Taux fixes à long terme, la planche de salut

Ca y est! Le Conseil fédéral a activé partiellement le volant anticyclique pour lutter contre la surchauffe immobilière, marquée par une forte hausse des prix et un gonflement de la dette hypothécaire. C'est ainsi qu'il a demandé aux banques d'accroître leurs fonds propres par rapport à leurs prêts hypothécaires d'ici au 30 septembre.

Cette décision était-elle justifiée ? Lorsqu'on connaît la difficulté à anticiper des mouvements de marché, on ne se risquera pas à des pronostics. En revanche, on peut essayer de s'interroger sur les risques individuels de l'emprunteur hypothécaire lambda face au scénario que tentent de désamorcer nos autorités. Que se passerait-il en cas d'éclatement d'une bulle immobilière?

Imaginons qu'un tel événement ressemble à la dernière crise immobilière, celle des années 90 : tandis que les taux d'intérêt montent brutalement, le prix des biens immobiliers se met à chuter. Si l'on songe que les taux d'intérêt sont quasiment à leur plus bas historique et que les prix sont à nouveau à des cours très élevés, tout semble prêt pour que l'Histoire se répète. La situation pourrait même s'avérer pire pour de nombreux emprunteurs, car ce n'est que depuis 1995 qu'il est possible de retirer tout ou partie de son 2e pilier pour constituer ses fonds propres. Ce dont de nombreux candidats à la propriété ont fait usage, jusqu'à ce que la Finma n'en limite le recours en juillet de l'an dernier, en obligeant les nouveaux emprunteurs à fournir au moins 10 % de fonds propres provenant d'une autre source.

Le risque, pour ceux qui sont encore lourdement endettés et qui ne disposaient d'aucuns fonds propres par ailleurs, c'est de ne pouvoir faire face à la remontée des taux d'intérêt et à la chute de la valeur de leur bien immobilier. Il faudrait sans doute vendre, en perdant dans une grande partie des cas les fonds propres apportés, c'est-à-dire tout ou partie de l'avoir de vieillesse qu'ils avaient retiré… Perspective peu réjouissante!

Heureusement, ce risque est quelque peu limité pour nombre d'emprunteurs qui privilégient depuis quelques années les hypothèques à taux fixe sur le moyen et long terme, alors que les hypothèques à taux variable ont quasiment disparu, comme on le voit sur le graphique présenté dans le dernier Baromètre des hypothèques de Comparis, publié le 15 janvier dernier. Un emprunt sur 10 ans permet ainsi de se protéger contre les soubresauts du marché hypothécaire tout au long de cette période. Si vous êtes dans cette situation et que vous faîtes ce choix, vous risquez toutefois de faire face à des taux nettement plus élevés à l'échéance. Mais n'oubliez pas que vous aurez pu réduire votre endettement au cours de cette période, diminuant d'autant le montant des intérêts à payer. Vous pourriez toutefois vous montrer plus subtil en souscrivant plusieurs hypothèques, de durées différentes, afin d'éviter de devoir renouveler votre emprunt en une fois, mais à des échéances plus ou moins éloignées, et donc à des taux différents.

En revanche, ceux qui disposent de réserves financières par ailleurs peuvent continuer à essayer profiter des taux extraordinairement bas sur les hypothèques liées au Libor, tant que le loyer de l'argent reste aussi bas. Mais en sachant qu'ils risquent de subir de plein fouet les effets du retournement du marché, qui finira, tôt ou tard, par se produire.

 

 

Le 2e pilier est pavé de bonnes intentions

À quelques semaines de la grande votation à Genève sur la fusion des caisses de pensions publiques CIA (enseignement et administration centrale) et CEH (santé), Avenir suisse sort une étude* pour « régénérer » la prévoyance professionnelle, qui a été présentée jeudi à Genève, avec un débat en compagnie d’un des auteurs, Jérôme Cosandey.

De manière astucieuse, Avenir Suisse a fait figurer sur le dos de la couverture la carte de la Suisse selon le découpage cantonal, en mettant en évidence le taux de couverture des caisses de pensions cantonales (au 31.12.11). Il en ressort que si l’on part depuis l’Est du pays, on constate que le taux de couverture s’abaisse de plus en plus. Les pires cantons étant le Jura, Neuchâtel et Genève. Le message est clair.

Après cette mise en bouche, la brochure elle-même est moins digeste à assimiler. En deux mots,  elle prône une libéralisation de notre système, selon trois axes  : 1) il faut plus de personnalisation, et permettre ainsi aux assurés de pouvoir définir leur stratégie de placement dans le régime surobligatoire et, à moyen terme, choisir eux-mêmes leurs caisses de pensions; 2) le financement doit être durable. C’est ainsi que la définition du taux de conversion doit être dépolitisée et déléguée aux conseils de fondations des institutions de prévoyance; 3) enfin, les règles du jeu doivent être égales pour tous les prestataires du 2e pilier public ou privés.

