Allaitement et espace public

Me revoilà, un enfant et quelques (quelques seulement…) transformations plus tard. Je ne ferai pas un article sur la réalité brute de la maternité de manière générale, je pense qu’il en existe déjà, bien que chaque expérience soit singulière. Si je me trompe, n’hésitez pas à me le dire en commentaire de cet article.

Je vais profiter de la semaine française de l’allaitement pour me concentrer sur cet aspect particulier de la maternité qu’est l’allaitement. Et plus précisément l’allaitement dans un espace public. Il s’en dit et s’en lit beaucoup à ce propos: des femmes qui ont allaité au musée, dans un café, au restaurant, dans un parc, et pour la plupart cela se passe très bien. Toutefois, certaines doivent faire face à des commentaires acerbes, à des regards intimidants ou jugeants, lorsque ce n’est pas à des agressions physiques (nombre d’articles de faits divers existent à ce sujet) !

C’est un acte pas banal, mais naturel. L’intime et le public s’entrechoquent.

Comment comprendre que certaines personnes ressentent une telle agressivité, un tel rejet, voire un profond dégoût pour ces femmes qui allaitent dans un lieu public ?

C’est un acte pas banal, mais naturel. L’intime et le public s’entrechoquent. La relation entre une mère allaitante et son bébé peut renvoyer à l’observateur une telle fusion, une telle complicité, qu’il peut se sentir exclus et avoir envie d’exclure en retour.

Mais il y a aussi le fait que les seins sont aujourd’hui quasiment exclusivement considérés comme des attributs érotiques. On oublie leur fonction nourricière, qui n’a rien de sexuel. C’est donc non seulement l’intime et le public qui s’entrechoquent, mais l’érotique et le naturel (on pourrait même dire l’essentiel, le physiologique).

Et si le malaise que ressentent certains à la vue d’une femme qui allaite provenait de cette imbrication ?

Vos avis m’intéressent.

Exit, sortir de la souffrance

Ce sujet pourrait paraître d’emblée peu en adéquation avec l’ambiance festive de cette période de fin d’année, et pourtant. Une année se termine, c’est la fin d’une chose et le commencement d’une autre. Comme la mort, peut-être.

Une amie chère à ma mère a fait le choix de mourir un mardi après-midi à 14h, il y a moins de deux semaines. Avec l’aide d’Exit et ses proches à ses côtés. Pour se libérer de la souffrance du cancer, pour ne pas subir la déchéance qui l’attendait, inévitablement, cruellement.

Je pense à sa douleur et à celle de ceux qui restent. Est-ce plus difficile de faire le deuil d’une mort qui était planifiée ? Comment peut-on être prêt à faire soi-même le geste qui entraînera notre propre mort ? Être prêt à quitter le monde alors que le mal n’est pas encore à son apogée ?

Exit, c’est aussi choisir, reprendre le contrôle d’un corps et d’une destinée qui désormais nous échappent.

Mais Exit, c’est aussi choisir, reprendre le contrôle d’un corps et d’une destinée qui désormais nous échappent. C’est pouvoir prendre une décision dans le chaos, s’accrocher à une branche pour éviter d’être emporté par la tornade.

Personne ne choisit la maladie, la souffrance, la perte d’autonomie. Ça vous tombe dessus et ça balaie vos projets d’avenir. La maladie emporte toute perspective, tout repos, toute tranquillité. Vos proches sont condamnés avec vous, d’une certaine manière. Impuissants, peut-être en colère contre l’injustice de ce drame qui frappe au hasard.

Alors oui, Exit, c’est choisir de mourir dans la dignité à défaut d’avoir pu continuer à vivre.

 

 

Logo EXIT – https://www.exit-romandie.ch/ 

L’injonction au lâcher prise

Si vous aussi vous passez du temps en librairie, que ce soit sur place au magasin ou en ligne, peut-être avez-vous été stupéfaits de découvrir à quel point nous sommes la cible de messages contradictoires, d’injonctions paradoxales, d’appels à changer/performer/s’améliorer, tout en devant rester soi-même, être authentique et lâcher prise ?!

Voici quelques captures d’écran des ouvrages que l’on peut trouver sur le site d’une librairie connue (Payot, pour ne pas dire son nom). Je précise que je n’ai évidemment rien à reprocher à Payot mais que j’interroge plutôt les messages qui émanent d’un système sociétal dans lequel nous évoluons.

