La justice romande et la culture d’impunité

L’enquête de L'Hebdo sur la justice romande, publié dans le N° 14 du 7 avril 2016, sous le titre Justice romande – Le grand dérapage ! parle du dysfonctionnement de l’appareil judiciaire, de procédures délirantes, l’explosion des coûts et des retards qui s’accumulent.

On y trouve également la constatation que près de 100% des utilisateurs du système judiciaire en sont mécontents. Selon l’avocat genevois cité, «la frustration est dans 90% des cas fondée». Mais il y a plus grave !

Les citoyens ont-ils encore confiance dans la justice ?

Deux sondages menés indépendamment en Suisse romande avaient révélé en 1996 déjà que 36% – et respectivement 44% – des interrogés n’avait pas vraiment ou pas du tout confiance en la justice, contre seulement 13% déclarant leur «pleine confiance».

Pour illustrer par un exemple: Dans le cadre très simple d’un arbitrage, un juge à pris 321 jours pour arriver à un verdict qui a été par la suite désapprouvé par 81% respectivement 92% des personnes interrogées. 

Les qualificatifs accompagnant les jugements de la sentence? Entre autres: incompréhensible – minable – arbitraire – injuste – incohérente – mais tout à fait juridique – farfelue – non-décision – normande – sans fondement – circonstancielle – contradictoire – tendancieuse – laxiste – peu professionnelle et carrément scandaleuse

La motivation du juge a été interprétée comme: incompétence  –  prendre le parti du plus fort – les amis de ses confrères – la peur de prendre des risques – le souci de ne pas gêner –

des motifs politique ou économiques – mais non pas éthiques – il se peut que la motivation soit financière – la compréhension de certaines lois – etc.

Un ingénieur et un manager ont qualifié notre système judiciaire de «loterie» et ils ne sont pas les seuls.

Quand le système judiciaire faillit à sa mission de redresser les torts causés aux innocents par les coupables et en particulier si les coupables font partie de l’appareil judiciaire, les citoyens perdent la confiance dans  la justice.

Le sentiment croissant d’injustice judiciaire dans la population est indéniable. La corporation judiciaire s’est montrée incapable d’apporter des solutions. Les médias ou un simple citoyen qui dénoncent une escroquerie ou un jugement arbitraire s’exposent à une plainte en diffamation, voire une accusation de calomnie. Ce qui devrait être une obligation civique peut coûter très cher. Enfin, les politiciens se barricadent derrière la séparation des pouvoirs. Mes trois (3) expériences personnelles et mes enquêtes m’avaient convaincu qu’on est devant un problème de société grave qui dépasse largement les imperfections de notre système judiciaire.

Cette constatation m’avait amené à rédiger un exposé sous le nom «Manifeste de Jean Dupont» qui met la question de justice et de l’éthique dans un contexte plus large et pose des questions qui concernent tous les citoyens.

Pour citer Thomas Jefferson:

When injustice becomes law, resistance becomes duty.
 

A consulter: le manifeste de Jean Dupont

Ilja Feldstein

Né à Hambourg et alumnus d'INSEAD, Ilja Feldstein a bâti sa carrière professionnelle dans des sociétés multinationales au Mexique, aux Etats-Unis et en Allemagne avant de s'établir en Suisse. Son sens aigu de l'indépendance l'a fait changer de cap pour travailler aujourd'hui seul, comme conseiller et courtier dans les domaine de l'investissement et de l'assurance.