La période de l’Avent suscite beaucoup d’attentes, même parmi celles et ceux qui espèrent s’acquitter à bon compte de leurs péchés plus ou moins graves selon la justice terrestre. Il en est ainsi également pour les accords dits «Rubik» pour le prélèvement d’un impôt libératoire auprès des banques helvétiques. Ces accords semblent désormais être condamnés à échouer en ce qui concerne l’Allemagne – à défaut d’un miracle lors de la procédure de conciliation qui doit se tenir la semaine prochaine entre les deux chambres du Parlement à Berlin – alors que leur définition avec l’Italie pourrait être finalisée avant la fin de cette année, si un certain nombre de questions d’ordre technique ou politique sont résolues de manière acceptable pour l’ensemble des parties prenantes.
Quoi qu’il en soit avant Noël, si ces accords sont mis en œuvre ils vont s’avérer être un cadeau empoisonné pour la place financière suisse, à plusieurs égards.
D’une part, l’image que les accords «Rubik» véhiculent à l’étranger, et notamment dans les pays d’origine des fortunes étrangères placées en Suisse, n’aidera pas les institutions financières helvétiques à reconstruire leur virginité face à la clientèle transfrontalière, qui pourrait choisir de placer sa fortune dans de véritables paradis fiscaux ou de la déclarer aux autorités fiscales nationales en la rapatriant entièrement d’un seul coup ou de manière graduelle.
D’autre part, au fur et à mesure que le nombre d’accords «Rubik» ira en augmentant, les coûts et les risques pour les banques helvétiques seront multipliés de manière exponentielle. Si les coûts de ces accords peuvent être transférés à la clientèle de ces banques, les risques liés à la mise en œuvre de «Rubik» ne pourront pas être externalisés par les institutions bancaires suisses et pèseront de toute leur force sur celles-ci. Il ne s’agira pas seulement des risques de se tromper lors de l’application des législations fiscales étrangères, mais aussi des risques découlant de la réduction du nombre des marchés étrangers que les banques de petite ou moyen taille en Suisse devront accepter de toute manière pour s’assurer des marges bénéficiaires à la hauteur des attentes de leurs dirigeants et actionnaires principaux.
Les banquiers éclairés sur la place financière suisse ont déjà fait savoir qu’ils se préparent désormais à l’échange automatique d’informations. Il reste à savoir s’il s’agit d’un vœu pieux ou d’un acte de contrition. L’annonce ne tardera pas et sera accompagnée par bien des prières.