Les enseignements de la crise

La crise globale et systémique éclatée en 2008 n’a pas (encore) induit les enseignants–chercheurs en «sciences économiques» à changer de fond en comble le paradigme dominant, qui à bien des endroits reste la pensée unique de la profession académique.

L’un des vices les plus durs à déraciner est celui qui amène les cercles académiques à exagérer l’importance des publications dans les revues professionnelles (classées selon leur proximité avec la pensée unique) et des fonds de recherche engrangés par un enseignant–chercheur (et qui sont en général proportionnels à la dite proximité), au détriment de son engagement personnel dans l’enseignement et l’encadrement des travaux des étudiant-e-s de tout niveau (Bachelor, Master et doctorat).

Or, le terme «enseignant–chercheur» (utilisé notamment en France en ce qui concerne le personnel scientifique au sein des universités) n’est pas choisi au hasard: le dit personnel est d’abord un enseignant, avant d’être chercheur, parce qu’il est censé passer la plupart de son temps de travail à s’occuper des tâches (nombreuses et fort variées) liées à l’enseignement.

Lors du recrutement des enseignants–chercheurs il faudrait dès lors ne pas négliger (voire ignorer) leurs engagements dans l’enseignement et l’encadrement des travaux estudiantins, ne serait-ce que pour la raison que des étudiant-e-s insatisfaits ou mal préparés ne sont pas une belle «carte de visite» pour l’institution académique concernée.

Les enjeux de ce problème pour l’ensemble des parties prenantes sont de taille systémique. Il faut espérer qu’ils ne seront pas affrontés par la direction académique avec la vision (simpliste) qui consiste à introduire une série d’incitations, qui plus est établies avec des «questionnaires à choix multiples» répondant à une approche quantitative plutôt qu’à des considérations d’ordre qualitatif. Il en va de la société de l’avenir.

Sergio Rossi

Sergio Rossi est professeur ordinaire à l’Université de Fribourg, où il dirige la Chaire de macroéconomie et d’économie monétaire, et Senior Research Associate à l’International Economic Policy Institute de la Laurentian University au Canada.