Brésil : une élection présidentielle sous haute tension

Au début de ce mois, le Brésil et ses 215 millions d’habitants ont célébré dans la joie et la bonne humeur les 200 ans d’indépendance de leur pays. Ancienne colonie portugaise, plus grand pays d’Amérique latine et puissance économique membre du G20, le Brésil est encore une jeune et grande démocratie d’à peine 37 ans. Lors de cette célébration, l’actuel chef de l’Etat Jair Bolsonaro a clairement fait de la récupération politique en mettant en avant sa candidature pour un deuxième mandat de quatre ans. Une fête nationale doit être un moment de rassemblement, pas pour faire campagne dans le pays. Cela aurait dû être plutôt une fête solennelle ou institutionnelle, mais Jair Bolsonaro a préféré chauffer à blanc ses supporters, avec notamment les plus religieux, une partie de l’agrobusiness et une partie des forces armées.

La tentative de rester au pouvoir par tous les moyens

Jair Bolsonaro suit exactement le même parcours que l’ancien Président américain Donald Trump. C’est son modèle pour ainsi dire. De la même façon que Donald Trump a contesté le système électoral américain lors des dernières élections en 2020, Jair Bolsonaro clame depuis des mois que les urnes électroniques ne sont absolument pas fiables, alors qu’elles n’ont jamais posé de problèmes pour la démocratie électorale ces dernières années. Il conteste déjà l’utilisation de ces urnes électroniques. Ses supporters et lui-même attaquent sans arrêt le Tribunal suprême fédéral et la Cour électorale supérieure en mettant en cause leur partialité. Du coup, plusieurs observateurs craignent le lendemain des résultats des élections en cas de non-réélection de Bolsonaro.  Parmi ceux-ci, Fiorenzo Iori qui est un fin connaisseur du Brésil et de ses institutions politiques. Va-t-on vers un assaut violent des bâtiments institutionnels de la part des supporters les plus extrêmes de Bolsonaro ? Impossible de dire à l’heure actuelle, mais selon Fiorenzo Iori, cette piste-là n’est pas à écarter. Il pourrait selon lui se dérouler un coup d’Etat si Jair Bolsonaro n’était pas réélu et s’il ne reconnaissait pas sa défaite. Actuellement, les sondages laissent présager une victoire importante, difficilement au premier tour, mais plus facilement au deuxième tour de son adversaire de centre-gauche Luiz Inácio Lula da Silva.

Des manifestants pro Donald Trump attaquent le Capitole à Washington en 2021. Image : JOSE LUIS MAGANA / AP

Les soutiens indéfectibles de Bolsonaro

Les fidèles de Bolsonaro sont par exemple les votes religieux. Les évangélistes au Brésil représentent tout de même 25% de l’électorat brésilien. Il y a aussi les membres du secteur agricole et industriel, soit l’agrobusiness. Non pas de façon hégémonique, mais la plupart des personnes appartenant à l’agrobusiness soutiennent évidemment Jair Bolsonaro. Le 2 octobre prochain va donc être un dimanche électoral sous haute tension. On craint beaucoup ce que pourraient faire les forces armées le lendemain des résultats des élections. Vont-elles respecter la constitution comme le souhaitent certains officiels ou généraux ou vont-elles se plier aux exigences de leur président qui souhaiterait par ailleurs un coup d’Etat ? Les Etats-Unis, l’Union européenne et la Suisse ont déjà promis des sanctions si ce scénario prenait forme.

Les relations entre la Suisse et le Brésil

D’après le Département fédéral des affaires étrangères dirigé par Ignazio Cassis, « le Brésil est le premier partenaire commercial de la Suisse en Amérique latine ». Il y a 2 ans, notre pays a importé pour environ 1,4 milliard de francs de biens qui venaient du Brésil et a exporté dans ce même pays des biens d’une valeur de 2,1 milliards de francs. Berne et Brasilia ont noué des premiers contacts au début du XIXe siècle. A cette époque, plusieurs commerçants suisses ont vu en ce grand pays un débouché économique à ne pas rater. Toujours selon le DFAE, « en 1819, le premier consulat suisse outre-mer a ouvert à Rio de Janeiro. À partir de la fondation de la ville Nova Friburgo (1818) jusqu’au milieu du XXe siècle, le Brésil a été une destination privilégiée par de nombreux émigrants suisses ». La dernière rencontre entre un président suisse et un président brésilien remonte à 2019. Cette année-là, Ueli Maurer s’était entretenu avec Jair Bolsonaro en marge du Forum économique mondial.

Le Président de la République fédérative du Brésil, Jair Bolsonaro, lors d’une rencontre bilatérale avec le Président de la Confédération suisse, Ueli Maurer. Image : Alan Santos/RP

Jonathan Luget

Jonathan Luget est né en 1993, un mois après la visite du premier chef d'Etat européen, François Mitterand, dans la jeune République du Kazakhstan. En marche avec un CFC, deux maturités et deux diplômes SAWI (communication et réseaux sociaux). Les loisirs se partagent entre la lecture d'ouvrages géopolitiques, la rédaction d'articles, la cuisine et la natation.

Une réponse à “Brésil : une élection présidentielle sous haute tension

  1. Lula n’était pas en prison ?

    C’est amusant de voir la gôche au pouvoir en Europe préférer un repris de justice à un capitaine…

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