Covid19, plastiques, déchets: si on arrêtait de jouer au coucou-caché?

Vous souvenez-vous de vos jeux de cache-cache ? A-t-on grandit depuis cette phase heureuse de la petite enfance ? Pas vraiment, il semble. La façon dont la pandémie de Covid-19 a surpris les gouvernements du monde entier en est une démonstration éclatante. Il en va de même avec les déchets et les risques qu’ils nous font encourir à petit feu. Des mesures d’urgence s’imposent.

Si vous n’avez plus le souvenir de vos premières années, alors visualisez vos dernières facéties avec vos enfants tout petits ou vos petits-enfants. Le jeu du “coucou-caché” fonctionne avec les très jeunes enfants parce que dans sa construction psychologique, un enfant qui se cache (entièrement derrière un poteau, un rideau ou en mettant ses mains devant les yeux) ne peut pas imaginer qu’on puisse le voir.

Il me semble qu’on n’a pas agit autrement avec cette catastrophe actuelle de Covid-19. Car cette pandémie était prévisible. Richard Werly nous rappelait hier que, depuis la crise du H1N1 il y a onze ans, les pays européens savent qu’ils doivent se préparer. Notamment en constituant des stocks de matériel de protection, de médicaments et de masques. Voir son article “Ces stocks médicaux européens imaginés puis peu à peu délaissés“. Jouer au “coucou-caché”, c’est penser: “je suis (mal) caché, je ne risque rien et je vais gagner au jeu”. Dans le contexte actuel, cela équivaut à penser : “cela arrive en Chine, c’est très loin la Chine, le virus y restera”! Idem avec le virus d’Ebola (“bah, c’est un truc en Afrique, mais chez nous, c’est impossible, y’en a point comme nous!”).

D’autres que moi tirent un parallèle entre l’impréparation constatée partout dans le monde et la crise climatique que l’on annonce depuis plus de 40 ans maintenant. Même schéma de base: les données irréfutables sont là, les experts s’expriment, les rapports s’accumulent… et on oublie. On s’occupe de choses plus urgentes et plus pressantes. Des sujets immédiats qui rapportent sans doute plus de voix en période électorale…

C’est pareil avec le volet plus ciblé des “déchets” et des “plastiques à usage unique”. L’ONU prédit qu’il y aura plus de plastiques que de poissons dans les océans d’ici 2050.

“Chaque année, la population mondiale jette une quantité de plastiques qui serait suffisante pour faire quatre fois le tour de la Terre. Au moins 8 millions de tonnes de plastiques finissent dans les océans, l’équivalent d’un camion à ordures complet chaque minute, causant la mort d’un million d’oiseaux de mer et de 100.000 mammifères marins. Le monde utilise 500 milliards de sacs en plastique chaque année et 50% du plastique que nous utilisons est à usage unique ou jetable.

Les bouteilles en plastiques sont aussi un gros problème puisque que nous consommons 1 million de bouteilles en plastique chaque minute. Le plastique représente 10% de tous les déchets que nous produisons.

Pour le bien de la planète, l’ONU estime qu’il est temps de repenser notre utilisation du plastique et de renoncer au plastique jetable.”

Antonio Guterres, 5 juin 2018

Faites une rapide recherche avec ces quelques mots : vous obtenez un panel très large d’articles venant de différentes sources. Le Forum économique mondial de Davos, les grands journaux, la presse scientifique et spécialisée, les gouvernements… tous le savent, tous l’ont rapporté. Pas pour réfuter cette prédiction hautement probable, mais pour la faire connaître.

Et ?

Fait-on quelque chose contre cette menace directe de notre approvisionnement alimentaire (et de tout le reste)? Non, notre Parlement chipote et refuse d’interdire les bouteilles PET à boissons ou les sachets en plastique. Les océans de plastique, c’est si loin. Il n’y a pas ça chez nous, n’est-ce pas? On est les champions du recyclage, entend-on tout le temps ! Depuis, des évidences nous ont montré que dans nos lacs et nos rivières aussi, le plastique est un fléau en quantité importante. Regardez ce sujet que la RTS a consacré au problème du Léman l’année passée.