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Cette injonction au lâcher prise se veut bienveillante et déculpabilisante, certes. Mais peut-on lâcher prise par le biais d’un processus, d’étapes, d’une marche à suivre ? Puisque le lâcher prise vise une acceptation et un moindre besoin de contrôle, comment peut-on y parvenir par le biais de techniques et d’entraînement, alors que l’idée est justement de ne pas devoir réaliser une performance ?

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Article trouvé sur le site du Magazine Elle

 

Et pourquoi lâcher prise ? On parle de lâcher prise face aux situations dans/sur lesquelles nous n’avons pas de contrôle. Ne serait-il pas plus simple d’identifier les éléments de la situation sur lesquels nous pouvons avoir prise, même de façon minime ? Car pour certain-e-s, lâcher prise signifie abandonner, se résigner. Ce peut être aussi la sensation d’être dépossédé de son expérience, de son vécu. “Lâcher prise”, ce n’est pas toujours perçu de façon positive et ce n’est pas l’objectif suprême pour tout le monde.

Au final, ne sommes-nous donc pas seulement passés d’une injonction à l’autre ? De l’injonction du contrôle menant à la réussite à celle nous enjoignant de ne plus viser une réussite à tout prix ? Pourtant, il faut manifestement encore réussir son lâcher prise

Déployer la pensée dans l’urgence psychiatrique

En face de moi, un jeune homme de 20 ans que je reçois dans le cadre d’un suivi de crise. Après son arrivée aux urgences psychiatriques quelques jours plus tôt, un suivi a été mis en place pour l’accompagner dans cette période de vie difficile. Il raconte sa souffrance et la détresse liée au regard que les autres pourraient poser sur lui « s’ils savaient ». Et puis, à un moment de l’entretien, il me dit le plus sérieusement du monde :

– Mais vous, vu que vous êtes psy, vous n’avez pas besoin d’aller vous-même voir un psy !

Ma réponse, qui vous l’imaginez bien lui apprend le contraire, le surprend et le fait réfléchir.

 

Cette autre patiente qui m’explique son scepticisme face à la psychiatrie, sa réserve à venir consulter parce qu’elle n’est « pas folle ».

 

Et puis ce patient de 57 ans qui risque de perdre son travail : sa détresse est telle qu’il a pensé à s’ôter la vie. Sa femme a insisté pour qu’il vienne aux urgences, il ne serait « jamais venu de [lui]-même ».

 

La crise psychique met à mal les croyances des patient-e-s. Les croyances qu’ils ont sur eux-mêmes, sur les autres, sur le monde, sur la psychiatrie. Pourquoi est-ce si difficile de demander de l’aide ? Pourquoi le fait de se débrouiller seul avec ses problèmes est perçu comme plus valorisant – ou moins humiliant – que d’être accompagné pour aller mieux ? Aujourd’hui encore, la psychiatrie est parfois interprétée comme synonyme de folie. Elle inspire peur et méfiance.

C’est sans parler de la psychanalyse, courant théorique et école de pensée de la psychologie et de la psychothérapie, qui subit de nombreuses critiques et qui inspire souvent bien des soupçons quant à son efficacité ! Pour moi, dans ma pensée et ma pratique, l’approche psychanalytique est en grande partie phénoménologique: ce sont les vécus des patients, toujours singuliers, qui m’importent (et qui m’apportent). Comme le dit Bernard Delguste (2021) dans son ouvrage Un divan aux urgences psychiatriques, “accueillir cette dimension subjective irréductible au travers d’une rencontre, rencontre nécessaire comme support thérapeutique, est la tâche du clinicien” [1].

J’essaie de rétablir de la pensée dans l’urgence, dans les réactions, dans les agirs. J’essaie d’ouvrir à des solutions qui ne passent pas nécessairement par des actes.

