De manière lente et graduelle, typiquement helvétique, de plus en plus de banquiers au sein de la place financière suisse se démarquent dans les coulisses, et parfois même en sortant du bois, pour affirmer, encore timidement et en souhaitant rester anonymes, qu’il convient d’avoir une attitude proactive et quelque peu visionnaire plutôt que de s’acharner à défendre ce qui reste du secret bancaire face aux autorités étrangères.
Pour l’heure, toutefois, la doctrine officielle de la place financière ainsi que du Conseil fédéral considère que le secret bancaire helvétique ne doit pas être abandonné car ce serait le début de la fin de l’attractivité des banques en Suisse.
Cette position conservatrice ne rend pas justice aux compétences des acteurs sur la place financière suisse et leur est préjudiciable pour bien des raisons.
D’une part, défendre mordicus le secret bancaire suisse en prétextant qu’il s’agit d’un élément crucial pour la «compétitivité» des banques en Suisse signifie (et signale à l’ensemble des parties prenantes) que ces banques ne pourraient pas faire face à la concurrence mondiale sans le «bouclier» du secret bancaire. Cela est non seulement erroné, mais également contreproductif pour l’image de notre place financière dans le reste du monde.
D’autre part, s’appuyer sur le secret bancaire pour rester «compétitifs» dans la concurrence internationale – qui est désormais acharnée – ne fait pas les intérêts de la place financière suisse. La rente de position que les banques helvétiques tirent du secret bancaire ne les incite pas à innover sans cesse, afin de rester à la hauteur de leur renommée au fur et à mesure que les places financières concurrentes réduisent leur écart par rapport aux capacités et compétences des banquiers suisses dont les plus avisés suggèrent à leur profession de discuter, négocier et se préparer à l’échange automatique d’informations avant de devoir y faire face de manière abrupte et sans avoir eu le temps d’y réfléchir.