C’est effarant: chez nous, la majorité de nos parlementaires jouent encore à coucou-caché quand il s’agit d’environnement et de déchets. D’autres pays, autrement plus impactés par ce plastique destructeur (Inde, Indonésie, Thaïlande, Oman, même l’Union européenne, mais oui!) ont pris les bonnes mesures: l’interdiction pure et simple.

(c) Reuters

Gouverner, c’est tenir le gouvernail, mille sabords!

Prévoir, se préparer, prendre des mesures, c’est gouverner, dit-on. Alors, comment se peut-il qu’on subisse une pénurie scandaleuse de masques et de gel hydroalcoolique alors que l’on sait qu’une pandémie nous pend (et que d’autres nous pendront) au bout des bronches ? Où était caché le capitaine ? Pas derrière son gouvernail, on dirait.

On va vivre une profonde récession, prédisent les économistes. Ah, les économistes, on les écoute, ceux-là. Et on les croit un peu trop aveuglément, aussi quand ils prétendent qu’une croissance infinie dans un monde par définition fini, aux ressources limitées, est possible (c’est la base du capitalisme du 18ème siècle, juste?). N’est-il pas temps de changer d’oracles ?

Au moment du pénible redémarrage de nos échanges commerciaux, nos gouvernants ont l’opportunité de prendre des mesures courageuses, celles qui s’imposent pour faire passer notre vieux schéma économique linéaire à un modèle moderne et vertueux comme celui de l’économie circulaire. Vous savez, cette économie qui ne produit aucun déchet, qui réutilise à l’infini les ressources qu’elle a utilisées pour produire des biens ?

Ce modèle, vous le connaissez, vous le croisez à chaque foulée quand vous allez respirer le bon air (sans virus) en forêt: c’est le modèle qui fonctionne dans la nature depuis que la Terre existe. C’est aussi celui qui a prévalu en majorité jusqu’avant la dernière guerre mondiale. On allait faire ses courses avec son panier en osier (pas de sacs en papier), on emballait la salade dans du papier journal (pas de sachet plastique), on remplissait son bidon à lait (pas de bouteilles en PEHD) ou son dentifrice en poudre à la pharmacie dans sa petite boîte personnelle (pas de tube plastique). En autres exemples… Relisez la “Guerre des boutons” de Louis Pergaud au passage.

OFEV, 2016. Elimination des déchets – Illustrations en Suisse.

Il est possible de prendre des mesures énergiques et rapides, le Conseil fédéral l’a démontré en cette période de crise pandémique. La nécessité de les prendre ne fait pas débat en période de pandémie, car l’urgence est là, et le but est de permettre à notre système hospitalier et de santé de pouvoir continuer de soigner toutes les urgences. Il est donc primordial que la courbe des infections soit la plus étalée possible dans le temps.

Question: la crise engendrée par le gaspillage quotidien des ressources n’est-elle pas suffisamment grave pour autoriser d’autres décisions tout aussi brutales et nécessaires en matière d’économie et d’environnement ? Ma réponse est oui. C’est grave, ça l’était déjà avant Covid-19, cela le sera toujours une fois la crise passée.

Alors comment s’y prendre ? Comme pour les épidémies…

Changeons de modèle économique… radicalement!

Première étape: le Parlement adopte une loi qui autorise le Conseil fédéral à se substituer aux cantons et aux communes et à prendre des mesures fortes quand cela est nécessaire. Maintenant, quoi! Adressez-vous à ceux et celles que vous avez élu.e.s! Ils vous doivent des comptes!

Deuxième étape: nos sept sages, en se basant sur les travaux des scientifiques et en concertation avec eux, prennent des mesures urgentes. Cela veut aussi dire que les les lobbies économiques sectoriels sont laissée de côté (industrie agro-alimentaire, liée à celle de l’emballage, du plastique, etc…).

