Retour à Shanghai

Son nom est sans importance mais pas sa nationalité. Il est européen, il réside en Chine depuis 40 ans, il en parle la langue, son épouse est chinoise et il a très bien réussi. Il a un luxurieux appartement à Hong Kong, sa résidence principale est à Shanghai et il se déplace régulièrement entre les deux villes.

Bloqué à Hong Kong

En mars de cette année il se trouve à Hong Kong alors que Pékin décrète le lock down du pays. Impossible donc pour lui de retourner à Shanghai.

En septembre, finalement, la situation se détend. Les étrangers régulièrement résidents en Chine peuvent enfin rentrer avec un bémol ; il y a des formalités à remplir.

La première étape exige d’obtenir un certificat médical de bonne santé délivré par un hôpital de Hong Kong agréé par Pékin. Il faut en suite présenter une lettre d’invitation émise par une société chinoise. Ensuite il faut passer un test de détection d’acide nucléique qui montre que l’on n’est pas porteur du Covid 19 et enfin il faut déposer une demande de visa à l’équivalent du consulat de Chine à Hong Kong. Durée de la procédure : un mois.

Arrivée à Shanghai

Le vol sur Shanghai se passe sans problèmes. A l’arrivée en revanche les passagers sont dirigés vers une salle spéciale ou les attendent une nuée de fonctionnaire chinois en tenue d’astronaute ; bottes, lunettes, gants et tenues blanches de protection. Il y a quatre contrôles ; douane, police, santé et municipalité.

Après avoir passe les contrôles les passagers sont amenés par un autobus sécurisé vers un hôtel du gouvernement. Là il subissent un nouveau test d’acide nucléique et se voient assignés un chambre avec interdiction d’en sortir. Quant aux repas ils sont déposés devant leur porte sur un plateau.

A la  maison

Le lendemain, les passagers dont le test est négatif et qui résident à Shanghai sont invités à se rendre chez eux avec une escorte de police. Arrivés à destination ils sont reçus par le personnel de l’immeuble où ils habitent, également en tenue sécurisée qui a été prévenu à l’avance de leur arrivée et qui s’emploie à désinfecter leur  bagages, le sol où ils ont marché et l’ascenseur qu’ils ont pris.

Dés qu’ils sont dans leur appartement, arrivent deux infirmières qui prennent leur température et le taux d’oxygénation de leur sang et leur donnent un sac poubelle de couleur jaune où ils sont tenus de mettre toutes leurs ordures ménagères. Pas question évidement pour eux de quitter l’appartement. En revanche ils peuvent commander ce qui veulent au supermarché du coin qui à un système de livraison à domicile bien rodé.

Contrôle quotidien.

Le lendemain matin à 9h20, les deux infirmières reviennent escortées d’un policier. Vérification d’identité, prise de température et réception du sac poubelle avec en échange un nouveau. Enfin à 13h30 vidéo conférence par We Chat et nouvelle prise de température.

Ce scénario se répète chaque jour pendant 14 jours. Le quinzième jour ils reçoivent un code QR qu’ils doivent montrer chaque fois qu’ils se rendent dans un lieu public mais à part cela ils sont libres.

La dernière question est accessoire mais pas anodine. Comment est-ce que les chinois perçoivent ce système ? Mais comme la preuve que les autorités se préoccupent de leur santé, voyons !

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Alexandre Casella

Diplômé de la Sorbonne, docteur en Sciences Politiques, ancien correspondant de guerre au Vietnam, Alexandre Casella a écrit pour les plus grands quotidiens et a passé 20 au HCR toujours en première ligne de Hanoi a Beirut et de Bangkok à Tirana.

Une réponse à “Retour à Shanghai

  1. Est-ce la formule chinoise du “Restez chez vous”? Le confinement strict assuré aux frais du contribuable?

    Obliger les peuples à être heureux (et donc en bonne santé) malgré eux, à vouloir ainsi réaliser le bonheur sur Terre, n’est-ce pas ce qu’Alexandre Zinoviev appelait, dans “Les Hauteurs Béantes”, “les lendemains qui sentent et l’avenir du saucisme”?

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