Ces arguments n’ont en fait rien de nouveau. Mais ils ont au moins le mérite de relancer  le débat parmi les spécialistes. Par exemple, l’idée de choisir sa caisse de pensions indépendamment de celle de son employeur est une vieille lune, qui comptent de nombreux adversaires, même du côté patronal, comme s’en est fait l’écho Olivier Sandoz, directeur général adjoint de la Fédération des Entreprises Romandes, car « cela risque de mettre en péril le lien entre l’employeur et le 2e pilier ». Or il s’agit d’un partenariat social l’entre l’employeur et son personnel.

En revanche, la thèse de dépolitiser le taux de conversion fait sans doute son chemin. Il s’agit d’éviter que les actifs ne financent les retraités, ce qui est évidemment contraire au système par capitalisation. Cette personnalisation est d’autant plus justifiée que les caisses de pensions ont des structures d’âge élevées. En d’autres termes, des institutions de prévoyance qui comptent un pourcentage important de retraités devrait avoir un taux de conversion relativement bas. Si l’on en croit les experts d’Avenir Suisse, ces rentes trop élevées conduiraient à des effets de redistribution compris entre 600 millions et 1’500 millions de francs par année.

« Enfin, affirment nos auteurs, il faudrait instaurer une autorité de surveillance unique qui définirait les mêmes règles de jeu pour tous les participants au marché.  Mais, Il faudrait en outre abolir le traitement spécial dont bénéficient les caisses de pensions de droit public, en particulier s’agissant de la capitalisation partielle. » Connaissant un peu les défenseurs du statut public, on peut s’attendre à de belles empoignades verbales lors des prochains débats…

 

* « Une cure de jouvence pour le 2e pilier »

Par Jérôme Cosandey et Alois Bischofberger

Editions du Tricorne, 2013

Les prestations complémentaires : un droit !

 

Comme de nombreux Romands, et qui plus est genevois, j’ai été quelque peu troublé par cette sordide histoire qui s’est passée dans ma ville il y a quelques années, et qui a fait l’objet d’un reportage suivi d’un débat à Infrarouge la semaine dernière, sur RTS UN. C’est l’histoire d’un homme, bénéficiaire de l’AI. Il vit seul et décède dans son appartement. Et il faut attendre 28 mois pour qu’on découvre finalement son cadavre.

On peut évidemment s’interroger sur l’absence de réactions des uns et des autres, notamment de la part des services sociaux alors qu’il s’agissait d’un homme qui bénéficiait de rentes AI et dont le loyer de l’appartement et les primes d’assurance maladie étaient pris en charge par l’aide sociale. Mais, tout cela a déjà été largement discuté lors du débat. Inutile d’y revenir.

Toutefois, sans doute par déformation professionnelle, j’ai relevé la belle unanimité qui se dégageait pour se réjouir des mailles très resserrées du filet social au sens financier du terme. Autrement dit, vous pouvez disparaître du champ public – et, dans ce cas extrême, même mourir dans votre coin – tout en bénéficiant de conditions d’existence (si l'on ose dire) décentes.

Mais est-ce vraiment le cas ? Je ne suis pas sûr que cet avis soit entièrement partagé par le public, si j’en crois différents reportages diffusés sur cette même chaîne, présentant des personnes bénéficiant de rentes AI ou AVS qui faisaient part de leur extrême difficulté à joindre les deux bouts. Il est vrai que si vous ne touchez que la rente AVS ou AI minimale, qui n’est que de 1’170 francs par mois, vous n’allez évidemment pas très loin… D’autant plus si vous n’avez pas cotisé tout au long durant la période obligatoire, pour une raison ou pour une autre, car votre rente sera réduite de 2,3 % par année manquante.

Heureusement, pour les plus démunis, il existe cette étrange assurance sociale que sont les prestations complémentaires que l’on confond souvent avec l’aide sociale. Or rien n’est plus faux. Elles font partie intégrante du 1er pilier, au même titre que l’AVS et l’AI. Mais à la grande différence de ces deux assurances jumelles, elles ne donnent lieu à aucune cotisation et sont entièrement financées par la Confédération. Ainsi, chaque bénéficiaire d’une rente AVS ou AI a le droit – et je souligne ce dernier mot, car il faut le faire valoir  – de recevoir des prestations qui complètent cette rente s'il en remplit les conditions pécuniaires. Et ces prestations sont de deux ordres : la prestation complémentaire annuelle d’une part, et le remboursement de frais de maladie et d’invalidité, d’autre part.

