité générationnelle pour représenter la société telle qu’elle est, et non telle que le marketing voudrait qu’elle soit ?

Placer un vendeur dans la devanture, ou l’en éloigner, n’est-ce pas (qu’il soit junior ou senior) le confondre avec la décoration ? N’est-ce pas son savoir-faire, sa connaissance des produits, sa qualité de conseil qui comptent, aux yeux du client, et non son âge? A moins, bien sûr, qu’il y ait un lien établi démontrant que la diversité d’âge nuit gravement au chiffre d’affaires.

En cherchant bien, j’ai trouvé de la diversité générationnelle dans l’administration publique, chez Swiss et dans les CFF, aux caisses de supermarchés, dans les professions libérales, chez les indépendants et les entrepreneurs… Et bien sûr, à la tête des gouvernements.

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Se recycler? A mort!

Le secteur des soins aux personnes âgées peine à recruter. Des milliers de postes seraient à pourvoir et le temps presse, face au rapide vieillissement de la population. Face à cette information, Laure s’interroge.

Spécialiste en communication, elle cherche du travail et son bilan de compétences a débouché sur une indication de « recyclage ». Puisqu’à 50 ans, on la considère trop âgée (par rapport à quoi ?) pour travailler dans sa profession, ce même âge pourrait-il être un atout dans les services aux personnes âgées ? Or, le temps de se recycler dans ce domaine, ne sera-t-elle pas prête à bénéficier elle-même desdits soins ?!

Qu’à cela ne tienne : à force de réfléchir et de chercher sur internet, elle découvre Funexpo 2018 . Non, il ne s’agit pas du salon du « fun » mais bien du salon international des arts, techniques et équipements funéraires qui se tiendra juste après la Toussaint (ça ne s’invente pas !) à Lyon.

Quoi de mieux pour se former une idée du métier que de rencontrer des professionnels ? Annoncé comme le rendez-vous incontournable de la profession, il réunit tous les deux ans 200 exposants dans trois secteurs : espace cimetière, hygiène et soins, et enfin… aménagement et architecture !? Le monde de la fin de vie ne concernerait donc pas que les soins ? Et pourquoi la communication n’en ferait-elle pas partie se demande Laure ?

Je peux me tromper mais puisque nous sommes tous amenés, tôt ou tard, à être clients de ce domaine, voilà un secteur… plein d’avenir !

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Quel expert êtes-vous ?

Jamais le monde n’a compté autant d’experts. Quel que soit le sujet, Google vous trouvera un(e) expert(e) dispensant les :

  • 5 conseils pour …
  • 3 erreurs à ne pas commettre si…
  • 10 astuces pour réussir sa…

Le statut d’expert, traditionnellement acquis par l’expérience, les diplômes, les publications, la reconnaissance des pairs, vit une démocratisation grâce au web. En effet, la production sans précédent de contenu permet au plus grand nombre de dispenser la connaissance, tandis que la reconnaissance arrive sous la forme de « likes », d’abonnés, de partages, etc.

Le Littré définit l’expert comme celui qui a, par l’expérience, acquis une grande habileté dans un métier, dans quelque chose. A ce titre, Youtube est la plateforme incontournable où des experts informels permettent de résoudre une foule de problèmes pratiques. Utilisatrice régulière de tutoriels techniques, je salue la pédagogie, l’inventivité et la générosité de leurs auteurs, qui très souvent ne cherchent pas à se mettre en avant.

C’est ainsi que des savoirs traditionnels se perpétuent tandis que de nouvelles idées sont diffusées, en une myriade infinie de tutoriels. C’est également le moyen pour que des personnes hors du monde du travail quelle qu’en soit la raison (« juniors » et « seniors », mères au foyer, etc) mettent en valeur leurs compétences, manient la technologie et soient en lien avec le monde.

Je peux me tromper mais… avec une telle profusion d’experts formels et informels, il est grand temps que le monde se porte mieux.

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Auto mariage ne signifie pas épouser son auto

Les places sont chères pour célébrer des noces à la belle saison mais tout n’est pas perdu si vous êtes intéressé(e)s par un mariage avec vous-même: une cérémonie collective d’auto mariages est, en effet, prévue le 8 juin prochain, tel qu’annoncé sur le site de la mairie de Bilbao . Un cours de préparation au mariage est même prévu par l’organisatrice, l’artiste May Serrano, mariée de longue date à elle-même.

