Franc fort: les pièges de la déréglementation

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« Dé-ré-gle-men-ta-tion ». C’est devenu le cri de ralliement de certains milieux partisans de l’économie ultra-libérale après la flambée du franc. La libre-concurrence sans gêne serait donc le remède miracle à tous les maux engendrés par l’abandon du taux plancher.

S’il est de bon augure de s’en prendre aux cartels, notoirement responsables de l’îlot de cherté en Suisse, il est tout aussi néfaste de donner libre cours aux partisans du partenariat transatlantique sur le commerce et l’investissement entre l’UE et les Etats-Unis (TTIP). En cours de bien discrètes négociations, le TTIP vise notamment à faciliter les importations, au risque de favoriser une sous-enchère écologique et sociale. Sans standards de qualité qui s’imposent à tous les partenaires commerciaux, une telle sous-enchère est inévitable.

La Suisse directement visée

A la faveur du principe européen du cassis de Dijon, destiné à réduire les entraves techniques au commerce et que Berne a adopté aussi unilatéralement que naïvement, tout produit autorisé dans l’UE l’est aussi en Suisse. Donc le TTIP concerne autant l’UE que la Suisse, que cette dernière soit ou non impliquée dans les négociations. Qui plus est, le TTIP accorde aux investisseurs des droits exorbitants, comme celui de convoquer un Etat devant un tribunal arbitral et de le faire condamner, sans voie de recours, à payer de forts dommages-intérêts pour entrave à l’importation.

Nivellement pas le bas

Résumons. Avec le franc fort, les produits importés coûtent moins cher en Suisse. Il est donc plus que jamais tentant de les encourager. Avec de surcroît un TTIP ouvrant les barrières sans retenue, ce serait la garantie d’un nivellement par le bas, de la mort assurée (et souhaitée par certains esprits attardés) de la paysannerie suisse, de la fin de toute valeur ajoutée dans la qualité des produits que nous consommons. Le diable se cache bel et bien dans cette sournoise dé-ré-gle-men-ta-tion!

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Philippe Le Bé

Désormais auteur, Philippe Le Bé a précédemment été journaliste à l’ATS, Radio Suisse internationale, la Tribune de Genève, Bilan, la RTS, L'Hebdo, et Le Temps. Il a publié trois romans: «Du vin d’ici à l’au-delà » (L’Aire),« 2025: La situation est certes désespérée mais ce n’est pas grave » (Edilivre) et "Jésus revient...en Suisse" (Cabédita)