Concrètement, et pour donner un exemple présenté sur le site www.avs-ai.ch, et que j’ai repris dans Le guide de votre prévoyance, avec les chiffres pour 2013, j’ai choisi le cas d’une personne seule vivant à la maison, au bénéfice d’une rente AVS :

Mais vous aimeriez peut-être savoir si vous-même ou l’un de vos proches pourraient bénéficier de ces prestations complémentaires annuelles. Pour cela, rien de plus facile, il suffit de recourir au calculateur proposé par Pro Senectute (http://www.pro-senectute.ch/fr/offres/calcul-dune-prestation-complementaire.html) qui vous permet d’introduire les données qui vous concernent et d’aboutir à un calcul personnalisé.

En sus de la prestation complémentaire annuelle, les personnes qui en bénéficient peuvent aussi obtenir le remboursement de différents coûts, notamment de frais de traitement dentaire, d’aide, de soins et d’assistance à domicile, etc. Au total, les montants maximaux suivants peuvent être versés par année, en plus de la PC annuelle, dans le cadre du remboursement des frais de maladie et d’invalidité : 25’000 francs pour des personnes seules ; 50’000 francs pour des couples ; 6’000 francs pour des pensionnaires d’EMS.

Les recettes du Dr Krugman

Comme les médias s’en sont largement fait l’écho, les États-Unis ont évité de justesse d’emboutir le mur fiscal au 1er janvier, grâce à un accord in extremis conclu au Congrès. Un échec aurait entraîné des relèvements d’impôts massifs et de sévères coupes budgétaires. Avec pour conséquence probable une nouvelle récession. Mais tout danger n’est pas écarté, puisqu’un nouveau mur fiscal se dresse à échéance de la fin février, portant sur la réduction des dépenses publiques.

On pourrait s’étonner que ces hausses d’impôts et de coupes dans les dépenses suscitent autant d’inquiétude alors que l’on ne cesse de déplorer la taille délirante du déficit budgétaire américain. Ne faudrait-il pas de toute façon prendre des mesures draconiennes pour commencer à réduire ce boulet ? D’autant plus qu’il n’a cessé d’augmenter, en particulier depuis l’éclatement de la crise des subprimes en 2008. Oui, mais… comme le montre le Professeur Paul Krugman, dans son dernier essai baptisé de manière très combative « Sortez-nous de cette crise… maintenant ! », cette politique irait à l’encontre du but visé.

Ainsi, explique le prix Nobel d’économie américain : « Même si la réduction de la dépense fait baisser la dette future, elle peut aussi faire baisser les futurs revenus, si bien que notre capacité à supporter la dette  – mesurée, disons, par le rapport dette/PIB, – court le risque réel de s’effondrer. » À l’appui de cette affirmation, l’auteur évoque les travaux de certains chercheurs du Fonds Monétaire International, « qui ont identifié pas moins de 173 épisodes d’austérité budgétaire dans des pays développés entre 1978 et 2009. Ils ont constaté que les politiques d’austérité sont suivies de contraction économique et d’augmentation du chômage. »

Dans la même logique, mais de manière beaucoup plus polémique, notre prix Nobel prône la relance par l’augmentation des dépenses publiques pour remettre la machine économique américaine sur les rails, dans la tradition keynésienne, en laissant augmenter quelque peu l’inflation. Cette profession de foi paraît aujourd’hui très iconoclaste à beaucoup d’économistes qui estiment qu’il ne faut surtout pas accroître les dépenses des États, en raison de leur situation financière exécrable. D’ailleurs, le plan de relance d’Obama en 2009, pour un montant de 787 milliards de dollars, n’a-t-il pas montré le manque d’efficacité de telles mesures, tout en faisant exploser le déficit budgétaire ?

Mais, justement, explique Paul Krugman, l’échec était programmé en raison de la modestie de ce plan de relance en regard de la taille de l’économie américaine et de la profondeur de la récession. Quant à l’accroissement vertigineux du déficit, il aurait été essentiellement la conséquence de la crise : « Toute l’accélération de l’accroissement de la dépense est attribuable à des programmes constituant fondamentalement une aide d’urgence aux plus durement frappés par la récession ». Chiffres à l’appui.

Ce bref billet ne peut évidemment pas rendre compte de la profondeur de la réflexion de notre auteur  – qui n’est pas prix Nobel pour rien – et qui développe ses arguments sur près de 300 pages, avec la clarté et l’humour qui le caractérise. Mais j’espère qu’il contribuera à le faire lire, que l’on partage ou non ses analyses, toujours très instructives.

 

*« Sortez-nous de cette crise… maintenant ! », Paul Krugman, Flammarion, 2012

Banque postale et garantie des dépôts

 

 

La mue de Postfinance en banque postale, qui devrait intervenir au cours des prochains mois, lorsqu’elle sera transformée en société anonyme, entièrement détenue par la Poste, pourrait n’intéresser que les juristes. Au point que je croyais qu’elle bénéficiait déjà de ce statut, avant de me pencher sur cette problématique il y a quelques jours, à la demande des journalistes de l’émission « On en parle », de la RTS. Ceux-ci m’ont proposé de répondre à quelques questions pour éclairer la lanterne de leurs auditeurs.

