La réponse à la question : « Combien d’entraînements par semaine ? » provoque bien souvent un haussement de sourcil étonné et une petite moue dubitative. « Comment tu fais tes calculs pour avoir un nombre d’entraînements plus grand que le nombre de jours ? ». Et bien tu joues au tetris et tu trouves la place de caser plusieurs entraînements dans la même journée.
C’est effectivement le lot des jeunes rameurs de haut niveau que de jongler entre vie « normale » et les nombreuses sorties sur l’eau, les joggings, les séances de musculation, d’ergomètre et les aller-retours avec le centre d’entraînement de l’équipe suisse (Sarnen, 3h30 de transport jusqu’à une campagne Obwaldienne à la Heidi). Cumulées, on se retrouve à près de 16 heures de sport par semaine, réparties sur 9 à 10 entraînements.
A l’époque où ce programme était mon programme, j’ai assez vite assimilé que pour ne pas sacrifier ce que j’avais en dehors de l’aviron, il me fallait miser à fond sur deux plans : Efficacité et organisation (trop de temps passé du côté suisse-allemand, ça laisse peut-être des traces). Même si la plupart de l’équipe avait la chance de bénéficier d’un programme sport-étude, les devoirs étaient souvent faits en 30 minutes au club d’aviron et les fêtes prévues bien à l’avance pour éviter les week-ends de régate. C’était une adolescence de sacs préparés en 30 secondes (entraînement du matin), de cheveux mouillés en cours (entraînement de midi) et de repas à 21h00 (entraînement du soir). Mais une adolescence heureuse.
Un jour, l’aviron cesse d’être une priorité et on débarque dans la « vie normale », voire dans la vie d’étudiant (encore plus brutal, le choc). La déformation « professionnelle » du sportif d’élite se fait bien sentir : on continue à organiser ses semaines à la minute près, à prévoir une activité pour chaque instant de libre, à équilibrer les moments intenses et les moments de repos, à travailler peu mais efficacement. Pour moi, le plus grand changement a consisté à sortir des cours et à être confrontée à des propositions spontanées du type : « et si on allait boire une bière ?! » sans l’avoir prévu à l’avance. Il m’a fallu un bon moment d’adaptation avant de répondre « Je n’ai rien de prévu, donc go ! ».
Cette habitude de l’organisation et de l’efficacité fait maintenant partie de ma personnalité. Elle a des inconvénients comme des avantages.
Les moins :