Pourquoi l’automobile n’a pu sauver Detroit de la faillite

La nouvelle de la faillite de Detroit, symbole de l’industrie automobile américaine et de ses trois grands constructeurs, General Motors, Ford et Chrysler a de quoi surprendre. En effet, ces géants ont opéré un redressement spectaculaire après avoir eux-mêmes frôlé la faillite en 2009, en bénéficiant du soutien massif de l’État fédéral. On pouvait imaginer que le retour aux bénéfices de ces gros employeurs et contribuables aurait de quoi assurer de nouvelles recettes fiscales pour aider la ville a assainir ses finances. En fait, comme l’expliquait récemment Finanz und Wirtschaft dans son édition de mercredi dernier, ce paradoxe est facile à expliquer. Tout d’abord, la construction automobile a beaucoup reculé dans la région de Détroit, tandis que les recettes fiscales des trois grands constructeurs américains ont été faibles au cours ce dernières années. Sans doute est-ce dû aux coûts de la restructuration et aux pertes cumulées des années précédentes.

Detroit n’est de fait plus la capitale de l’industrie automobile américaine, même si les trois géants nationaux occupent encore 45 % du marché intérieur, contre 80 % à la fin des années 70.  Les principaux bénéficiaires de ce recul sont les trois constructeur japonais Toyota, Honda et Nissan, ainsi que le Coréen Hyundai/Kia. Or ces entreprises, à l’instar de VW, ne créent pas d’usines dans la région de Detroit, mais plutôt dans les États du Sud, comme l’Alabama, le Kentucky, le Mississipi, la Caroline du Sud ou le Tennessee. Elles seraient en effet très bien accueillies, tandis que le taux de syndicalisation serait modeste. Si Detroit va mal, le marché automobile américain se porte en revanche si bien qu’il pourrait bientôt renouer avec le niveau des ventes d’avant la crise.

Pierre Novello

Pierre Novello est journaliste économique indépendant et auteur d’ouvrages de vulgarisation dans le domaine de la prévoyance, de l’investissement sur les marchés financiers ou encore pour l’accession à la propriété de son logement. Avant d’embrasser la carrière journalistique en entrant au Journal de Genève et Gazette de Lausanne, il a été formé comme analyste financier pour la gestion de fortune.