Cette recherche m’a ainsi permis de constater que cette métamorphose n’aurait sans doute aucun effet visible sur les clients. Il y a pourtant un changement fondamental qui touche à la sécurité de leurs dépôts. En effet, ces derniers ont été jusqu’ici garantis de manière illimitée par la Confédération, à l’instar de la grande majorité des banques cantonales par leur canton respectif, à l’exception de Genève où cette garantie est plafonnée, et de Vaud et Berne où elle a été supprimée. Pour les cinq premières années d’existence de la banque postale, cette garantie sera maintenue pour les montants inférieurs à 100’000 francs par client, mais pas au-delà. Ensuite, ce filet de sécurité disparaîtra à son tour, ne laissant plus que la garantie des dépôts, financée par les banques et négociants en valeurs mobilières (www.einlagensicherung.ch), pour un montant allant également jusqu’à 100’000 francs.

A priori, ceux qui disposent de moins de 100’000 francs en dépôt devraient pouvoir dormir sur leurs deux oreilles pendant les cinq premières années. Ensuite, il leur faut espérer qu’il ne soit pas nécessaire de recourir au système de garantie des dépôts des banques car elle est limitée à 6 milliards de francs… Avec un bilan de 100 milliards de francs, une faillite éventuelle de Postfinance pourrait épuiser la totalité de la garantie bien avant que chaque déposant puisse récupérer les montants théoriquement couverts. La modestie du fonds de garantie a été particulièrement mise en évidence lors du sauvetage d’UBS en 2008 : les déposants n’auraient ainsi été que très peu indemnisés par ce système si la banque avait déposé son bilan, en raison de sa taille gigantesque.

L’intervention de l’État pour sauver une banque trop grosse pour faire faillite ( « too big to fail ») a de quoi rassurer. Mais c’est en même temps particulièrement malsain qu’existe une telle garantie implicite, sans coût pour les établissements qui pourraient en bénéficier. D’autant plus que cette garantie occulte couvre, paradoxalement, beaucoup plus d’acteurs que les simples déposants. En effet, en sauvant UBS, la Confédération  – par le biais de la Banque Nationale – n’a pas seulement évité aux épargnants de la banque de perdre une grande partie de leurs économies, mais a également protégé les détenteurs d’obligations émises par la banque. Même les actionnaires ont pu en profiter puisqu’autrement ils auraient pratiquement tout perdu. Ce qui n’est que moyennement logique dans une économie de marché…

Mais il faut reconnaître que nos responsables politiques n’avaient guère de choix, comme l’écrit Joseph Stiglitz, prix Nobel d’économie, dans son excellent ouvrage « Le triomphe de la cupidité* », dans lequel il analyse très finement les dérives de la finance qui ont mené à la catastrophe : « En temps de crise, les États renflouent les banques, qu’il y ait ou non garantie des dépôts – c’est un truisme, la crise actuelle le montre assez. Mais si l’État va venir réparer les dégâts, il doit faire ce qu’il peut pour empêcher les accidents. » Il a encore du pain sur la planche…

 

 

*Le triomphe de la cupidité, Joseph Stiglitz, Les liens qui libèrent, 2010

Derniers jours pour les cadeaux… fiscaux

Pour ajouter un peu de stress aux retardataires en tout genre en cette période de course aux cadeaux et de préparation aux différents réveillons, je leur rappelle qu'ils risquent peut-être de perdre l'avantage fiscal associé au versement sur un compte de 3e pilier lié pour cette année. En effet, comme ces versements sont facultatifs, ils pourraient avoir oublié d’alimenter leur compte de prévoyance, pour un montant maximal de 6'682 francs déductibles de leur revenu imposable s'ils sont salariés et assurés auprès d'une caisse de pensions. Pour des indépendant non affiliés à une institution de prévoyance, le montant déductible peut monter jusqu'à 20 % de leur revenu AVS, mais au maximum 33'408 francs.

La date butoir, c'est le 31 décembre, comme c'est le cas par exemple chez UBS, pour les paiements effectués aux guichets. J'avoue n'avoir pas conduit d'enquête dans le cadre de ce modeste papier, mais j'imagine que cela ne doit pas être très différent auprès des autres établissements. Si vous êtes concerné, à vous de vous renseigner auprès de votre fournisseur de services bancaires, qui vous a certainement averti de cette échéance…

Si vous avez cette possibilité, ce serait dommage d’y renoncer par manque de temps, car l’économie fiscale potentielle pour 2012 sera définitivement perdue dès l’an prochain : on ne peut en effet pas rattraper des années de versements manquées, comme il est possible de racheter des années dans sa caisse de pensions en principe à n'importe quel moment. Dans cette perspective, le souscripteur d’une assurance vie – l’autre produit autorisé dans le cadre du 3e pilier lié – est protégé, un peu malgré lui, contre ce risque puisqu’il est contraint de payer une prime chaque année.

