Le 1er février 2014 a marqué officiellement l’entrée en fonction de Janet Yellen comme président de la Réserve fédérale américaine (la banque centrale aux États-Unis).
Classée parmi les «colombes» de la politique monétaire, au vu de son penchant pour lutter contre le chômage involontaire avec les outils que les banques centrales utilisent d’habitude afin d’assurer la stabilité des prix à la consommation, Yellen devra avoir en fait une vue de «faucon» (ce terme désignant les banquiers centraux qui se soucient d’abord de lutter contre l’inflation) afin d’éviter l’éclatement d’une bulle financière à l’échelle globale suite aux programmes d’assouplissement «quantitatif» lancés par son prédécesseur, Ben Bernanke, dès la mise en faillite aux États-Unis de la banque d’affaires Lehman Brothers (automne 2008).
Pour ce faire, Yellen aura besoin d’une paire de lunettes véritablement macroéconomiques: contrairement aux économistes qui prétendent faire reposer la compréhension du (mal)fonctionnement de l’ensemble du système économique sur une approche microéconomique, en effet, l’inflation doit être appréhendée en partant d’une vision «systémique», qu’aucune analyse de l’évolution d’un quelconque indice des prix (à la consommation) ne saurait permettre logiquement.
En fait, le niveau général des prix peut diminuer ou rester stable même s’il y a de l’inflation entre les deux périodes considérées. Cela peut être facilement compris, si l’on considère que le progrès technique imprime une pression à la baisse sur les coûts de production. Si, malgré cela, le niveau général des prix (ou son approximation grossière, un indice des prix à la consommation plus ou moins étoffé) ne diminue pas, cela peut être dû à l’inflation, qui est une perte du pouvoir d’achat de la monnaie essentiellement.
La même conclusion s’avère lorsque le niveau général des prix (ou son approximation grossière) diminue, mais pas autant qu’il devrait le faire, suite à la diminution des coûts de production induite par le progrès technique: dans ce cas de figure, l’inflation réduit la diminution du niveau général des prix, qu’aucun indice des prix ne saura jamais révéler car il concerne simplement la surface d’un problème sous-jacent d’ordre systémique qui, en l’état, échappe entièrement aux banques centrales et à la presque totalité des économistes. Il faut douter, dès lors, des apparences et rester vigilant même face à la nouvelle présidence de la plus puissante autorité monétaire au plan mondial.