Faire le Malin

 

"La plus belle des ruses du diable est de vous persuader qu'il n'existe pas!", fait dire Charles Baudelaire à un prédicateur dans Le Joueur généreux. Et si le diable existait pour de mal? En ce XXIème siècle où les esprits rationnels dominants croient avoir définitivement éliminé toute réalité d’un monde invisible qui serait peuplé d’entités plus ou moins lumineuses, plus ou moins ténébreuses, la formule du poète peut prêter à sourire.

Les possédés de la haine et du fanatisme, comme ces membres de l’organisation Etat islamique, ne seraient que des détraqués mentaux, des cas psychiatriques. Au même titre que les possédés du fric et de l’insolence qui pataugent dans une finance déconnectée de toute réalité, manipulateurs-manipulés avec leurs monstrueux robots-traders qui en un simple clin d’œil réalisent jusqu’à 7000 transactions. Au même titre que ceux qui cautionnent les parachutes dorés quand des milliers d’employés s’abîment sur les décombres de leur entreprise démembrée.

Et si les acteurs de toutes ces violences, qui ne sont peut-être pas sans lien, étaient manipulés par le Malin? Ce tentateur qui, selon les écritures saintes, a essayé vainement de faire plonger le Christ dans le néant. Illusion, fantasme? Dans le doute, je relis Dialogues avec l’ange, un ouvrage écrit par Gitta Mallasz, publié il y a presque quarante ans et traduit en 18 langues. L’ange souligne: «Tu accueilles en toi le mal et tu le transformes en bien. Car le mal n’existe pas, mais seulement la force non transformée».

Philippe Le Bé

Désormais auteur, Philippe Le Bé a précédemment été journaliste à l’ATS, Radio Suisse internationale, la Tribune de Genève, Bilan, la RTS, L'Hebdo, et Le Temps. Il a publié trois romans: «Du vin d’ici à l’au-delà » (L’Aire),« 2025: La situation est certes désespérée mais ce n’est pas grave » (Edilivre) et "Jésus revient...en Suisse" (Cabédita)