Pour ceux qui n'ont souscrit à aucun produit de 3e pilier lié, et qui y auraient avantage, c'est sans doute un peu tard pour effectuer toutes les démarches nécessaires pour cette année… En revanche, cela peut être l'occasion de réfléchir à l'intérêt que présente ce produit de prévoyance. L'avantage fiscal est évident, même s'il faut tenir compte de l'impôt qui sera prélevé sur le montant à retirer à l'échéance. Le bilan sera toujours positif, mais différera selon les législations cantonales.

Pour être plus concret, prenons l'exemple suivant, préparé par la BCGE à mon attention, sur la base des chiffres 2012. Un homme de 35 ans, marié, domicilié à Lausanne, avec un revenu imposable de 100'000 francs, souscrit à un produit de 3e pilier lié bancaire. Il devrait prendre sa retraite à 65 ans. Le versement de 6'682 francs par an permet d'économiser 1'915 francs d'impôt. Sans entrer dans les détails de calcul et selon différentes hypothèses en matière de taux d'intérêt, l'économie fiscale serait de 63'808 francs à l'échéance du contrat, avant l'impôt unique sur le retrait du capital accumulé, qui s'élèverait à 27'166 francs. L'économie fiscale nette serait donc encore de 36'642 francs, comme on le voit ci-dessous :

 

Source : Le guide de votre prévoyance/Editions Pierre Novello

 

Par comparaison, si l'on répète cet exercice en prenant les mêmes hypothèses, à l'exception du domicile, cette fois en ville de Genève, on constaterait que le contribuable serait également gagnant, mais pour un montant plus élevé. Ainsi, il dégagerait une économie fiscale nette de 54’895 francs, en raison de gains fiscaux sur 30 ans plus importants qu'à Lausanne, mais également grâce à un impôt unique inférieur, comme on le voit ci-dessous :

 

Source : Le guide de votre prévoyance/Editions Pierre Novello

 

Ces avantages fiscaux, bien réels, ne sont toutefois pas suffisants pour prendre une décision. Il faut prendre en considération d'autres facteurs, notamment en matière successorale. De mauvaises surprises peuvent en effet survenir pour des personnes en situation un peu particulière, comme l'exemple qu'avait rapporté l'Ombudsman de l'assurance privée dans son rapport 2009. Il s'agissait de la compagne d'un homme décédé qui l'avait désignée comme la bénéficiaire d'une assurance vie souscrite dans le cadre d'un 3e pilier lié. L'homme était séparé de son épouse depuis plusieurs années et vivait depuis plus de dix ans avec sa compagne. Mais il était toujours marié. Finalement, en raison de l'ordre de succession prescrit dans la loi, c'est sa femme légitime qui obtint le capital décès qu'il avait destiné à sa concubine ! On ne sait si le vendeur du produit était incompétent et/ou malhonnête…

 

Les experts expertisés

Quelle est la validité des expertises proférées à longueur de journées dans les tous les médias et sur tous les sujets ? Si l'expert autoproclamé du café du commerce n'a guère d'influence au-delà de son entourage immédiat – et encore ne jouit-il souvent que de sa propre estime -, il en va très différemment des experts désignés comme tel dès qu'ils accèdent à la notoriété télévisuelle en particulier. Leurs propos diffusés à large échelle prennent soudain une autre dimension. Malheureusement, cette audience élargie ne s'accompagne pas d'une hausse proportionnelle dans la qualité de leurs prévisions, qui s'avèrent souvent loin des attentes. Cela, les professionnels des médias le savent bien et sont parfois capables de lever le voile, comme l'a fait la RTS, en diffusant dimanche soir (très tard…) un documentaire particulièrement instructif sur ce phénomène, dans son programme « Histoire vivante », sur son 2e canal.

Intitulée « La dictature des experts », cette émission – visible durant une semaine seulement -, très amusante, montre le peu de fiabilité des prévisions formulées dans de nombreux domaines. On ne peut toutefois jeter le bébé et l'eau du bain. Dans certains cas, les anticipations annoncées peuvent se concrétiser avec une probabilité supérieure à celle du simple hasard.

