Pourquoi diable, quand on est de droite, serait-on dispensé d'être un brin intelligent?
En jetant aux orties le contre-projet à l'initiative des écologistes "Pour une économie verte", les députés UDC, PLR et quelques PDC et PBD ont montré jusqu'où pouvait conduire le déni de réalité.
Rien à cirer.
Que la Suisse réduise son empreinte écologique à une seule planète au lieu de trois d'ici 2050? Rien à cirer.
Que le Conseil fédéral prenne une série de mesures échelonnées dans le temps pour améliorer l'utilisation des ressources naturelles, pour limiter leur surexploitation comme le défrichement des forêts vierges ou la surpêche des océans? Rien à cirer.
Que l'on introduise dans la loi une clause sur la traçabilité? Rien à cirer.
Que la Confédération ou les cantons conviennent d'objectifs quantitatifs directement avec les entreprises? Rien à cirer.
Que l'on rende obligatoire le recyclage des emballages et que l'on encourage l'économie circulaire en valorisant des déchets comme le phosphore ou le métal? Rien à cirer.
Que l'on prenne en considération l'impact des nuisances environnementales à l'étranger alors que plus de 70% de notre impact écologique est précisément réalisé à l'étranger par l'importation de matières premières et de produits finis? Rien à cirer.
Un compromis pourtant raisonnable.
Non, tout cela est bien trop coûteux pour l'économie!
Vraiment?
Nos députés-autruches à courte vue n'ont toujours pas réalisé que l'économie devra s'acquitter de coûts bien plus exorbitants si aucune mesure n'est prise pour nous inciter à prendre au sérieux le devenir de notre planète.
Le compromis de la conseillère fédérale Doris Leuthard, qui n'a vraiment rien d'une gauchiste écervelée, était fort raisonnable. Il encourageait notamment le développement des cleantech qui, jusqu'à preuve du contraire, relèvent bel et bien du domaine de l'économie.
La tête dans le sable.
Mais non, par peur peut-être de ne pas être réélus par des électeurs qu'ils jugent sans doute (comme eux) irresponsables, les députés ont en majorité préféré se mettre la tête dans le sable.
Du coup, ils enterrent le mythe d'une Suisse à l'avant-garde des initiatives écologiques favorables à l'économie.
Un bien curieux signal à deux mois et demi de la Conférence de Paris sur le climat!