Allaitement et espace public

Me revoilà, un enfant et quelques (quelques seulement…) transformations plus tard. Je ne ferai pas un article sur la réalité brute de la maternité de manière générale, je pense qu’il en existe déjà, bien que chaque expérience soit singulière. Si je me trompe, n’hésitez pas à me le dire en commentaire de cet article.

Je vais profiter de la semaine française de l’allaitement pour me concentrer sur cet aspect particulier de la maternité qu’est l’allaitement. Et plus précisément l’allaitement dans un espace public. Il s’en dit et s’en lit beaucoup à ce propos: des femmes qui ont allaité au musée, dans un café, au restaurant, dans un parc, et pour la plupart cela se passe très bien. Toutefois, certaines doivent faire face à des commentaires acerbes, à des regards intimidants ou jugeants, lorsque ce n’est pas à des agressions physiques (nombre d’articles de faits divers existent à ce sujet) !

C’est un acte pas banal, mais naturel. L’intime et le public s’entrechoquent.

Comment comprendre que certaines personnes ressentent une telle agressivité, un tel rejet, voire un profond dégoût pour ces femmes qui allaitent dans un lieu public ?

C’est un acte pas banal, mais naturel. L’intime et le public s’entrechoquent. La relation entre une mère allaitante et son bébé peut renvoyer à l’observateur une telle fusion, une telle complicité, qu’il peut se sentir exclus et avoir envie d’exclure en retour.

Mais il y a aussi le fait que les seins sont aujourd’hui quasiment exclusivement considérés comme des attributs érotiques. On oublie leur fonction nourricière, qui n’a rien de sexuel. C’est donc non seulement l’intime et le public qui s’entrechoquent, mais l’érotique et le naturel (on pourrait même dire l’essentiel, le physiologique).

Et si le malaise que ressentent certains à la vue d’une femme qui allaite provenait de cette imbrication ?

Vos avis m’intéressent.

Aude Bertoli

Psychologue et passionnée d'écriture, Aude Bertoli rédige des articles, des nouvelles et des textes courts qui sont tous en lien, de façon directe ou indirecte, avec des aspects dramatiques de l'existence (deuil, perte, agression, violence,...). Il s'agit non pas d'une optique voyeuriste ou théâtrale, mais bien du besoin de briser le silence autour de sujets sociaux encore tabous. Contact: aude.bertoli[at]bluewin.ch

30 réponses à “Allaitement et espace public

  1. Un regard dépité en Suisse; un regard appuyé en Europe, la lapidation au Moyen-Orient.

    Et, pendant ce temps, en Asie, ils et elles bossent.

    Nous sommes en pénurie de tout; essence, électricité, paracetamol, nourriture… mais se plaindre reste la préoccupation principale des petits bourgeois et bourgeoise. C’est quoi le nouveau mot du Petit Robert? Babtou fragile ?

  2. L’allaitement est un acte absolument naturel, c’est l’évidence même. Maintenant, cela ne veut pas dire qu’il faille le faire sans aucune discrétion dans la mesure du raisonnablement possible (il y a d’autres actes naturels que l’on ne fait pas en public!). Pour la tranquillité de la mère comme du nourrisson, il me semble préférable que l’allaitement se passe loin du public mais. de nouveau, il n’y a pas de quoi se montrer choqué si parfois il faut s’y résoudre faute d’autre solution.

    1. bonjour Mr Ceilteach; je vous suis dans vos commentaires aux différents blogs du journal Le Temps; vous m’apparaissez être un conservateur grand teint aux idées de droite bien arrêtées; en ce qui concerne l’allaitement en public vous faites jésuite “à donf” comme disent les jeunes générations ( en verlan, pour ” à fond”) alors que le sujet du blog traite de la vie avec un très grand “V” vous évoquez des sujets propres à une civilisation en fin de course ! j’habite en Basse Ardèche, et cet été même j’ai vu quatre jeunes mères allaitant leur pitchounes en public; j’ai été remercier chacune d’elle pour leur beauté de jeune mère radieuse et épanouie, et le cadeau qu’elles me faisaient en tant que mère allaitant un petit être, promesse d’avenir. Désolé Mr Ceilteach, mais nous n’avons pas du tout le même regard.