Pour faire la distinction, on peut se référer au dernier (et excellent) ouvrage* de Daniel Kahneman, prix Nobel d'économie 2002 et l'un des pères de l'économie comportementale. Ainsi, ce dernier explique qu'il faut : « Un environnement suffisamment régulier pour être prévisible ; la possibilité d'apprendre de ces régularités grâce à une pratique durable. Quand ces deux conditions sont réunies, les intuitions seront probablement le fruit d'une compétence. Les échecs sont un bon exemple d'environnement régulier ; le bridge et le poker aussi. »

« En revanche, poursuit, l'auteur, les courtiers et les politistes qui se livrent à des prédictions à long terme opèrent dans un environnement à validité nulle. Leurs échecs sont le reflet de l'imprévisibilité fondamentale des événements qu'ils tentent de prédire. »

À l’intérieur d'un même domaine, les capacités prédictives des individus peuvent s'avérer très différentes, selon que l'activité permet de tester facilement ou non la validité des leurs actes, comme le montre l'auteur avec ces deux exemples : « Les anesthésistes bénéficient d'un bon retour parce que les effets de leurs actions sont rapidement évidents. Par contraste, les radiologues retirent peu d'information quant à la précision des diagnostics qu'ils font et les pathologies qu'ils ne parviennent pas à détecter. Par conséquent, les anesthésistes se trouvent dans une meilleure position pour développer des talents intuitifs utiles. »

En le disant d'une autre manière, c'est bien la conclusion à laquelle arrive William White, le chef économiste de la BRI – appelée familièrement la banque centrale des banques centrales – au moment de l'éclatement de la crise des subprimes, en 2008, dans « La dictature des experts » : « Je crois qu'au cours de ces dernières années les experts ont fait un très mauvais boulot. On croyait que l'économie était une science. En fait, elle ne l'est pas, car elle dépend trop des comportements humains. Ce serait beaucoup mieux que nous, les experts, admettions que nous en savons très peu sur le fonctionnement de l'économie ».

Ce constat peut paraître un peu déprimant, mais à l'heure où certains nous prédisent le pire, il est tout de même rassurant de savoir qu'au fond ils n'en savent sans doute pas plus que le commun des mortels…

 

*« Système 1 – Système 2, Les deux vitesses de la pensée », Daniel Kahneman, Flammarion, 2012

 

Jobsologie et effet de halo

 

Alors que de nombreux analystes s'interrogent sur les capacités du successeur de Steve Jobs de poursuivre l'œuvre de l'ex-patron emblématique d'Apple, disparu il y a un peu plus d'un an, divers ouvrages ont récemment été publiés sur ce personnage hors du commun. J'avais déjà lu deux ou trois bouquins sur l'aventure de la marque, dont celui de John Sculley – oui, l'homme qui avait viré Jobs – où il expliquait comment le co-créateur d'Apple avait fini par en devenir un élément nuisible. Avant qu'il ne fasse son grand retour et sauve la boîte pour en faire ce qu'elle est devenue aujourd'hui.
 
Toutefois, malgré mon admiration devant les produits – j'ai presque toujours utilisé des Macs -, je suis également conscient de l'effet de halo, présenté de manière lumineuse (si j'ose dire) par Phil Rosenzweig, professeur à l'IMD à Lausanne, dans son essai « The halo effect », publié en 2008. En deux mots, il s'agit de ce phénomène qui nous amène établir un lien étroit, dans le monde des affaires, entre les bons résultats d'une entreprise et les qualités supposées de ses dirigeants. Ce qui explique qu'un patron passe du statut de génie, quand les bénéfices grimpent, à celui d'imbécile, lorsque la roue tourne. Les amateurs de magazines économiques et d'ouvrages sur les success stories comprendront sans mal ce que je veux dire. Il en fait très difficile de savoir ce qui fait qu'une entreprise parvienne au sommet, et s'y maintienne un certain temps. En d'autres termes, il n'existe pas de recettes de cuisine pour atteindre le succès.
 
Tout cela pour dire ma réticence devant le bouquin de Carmine Gallone, « Les secrets d'innovation de Steve Jobs », paru l'an dernier chez Pearson, que j'ai commencé à aborder presque à reculons. En fait, j'ai fini par le lire jusqu'au bout, en retrouvant le récit quasi légendaire de la vie de ce patron d'exception, avec un réel plaisir. Non seulement parce que c'est bien écrit (et bien traduit), mais parce qu'il est également très instructif. On y comprend la démarche intellectuelle du bonhomme, bien au-delà du simple « Think different » et autre talent de calligraphe. C'est d'autant plus éclairant (peut-être est-ce l'effet de halo…) que ces principes ont été appliqués  – et avec quel succès -, mais que l'on peut réellement en tirer un enseignement plus général.
 