Quelques idées de mesures :

  • Tous les fabricants qui veulent vendre quoi que ce soit dans notre pays fixent désormais le prix de leurs produits en fonction de leur utilisation et pas de leur possession. Vous n’êtes plus propriétaire de votre ordinateur, de votre machine à laver le linge ou de votre voiture: vous ne faites que d’acheter les fonctions que ces objets vous rendent. Du coup, les constructeurs et les industriels auront un véritable intérêt à récupérer vos vieilles bécanes (pour les matériaux à réutiliser), à leur garantir de nombreuses réparations possibles et une longue vie (c’est dans leur intérêt), à conserver les pièces de rechange nécessaires, etc. En fin de course, quand l’objet ne remplit plus ses fonctions ou que de nouvelles sont développées, qu’il ne peut plus être réparé, le constructeur le remplace chez vous.
  • Taxer très fortement tout objet qui a été conçu pour être fichu au bout de quelques mois ou quelques années. On combat ainsi efficacement l’obsolescence programmée, comme en France.
  • Tout ce qui est à usage unique est par principe interdit, à moins d’une dérogation pour des raisons d’intérêt ou de santé publique ne doive être accordée (pour une partie du matériel médical, mais là aussi, on peut réutiliser beaucoup de choses en passant par la case stérilisation).
  • La consigne est de retour, obligatoire pour tous les contenants de vente, quels qu’ils soient (boissons, produits de nettoyage, sauces, confitures…).
  • Servir les produits alimentaires au poids dans les contenants amenés par les clients est la règle. Ou alors on met en place des contenants consignés, comme les boîtes ReCircle utilisées dans la restauration rapide: on ramène sa boîte sale, qui sera lavée et remise en circulation par le commerçant.
  • L’enseignement de l’économie est renouvelé dans toutes les universités et instituts spécialisés: on pense désormais au modèle circulaire, on oublie le modèle linéaire.

Certes, il y a du job à repenser notre modèle économique. Rien n’est simple. D’autres mesures seront nécessaires, leur ordre de priorité peut-être plus judicieux. L’important est d’ouvrir le chemin, de faire le premier pas.

Vous avez peur d’une nouvelle catastrophe ? Moi pas. On l’entend aussi souvent: les entreprises (comme les êtres humains en général) savent s’adapter à de nouvelles règles très rapidement, heureusement.

Au lieu de jouer à coucou-caché sans arrêt, si on ouvrait grand les yeux ? N’est-il pas temps de grandir enfin ?

En attendant, restez confinés le plus souvent possible et portez-vous bien.

Plastique: on aura tout vu… et on n’a encore rien vu !

Depuis le 1er janvier, le plastique a usage unique est interdit à la vente en France. Des distributeurs savent déjà comment contourner la loi. Il faut dire que les enjeux sont énormes. Pour s’en rendre compte, faisons un petit tour en Italie et en Russie.

Il est de ces hasards de lecture qui parfois me donnent le frisson.

Dans mon journal du jour, voilà deux articles qui attirent mon attention. Surtout, ils se télescopent avec des photos que j’ai vues passer sur le site de Zero Waste France.

Reprenons dans l’ordre… Le premier article fait état de l’implication de la Suisse dans la gabegie de l’élimination des déchets en Italie, un marché lucratif – le plus lucratif au monde, semble-t-il, qui a été investi par la mafia. On apprend que, selon l’Institut supérieur de recherche et de protection de l’environnement (ISPRA) italien, “la Suisse en exporte quelque 70 000 tonnes par an (…).” Le problème est que l’élimination de nos déchets ne se fait pas du tout selon nos standards suisses. Les mélanges entre types de déchets se feraient allègrement, de sorte que beaucoup de (nos) rebus toxiques finissent dans la nature, près de chez nous ou un peu plus loin. Bien sûr, nos autorités sont persuadées que cette exportation est tip-top en ordre, que les formulaires idoines sont toujours scrupuleusement remplis et correspondent à la réalité…

S’il fallait encore un argument pour (vous?) convaincre qu’il est urgent de ne pas produire de déchets, en voilà un de taille! Même si on trie, même si on a dix poubelles différentes à la maison pour bien faire, nos déchets vont en partie alimenter les activités de la mafia! Rien que ça!

Le second article, toujours dans le même numéro de mon quotidien, m’apprend qu’une déferlante de plastique va arriver en provenance du grand Nord, plus précisément de Russie, qui exploite les ressources de gaz en Arctique. Qui dit industrie extractive de gaz dit aussi production de plastique, en raison des hydrocarbures (méthanol) présents utilisés par l’industrie pétrochimique. Ce procédé de transformation MTO (méthanol to olefins) semble dater d’il y a une douzaine d’années seulement, selon Les Echos, qui publiait un schéma parlant sur le procédé.

