“Coronaviral:” le Soundtrack de #RestezChezVous

Le 31 décembre 2019 (et non, pas 1813) j’avais écrit un article qui offrait un “résumé musical” des deux décennies précédentes. La première citation dans ce texte apparaît maintenant (et tristement) prophétique. Dans les mots de Missy Elliott (‘Pass That Dutch‘, circa 2003):

Listen up, everyone! / We have been just informed that there’s an unknown virus that’s attacking all clubs / Symptoms have been said to be: heavy breathing, wild dancing, coughing / So when you hear the sound “who-di-whoooo!” / Run for cover, motherfucker!

La Nostradamus du rap peut-être. En tout cas, cela vaut la peine d’écouter les paroles, et non seulement entendre la musique.

Pourtant, même si le public ne les écoute pas, les artistes ont vite senti l’importance de ce virus, que ce soit pour contribuer à l’effort contre cette maladie, ou pour saisir l’occasion de devenir viraux eux-mêmes.

Voici un petit historique de l’évolution du Covid-19 au travers d’une sélection de quelques chansons. [Pour une playlist plus exhaustive, dont le nombre de chansons sur le Covid-19 s’accroit de jour en jour, veuillez voir cette playlist sur Spotify]

#SoyezBien #RestezChezVous #2020

Enfin avril, qui suit mars 2020, un mois qui semble avoir commencé il y a 43 ans environ, nous sommes en plein isolement, éloignés de nos proches, entourés de rouleaux de papier toilette (comme Bigflo et Oli nous ont rappelé bien avant qu’on en ait besoin, “Faut pas que j’oublie le PQ“), en se demandant si Jules Vernes aurait imaginé un avenir pareil…

Pourtant, avec toutes les nouvelles sombres liées au Covid-19, nous donnant envie d’annuler 2020 et de redémarrer l’année, il y a au moins deux choses qui sont devenues des distractions très efficaces, et des “boosts” pour le moral: la musique (of course), et l’humour.

Au début, le coronavirus était un phénomène d’outre-mer. On le voyait sur nos écrans, mais, comme toujours, on se disait, “jusqu’ici, tout va bien…” L’Asie s’est préparée vite, avec des chansons tout aussi cools qu’informatives qui ont créé un véritable buzz, et une sacrée danse pour nous apprendre à nous laver les mains: #Vietnam

La #Thailande a produit sa propre version:

La solidarité coulait des quatre coins du monde envers la Chine, qui était, jusque-là, le pays le plus touché par le coronavirus: #Ghana #Nigeria

Et oui, les gens ont même osé nommer leurs groupes de musique “Kung Flu” (malaise…) #Singapore

Désolée Donald Trump, ils y sont arrivés avant vous…

Et puis, le virus s’est rapproché. L’Italie était en première ligne, et elle a eu peur…(pour une fois, Bello Figo a été pris au sérieux, même par lui-même). #Italy

Le premier pays d’Europe de l’ouest à subir une épidémie pareille au XXIème siècle, les italiens ont ressenti la peur mélangée avec de l’incrédulité. Même avec des mesures strictes, les gens ne comprenaient pas pourquoi ils n’avaient pas le droit de sortir pour prendre un peu d’air. Les Italiens, comme toujours, l’ont pris avec humour:

Peu après, et au ralenti, les autres pays d’Europe ont commencé à comprendre qu’il fallait se préparer pour une vague similaire. Et donc… La #France a sorti une tube style ‘Je vais battre le virus avec mon masque (d’halloween).’ Enfin, le but était probablement de faire peur aux gens à travers cette musique, en les effrayant à maintenir une distance sociale (pas difficile pour toute personne qui m’approche avec un masque pareil). Si vous arrivez à voir cette vidéo sans la chair de poule, vous êtes mentalement prêts pour battre cette pandémie.

Malgré tout, certaines personnes ont trouvé pas mal de bien dans le confinement… #MonaLisaSmiled.

Lamentable qu’on ne puisse plus faire de poignées de mains stylées, mais pourquoi pas être créatif en créant un ‘foot-shake’ comme Ah Nice? Vous ne trouvez plus de masques dans les pharmacies? Pas de problème! L’#Allemagne nous propose d’utiliser les masques des artistes de graffiti. (Enfin! Le graffiti est légalisé):

Et puis, la Grande Bretagne, ces îles pluvieuses qui se sont traînassées avec leur réaction au virus en se disant que le Brexit allait les protéger:

Mais, enfin, le rap est arrivé pour faire comprendre à la population que s’ils n’éternuaient pas déjà dans les coudes (il a proposé les mains, mais on va lui faire un update), “Mate, that’s basic hygiene.” #UK

Le messager avait de bonnes intentions, même s’il n’avait pas encore maîtrisé le rap:

Une vérité qui s’applique aussi aux #USA. Dans ce cas, ignorons son flow médiocre parce qu’il avait quand même prévu la crise avant que son pays devienne le nouvel épicentre de la pandémie.

