Les opérations ciblées de refinancement à plus long terme («Targeted longer-term refinancing operations», TLTRO), que la Banque centrale européenne (BCE) a décidé de mener dès ce mois-ci afin de soutenir l’économie «réelle» de l’Euroland, vont sans doute manquer leur cible.
Selon l’annonce de la BCE du 5 juin 2014, ces opérations visent «à renforcer l’activité de prêts bancaires au secteur privé non financier de la zone euro, à l’exclusion des prêts au logement». Le crédit bancaire, en effet, est instrumental pour la croissance économique, mesurée par le taux de variation du produit intérieur brut de l’économie considérée.
Or, force est de constater, notamment en période de morosité (voire de crise) économique, que les ménages et les entreprises non-financières en général ne sont pas amenés à augmenter leur endettement par une diminution des taux d’intérêt qu’ils devraient payer sur leurs nouveaux emprunts ou suite à un relâchement des conditions pour leur octroyer des crédits bancaires. Les ménages, en l’état, considèrent avant tout les perspectives sur le marché de l’emploi pour savoir si, dans un cas pareil, il vaut la peine pour eux de s’engager avec une nouvelle dette, que ce soit pour l’achat d’un logement ou d’un quelconque produit de consommation. Pour leur part, les entreprises non-financières ne vont pas se laisser leurrer par la réduction des taux d’intérêt pour emprunter auprès des banques, lorsqu’elles anticipent de ne pas réussir à écouler toute la production issue de l’investissement financé par emprunt.
Si la BCE veut vraiment agir sur l’économie «réelle» (il est permis d’en douter lorsqu’on lit, sur son propre site, que «l’activité essentielle d’une banque centrale consiste à rendre plus ou moins attrayant, pour les ménages et les entreprises, le crédit ou l’épargne»), elle doit viser en premier lieu la demande sur le marché des biens et services produits, au lieu de persévérer avec une politique de l’offre dont l’échec ne peut échapper qu’aux tenants de la «Loi de Say» dont l’ignorance des faits économiques va de pair avec la manipulation de formules creuses afin de satisfaire des intérêts personnels au détriment du «bien commun».