Dans cette même idée d’urgence, j’éprouve beaucoup d’impuissance en tant que psychologue face au besoin d’immédiateté des patient-e-s, mais aussi face à mon propre besoin d’immédiateté, car je suis moi aussi un être humain et une citoyenne soumise aux mêmes injonctions que les patient-e-s. J’essaie de rétablir de la pensée dans l’urgence, dans les réactions, dans les agirs. J’essaie d’ouvrir à des solutions qui ne passent pas nécessairement par des actes, même si cela est bien-sûr parfois nécessaire (arrêt de travail, médication, etc.). Il faut parfois différer la réponse qu’on peut apporter, la réfléchir ensemble, la coconstruire dans la relation thérapeutique. Tout comme le bébé va construire son espace psychique à travers l’absence momentanée de sa mère qui diffère sa réponse à ses besoins, l’adulte en crise doit pouvoir réintroduire de la pensée et du temps pour comprendre ce qui lui arrive, pourquoi ça lui arrive, et comment il peut retrouver un état d’équilibre. Si la réponse lui est livrée telle quelle, dans l’immédiat, déjà toute faite, alors il y a fort à parier qu’à la prochaine crise dans son existence, le patient repassera par les urgences, en proie à la même détresse, dans un mouvement identique de non-élaboration.

La tâche est ardue : il s’agit d’apprendre à tolérer l’incertitude, la souffrance, l’attente. D’accepter de demander de l’aide, d’accepter une certaine dépendance et une possible régression. Au risque sinon d’y perdre la tête…


[1] Delguste, B. (2021). Un divan aux urgences psychiatriques. Editions Erès.

Ribeau, C., et al. (2005). La phénoménologie: une approche scientifique des expériences vécues. Recherche en soins infirmiers, 81(2), 21-27.

La psychothérapie, c’est quoi ?

Avec ce texte, j’ai tenté de refléter une vision de la psychothérapie qui m’inspire, en tant que psychologue ET patiente.

La thérapie, c’est ouvrir les portes de son monde intérieur. Déverrouiller son intimité, un peu. Se frayer un chemin vers des tréfonds qui nous sont inconnus, et qui pourtant nous appartiennent. C’est regarder sa souffrance et la faire sienne.

Adresser un Je et recevoir l’écho de cette adresse. Y distinguer le Tu, en face, à côté.

La thérapie, c’est accueillir l’autre dans cette visite, le laisser nous y guider. Entrebâiller timidement une porte, la laisser entrouverte. Autoriser la lumière à se couler dans l’espace qui se donne à elle. Arpenter les couloirs. Redresser le cadre d’un tableau. Tenter de réparer une ampoule qui clignote, vibrer à sa cadence. Poser l’oreille à même le sol, sentir le cœur de la Terre qui s’affole. Pénétrer l’appartement et se laisser pénétrer en retour. Être enveloppé par les odeurs, les nuances, les textures, les bruits sourds. S’égarer en confiance.

La thérapie, c’est parfois la peur de toucher une poignée, la crainte d’ouvrir une fenêtre. La thérapie, c’est montrer notre décoration d’intérieur au thérapeute. Dévoiler les pièces de la maison avec pudeur. Lui expliquer pourquoi on a choisi ce meuble. Comment on s’y est pris pour le monter. Avouer que c’est peut-être quelqu’un d’autre qui s’en est occupé. Reconnaître qu’on n’est pas très manuel. Être accepté malgré ça. Être accepté pour ça. Relever la partie de soi qu’on a piétinée.

La thérapie, c’est choisir une plante artificielle, se sentir rassuré par son aspect immuable tout en aspirant à s’occuper d’une vraie plante, puis se sentir capable d’en acheter une. Prendre le risque qu’elle ne survive pas. La voir faner. Recommencer.

La thérapie, c’est montrer sa cuisine en désordre, la vaisselle sale qui s’accumule dans l’évier. C’est apprendre à utiliser la machine à laver. Se tromper de bouton, régler la mauvaise température. Recommencer.

La thérapie, c’est exposer sa chambre à coucher à l’autre. Sans avoir eu préalablement le temps de faire le lit ou de ranger ses habits. C’est accepter que le thérapeute voie la poussière au sol, qu’il aperçoive le fouillis dans l’armoire, les sous-vêtements qui pendent sur une chaise, la fenêtre dont le volet ne ferme plus.

C’est avancer à deux sur le parquet qui craque. C’est être ensemble, face à ce qui fait peur, à l’abri des regards extérieurs.

La thérapie, c’est de ne pas être jugé pour tout ça. Ne pas être réduit à ça. S’entendre dire que notre intérieur est beau, même s’il est en désordre. Même si parfois il est mal assorti. Même quand rien n’est à sa place. Que notre intérieur est beau même quand il est vide, parce qu’on a tout vidé ou parce qu’il n’a jamais été rempli.

