Crise énergétique : les masques tombent pour les partis bourgeois

La crise énergétique qui semble malheureusement se profiler pour cet hiver, fruit des baisses de livraisons de gaz russe et du manque d’anticipation dans les investissements dans les énergies renouvelables ces dernières décennies, fait couler beaucoup d’encre et agite le monde politique.
Certain-e-s essaient de trouver des solutions pragmatiques, et souhaitent voir ces fameux investissements dans les énergies propres et locales que sont le solaire, l’éolien ou la géothermie se réaliser enfin. D’autres préfèrent l’agitation politique, et se dédouaner de leurs responsabilités en pointant du doigt les premiers, jugés coupables d’on ne sait trop quoi.

Des députés PLR passent ainsi leur temps à accuser sur Twitter et d’autres médias sociaux les méchants écologistes d’avoir bloqué les projets d’énergies renouvelables, et d’être ainsi responsables de ce qui arrive. Généralement ils complètent cette diatribe de l’exemple d’un projet de barrage ( toujours le même ou presque) qu’ils auraient soutenu à un moment donné, montrant ainsi leur grande vertu environnementale.

L’UDC est allée un bout plus loin, publiant une sorte de “lettre ouverte” accusant les Vert-e-s et le Parti Socialiste d’être les responsables de la situation actuelle et d’avoir un “plan secret” pour créer des pénuries. L’UDC liste ensuite une série de mesures fleurant bon l’économie d’avant hier, allant de la baisse des taxes sur les carburants au développement du nucléaire, en passant par le non respect de nos objectifs en matière de baisses des émissions de gaz à effet de serre.

Cette stratégie est somme toute assez habile : ne rien faire pendant des années malgré une majorité au Gouvernement et au Parlement Fédéral, comme dans celui de la plupart des cantons, et s’opposer au contraire à des lois, règlements et projets qui auraient pu nous permettre de développer les énergies renouvelables et accroitre notre indépendance énergétique. Puis accuser les autres d’être les coupables de cette situation, et proposer de surtout ne rien changer à ce qu’on a fait jusqu’à maintenant pour sortir de cette crise.

Pourtant, si on y regarde de plus près, que voit-on :

Tout d’abord que les partis écologistes ont toujours été les fers de lance de la transition énergétique, et poussent depuis des années pour que l’on crée des conditions cadre favorables au développement des renouvelables. Ils l’ont cependant fait avec une constante, qui est celle de refuser de sacrifier quand cela est possible la nature et la biodiversité pour mener à bien ces projets. Si nous développons les énergies renouvelables, mais qu’on donne ce faisant le coup de grâce à notre déjà si fragile biodiversité, nous n’aurons rien gagné.
Il est donc ainsi facile de pointer du doigt par exemple l’opposition de certain-e-s écologistes à l’installation de panneaux solaires dans des pâturages de montagne, alors qu’on n’a jamais rien fait pour soutenir leurs projets pour accélérer la pose de panneaux solaires sur les toits.

Surtout, développer un discours de petit parti d’opposition et presque “anti-système”, dénonçant de prétendus plans secrets des élites, alors qu’on est la première force politique du pays, et que l’on détient avec les autres partis bourgeois une confortable majorité tant à l’exécutif qu’au législatif, est tout simplement honteux !

Le temps n’est pas aux querelles, mais bien à la recherche de solutions. Notre dépendance aux énergies fossiles nous mène depuis trop longtemps au désastre climatique, et sera la responsable d’éventuelles pénuries cet hiver. On peut fermer les yeux, continuer sur la même voie et accuser de manière grotesque les autres de tous les maux , ou alors on peut prendre notre courage à deux mains, et mener à bien cette transition énergétique si nécessaire, en se donnant pour cela les moyens législatifs et financiers. Personnellement j’opte plutôt pour cette voie, et vous ?

 

Alberto Mocchi

Alberto Mocchi est député vert au Grand Conseil vaudois et Syndic de la commune de Daillens, dans le Gros de Vaud. À travers son blog, il souhaite participer au débat sur les inévitables évolutions de notre société à l'heure de l'urgence écologique.