(c) Les Echos, article du 15 octobre 2008

Le lien étroit entre industrie du gaz et celle du plastique a déjà été mis en évidence aux Etats-Unis, qui exploitent à fond le gaz de schistes. Ainsi, “(…) l’envahissement actuel du monde par le plastique ne résulte pas tant d’une augmentation de la demande que d’une industrie pétrolière à la recherche de débouchés pour ses hydrocarbures.” dénonçait déjà l’Observatoire des multinationales en 2018.

Donc si je résume, d’un côté de nombreux grands pays se lancent à coup de milliards dans l’exploitation de gaz dans des zones de plus en plus reculées, au mépris des risques qu’ils font encourir à l’environnement, bien plus fragile en zone arctique. Ils font des pieds et des mains – et surtout des ponts d’or – pour attirer l’industrie pétrochimique sur place qui va produire du plastique. Ce plastique, très bon marché, va inonder nos économies, si ce n’est pas déjà le cas.

De l’autre, quelques timides interdictions de plastique à usage unique, comme en France. Toujours rien chez nous, même pas les misérables sacs plastique vendus 5 centimes en supermarché. Que font alors les distributeurs d’outre-Jura ? Ils s’ingénient à contourner la loi en apposant la mention “100% réutilisable” sur de la vaisselle et des couverts qui se jettent normalement après un seul usage. Comme par magie. C’est Zero Waste France qui dénonce la manoeuvre et lance la campagne avec le hashtag #onlaissepaspasser. Le groupe Carrefour mis en cause par des photos de leurs produits semble faire marche arrière, mais ce n’est pas le seul à avoir trouvé l’astuce.

A votre avis, qui va gagner dans cette guerre du polyéthylène et du polypropylène? Il est vrai que ces millions de tonnes produites ne seront pas toutes converties en couteaux et en gobelets. Elles vont servir dans la construction et dans beaucoup d’autres domaines.

Donc même si nous boycottons tous ces plastiques inutiles au quotidien (parce que facilement remplaçables par du réutilisable à l’infini), ce n’est pas demain que le plastique va cesser de nous envahir. Et pourtant, c’est avec notre porte-monnaie qu’on vote et qu’on influence l’assortiment des magasins, on le sait bien! C’est donc toujours aussi urgent d’éviter d’acheter ce genre d’articles, même s’ils sont très bon marché. Histoire de ne pas alimenter la mafia, vous voyez…?

A un niveau global par contre, par où et comment saisir le problème ? Quand des milliards sont investis dans de ces industries par d’immenses groupes privés ainsi que par des gouvernements, il y a aussi des moyens incommensurables pour “trouver les débouchés”. Et par conséquent pour influencer les décisions politiques et soutenir celles qui seront favorables à ce secteur économique d’arrière-garde (parce que basé sur des ressources non renouvelables).

Notre parlement est déjà bien investi par l’industrie du gaz et du pétrole. Selon Lobbywatch, pas moins de 31 organisations, dont Socar et Gazprom dont il est question dans l’article sur la Russie, ont tissé des liens directs et indirects avec 7 élus PLR, 4 UDC, 3 PS, 2 PDC et 1 PBD.

Le frisson est plutôt glaçant ce soir.

Emballages, justifications et communicants

Pas une entreprise d’envergure qui n’aie pas son équipe de communicants! Comme pour les pommes bio, ils (et elles) nous emballent avec leurs discours et leurs justifications. Petites omissions, arguments douteux, tout est permis pour vendre. Y compris de raconter des salades…

La stratégie commerciale ne connaît qu’une logique: celle de vendre toujours plus. Sans respecter aucune éthique, aucune autre valeur que celle qui s’inscrit en noir avec de nombreux zéros au bilan. Cela vaut aussi quand la clientèle devient regardante sur la qualité, la provenance et le mode de production des denrées qu’elle achète. A ce moment-là, les grands distributeurs ne s’en sortent qu’en engageant une flopée de communicants très doués.

C’est le cas de nos deux géants orange du duopôle “Migroop”. Les deux ont senti, puis suivi la tendance avec les produits bio. Avec grand succès. Les deux proposent une gamme de produits estampillés Bio Suisse pour l’un (le bourgeon) et Migros Bio pour l’autre. Chacun produit des lignes de produits bio “maison”: Alnatura pour l’un, Oecoplan, Naturaline pour l’autre.

