Les représentants politiques de la France et de l’Allemagne semblent avoir compris que le problème majeur à résoudre de manière urgente n’est pas celui qui affecte les finances publiques des pays de l’Union européenne, mais le chômage involontaire qui ne cesse d’augmenter, notamment au sein de l’Euroland.
La solution de tout problème passe toujours, nécessairement, par la compréhension des origines de celui-ci. Or, en l’état, le problème du chômage n’est pas analysé correctement par les responsables de la politique économique au plan national et au niveau communautaire.
Pour en avoir la preuve, il suffit de passer en revue les mesures que l’axe franco–allemand a récemment envisagées pour réduire le taux de chômage à travers la zone euro. L’ensemble de ces mesures (soutien aux petites et moyennes entreprises, financement pour les activités de recherche et développement de nouveaux produits ou processus de production, diffusion et amélioration de la formation continue, aide à la mobilité professionnelle, libéralisation du marché du travail) concerne l’offre globale. Aucune de ces mesures n’est adressée à la demande de biens et services, méprisant ou ignorant le fait que la crise actuelle est due essentiellement à une demande insuffisante (donc une offre excédentaire) sur le marché des produits. Dans ce cas, des mesures agissant sur l’offre pour la faire augmenter ne peuvent pas améliorer les performances de l’économie nationale.
Personne ne doit dès lors s’étonner si la situation socio-économique va continuer à se dégrader en Europe ces prochaines années: lorsque les choix de politique économique sont inspirés par le paradigme qui est à l’origine de la crise majeure que les pays occidentaux traversent, il est illusoire de penser que ceux qui ont provoqué la crise puissent aussi la résoudre. Ce n’est pas une question de temps. Il s’agit de changer les lunettes des décideurs politiques et de leurs conseillers économiques.