La thérapie a l’effet d’une consolation, le goût doux-amer d’une blessure qu’on soigne en chantant, le bruit sec d’une coquille que l’on quitte avec émotion. Et puis, émergeant de soi, la sensation troublante de se découvrir et de se reconnaître à la fois. La thérapie, pour moi, c’est ça, et bien plus encore.

Que dit le Coronavirus de notre rapport au monde ?

En nous contraignant à changer notre mode de vie, le COVID-19 met en exergue ce qui jusqu’à maintenant paraissait naturel et évident

L’épidémie de Coronavirus met à mal nos habitudes et notre mode de vie. En presque trois décennies d’existence, c’est la première fois que l’on me demande de garder mes distances, d’éviter de serrer la main aux gens, de rester à la maison en cas de symptômes suspicieux et d’éviter tout déplacement inutile. En fait, c’est la première fois de ma vie que l’on m’exhorte, d’une certaine manière, à la sédentarité et au confinement.

En nous contraignant à changer notre mode de vie, le COVID-19 met en exergue ce qui jusqu’à maintenant paraissait naturel et évident. Il questionne la façon que nous avons d’entrer en contact les uns avec les autres, la façon que nous avons d’occuper l’espace et d’exercer – ou non – notre solidarité. Si les contacts physiques entre nous sont si difficiles à refréner (comme l’illustrent de nombreux exemples au quotidien et dans la presse, à l’image du 1er ministre néerlandais), c’est que l’être humain est fondamentalement un animal social, en quête de l’Autre. C’est aussi en ces temps de contraintes et de mesures inhabituelles que l’on réalise quelle marge de liberté nous avons en temps normal : la chance de vivre en démocratie.

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Cela dit, la démocratie est-elle une réelle chance en temps de pandémie ? Ce que nous démontre le virus, c’est que nous ne sommes prêts à changer nos comportements et habitudes que sous la contrainte. Jamais nous n’aurions atteint de telles baisses des taux de pollution atmosphérique en Chine sans quarantaine stricte et surveillée. La dictature est-elle vraiment le prix à payer pour opérer des changements drastiques dans nos façons de vivre ? Ne sommes-nous donc pas capables de prendre notre responsabilité et d’agir sans qu’un gouvernement ne nous y oblige ?

Voici quelques-unes des questions que je me pose, et il y en aurait tant d’autres… mais je crois que l’essentiel pour moi était de partager avec vous ces réflexions et le constat que rien n’est jamais totalement acquis.

Vivre avec la maladie cœliaque, ou comment apprendre à développer sa patience et sa tolérance à la frustration.

La quoi ?!

Voilà peut-être un article un peu différent des précédents, mais il les rejoint en ce que j’y aborde mon vécu personnel et le fait que je mets en lumière un phénomène de santé peu et/ou mal connu du grand public (et même parfois des professionels de santé !). Je vais vous parler de la maladie coeliaque[1].

Ci-après, une conversation globalement typique que je peux avoir avec quelqu’un que je rencontre et qui ne me connaît pas ou peu (ou qui me connaît mais s’obstine) :

– Tu veux un bout de mon pain ?

– Moi: Non, merci, je ne peux pas, je suis coeliaque.

Ceuquoi ?

– Moi: Ça signifie que je ne peux pas manger tout ce qui contient du gluten ou des traces de gluten.

– Ah ouais, pas cool… mais donc le fromage tu peux pas en manger ?

– Moi: Si, le fromage ne contient pas de gluten. Tu dois confondre avec le lactose.

– Ah ouais, sûrement. Pas simple ton affaire. Et tu peux pas faire une petite exception, de temps en temps ? Genre prendre un bout de mon pain ?

– Moi: Non, vraiment pas d’exception, la moindre trace déclenchera une réaction de mon système immunitaire. Car c’est une maladie auto-immune, pas simplement une intolérance. Ce que je ne dis pas: et arrête d’insister parce que j’en meurs d’envie de ton put*** de pain ! Il a l’air moelleux à souhait à l’intérieur et parfaitement croustillant à l’extérieur. Toute personne ayant déjà goûté du pain sans gluten devrait savoir qu’on n’en mange PAS PAR CHOIX.