Par exemple, lorsqu'on cherche à créer des produits nouveaux. Mais, écoutons plutôt le maître : « Il ne s'agit pas de culture pop, ni de berner les gens, ni de les persuader qu'ils veulent un produit dont ils n'ont rien à faire. Nous nous demandons ce que nous voulons. Et je pense que nous nous débrouillons plutôt bien pour savoir si beaucoup de gens voudront la même chose que nous. C'est pour ça que les clients nous payent. Nous n'allons tout de même pas leur demander quel sera le nouveau produit qui fera fureur ! Henry Ford l'a dit avant moi : « Si j'avais demandé à mes clients ce qu'ils voulaient, ils m'auraient réclamé un cheval plus rapide ». » Plus précisément, explique Carmine Gallone, « selon Steve Jobs, il est difficile de concevoir un produit sur les souhaits qui ressortent des réunions de consommateurs, car ces derniers ne savent pas ce qu'ils veulent avant que vous le leur montriez. »
 
Ce simple principe s'inscrit dans une démarche complexe, comme le décrit l'auteur de cet ouvrage, que l'on ne peut résumer en quelques lignes (heureusement, sinon pourquoi y consacrer plus de 250 pages…). On peut également mentionner la recherche quasi-obsessionnelle pour la facilité d'utilisation des produits et de leur esthétique qui caractérisait l'approche de Steve Jobs, qui a dit  : « La simplicité est summum de la sophistication ». Ce dernier ajoutait toutefois, comme le rapporte l'auteur, « qu'elle ne se limite pas à ôter du superflu, loin de là ». Pour y parvenir, le patron charismatique d'Apple précisait « qu'elle consiste à atteindre l'essence même du produit ». À méditer.
 

Adoboli – Kerviel, même combat !

 

« Le procès Adoboli révèle un appât du gain sans limites ». C'est le titre de l'article consacré par Bilan au procès du « rogue trader » de l'UBS dans sa dernière édition. Ce qui ne manque pas d'ironie lorsqu'on sait que ce numéro du magazine économique est presque intégralement consacré aux 300 plus riches de Suisse… Plus sérieusement, ce procès nous ramène à celui de son prédécesseur en scandale financier, Jérôme Kerviel, qui avait failli faire sauter la Société Générale en 2008, et dans la foulée, mettre en péril le système financier international. Avant le dépôt de bilan, bien réel, lui, de Lehman Brothers quelques mois plus tard.

 

Les arguments de la défense dans les deux cas s'y ressemblent à s'y méprendre : en deux mots, la hiérarchie savait et aurait sinon encouragé, du moins laisser faire, leur trader respectif les mener à la catastrophe. S'il est évident que les systèmes de contrôles de chacun des deux établissements ont gravement dysfonctionné, avec une culture du profit à tout prix, il reste en revanche un point qu'il est difficile de comprendre, c'est l’attitude des contrôleurs. Qu'avaient-ils donc à gagner en se taisant sur les dangereux comportements de leur collègue ? Dans cette perspective, l'affaire Kerviel est particulièrement emblématique, comme le rappelle la journaliste indépendante Olivia Dufour dans un récent ouvrage* sur cet énorme scandale financier, avec pas moins de 74 alertes entre juin 2006 et janvier 2008, « sans que personne ne réagisse ». Comment est-ce possible ?

 

Au départ, la banque avait mis en avant le génie technique de Jérôme Kerviel pour tromper le système de contrôle. Mais il s'est rapidement révélé qu'il s'agissait de fraudes classiques, qui auraient dû être facilement détectées, comme en attestent d’ailleurs ces très nombreuses alertes. Une bonne partie de l'explication vient sans doute du vrai talent de notre ex-trader, qui avait réussi à manipuler ses interlocuteurs sur une longue durée, comme l'auteur le décrit bien : « Dès qu'une alarme s'allume, Jérôme Kerviel surgit dans le bureau du contrôleur et tient des propos apaisants. Tantôt, il dit que le problème est repéré, mais que c'est une erreur d'un autre service ou d'une entreprise extérieure qu'il est en train de gérer. Tantôt, il fournit des explications dans un jargon si épais qu'on lui demande de traduire. Rappelons que ses interlocuteurs, qu'ils soient contrôleurs ou déontologues se sentent inférieurs à lui techniquement. Donc ils n'imaginent pas que Jérôme Kerviel ment, mais simplement qu'eux-mêmes sont incapables de comprendre. Soit ils enregistrent la réponse sans en saisir le sens, parce que le manuel de procédure interne leur demande de faire taire les alarmes et non pas d'enquêter, soit ils lui demandent de traduire, ce qui laisse toute latitude à Jérôme Kerviel pour deviner la réponse qu'ils attendent et la leur servir sur un plateau ».

