Éléments concrets

Le texte « Pas d’urgence ? » du 14 juillet soulève un débat que je n’avais pas anticipé.  Samy – merci – le résume ainsi :

Je perçois votre peur de l’avenir, mais je trouve qu’elle n’est pas basée sur des éléments concrets.

Aïe, j’ai manqué de préciser quelques prémisses.

  • Ni vous ni moi ne connaissons l’avenir.
  • Toutefois, chacun peut essayer d’identifier ce qui semble probable dans ce qui est pensable.
  • En ce qui concerne la crise de la vie et du climat, il me semble que les institutions qui l’ont étudiée avec le plus d’assiduité et de compétences sont le GIEC (https://www.ipcc.ch/languages-2/francais/) et l’IPBES (https://ipbes.net).

Pour répondre à la remarque de Samy, je me réfère donc aux rapports que publient ces remarquables institutions onusiennes.

Si vous trouvez que ma réponse est un peu courte, réjouissez-vous, le prochain rapport du GIEC nous sera livré le 8 août. Il sera épais.

Trêve de plaisanterie !

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Rouge-gorge

J’aime la science et chaque fois qu’elle me fait comprendre quelque chose j’y prends un plaisir physiologique.  J’aime aussi partager ce plaisir.  Alors, de temps en temps, je distribue à mes amis un petits rapport sur mes « découvertes ». Le blog du temps me semble un bon canal pour partager ce plaisir.

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Pas d’urgence ?

Covid-19 et crise du climat

Souvenez-vous ! Le 13 mars de l’an passé, il y avait en Suisse 1000 personnes malades de la covid-19. En soi, ce nombre n’était pas bien impressionnant ; à l’échelle de ma petite ville, cela représentait peut-être une ou deux personnes – que je ne connaissais pas d’ailleurs. Le problème était autre : le nombre de malades doublait en moins de 3 jours ; il se multipliait par dix en 10 jours. À ce rythme, le système de santé aurait été débordé avant la fin du mois ; on voyait venir le chaos médical, peut-être le chaos national. Il y avait urgence. Le Conseil fédéral a pris ses responsabilités. Il nous a tous enfermés. Seize mois plus tard, l’épidémie n’est, certes, pas terminée, mais, chez nous, elle semble sous contrôle. (Touchons du bois et espérons que nos dirigeants seront courageux.) La vie, presque normale, reprend. Bravo le Conseil fédéral.

Malheureusement, il existe une autre histoire qui, elle, n’est pas sur la voie d’être résolue. La Terre est malade de notre civilisation. Elle a déjà pris un gros degré, en 2050 la fièvre aura plus que doublé, à la fin du siècle la Terre sera morte… morte en tout cas dans l’état ou nous l’aimons. Mais la majorité d’entre nous s’en fiche, trouve de trop les quelques centaines de francs que leur demandait la loi CO2 alors qu’une cour du Tribunal fédéral constatait : « il n’y a pas d’urgence ».

Comment comprendre ?

 

Un futur impensable.

Est-ce l’échelle du temps qui nous dépasse ? La catastrophe du virus, annoncée comme imminente à mi-mars de l’an passé, était un coup de massue qui exigeait une réplique immédiate. Avec le climat, l’échelle temporelle n’est pas marquée au rythme de la semaine ou du mois. Elle l’est par les années qui nous restent jusqu’à 2050 et notre promesse d’avoir alors réglé le problème. Elle l’est semblablement par les 30 ans du temps de doublement de l’anomalie de température.

Trente ans, c’est long ! Dans ma vie, j’ai souvent pensé aux dix prochaines années, mais jamais je ne me suis sérieusement imaginé mon avenir trois décennies plus tard.  Il est facile de vivre au présent, se projeter le temps d’une génération semble impossible. Notre intellect est brillamment capable d’échafauder n’importe quel futur, mais, au-delà du futur immédiat, les sentiments, les émotions et le cœur ne suivent pas. Voilà peut-être pourquoi une majorité de Suisses préfèrent en rester au présent – qui ne va pas si mal – plutôt que de se projeter dans un futur lointain et inquiétant.

 

Un passé inacceptable.

