Récemment, en Suisse comme aux États-Unis, plusieurs médias ont annoncé que la contribution de l’industrie financière au produit intérieur brut (PIB) de l’économie nationale reste considérable, malgré la crise financière globale et ses conséquences négatives sur cette industrie. En 2013, selon les données du Département du commerce états-unien, le secteur financier a contribué à hauteur de 19,6 pour cent au PIB des États-Unis. Ce secteur occupe de ce fait le premier rang du podium, devant le secteur public (13 pour cent du PIB) et l’industrie manufacturière (12,4 pour cent du PIB).
Ce classement appelle quelques considérations critiques, afin de ne pas être victime des statistiques économiques, que certains milieux utilisent comme une sorte d’«opium du peuple» afin de défendre des intérêts particuliers au détriment du bien commun.
En fait, le calcul du PIB dont il est question est établi par la somme de la valeur ajoutée au sein de chaque branche d’activité économique. Il s’agit alors de calculer, pour chacune de ces branches, la somme des salaires bruts (W) versés à l’ensemble des travailleurs dans la branche concernée et la somme des profits bruts (PR) gagnés par l’ensemble des entreprises dans cette même branche. La formule de calcul est simple: PIB = W + PR.
Or, il est évident que si les entreprises versent des salaires très élevés à leurs collaborateurs (il suffit de penser aux rémunérations des «top managers») et gagnent des profits tout aussi élevés (comme cela est le cas de l’industrie financière, notamment aux États-Unis), la somme W + PR donne un résultat très élevé pour cette industrie, la situant dès lors devant toutes les autres branches d’activité par rapport au PIB de l’économie nationale.
En conclusion, si cette statistique est utilisée pour justifier la nécessité de préserver l’industrie financière telle quelle, sans l’émasculer suite à l’adoption d’une série de réglementations plus ou moins contraignantes, il faut rendre attentifs les décideurs politiques et l’opinion publique qu’il s’agit en fait d’un artefact. Il suffirait de réduire les salaires (exorbitants) et/ou les profits (extravagants) de l’industrie financière pour conclure que sa position dans le classement des contribuables au PIB d’une économie nationale quelconque ne justifie pas ce qui, en réalité, est injustifiable d’un point de vue systémique.