      1. Je prends votre commentaire comme un compliment, étant donné qu’à d’autres occasions j’ai été traité ici même de “gaucho”. Probablement donc que je ne suis pas loin d’une position raisonnable et pondérée, ni extrémiste dans un sens, ni extrémiste dans l’autre :-).

        1. bonjour Mr Ceilteach; vous êtes excelemment jésuite ! Bravo. une reconversion vous est proposée sans détour: animateur de débats TV; ne m’en veuillez pas de me moquer gentiment, mais vous manier le verbe si élégamment , que le monde politique devrait venir vous chercher, tant vous avez la capacité d’exprimer des choses sensées éventuellement hors sujet; nous ne sommes pas du tout d’accord quant au sujet de ce blog, mais vous trouver le moyen de raconter des choses; méfiez vous car mon président de la république fonctionne ainsi et a de ce fait l’étiquette, non de super menteur comme l’a été décernée au président Chirac, mais de big menteur, ce qui fait que tout un chacun se détourne de ses propos; tout de bon.

  3. Heureux le parent dont le principal souci est l’allaitement en public…

    https://www.leparisien.fr/amp/societe/sante/des-enfants-quotidiennement-en-danger-la-lettre-choc-a-emmanuel-macron-de-4000-soignants-en-pediatrie-21-10-2022-4FPRV44PCBDUNNNN623VYYFDCU.php

    Ma mère m’a appris qu’on ne mange pas en public, mais à table. Cette simple règle règle beaucoup de problèmes, à commencer par le littering… Depuis quand les gens mangent dans la rue ?

    1. Depuis quand les gens mangent ils dans la rue? Depuis qu il y a des villes et des rues , mon cher monsieur,
      vous venez de qu elle monde? Hallucinant !

      1. Demander conseil à votre mère.

        https://apprendre-les-bonnes-manieres.com/manger-en-exterieur-les-regles-de-bienseance-a-respecter

        “S’alimenter est un besoin physiologique, à ce titre, cette action n’a pas à être afficher. Il est donc interdit de marcher dans la rue en buvant son café, en dévorant son sandwich ou en dégustant sa glace. Le style de vie du fast-food fast-walk importé des Etats-Unis va complètement à contre-sens de la bienséance de notre vieille Europe.”

        1. Je serais curieux de savoir quelle loi interdit de manger dans la rue son sandwich ou sa glace… Sommes-nous bien en 2022 ou aurais-je fait inopinément un bond dans le passé…

  4. Difficile d’échapper aux regards quand on allaite dans un lieu public, regard attendrissant pour ma part…

    L’allaitement est prôné par l’OMS et par le corps médical pour le bien de l’enfant, donc pas de raison de ne pas le faire si on en a envie et si c’est possible et dès lors, pourquoi se gêner de le faire en public?

    Je pense que ce qui dérange dans l’allaitement en public (sans ostentation bien évidemment), c’est le libre usage que la femme fait de son corps; elle est “active” et non pas “objet” comme sur les messages publicitaires érotisés.

    Ceci dit, l’allaitement est parfaitement d’actualité et peut donc s’inscrire dans une perspective écologique au même titre que consommer local ou ne pas manger de viande. Pour moi, l’allaitement peut représenter un acte militant.

    1. Vous le voyez comme un acte militant? Si c’est le cas, d’autres militants sont aussi légitimes à faire valoir leur militantise…

      J’ai été éduqué par le droit à l’indifférence, pas au droit aux différences. Et encore moins au droit au militantisme sans jugement.

      Un militant s’expose par nature à la critique; peu importe ce qu’il ou elle choisit comme acte de militant.

    2. Bonjour Madame,

      Puis-je, sans caricaturer les réflexions échangées dans ce billet ( le questionnement étant parfaitement respectable) ,glisser combien je trouve le militantisme de certaines afghanes, de certaines iraniennes et d’autres femmes dans le monde beaucoup plus engagé ?
      Nos sociétés occidentales et démocratiques , au confort si banalisé, nous font oublier les combats de certaines et certains.

      (Accessoirement, je considère l’allaitement en public sans ostentation comme un non évènement, parfaitement acceptable, mais anecdotique car noyé dans la densité tragique du Monde qui pourrait se profiler et qui déjà bouscule nos certitudes.)