Petit à petit, tout le monde a rejoint ce choeur de chant et de réflexions, des fois instructifs, des fois ironiques, sur l’état du monde en 2020. #Australia

Et #DominicanRepublic. (Et ce vaccin dans la vidéo, j’espère qu’ils vont le partager avec l’OMS).

#Brazil a bien compris que les masques sont une bonne protection contre le virus, pour vous, et pour les autres, mais sans stocker en masse. Le but c’est de protéger le personnel médical pour qu’il puisse faire son travail quand même.

Tenez, c’est Donald Trump le moche et le méchant de cette histoire, même sud de l’équateur. #Argentina

Suivant la circulation du virus, l’Asie du Sud était next. Une alerte aux dangers du Covid-19 (et que non, ce n’est pas une blague) par Ali Zafar, un chanteur et acteur très connu du #Pakistan.

#India qui a choisit d’ajouter un petit message de paix à la fin de la chanson, pour montrer que, malgré le coronavirus, il y avait aussi d’autres soucis au début de 2020

Et puis une mise au point de la situation, et un fort rappel que non, les jeunes ne sont pas naturellement immunisés et doivent quand même suivre les précautions d’hygiène. #Bangladesh

Ces chansons ont marqué la première phase de la pandémie: celle de la compréhension et de l’alerte.

Après sont arrivées les mesures de #restezchezvous et #lockdown, et on a pu admirer tout ce qui compose notre condition humaine:

La musique s’est mariée avec l’humour #MariahCarey

Et tout le monde a voulu faire entendre sa voix, quelques personnes avec plus de succès… #ParentalAdvisory

…et d’autres pour qui l’adage “l’enfer est pavé de bonnes intentions” prend tout son sens #lahonte

Et c’est le privilège qui se dessine à travers ces vidéos qui sortent maintenant depuis la mise en place du confinement. Ou, plutôt, ce que les privilégiés font quand ils sont face à une crise éxistentielle.

Oui, restez chez vous, c’est un conseil qui va sauver des vies. Mais que faire quand on se retrouve sans un chez soi où s’héberger, et plus de moyens de gagner sa vie à cause du #lockdown? C’est la vérité dure que vont vivre les gens pauvres et/ou sans abri en Suisse, comme en Europe, et dans des nombres encore plus importants dans les pays en voie de développement.

Cette pandémie est révélatrice. On évolue vers une mondialisation économique de plus en plus intégrée, mais les problèmes sont gérés au niveau national, même si les informations (vraies et fausses) traversent les frontières sans effort. Le monde qu’on pense connaître et reconnaître, particulièrement en Europe, ne doit pas être pris pour acquis. Les fractures existent partout; le sentiment que tout va bien et la critique tempérée appartiennent peut-être à une époque qui n’existe plus.

Éventuellement, quand la vague aura quitté l’Europe et s’attaquera aux pays encore moins capables de subir les conditions exceptionnelles que cette crise impose sur tout le monde, n’oublions pas la solidarité réfléchie et globale dans l’abondance de soulagement qu’on sentira lorsqu’on retourne à une vie (quasi-)normale.

Surtout, soyons solidaires, soyons prudents, et soyons informés. Ce n’est pas une question de qui blâmer; le coronavirus ne doit pas être conçu comme un point final au monde qu’on connaît, mais plutôt un point d’interrogation qui nous pousse à questionner ce qu’il faut changer dans nos sociétés, nos systèmes, et nos perspectives pour qu’on puisse mieux gérer, et mieux vivre ensemble. Pour terminer, on s’en remet à la sagesse de 2pac:

We gotta make a change / It’s time for us as a people to start makin’ some changes. / Let’s change the way we eat, let’s change the way we live / And let’s change the way we treat each other. / You see the old way wasn’t working so it’s on us to do / What we gotta do, to survive.

Rendez-vous chaque soir à 21h pour saluer le travail de tout ce personnel – médical, travailleur, et autre – qui porte le lourd fardeau de cette épidémie sur les épaules. #Applaudir

P.s. Si vous connaissez ou trouvez d’autres chansons liées au coronavirus, je vous invite à les poster dans la section des commentaires ci-dessous. Merci!

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Voici en annexe les chansons sur le coronavirus qui continuent à circuler depuis la publication de cet article #laplaylistdenotreépoque

(La deuxième dans une série de chansons sortant de leur confinement)

Un grand merci à tout le personnel qui sont en première ligne dans la guerre contre ce virus.

#UNESCO #K-Pop

Paroma Ghose

Paroma Ghose peut être décrite en trois mots: la littérature, le rythme et la politique. Elle est Suisse, Indienne, et Britannique (pas nécessairement dans cet ordre). Elle fait actuellement son doctorat sur le rap français et la notion de l’appartenance en France.