Acte de narcissisme ou de liberté ?

A en croire quelques auto mariées médiatiques (où sont les hommes?), la sologamie attire principalement des femmes entre 30 et 40 ans. Principales motivations ?

  • Refuser de conditionner son bonheur personnel à LA rencontre (qui se fait attendre longtemps).
  • Prendre sa vie en main face au stigmate du célibat, qui touche davantage les femmes.
  • Faire librement un acte d’amour propre et de fidélité envers soi pour l’éternité.

Des voix s’élèvent pour dire que c’est la preuve ultime de tout ce qui va de travers en termes de relations humaines, de solitude, d’individualisme.

Et s’il s’agissait d’un acte de narcissisme suprême? Je laisse à quiconque n’a jamais fait de selfies le soin de leur jeter la première pierre. En revanche, le besoin de faire du mariage  un « happening» à diffuser sur les réseaux sociaux, ressemblerait à s’y méprendre à une nouvelle forme de faire la fête…

Autre paradoxe de notre époque : et si cet acte d’affranchissement côtoyait leur rêve de princesse en robe blanche?

Pour répondre à ces questions et bien d’autres, l’auto mariage est assorti de spécialistes qui font autorité: une coach dispense des conseils et stages en la matière, tandis qu’un site vante ses coffrets d’auto mariage incluant une unique alliance (et une figurine solitaire pour couronner la pièce montée ?).

Je peux me tromper mais… une fois auto marié, que fait-on en cas de rencontre avec l’âme sœur ? Divorcer de soi-même ? Même si l’auto mariage n’est pas reconnu, l’adultère envers soi reste un sujet à part entière!

Photo: Pixabay, Creative Commons, Alexas_Fotos

« Mémé va au travail » : le hub créatif où les seniors marquent la tendance

Elles créent des objets de mode et de décoration, font des défilés, prennent la pose et postent des photos sur Instagram. Agées de 60 ans… et pour certaines de plus de 90 ans, elles rayonnent et s’activent dans la bonne humeur. Voilà ce que je découvre en franchissant le seuil de l’atelier de création et espace coworking « Mémé va au travail »* créé à Lisbonne en 2014, sur fond de crise économique.

Les fondateurs, une designer et un psychologue, avaient observé l’isolement croissant des “seniors”, accentué par la réduction de leurs retraites. Autre constat, la tradition portugaise de travaux d’aiguille et de créations manuelles reculait silencieusement face à la culture des créations « low cost », des enseignes mondialisées… sans oublier l’absence de transmission des traditions entre générations.

« Mémé va au travail » est également un incubateur de talents et une boutique, animés par un essaim de dames aux doigts de fées. Grâce au savoir-faire des unes et à la médiation des fondateurs, le crochet traditionnel se réinvente en couleurs audacieuses, pour apporter la touche « mode » à de magnifiques plaids et coussins. Quant à la sage broderie, elle ose les couleurs fluo pour personnaliser des sacs et coussins créés à partir de photos anciennes imprimées sur tissu.

La transmission de ce savoir se fait sous la forme d’ateliers pour élèves créatifs de 9 à 99 ans, épris comme moi d’artisanat en péril. Au sein de cette ruche, s’activent des «seniors» pleinement insérées, épanouies, qui grâce aux échanges quotidiens avec d’autres générations, par aiguilles interposées,  sont devenues des utilisatrices averties des réseaux sociaux.

Vers 16h30, certaines jettent un œil inquiet sur leur montre : il est temps d’aller s’occuper d’un mari atteint d’Alzheimer, des devoirs des petits-enfants, etc.

Dans un avenir proche, les fondateurs espèrent convaincre quelques messieurs de décliner ce format au masculin, à travers des traditions liées au bois, au cuir, etc.

Cette initiative dément bien des stéréotypes associés à l’âge. Elle illustre ce que nous avons à gagner à veiller activement à la diversité générationnelle dans tous les secteurs de la vie et de l’économie. Elle démontre que si l’âge est une donnée, il ne définit pas une personne ni ses capacités.

* “A avó veio trabalhar”

Photo Pixabay KRiemer