      Remerciant Madame Bertoli pour cet espace d’échange ,

      1. Encore un adepte du droit à l’indifférence.

        Mais, Monsieur le militaire, c’est si 20e siècle. Nous sommes à l’air du McDo. On mange dehors et on “vient comme on est” parce qu’on exige le droit à nos différences.

        Je suis pour ma part moins réverencieux que vous, mais j’appartiens au même monde “hasbeen”.

        1. Bonsoir Jean-Paul,

          Croyez bien que pour beaucoup je suis un has-been, boomer et autres qualificatifs , qui ne me font ni chaud ni froid. Toutes et tous s’entendront dire un jour qu’elles ou ils datent….alors….
          Les sociétés évoluent et même en adhérant complètement, partiellement, peu ou pas du tout à certaines transformations , je crois important de ne les traiter avec aucun mépris et d’essayer de les comprendre.

          Sans jamais perdre son esprit critique malgré les effets de mode, en conservant un recul salutaire et en gardant une curiosité utile.

          En vieillissant, on est toujours le “has been” de quelqu’un…et c’est à savourer finalement….ce qui est tendance aujourd’hui ne sera rien demain.

          Bonne soirée,

      2. Bonjour.
        Il faut comparer ce qui est comparable, or la situation en Afghanistan ou en Iran n’a strictement rien à voir avec la Suisse, bien qu’ici aussi demeure une certaine misogynie qu’il faut combattre. Un exemple concret: pas plus tard qu’il y a deux semaines, un livreur est venu se parquer dans ma rue en bloquant bien toute la voie. Une voisine arrive en voiture et demande poliment au chauffeur de déplacer son camion car on doit aller travailler. Le chauffeur s’est mis à hurler comme un putois en Allemand: du bist eine Frau, vous n’avez rien à dire !!! Que nos autorités – Dieu merci, ne s’adonnent pas à ce genre de bassesses n’exclue en rien la nécessité des actes de revendications des femmes pour la libre possession de leur corps, fût-ce par un simple allaitement en public.

  5. Je suis étonnée que l’allaitement en public rencontre encore des détracteurs. L’allaitement est recommandé par l’OMS jusqu’à 6 mois – 1 an. L’allaitement à la demande (du nourrisson donc) est aussi recommandée (Babyjahre, Remo H Largo), de plus, quiconque ayant eu en charge un nourrisson saura que la faim chez les poupons n’est ni toujours régulière ni toujours prévisible. En bref, l’allaitement en public n’est pas seulement un acte pragmatique mais souvent obligatoire (les structures pour allaiter manquent encore terriblement). Pas facile de trouver rapidement un endroit un peu caché mais sûr (donc pas trop caché) avec un petit affamé, à moins de rester confinée jusqu’au sevrage. Les impératifs envers les jeunes mamans sont extrêmement nombreux mais en général les besoins du nourrisson priment heureusement sur l’avis des passants bien intentionnés.
    Je me rend compte que je n’ai pas non plus répondu à la question du pourquoi l’allaitement en public dérange certaines personnes, mais j’aimerais en profiter pour demander un peu de compréhension envers les jeunes mamans.

  6. Pisser, c’est naturel, mais on le fait pas dans l’espace public. Le naturel ne veut pas dire qu’il n’y a pas de retenue à avoir. La société est multiple et on s’impose un comportement pour un vivre ensemble. Les personnes ont le droit de ne pas être d’accord. Qu’importe les raisons qui sont certainement multiples.
    Si le sein est caché, il y aurait certainement moins de critiques. C’est un compromis du vivre ensemble.

    Les Femen utilisent leurs seins dans le but de provoquer, des féministes aussi. Le sein est devenu aussi un objet militant.
    L’allaitement lui même est devenu parfois militant à gauche.
    La mysandrie politique très présente dans des parties politiques est aussi répugnant que l’antisémitisme, participe aussi à un raidissement de la société et l’abaissement de la tolérance aux comportements militants, ce qui inclut l’allaitement militant.

    Bref les raisons sont diverses à ce rejet, psychologique, culturel et politique. Dans un monde plus apaisée, la tolérance serait plus grande.

