UBS… De qui se moque-t-on ?

L'UBS ne contribue plus à l'image et à la sécurité de la Suisse !

1,4 milliard de francs suisses d’amende après le "scandale Libor" s'ajoutent au 700 millions de francs suisses que l'UBS a déjà payés aux USA l'année dernière ! A qui appartient cet argent ? A vous, à nous, aux actionnaires… Si l'UBS était mieux gérée et durablement responsable, elle redistribuerait une part de son bénéfice aux épargnants (un meilleur taux), à ses actionnaires (un meilleur dividende), aux détenteurs d'obligations (un meilleur rendement) et à sa clientèle hypothécaire (un taux hypothécaire plus faible).

Si l'UBS avait thésaurisé ces 1,4 milliard et les avait mis au profit de PME suisses en leur offrant des lignes de crédit permettant leur développement, la création de valeurs et la création d'emplois, toute l'économie suisse en aurait profité ! Plutôt qu'agir avec éthique et déontologie, l'UBS a préféré jouer avec le feu dans des opérations des plus contestables. Ceci signifie que l'UBS est devenue un danger pour la sécurité de l'économie de notre pays !

En dénonçant 40 de ses collaborateurs comme « responsables », l'UBS ne prend pas ses responsabilités. La dernière fois, elle livrait 4'000 noms aux Etats-Unis. A-t-on déjà vu agir pareillement un patron d'une PME ? Il en a été de même dans le jugement du trader londonien ! Mais de qui se moque-t-on ? Dans une PME (représentant le 95% du tissus économique suisse), le patron serait instantanément jugé et devrait aussitôt mettre la main à son porte-monnaie pour rembourser l’amende. A l'UBS, pas de jugement, pas de patrons dénoncés, ni bonus de la direction mis à zéro !

Dans l'exemple du trader, il est impossible que seule cette personne ait eu la possibilité de négocier un montant de cette importance sans obtenir l’aval d'un supérieur. Chaque table d’une salle de marchés est contrôlée par le "desk manager". Dans l’échelonnement des contrôles, le « responsable produits ou marchés » chapeaute l’ensemble de la transaction. Puis, le "Risk Manager" valide le risque. L'UBS ne prend décidément pas ses responsabilités !

Si nous remontons à l'affaire Swissair, le même scénario s'est passé ! Mais où sont passés les dirigeants responsables ? Dans une PME, on a jamais vu disparaître la première PME pour cause de faillite et commencer la deuxième, dix jours plus tard, avec le parc complet de la première! Où est la faute ?

Dans toutes les entreprises où les dirigeants n'ont pas leur fortune personnelle en jeu, des cas semblables se produiront ! Mais l'UBS reste championne en la matière !

Tout ceci est une affaire de gouvernance, donc de responsabilité des conseils d'administration. En fait, les compétences attendues des personnes faisant partie de ces conseils d'administration ne sont pas à la hauteur de leurs responsabilités. Pourtant des dispositions légales relatives aux droits et aux devoirs des administrateurs existent.

Dans le cas Swissair, comme dans le cas UBS, il suffirait d'appliquer ces lois en mettant les administrateurs et dirigeants devant leurs responsabilités. Mais là encore, le politique est laxiste ! Trop d'intérêts en jeu ! Chaque personne entrant dans une carrière politique devrait renoncer, à vie, à faire partie de conseils d'administration, hormis les entreprises où elle a investi sa fortune personnelle.

Malheureusement, l'histoire se répète et personne ne dit rien. Aucun courage politique, à part quelques esprits effarouchés ayant déjà oublié ces pratiques des années passées.

En conclusion, le politique comme la FINMA devraient retirer la licence bancaire à UBS et obliger UBS à se restructurer en plusieurs sociétés "contrôlables" et "dirigeables" ! En contrepartie, la FINMA pourrait accorder des licences bancaires à Postfinance et à d'autres établissements financiers qui se comportent de manière éthique et qui le méritent depuis longtemps.

Sandro Arcioni

Sandro Arcioni, Dr ès sciences, lieutenant-colonel, expert en stratégie et en cyberdéfense, directeur de mupex Sàrl et enseignant-chercheur dans le domaine de la gouvernance.