 

Pour réduire le risque de tels comportements, il faudrait que les départements de trading écartent les personnalités trop portées sur la compétition, le jeu, le bluff et l'appât du gain. Mais je vais m'arrêter là car je crois que je suis en train d'écrire n'importe quoi…

 

*Kerviel : enquête sur un séisme financier, Olivia Dufour, Eyrolles, 2012

 

 

 

 

 

Changement de caisse maladie, en toute franchise

La date butoir s’approchant à grand pas – le 30 novembre –, les candidats au(x) changement(s) dans leur assurance maladie de base doivent se décider rapidement. Mais ce n’est pas si facile, malgré tous les comparateurs disponibles, allant de priminfo.ch (OFSP) à bonus.ch ou comparis.ch, en passant par vzonline.ch. Quel que soit le choix de la caisse maladie, l’un des critères les moins évidents est celui de la franchise adaptée à sa situation, qui peut s’établir dans une fourchette comprise entre 300 francs par an jusqu’à 2’500 francs. Rappelons que la franchise est le montant que l’assuré va payer lui-même avant que la caisse maladie commence à prendre en charge les frais. Précisons également que l’assuré devra quand même participer à hauteur de 10 % des frais (20 % si des médicaments génériques auraient pu être utilisés en lieu et place des originaux) qui vont au-delà de la franchise. Cette participation aux frais s’appelle la quote-part. Évidemment, les primes sont calculées en conséquence : plus la franchise est basse, plus la prime est élevée.

Si vous n’êtes jamais malade, et vous que vous n’avez que très peu de frais médicaux, vous choisirez évidemment la franchise la plus élevée. Et inversement, si vous êtes fréquemment souffrant ou très âgé, avec des traitements très coûteux, vous aurez logiquement avantage à vous déterminer pour la franchise la plus basse.

Le problème, c’est que la population n’est pas uniquement composée de jeunes en parfaite santé, d’un côté, et de personnes très âgées ou très malades, de l’autre. En outre, un individu en très bonne forme peut aussi soudainement tomber gravement malade. Une grande partie des assurés se trouve en fait dans une situation intermédiaire, d’âge moyen, avec des dépenses moyennes. Paradoxalement, même dans ce cas, les personnes concernées peuvent très rationnellement se prononcer pour la franchise la plus élevée. Pour le comprendre, prenons l’exemple suivant, tiré de mon dernier ouvrage Le guide de votre prévoyance et basé sur des chiffres réels pour 2011 (source : vzonline.ch), pour un assuré habitant Lausanne, sous le régime ordinaire. Les données seraient légèrement différentes pour 2013, mais le principe reste le même.

Pour faciliter la démonstration, on utilise une approche graphique. On représente ainsi l’évolution des coûts globaux d’un assuré auprès d’une caisse maladie (en ordonnées) en fonction de ses dépenses de santé (en abscisse), selon qu’il choisit une franchise de 300 francs ou, respectivement, de 2’500 francs. La prime annuelle de l’assurance avec la franchise à 300 francs s’élevait à 4’588.80 francs, tandis que celle l’assurance à 2’500 francs se montait à 3’126 francs.

 

 

Source : Le guide de votre prévoyance / Éditions Pierre Novello

 

On voit que pour zéro franc de dépenses de santé, l’assurance la moins coûteuse pour l’assuré est celle qui porte la franchise la plus élevée – 2’500 francs – puisque la prime n’est que de 3’126 francs, contre 4’588.80 francs pour la franchise de 300 francs. Dans un premier temps, jusqu’à 300 francs de dépenses de santé, le coût est entièrement à la charge de l’assuré, pour les deux franchises. Mais à partir de ce montant, l’assuré qui a choisi la franchise de 300 francs ne paie plus que 10 % de ses dépenses – la quote-part. Tandis que celui qui a préféré la franchise de 2’500 francs continue à en supporter la totalité.

C’est ainsi qu’au fil des dépenses de santé, le coût total à la charge de l’assuré avec la franchise de 2’500 francs finit par rattraper celui de l’assurance avec la franchise de 300 francs, à 1’925.33 francs. Au-delà, celui qui a sous-estimé ses dépenses de santé va donc devoir payer un surcoût. Mais finalement pas très lourd. Si l’on regarde le graphique et qu’on se livre à un petit calcul, on constate que cette somme n’est que d’environ 574 francs. Ce qui paraît relativement modeste par rapport à la différence entre la prime pour la franchise de 300 francs et celle de 2’500 francs, qui s’élève à 1’462.80 francs (= CHF 4’588.80 – CHF 3’126.00). Ensuite, à partir de ces 2’500 francs de dépenses de santé, la quote-part est, comme on le voit, identique pour les deux franchises, puisque le taux est le même, soit 10 %.

Sur la base de tels chiffres, on peut sans doute évaluer facilement la nécessité de couvrir, ou non, un tel risque. Intuitivement, il ressort que ceux qui sont plutôt en bonne santé et relativement jeunes ont avantage à assumer eux-mêmes ce risque et donc à choisir une franchise basse. Mais cette stratégie est à déconseiller aux cigales invétérées, incapables de conserver le moindre sou de côté en cas de coup dur. Cela dit, même si l’assuré tombe gravement malade, nécessitant des soins coûteux sur le long terme, son risque sera très limité puisqu’il pourra de toute façon changer de franchise rapidement, au plus tard à la fin de chaque semestre. Sans pénalité.