    1. bonjour Mr Motus; je crois que ce qui énerve certaines personnes c’est d’avoir affaire à des femmes libres, jeunes et belles, sur lesquelles ils n’ont absolument aucune prise ! quelque part cela les renvoie à une l’impuissance insupportable qui les animent, les pauvres.

        1. bonjour Aude Bertoli; merci de ce billet de blog; le féminisme a encore beaucoup de chemin à faire; Sandrine Rousseau, d’EELV l’exprime bien dans le cadre de l’affaire Baupin, homme politique français accusé de tous les maux par de nombreuses plaignantes, et que la justice, machiste par éducation-mentalité-etc…se refuse à considérer ! merci encore et recommencez à nous proposer des textes rafraichissants à souhait. Ca me fait penser à Mme Suzette Sandoz qui vient elle aussi donner de furieux coup de balai dans la termitière bien pensante !

      1. Je n’y crois pas trop, mais même si c’est le cas, la constatation ne résoudra rien. L’humain est ce qu’il est, il faut composer avec.

        Si la question de l’allaitement se pose, c’est qu’in fine, on souhaite que ça devienne naturel, mais ça le sera jamais. Trouver le pourquoi ne donnera pas de solution, on sait en gros ce qui se passe dans la tête des gens.

        Des femmes allaitent en cachant au mieux le sein, ce qui montre qu’il y a une ambiance de gêne face à cette acte.
        Vouloir en faire un acte naturel en public, c’est juste impossible, donc l’allaitement doit être discret et tant pis pour les grincheux qui chouine malgré tout.
        La discrétion est un compromis nécessaire.

  7. Ok, je suis choqué là.

    La photo qui illustre le blog vient du livre: Breastfeeding Goddesses, dont l’auteure a ce compte insta.

    https://www.instagram.com/_u/ivetteivens

    Le droit à l’allaitement, oui !
    Mais il y a clairement problème quand l’enfant atteint un certain âge. Certaines photos sont clairement …

    Vous défendez cet allaitement :

    https://www.instagram.com/p/BeUMutuF8GQ/?utm_source=ig_embed&ig_rid=179b5f4e-1516-4f1f-9496-b970144e2bdd&ig_mid=CF6C413E-9658-4747-B2EB-48469D022EE9

    ???

    1. bonjour Mr Jean-Paul; qu’est-ce que ça peut bien vous faire qu’à partir d’un certain âge l’allaitement en public serait à éviter ? laissez donc faire les jeunes mères, et devenez féministe; par ailleurs l’allaitement prédispose l’enfant à une bien meilleure santé, ce que les laits MacDo, en poudre, ne sauraient fournir !

      1. “j’ai été remercier chacune d’elle pour leur beauté …. ”

        Je suis choqué par ce comportement, s’il est vrai.

        Merci d’effacer mes commentaires; je les retire. Je ne souhaite plus être associé à ce blog.

        Je suis peut-être un droitardé/hasbeen, mais jamais je ne dérangerais une femme sur la place publique, peu importe ce qu’elle fait. J’en ai des frissons…

        1. Je trouve bien dommage que l’échange prenne de telles proportions… vous pouvez ne pas être d’accord avec les autres internats, mais souhaiter effacer vos commentaires pour ne pas être associé à mon blog, c’est assez triste et réducteur…

        2. Ça va être commode pour draguer si on ne peut même plus accoster poliment ces dames dans la rue… Déjà qu’un regard (trop insistant certes, mais qui en sera juge à part madame) – et une relation commence souvent comme ça, peut être jugé comme du harcèlement à Genève…

        3. bonjour Mr Jean Paul; quelle surprise votre commentaire ci-dessus; vous n’imaginez pas les sourires radieux dont j’ai bénéficié à 4 reprises; je dois préciser que le cadre s’y prêtait: bistro de village sur une place ensoleillée; donc ambiance conviviale à souhait ! l’habitude veut qu’à ce bistro on vienne squatter la place qui reste libre à une table, et cela sans vergogne aucune ! venez donc voir, c’est aux Vans, tout en bas de l’Ardèche. Bienvenue.

  8. Quelle régression, dans les années 80 les seins nus étaient à la mode et juste avant le JT le Colaroshow avait son streap-tease, cela ne choquait personne. Aujourd’hui c’est le puritanisme à gogo.

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