Inégalités en tous genres

En Suisse, les femmes gagnent en moyenne 18% de moins que les hommes. 40% de cet écart restent inexpliqués et résultent donc d’une discrimination entre les genres. Est-ce là une injustice ou le résultat d’une politique conservatrice qui se refuse à toute évolution dans la sphère familiale ?

 

L’État impose là où lui-même échoue

L’inégalité salariale est une conséquence de l’absence d’égalité entre les hommes et les femmes au quotidien et si les entreprises ont tout intérêt à traiter sur un pied d’égalité leurs collaboratrices et collaborateurs, le politique a également son rôle à jouer.

À commencer par le congé maternité qui reproduit un modèle archaïque, imposé à une société dans laquelle la femme restait à la maison pour s’occuper des enfants. Aujourd’hui, chacun doit pouvoir choisir son mode de vie et adapter son existence en conséquence. À travers un congé réservé aux femmes, non seulement nous privons les parents du libre-choix, mais en plus, nous inculquons dans l’esprit des générations futures ce modèle et perpétuons l’inégalité des sexes. Un congé parental ouvrirait de meilleures perspectives.

Parlons aussi de l’imposition individuelle. Elle a été balayée par le Parlement, alors qu’elle serait une solution simple pour que chacun soit taxé individuellement en fonction de ses propres revenus. Par ce système, l’État inciterait les 2 époux à rester actifs professionnellement, alors que certains y renoncent à ce jour quand ils comprennent que le cumul des revenus leur coûte davantage.

Moins discutée mais tout aussi importante : la question de l’éducation. Comment expliquer que certaines personnes peinent à défendre leurs intérêts et ne parviennent pas à réclamer ce qui leur est dû, notamment sur le plan salarial ? Doit-on accepter que certaines renoncent à des fonctions, alors qu’elles ont été formées pour avoir les compétences, sous prétexte qu’elles ne s’en sentent pas capables ? C’est aussi et avant tout une question d’éducation qui, aujourd’hui, cantonne les femmes dans des rôles préétablis discrets, quand ils ne sont pas soumis.

 

Au final, nous sommes tous égaux

Un récent article du journal « Le Matin » définissait la question des inégalités salariales comme taboue. La question en soi ne l’est pourtant pas et elle est d’ailleurs largement débattue.

Une autre question est toutefois taboue : celle de l’inégalité générale, car si nous pouvons reconnaître une égalité entre les humains, nous ne pouvons considérer être tous égaux en tout point. Certains sont meilleurs en sport, d’autres en musique, d’autres encore sont des génies en informatique ou en histoire…

« Ne confondez pas égalité et uniformité », c’est un célèbre philosophe indien qui le disait et sans doute est-ce l’une des clés pour ouvrir ce débat, en recherchant les inégalités dans tous les domaines et en permettant de les réduire non seulement pour les femmes mais pour tous les individus de cette société. C’est la mission des entreprises, mais pas seulement.

 

En punissant, l’État renonce au dialogue

En Islande, l’État amende les entreprises de plus de 25 salariés qui ne respectent pas l’égalité salariale. Si la transparence des entreprises vis-à-vis de l’État peut être souhaitable, l’amende est sans doute l’aveu d’échec le plus criant, sans compter qu’elle prouve l’absence de discussions et de compromis entre l’État et le monde économique.

En Allemagne, l’État instaure une nouvelle loi permettant aux employés de demander le salaire de leurs collègues du sexe opposé. Prôner la responsabilité individuelle : voilà qui n’aura pas échappé à l’Allemagne. Pourtant la responsabilité individuelle ne peut être un prétexte pour se décharger sur les collaborateurs, car ces derniers réfléchiront à deux fois avant d’effectuer cette démarche, par crainte d’instaurer un climat de méfiance et de se retrouver dans une situation pour le moins délicate vis-à-vis de l’employeur.

La Suisse reste fidèle à elle-même et promeut le dialogue, avant la sanction. En ligne de mire, des contrôles réguliers dans les entreprises de plus de 50 employés pour garantir que l’égalité est respectée. Si les syndicats dénoncent l’inefficacité de la mesure, celle-ci aura pourtant le mérite de mettre en lumière les entreprises qui respectent cette égalité et nul n’ignore l’importance qu’à aujourd’hui cet aspect pour l’image de l’entreprise, vis-à-vis des clients, mais aussi des différents partenaires commerciaux.

 

Hier, nos grands-mères gagnaient le droit de vote

La bataille se veut positive. Elle est de celles dont le résultat renforcera la société plutôt que l’affaiblira et nous avons maintenant la responsabilité de la mener avec un esprit créatif pour trouver les mesures à même de nous mener vers cette société qui donne aux hommes et aux femmes les mêmes chances, en respectant le choix de chacun.

Hier, nos grands-mères gagnaient le droit de vote et nous transmettaient un bel héritage. À présent, il nous reste à faire valoir nos compétences pour devenir les grands-mères qui ont gagné l’égalité salariale.

Johanna Gapany

Libérale-radicale et économiste d'entreprise, Johanna Gapany vit la politique au quotidien. Après avoir été cheffe de campagne pour le PLR fribourgeois lors des élections nationales (2013-2015) et vice-présidente des Jeunes Libéraux-Radicaux Suisse (2012-2016), elle rejoint l'exécutif bullois en 2016 et devient députée durant la même année. Puis, elle vise un siège au Conseil des Etats en 2019 et décroche le siège après une campagne intense face aux deux sortants. Sa volonté ? S'impliquer davantage pour le renforcement de sa région, avec un œil attentif sur le rôle restreint de l'Etat et surtout la grande autonomie de chacun. Pour une politique libérale qui évite les excès, prend ses responsabilités et permet chacun de se former, de créer, de vivre.