4 réponses à “Crise énergétique : les masques tombent pour les partis bourgeois

  1. Il faut bien distinguer entre sources d’énergie fossiles primaires et électricité. Notre électricité produite dans le pays n’a rien à voir avec les agents fossiles, sinon dans nos importations, majoritairement hivernales, dont la “couleur” n’est de loin pas celle des renouvelables. Mais nous exportons aussi notre électricité “propre”, surtout en été, rendant ainsi moins “sale” celle des pays voisins qui la consomment. Nous avions une formule idéale de production nationale : 60% de renouvelable, sous forme très majoritairement d’hydraulique, et 40% de nucléaire. On veut maintenant remplacer cette dernière aussi par du renouvelable, autre que l’hydraulique qui atteint tout doucement ses limites.
    C’est là qu’il faut ne pas parler seulement d’énergie, mais aussi de puissance : la demande moyenne du pays est actuellement de 7 GW sur l’année, les pointes peuvent monter à 12 GW, mais le ruban incompressible est à 5 GW, actuellement assuré par 2 GW de centrales hydrauliques au fil de l’eau et par presque 3 GW de nos réacteurs nucléaires. Cela il faudra aussi l’assurer à l’avenir, jour et nuit, été et hiver… Un bilan d’énergie électrique produite par de l’éolien ou du solaire au 31 décembre ne suffit pas.

    Parlons, par exemple, de l’éolien ! Le but des “Perspectives énergétiques 2050+” de la Confédération est d’arriver à produire 4,3 TWh par l’éolien (notons en passant que ce chiffre est exactement celui des pertes actuelles du réseau électrique !). On peut aussi calculer, avec un facteur de charge favorable de 20%, qu’il faudrait disposer de 2,45 GWp de puissance-crête éolienne installée, soit aussi de 490 grandes machines de 5 MWp chacune. Mais leur puissance effective est très variable dans le temps, car changeante et aléatoire et peut tomber à zéro. Il en est de même du photovoltaïque, qui peut être extrême à midi des jours d’été et est toujours nul durant la nuit.
    Dans les 28 années qui nous séparent de 2050, cette puissance à installer de 2,45 GWp demanderait d’inaugurer une éolienne toutes les 3 semaines… non-stop ! L’éolien n’est donc certainement même pas une partie de la solution en Suisse.

  2. Prétendre à être les premiers à l’avoir manifester est une démarche tres politicienne. A ma connaissance des scientifiques s’en préoccupaient déjà bien avant vous (voir rapport Meadows, 1972) et les entreprises aussi. Avoir soutenu de façon émotionnelle l’arrêt des centrales nucléaires et l’arrêt des produits énergétiques d’origine fossile, sans évidence de compensation par des produits de remplacement utiles était probablement une erreur basée sur un leurre. Les énergies dites renouvelables étaient certes en développement, et le sont encore, mais n’étaient de loin pas en mesure de prendre le relais. Je ne parle pas de la crise d’origine politicienne actuelle et qui est venue se surajouter récemment. Sauvegarder notre biodiversité et notre environnement passé par une amélioration du fonctionnement de nos économies et cette amélioration prend du temps et changer ses ressources énergétiques aussi, il faillait en tenir compte.

  3. C’est le manque de crédibilité des Verts qui est en cause. Parmi de bonnes idées, se faufilent une radicalité stupide, genre les propos récents des Verts genevois. Face à des âneries, la droite est plus crédible même si elle a tort.
    Heureusement il y a les Vert Libéraux qui rendent l’écologie crédible avec des jeunes motivés, qui ne vont pas verser dans une idéologie déconnecté de la réalité. C’est une écologie qui prend racines dans notre réalité à l’inverse des Verts qui se se créé un monde alternatif qu’ils veulent imposer.

    Entre le wokisme, l’écriture inclusive, etc, vous favorisez le rejet de la population (en dehors des bobos), et vous criez dans le désert.
    Les Verts Libéraux sont plus écolo parce qu’il ne mélange pas écologie et idéologie sociétales. Ils sont pragmatiques.

    En Allemagne, les Verts ont réussi leur tournant, en Suisse on a les Verts Libéraux, et la France a ni l’un ni l’autre, et l’écologie est en peine.

    Les Verts sont condamnés à être le parti des bobos, alors que les Verts Libéraux n’ont pas ce genre de limites et je crains que les Verts soit plus vu comme le parti du wokisme et accessoirement écologiste.

    En résumé, les propositions qui suintent l’idéologie stupide associé à un wokisme qui rebute la population, font qu’une bonne proposition est entachée par l’image des initiants.
    Il ne suffit pas de proposer, il faut être crédible et pas se mettre à dos la population qui ne baigne pas dans le monde bobo.
    Le wokisme tue le vert des Verts.

  4. @MOTUS

    Vous avez tort. les Verts lib ont appelé à voter oui au “mariage” de personnes du même sexe. Par conséquent ils ne valent pas mieux que les Verts tout court.

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