"L'homme a-t-il besoin de la nature?
Oui
La nature a-t-elle besoin de l'homme?
Non."
Rencontré tout récemment à Lausanne, le paysan biologiste, romancier et poète français Pierre Rabhi n'en finit pas de tirer la sonnette d'alarme. Avec la douce fermeté du vieux sage.
"L'être humain, poursuit Pierre Rabhi, est le seul être au monde à avoir engagé le processus de sa propre extinction, par transgressions accumulées. L'homme prométhéen, qui se divinise, qui affirme ne pas avoir besoin de Dieu, qui soumet la nature à ses désirs, cet homme démiurge est bien dépité. Car il se rend finalement compte qu'il ne maîtrise pas grand chose.
La Nasa, elle aussi, prédit la fin prochaine de notre civilisation industrielle.
Bonne nouvelle (si l'on peut dire!), Pierre Rabhi, cet homme issu du désert algérien, n'est pas seul à crier dans…le désert. Selon une étude financée par le Centre de vols spatiaux Goddard de la Nasa, notre civilisation industrielle n'a plus que quelques décennies à vivre.
Deux scénarios sont envisagés: ou bien les "élites" accaparent trop de richesses, ce qui provoque la famine puis la disparition des plus pauvres…avant celle des élites; ou bien la surconsommation des ressources entraîne le déclin de toutes les catégories de la population.
Comme le souligne Rue89, lorsque les hommes tirent trop sur leurs ressources et lorsqu'ils organisent leurs sociétés entre de très riches élites et des masses de pauvres, la civilisation craque. C'est le même phénomène qui se répète depuis 5000 ans.
La sobriété heureuse, pour ne pas mourir idiot.
Cités par le Guardian, les experts de la Nasa nous invitent cordialement mais fermement à rééquilibrer le partage des richesses, consommer moins, nous appuyer sur des ressources renouvelables et limiter l'essor démographique.
Quant à Pierre Rabhi, il prône "la sobriété heureuse", comme celle qu'il expérimente dans les Oasis en tous Lieux, notamment en Ardèche.
Ce concept "met l’humain et le recours à la terre nourricière au cœur de la vie sociale depuis le simple hameau jusqu’à une ville, une région, un pays (par la création d’écolieux, d’éco-quartiers…). Il fait le lien entre les gens qui ont de l’expérience, ceux qui ont des projets et ceux qui ont des ressources, chacun apportant sa richesse."
La Nasa et Pierre Rabhi ont tous les deux la tête au ciel, mais les pieds bien plantés sur la Terre.