– Carrément, ça doit être chiant. Moi je pourrais pas me passer du pain, des pâtes, des pâtisseries, je sais pas comment tu fais.

Ben j’ai pas le choix…c’est bien ça le problème, et c’est ce que je me tue à t’expliquer!

– Remarque, t’as de la chance, t’es toute fine comme ça, pas de poids en trop !

Retenez-moi ou je fais un massacre.

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– Moi: Ouais mais tu sais c’est hyper contraignant, je dois me priver la plupart du temps et exit la spontanéité ! Je passe devant des boulangeries tous les jours sans pouvoir y acheter quoi que ce soit. Et au restaurant, c’est une galère ! A part quelques établissements qui indiquent les allergènes, je dois toujours tout demander et vérifier car la plupart des gens, même les restaurateurs, sont loin d’être bien informés. Tiens, l’autre jour, le serveur a insisté en disant que “y avait seulement un tout petit peu” de sauce soja dans le plat, donc que je pouvais le prendre. J’ai dû lui expliquer pour la troisième fois que “même un tout petit peu”, ben je peux pas. Et je le vois lever les yeux au ciel parce que je passe pour une meuf chiante et capricieuse.

Il faut dire qu’en tant que femme, féministe et de gauche, on me colle aussi tout de suite l’étiquette bobo-végane. Et apparemment, les vegan et les gens qui ne mangent pas de gluten sont au régime tout l’année et sont ravis quand on leur sert du tapioca à la noix de coco en dessert à la place du fondant au chocolat. Moi pas. 

– Après y’a quand même pas mal de choix aujourd’hui, c’est plus comme avant. L’autre jour à la Coop j’ai vu un paquet de biscuits sans gluten.

Ça va peut-être te paraitre dingue mais j’ai été diagnostiquée coeliaque il y a “seulement” 3 ans et demi, et les trois paquets de biscuits sans gluten de la Coop, j’ai eu le temps d’en faire le tour.

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Typiquement ce que le serveur attend comme réaction de ma part quand il me dit que,

comme dessert sans gluten dans la liste, il y a la salade de fruits.

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– Et avec un peu de bol, ça va peut-être partir comme c’est venu.

On va reprendre la définition de la maladie auto-immune… C’est pas une gastro qui te file la chiasse pendant trois jours, c’est un régime strict à vie. Le non respect de ce régime implique une destruction des villosités de l’intestin grêle, une malapsorption des nutriments et donc un amaigrissement et des carences, de même qu’une probabilité accrue de développer d’autres maladies auto-immunes (diabète, problèmes de thyroïde,…) et des cancers. Donc la bouchée de pain, c’est quand même un sacré risque.

– Moi: Non, c’est chronique. C’est à vie…

– Purée, vraiment pas de bol ! J’aimerais pas souffrir de ce truc. Après t’économies de l’argent si tu achètes moins à manger j’imagine. J’essaie de trouver du positif, hein !

7.50 CHF le paquet de biscuits, 9 CHF le paquet de céréales, c’est pas tout à fait ce que j’appellerais économiser. Mais bon, au moins, je peux déduire un certain forfait dans les impôts avec mon certificat médical. 

– Bon ben en tout cas, pas cool ton histoire d’intolérance (ce n’est pas une intolérance…), j’insiste plus pour le pain, mais tu prendras bien un chocolat en dessert!

– Moi: ça dépend, il faut que je vérifie l’emballage. Le gluten il y en a quasiment partout, même dans certains chocolats et bonbons !

– C’est ouf. Bon, je dois y aller, on m’attend pour un brunch.

Encore un truc hyper galère à organiser: les brunchs… on me proposera sûrement une salade verte avec des noix, et des fruits en dessert. On me dira sûrement que je ne peux pas prendre de la purée car il y a des pommes de terre (alors que c’est sans gluten) et que mon renversé contient du lait, mais il faudra garder mon calme et réexpliquer, encore et encore, justifier, et sûrement payer un repas qui m’a laissée sur ma faim alors que j’ai vu mes voisins de table se régaler. Mais bon, au moins je ne suis pas obèse et il paraît que j’ai de l’épargne !

– Moi: Salut, bon brunch !


[1] La maladie coeliaque est une réaction auto-immune au gluten, un composant de différentes sortes de céréales. Plus ici.