« Avant de rêver il faut savoir ». Jean Rostand
Comment gérer l’afflux croissant de travailleurs arrivant de l’espace Schengen ou d’ailleurs ?
Plusieurs questions importantes se posent : disposons-nous d’assez de places de travail pour toutes ces personnes arrivant en Suisse ? Nos infrastructures (logement, école, routes, etc.) sont-elles capables de supporter une immigration massive ? Sommes-nous capable de lutter contre le dumping salarial ? Disposerions-nous d’une main d’œuvre temporaire qui, apparemment, ne se trouverait pas en Suisse ?
Il est évident que le marché du travail en Suisse n’est pas extensible. Pour la sécurité d’une nation, il est indispensable que l’Etat veille à ce que le taux de chômage soit le plus bas possible. Dans un pays comme la Suisse, il devrait tendre vers zéro.
Ne pas contrôler le flux migratoire dû à la recherche de travail est suicidaire pour la sécurité d’un état. Certes, il y a la possibilité de réactiver la clause de sauvegarde. Mais quelles sont les conséquences de cette clause ? Froisser l’Europe ? Est-ce une raison suffisante pour ne pas défendre les intérêts de notre pays ? D’autres solutions pourraient-elles être mises en place rapidement ?
Nous pourrions penser différemment ?
En fonction des enjeux décrits par les quatre problèmes ci-dessus, une approche différente pourrait être mise en place si l’Etat veut bien jouer son rôle de régulateur :
1. Une personne peut s’établir en Suisse pour une courte ou longue durée si son salaire lui permet de s’assumer complètement (lui et sa famille) et s’il n’y a pas un risque qu’elle se retrouve au service social. Pour l’obtention d’un permis d’établissement, le service concerné de l’Etat examinerait le contrat de travail, les conditions salariales, le niveau de vie de la région d’habitation, le contrat de bail à loyer, etc. Si les conditions personnelles d’équilibre budgétaire ne sont pas remplies, aucun permis d’établissement ne pourra être délivré. Sans permis d’établissement, il ne devrait pas y avoir de possibilité d’obtenir un contrat de travail. Le statut de frontalier ne pourrait pas, lui non plus, être un moyen détourné d’obtenir un contrat de travail du fait que les frontaliers doivent habiter une région limitrophe, rentrer chez eux le soir et payer l’impôt à la source par l’intermédiaire de leur employeur.
2. Pour les domaines évoluant en fonction d’activités saisonnières, l’agriculture et l’hôtellerie, une solution pourrait être trouvée avec les offices régionaux de placement (ORP) afin d’obtenir un travail temporaire pour les chômeurs de notre pays. L’Etat continuerait à verser la différence entre le prix de l’heure payée par l’agriculture et l’hôtellerie et l’allocation de chômage. Cette solution transitoire prolongerait son droit au chômage et lui donnerait une chance d’être occupé, de travailler, le remettant ainsi dans le circuit du travail. De plus, une économie serait faite par l’Etat.
3. L’Etat doit encore mieux contrôler le « travail au noir » et les conditions de sous-traitances en mettant sur pied un cadre légal.
Cet ensemble de solutions pourrait :
- résoudre la question du dumping salarial : si une entreprise peu scrupuleuse n’offre pas un salaire décent à son futur collaborateur lui permettant de s’établir dans la région, y trouver un logement correct et y vivre, ce dernier ne recevra pas de permis d’établissement. Il ne pourra donc pas travailler pour cet employeur peu scrupuleux ;
- assurer l’égalité entre le travailleur suisse et le travailleur étranger de même pour les cantons touchant les frontières nationales ;
- permettre l’utilisation de la main d’œuvre suisse en remettant les chômeurs sur le marché du travail;
- permettre une régulation économique du flux migratoire en fonction d’un permis d’établissement, en relation avec le niveau salarial du contrat de travail ;
- résoudre le contrôle du risque que des personnes venues en Suisse pour y travailler ne se retrouvent par rapidement au service social.
Dans un Etat sûr, le taux de chômage doit être proche de zéro. Pour le mesurer, il faut tenir compte des chômeurs inscrits dans les ORP, des chômeurs en fin de droit et des étrangers venus sur le territoire national dans l’attente de trouver un travail. Cela devrait s’appeler le « taux de demandeurs d’emploi » plutôt que le « taux de chômage ». A cela s’ajoute la problématique des requérants d’asile auxquels on interdit de travailler. Ce taux d’inoccupation augmente les actes d’incivilité et diminue le niveau de sécurité de la nation. Il faut agir dès maintenant et c’est à la Confédération ainsi qu’à chaque canton de réagir vite, avant que la situation ne dégénère et ne soit plus gérable.