D’autres tendances ont été récupérées: le très bon marché “générique”, les produits vegan, etc. Récupérer les tendances du moment et proposer des produits qui y répondent, ce n’est rien d’autre que de la segmentation de marché. L’objectif général est d’occuper le terrain et de conserver sa clientèle qui serait tentée d’aller voir ailleurs.

Labels: en veux-tu? en voilà!

Les attentes de la clientèle sont très diverses et souvent s’opposent. Certains ne veulent que du bon marché, sans aucune considération sur la qualité ou la provenance des aliments. D’autres, et ils sont toujours plus nombreux, ont d’autres exigences. Ils veulent des produits de qualité, issu de l’agriculture locale, durable, voire bio. Ils veulent du bon et du bien. Voici venu le temps des labels et des certifications. On les voit fleurir comme les pâquerettes au printemps. Ils sont si nombreux qu’il faut un guide pour savoir ce qu’ils recouvrent (ouf, la FRC en propose un!).

Que ces labels existent, c’est une bonne chose! Mais la démarche des grands distributeurs ne doit tromper personne. Seule la logique du marché et la volonté de vendre toujours plus sont à l’origine de toutes leurs actions. En soi, rien de plus normal pour un commerçant, me direz-vous. Juste! Sauf quand le dit-commerçant commence à surfer sur les valeurs qui sous-tendent les attentes de leurs clients et à en jouer. Sauf quand il mène sa clientèle en bateau. Il y a alors un décalage entre le discours et les faits qui est très mal perçu par le public.

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Journée mondiale de l’eau – Oui à la gourde, non au PET !

Depuis 1992, l’ONU attire l’attention de tous sur l’importance de l’eau et tente de promouvoir la gestion durable des ressources en eau douce grâce à la Journée mondiale de l’eau. En totale opposition à la privatisation de cette ressources essentielle, un des objectifs poursuivis par les Nations Unies est de garantir l’accès de tous à l’eau. Une eau qui mérite notre respect, à chaque bout de la conduite.

La Suisse est le château d’eau de l’Europe, ce qui explique que l’on n’a-t-on plus tellement conscience de la chance que l’on a d’y vivre! Chaque jour, sans interruption, nous ouvrons nos robinets et pouvons nous abreuver d’une eau de qualité. Chaque jour, nous prenons des douches sans devoir cracher tous les deux minutes pour éviter d’ingurgiter des bactéries nocives. Chaque semaine, nous pouvons laver notre linge dans une eau claire et propre. Et chaque jour, nous faisons nos besoins dans de l’eau potable! Malgré notre chance de veinards géographiques, les ventes d’eau en bouteille sont toujours aussi florissantes… Allez comprendre…

Chutes du Rhin

Comme l’écrivait le magazine Bon à savoir en septembre 2016, “en Suisse, hors considérations gustatives personnelles, il n’y a aucune bonne raison de consommer de l’eau en bouteille plutôt que de l’eau du robinet. Elle est moins chère, plus écologique et tout aussi saine.” Mettre de l’eau en bouteille et la vendre est un moyen assez simple de remplir les caisses. Une belle étiquette, beaucoup  de marketing pour faire croire que cette eau-là soignera toutes sortes de bobos et l’affaire est faite. Mais pour garantir de grands profits à moindre coût, encore faut-il avoir fait main basse sur les sources. C’est la stratégie poursuivie par de grands groupes alimentaires depuis des décennies, parfois au mépris des intérêts des populations locales.

L’eau, cette ressource indispensable à la vie, est devenu un bien privé, ici et ailleurs. Il semble que l’air pur non pollué soit aussi l’objet de tels appétits commerciaux du côté de la Chine

Les chères bouteilles d’eau en PET en décharge… Crédit photo: lemieuxetre.ch

Et pour goûter à ces eaux minérales, on va les acheter en bouteilles PET le plus souvent. L’ennui est que pour chaque kilo de polyéthylene terephthalate produit, il est nécessaire d’utiliser un demi kilo de pétrole. Pas très durable comme habitude de consommation.

