Le partage du pouvoir dans l’entreprise, une chimère? Non, une réalité!

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La remise à plat des activités de Novartis a été saluée par la Bourse. Laquelle approuve les trois accords conclus par la multinationale bâloise avec le Britannique GlaxoSmithKline (GSK) et celui passé avec l'Américain Eli Lilly. Les investisseurs ont peut-être raison de se réjouir du redimensionnement de Novartis qui vend les secteurs des vaccins et de la santé animale, se renforce dans l'oncologie et s'associe avec GSK pour les génériques. L'avenir sera seul juge. Mais les centaines d'employés du site de Nyon, dont le sort sera désormais décidé à Londres, ont-ils vraiment le cœur à faire la fête? Et les nonante collaborateurs de la division de médecine vétérinaire à Saint-Aubin (FR) désormais sous la houlette d'Eli Lilly dont le siège se trouve à Indianapolis? Une fois de plus, jouets de décisions hautement stratégiques qui les dépassent, les collaborateurs en sont réduits à attendre patiemment les suites de leur destin professionnel que les onze administrateurs du géant pharmaceutique ont orienté à leur gré. Inexorable?

Troisième voie.

«Il n'y a pas d'alternative au capitalisme», lançait comme une évidence Margaret Thatcher, la célèbre dame de fer britannique. Il faudrait donc choisir entre le capitalisme tel que nous le connaissons, et le collectivisme dont les ravages humains, sociaux et environnementaux ne sont plus à démontrer. Vraiment? Il n'y aurait pas d'autre voie? Dans un tout récent ouvrage (Partager le pouvoir, c'est possible, chez Albin Michel), le consultant et éditorialiste Eric Albert démontre que le partage du pouvoir «n'entrave nécessairement ni l'efficacité, ni l'innovation, ni la compétitivité, et, en favorisant l'instauration d'un climat de dialogue et de confiance dans l'entreprise sur le long terme, contribue au contraire à la performance». C'est précisément le cas d'Essilor International, société française active dans l'optique ophtalmique, qui emploie quelque 50.000 personnes et fait partie du club très fermé de l'indice CAC 40.

Essilor, un cas d'école.

Contrairement à maintes sociétés qui ont développé l'actionnariat salarié sans pour autant consentir de vrais pouvoirs aux collaborateurs, Essilor a créé en 2000 une association, Valoptec, à laquelle les salariés peuvent adhérer. Quelque 3000 d'entre eux ont fait ce choix. Ils possèdent 8,3% du capital de l'entreprise et disposent de plus de 15% des droits de vote. Comme le reste du capital est dispersé, ils représentent le premier actionnaire du groupe! Valoptec n'est pas une entité de façade. L'association comprend six commissions de travail. Trois de ses membres siègent au conseil d'administration du groupe. Son président est par ailleurs membre des comités d'audit et de rémunération. Ce n'est pas tout: convoqués en assemblée générale annuelle, les adhérents (physiquement présents ou à distance en multiplex) approuvent ou non par un vote de confiance la stratégie de la société ainsi que sa politique de ressources humaines (RH). «Il est arrivé, constate Eric Albert, que la politique RH du groupe fasse l'objet d'un vote négatif, ce qui a entraîné le départ de son directeur».

Reconnaissance, valorisation.

Il est clair qu'en participant au devenir de leur société dont ils sont les co-propriétaires, les collaborateurs quittent le statut désuet de salariés passifs, voire de victimes si les affaires tournent mal. Reconnus, considérés, ils se sentent valorisés. Et n'ont pas besoin d'avoir recours aux analgésiques vendus par Novartis pour calmer les ravages engendrés par l'incertitude et la soumission.

Philippe Le Bé

Désormais auteur, Philippe Le Bé a précédemment été journaliste à l’ATS, Radio Suisse internationale, la Tribune de Genève, Bilan, la RTS, L'Hebdo, et Le Temps. Il a publié trois romans: «Du vin d’ici à l’au-delà » (L’Aire),« 2025: La situation est certes désespérée mais ce n’est pas grave » (Edilivre) et "Jésus revient...en Suisse" (Cabédita)