Charlie Hebdo à la sauce allemande

Herr Böhmermann, faites vous soigner !

Le président turque n’apprécie pas l’humour allemand.
Il est en bonne compagnie.

Un humoriste allemand, Jan Böhmermann, a voulu insulter le Président turc
Recep Tayyip Erdoğan. Il a réussi. S'il a voulu se faire un nom avec son sketch
à la télévision allemande, encore réussi. Et s’il a voulu empoisonner les relations
germano-turques, embarrasser Angela Merkel et compliquer le problème des
réfugies: COUP DE MAITRE !

Monsieur Erdogan a porté plainte et Merkel a dû prendre position afin de
permettre, selon l’article 103 du code pénal allemand, une poursuite de
l’auteur/comédien. L’article 103 qui couvre le crime de lèse-majesté n’a
évidemment plus sa place dans notre monde. Il ne survivra pas l’affaire
Erdogan mais est aujourd’hui encore valable.

"La liberté de la presse est non-négociable"

Comme en France, suite à l’histoire de Charlie Hebdo, la discussion de la
liberté d’expression et de la presse bat son plein en Allemagne. Le satiriste
allemand a reçu – comme les faiseurs de Charlie Hebdo à l’époque – le
soutien de nombreuses personnalités du monde des médias et de la culture.

D’accord avec le principe de la liberté non-négociable. Par contre, peut-être
devrait – on “négocier” ce qui est du bon goût, ce qui est civilisé et ce qui est
au-delà du supportable. Négocier comme on “négocie” avec ses enfants.
Déterminer ce qu’on peut dire et faire et ce qui passe pour mal élevé, voire
intolérable.

Herr Böhmermann: Faites vous soigner !

Comme toujours dans de telles situations on est confronté à un amalgame
de sujets qui noient le ou les vrais problèmes. On est tenté d’ajouter à
cette confusion générale encore une autre facette: la santé mentale.
La santé mentale, d’un côté, de l’auteur de ce feu d’artifice de vulgarités
et cochonneries obscènes, présentées en verset, et de l’autre du public qui
a l’air d’apprécier cette forme “d’art” et de "poésie".

En testant, comme Böhmermann et Charlie Hebdo, les limites de cette
sacrosainte liberté d’expression, on a envie de dire à Herr Böhmermann
et au public admiratif qui rit et applaudit:

"FAITES VOUS SOIGNER !"

car il n’y a rien de drôle dans votre vocabulaire qui atteint le sommet du  
mauvais goût.

"Business is business”

Ah, j’ai oublié. Bien sûr, "Business is business”. Plus c’est vulgaire, mieux
ça se vend.  

Cher lecteur,

Si vous ne maitrisez pas la langue de Goethe vous pouvez vous estimer heureux
car le texte de la satire est carrément dégoutant et reflète un esprit pervers qui
s’exprime dans le vocabulaire d'un adolescent en pleine puberté.

Voici le “poème":

Sackdoof, feige und verklemmt, ist Erdogan, der Präsident
Sein Gelöt stinkt schlimm nach Döner, selbst ein Schweinefurz riecht schöner.
Er ist der Mann, der Mädchen schlägt und dabei Gummimasken trägt.
Am liebsten mag er Ziegen ficken und Minderheiten unterdrücken.
Kurden treten, Christen hauen und dabei Kinderpornos schauen.
Und selbst abends heißt’s statt schlafen Fellatio mit 100 Schafen.
Ja, Erdogan ist voll und ganz ein Präsident mit kleinem Schwanz.
Jeden Türken hört man flöten, die dumme Sau hat Schrumpelklöten.
Von Ankara bis Istanbul weiß jedermann,
dieser Mann ist schwul, pervers, verlaust und zoophil, Recep, Fritzl, Priklopil.
Sein Kopf so leer wie seine Eier, der Star auf jeder Gangbangfeier,
bis der Schwanz beim Pinkeln brennt.
Das ist Recep Erdogan, der türkische Präsident.

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English translation

Incredibly dumb, gutless and uptight, that’s Erdogan the president.
His breath smells wretched just like döner, even pig farts smell better.
He is the man who beats girls while wearing rubber masks.
His favourite thing is to fuck goats and to oppress minorities.
To kick Kurds, beat up Christians while watching child porn, and even at night,
instead of sleeping, he fantasizes about fellatio with a hundred sheep.

Yes, Erdogan is fully and completely a president with a small tail.
One can hear Turks whistle, the stupid pig has shrivelled balls.
From Ankara to Istanbul everyone knows, this man is queer, pervers, verminous
and  zoophile. And, his head is as empty as his balls. He’s the star of every gang
bang party until it burns when taking a leak.
That is Recep Erdogan the Turkish president.

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OUI, je suis pour la liberté d’expression.

NON, je ne suis pas Charlie.

NON, je ne suis pas Böhmermann.

S’exprimer d’une manière décente n’est pas en contradiction avec la liberté d’expression.

 

Ilja Feldstein

Né à Hambourg et alumnus d'INSEAD, Ilja Feldstein a bâti sa carrière professionnelle dans des sociétés multinationales au Mexique, aux Etats-Unis et en Allemagne avant de s'établir en Suisse. Son sens aigu de l'indépendance l'a fait changer de cap pour travailler aujourd'hui seul, comme conseiller et courtier dans les domaine de l'investissement et de l'assurance.