De plus, au delà d’un certain temps de stockage, un phtalate probablement cancérigène pourrait s’y développer. Une étude américaine a analysé 250 eaux en bouteilles en provenance de 9 pays: publiée il y a une semaine, elle nous apprend que 93% des échantillons contenaient des micro-plastiques: polypropylène, nylon et polytéréphtalate d’éthylène. Pas très sain comme habitude de consommation.

 

Alors que faire?

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Produire moins de déchets – Mais par où commencer ?

Chaque jour, chaque produit consommé génère ou a généré un déchet. Les éviter semble être un objectif irréaliste et inatteignable, surtout en Suisse, championne du recyclage et de la quantité de déchets produits. Quand j’ai débuté sur le chemin du mode de vie “Zéro Déchet”, j’étais un peu découragée devant l’ampleur des efforts à fournir. Ce sentiment déprimant mène souvent à une certaine résignation: “de toute façon, c’est peine perdue, cela ne sert à rien à mon échelle!”. Et il conduit à abandonner sa première bonne intention de faire baisser sa montagne de sacs poubelles. Comment faire pour passer cet écueil ?

Les Suisses sont champions du recyclage ! Plus de la moitié des déchets urbains (52%) est recyclée, selon l’Office fédéral de l’environnement OFEV. Ce taux avoisine la perfection pour le verre (96%), l’aluminium et le papier (91%), les bouteilles en PET (83%). Certes, mais ces médailles ont aussi leurs revers, de taille : d’une part, la quantité totale de déchets suit la croissance démographique et économique – elle augmente inexorablement, et d’autre part les coûts de leur traitement et de leur élimination ne cessent d’augmenter.

Le principe du pollueur-payeur s’en prend au budget des ménages : nos impôts paient une partie de ces coûts, et nous passons encore à la caisse avec des taxes annuelles forfaitaires et une taxe à l’élimination pour chaque cornet poubelle éliminé, au volume ou au poids. Effet collatéral à l’organisation du retraitement de nos déchets, le littering augmente : les gens abandonnent leurs déchets sur la voie publique. L’élimination de ces déchets dits “d’incivilité” se chiffre à 200 millions par an ! Je vois souvent des gens qui réussissent à faire entrer leur petit cornet de déchets quotidiens dans les rares poubelles publiques encore disponibles, poubelles dont les communes ont resserré les ouvertures… Triste humanité qui n’a plus les moyens de ses déchets !

Nous sommes aussi champions de la production de déchets en comparaison internationale. Chaque personne vivant dans notre beau pays produit presque 2 kg de déchets chaque … jour ! L’année passée, 715 kg par habitant ont dû être éliminés, recyclés, traités, payés… Ce chiffre nous place sur le podium des pays européens et industrialisés! En 2015 et en Europe, seul le Danemark nous devançait et nous nous placions devant l’Allemagne et la France. La même année, le World Economic Forum nous classait au quatrième rang des pays producteurs de déchets domestiques, derrière la Nouvelle Zélande, l’Irlande, la Norvège, mais devant … les Etats-Unis et la Chine ! Ce trophée de me rend pas particulièrement fière.

Qu’y a-t-il dans votre poubelle ? Regardez donc…!

On peut mieux faire, largement. L’administration fédérale s’est penchée sur le contenu de nos poubelles. On y trouve encore beaucoup trop de matières valorisables, donc qui pourraient éviter la case de l’incinération. Un cinquième des déchets que l’on produit en Suisse est concerné, dont les deux tiers sont des biodéchets, c’est-à-dire des déchets qui peuvent être compostés ou méthanisés. Non seulement ces biodéchets représentent la plus grande partie des ordures, mais leur quantité a encore fortement augmenté depuis 2001, nous dit l’OFEV.

(c) Tribune de Genève

A Genève, la poubelle standard est à l’image de la poubelle suisse. Trop de matières organiques valorisables s’y retrouvent.

Mais alors que faire ? Comment se fait-il qu’on doive éliminer autant de déchets chaque semaine ? Une démarche vers la réduction des déchets commence par une étape pas très glamour : ouvrir sa poubelle ! Pincette sur le nez, il faut commencer par en faire l’inventaire pour comprendre quelles sont nos habitudes de consommation.