Au manque de réactivité de la majorité de la population suisse il y a peut-être une autre explication, plus difficile à admettre. Nous, adultes d’aujourd’hui, avons été ceux des 30 glorieuses et de leur suite qui ne le semblait guère moins. Mais voilà que cette gloire se décompose. Nous découvrons que, sans en avoir eu conscience, nous avons fait tout faux. Nous commençons à nous en rendre compte. Greta Thunberg l’exprimait ainsi à la COP 24, le 18 décembre 2018 à Katowice : « Vous ne parlez que de continuer cette mauvaise idée qui nous a mis dans le pétrin. Vous n’êtes pas assez mûr pour dire les choses comme elles sont. Même ce fardeau, vous le laissez à nous, les enfants ». Dur, dur ! Mais elle a raison.

À en rester là, il y aurait de quoi désespérer.

 

Un présent assumé.

Désespéré ? Non, l’erreur est humaine. J’en ai fait plein dans ma vie. Le désir de contribuer à les corriger est motif d’action et, souvent, source de satisfaction. Les tâches ne manquent pas.  Je continue ! Merci d’en faire autant.

Loi CO2

Aïe ! 51,6% de non.

La situation, tout le monde la connaît même si beaucoup n’y croient guère. Le fait est que la Terre est malade. Elle a déjà pris un gros degré et la fièvre augmente de plus en plus vite. Les docteurs disent que, sans soin vigoureux, elle sera bientôt prise de tremblement nerveux, puis sa survie même sera menacée. Que dit alors la majorité de ceux des citoyens qui ont voté ? « Bof, elle n’a pas si mauvaise mine, et puis un degré, mon Dieu, ce n’est pas terrible ; d’autre part, le médicament coûte, pas bien cher, mais quand même ! »

Forte pensée appuyée vendredi passé par le Tribunal fédéral qui confirme la peine des joueurs de tennis du Crédit suisse au motif qu’il n’est pas vraiment urgent de sauver le climat. C’est la façon de penser de la personne tombant du 7e étage constatant que tout va bien en passant au sixième.

Malheureusement, il faut dire que la loi était bien triste. Elle n’offrait qu’une thérapie : payer pour des médicaments probablement peu efficaces. Mais pourquoi donc négligeons-nous la cure d’air pur et d’eau claire ? Pourquoi ne soignons-nous pas la Terre en cultivant joyeusement la Nature ?

Beau temps, bonne nouvelle

Aujourd’hui, le temps est radieux, les montagnes sont magnifiques et l’actualité nous surprend avec une joyeuse nouvelle.

L’Agence internationale de l’énergie (AIE) de l’OCDE est fort connue depuis 1974 pour son rapport annuel qui fait le point sur l’état de l’énergie dans le monde ainsi que sur les perspectives financières, économiques et techniques du domaine. Créée à l’occasion d’un choc pétrolier, et s’affirmant dans un monde où le carbone d’origine fossile représente 80% de l’ensemble de la production, on ne s’attend guère à ce que l’AIE soit un haut lieu de la pensée durable.

Il s’agit d’une feuille de route pour sortir des énergies fossiles d’ici 2050 avec tout ce qu’il faut pour y arriver. Pour commencer, dès maintenant (c’est-à-dire, cette année), ne plus mettre un sou dans la recherche de nouvelles sources ni lancer quelque projet que ce soit de centrale au charbon. Pour la suite, il s’agit vraiment de se mettre au travail. Par exemple, par comparaison avec le rapport de l’an passé celui de cette année demande que la production d’énergie renouvelable soit quadruplée d’ici 2030. Oui, vraiment, c’est une révolution à l’AIE.

Cette nouvelle est-elle vraiment importante ? Il est impossible de prévoir l’avenir; il est même diablement difficile d’évaluer le présent, mais j’ai le sentiment que le monde est dans un était qui ressemble celui de l’eau lorsqu’elle approche 100°C; tout circule, tout frémit et, très bientôt, ce sera le bouillonnement général.

Ne dites pas que mon optimisme est naïf. Laissez-moi ne pas bouder mon plaisir. Les occasions ne sont pas si fréquentes et la montagne est belle.

Et pourtant, j’imagine le ridicule mondial si la loi sur le CO2 n’est pas acceptée le 13 juin. Aïe, celle-ci, il ne faut pas la louper. Votons !