“….Que l’automne va bientôt arriver”

À la mi-août, l’observateur politique, le politiste n’est pas trop inspiré par l‘actualité pour alimenter son blog. Il ne s’émeut guère de la déclaration controversée d’un quelconque élu en exercice, n’a que peu l’occasion de commenter un événement de portée mondiale, voire, faute de sessions en cours, de s’interroger sur les conséquences d’une décision parlementaire. Confronté à ce que les Allemands nomment le Sommerloch, à savoir le « trou estival », il ne lui reste plus qu’à se plonger dans les profondeurs d’un calendrier politique qui ne se présente pas sous les meilleurs auspices.

Ses détracteurs ne manqueront pas de le remettre à sa place et de lui signifier que « c’est toutes les années la même chose ». Le pire, c’est qu’ils ont raison, malgré l’Ukraine, l’indéniable réchauffement climatique, le manque d’eau ou l’inflation galopante. Mais en été, on oublie, parce que, paraît-il, ça fait du bien d’oublier la guerre, les températures extrêmes, les cours d’eau asséchés ou la hausse des prix, exceptée celle de l’essence.

En août, on ne s’occupe ni de la fin du mois, ni de la fin du monde. On s’occupe d’abord de soi-même, persuadé que cet égoïsme est plus que mérité. Il l’est pour celles et ceux qui ont travaillé onze mois durant, il l’est pour celles et ceux pour qui le droit à la paresse vient couronner de longues et dures semaines de labeur, et plus encore pour celles et ceux qui nolens volens ont largué les amarres. Et pourtant, comment peuvent-ils s’imaginer, en voyant ou non un vol d’hirondelles, que l’automne va bientôt arriver ? Besoin ou pas de s’en référer à Jean Ferrat, la prochaine saison s’annonce difficile et incertaine. Les plus pessimistes sont déjà hantés par la perspective d’une crise financière, d’autres par la baisse du pouvoir d’achat et même les plus insouciants ne savent plus par quel bois ils seront chauffés d’ici quelques mois.

N’étant ni diseur de bonne aventure ou n’ayant, de surcroît, pas la moindre prétention de jouer les Madame Soleil, les Elisabeth Tessier ou autres chroniqueurs d’horoscope de magazine, ce même observateur politique doit rester fidèle à ce qui le caractérise. Sans Vouloir forcément jouer les Cassandre, il prendra du recul, ne s’adonnera pas aux prévisions les plus apocalyptiques, sans toutefois s’identifier aux paroles de celles et ceux qui vous promettent sans cesse des lendemains qui chantent.

L’heure n’est pas à l’optimisme. Sans compter les velléités bellicistes qui menacent différentes régions du monde, le regard devrait porter cette fois-ci sur l’Europe. Souvenons-nous, il n’y a pas si longtemps, il n’y a que douze mois ! L’Allemagne s’apprêtait à élire un nouveau parlement, à se doter d’un nouvel exécutif, appelé à remplacer une « grande coalition » qui, sous l’égide d’Angela Merkel, était arrivée en bout de course. En France, la réélection d’Emmanuel Macron, prévue de longue date, permettait enfin de réélire un président en exercice et d’entrevoir pour le pays une stabilité à long terme qui lui avait fait défaut depuis au moins quinze ans. Quant à l’Italie, tout le monde s’accordait sur un seul et même constat : avec à sa tête Mario Draghi, la Péninsule s’était dotée de l’un de ses tout meilleurs gouvernements depuis la Seconde Guerre mondiale.

Et voilà qu’un an après, l’heure est à la déception, au patatras, à la soupe à la grimace, sinon à celle des illusions perdues. Avec à sa tête un Olaf Scholz qui n’a pas su faire oublier sa prédécesseuse, la RFA est dirigée par une « coalition des contradictions ». Pris au piège par d’hasardeux choix énergétiques, Berlin s’en remet à nouveau aux centrales au charbon, en appelle par la voix de son bien mal nommé « Ministre du Climat » à la solidarité européenne, faisant fi de l’attitude arrogante que l’Allemagne avait adoptée à l‘égard de quelques-uns de ses partenaires durant la crise de l’euro. Quant à la France de Macron, elle est à la recherche d’une majorité parlementaire que le président a été incapable de réunir lors des élections législatives de juin dernier. Affaibli par le résultat d’un scrutin dont il porte à lui seul une part non négligeable de responsabilité, le locataire de l’Élysée n’est plus en situation d’incarner le rôle d’homme fort de l’Union européenne qui pourtant lui tendait les bras. Néanmoins, c’est en Italie que la situation est de loin la plus dramatique. Elle est au bord du précipice fasciste. Si le tocsin n’a pas encore sonné, il pourrait bel et bien retentir au soir des élections du 25 septembre. Pour la première fois depuis Mussolini, un parti d’extrême droite risque de prendre les rênes du pouvoir à Rome. Cette longue marche des soi-disant « frères d’Italie » pourrait en effet permettre à une femme de renouer avec les affres d’une sinistre histoire qui, près de quatre-vingt ans après, n’a décidemment pas dit son dernier mot. Alors que l’Europe est affaire de confiance, celle-ci bat de l’aile dans les trois principaux États de l’Union européenne. Il est grand temps d’en prendre conscience, avant qu’il ne soit trop tard, car sans démocratie et sans liberté, l’Europe ne se fera pas !

Gilbert Casasus

Gilbert Casasus est professeur émérite en Études européennes de l’Université de Fribourg. Politologue, diplômé de l’IEP de Lyon et docteur du Geschwister- Scholl-Institut de l’Université de Munich, il est spécialiste des processus historiques et politiques en Europe.

20 réponses à ““….Que l’automne va bientôt arriver”

  1. Cher Monsieur, il me semble que votre pronostic pour les élections du 25 septembre prochain en Italie est pour le moins aussi noir que des chemises à ne pas agiter trop vite. Le bord du précipice a déjà été évoqué lors de crises passées voire récemment avec la bande de Matteo Salvini. Le président Sergio Mattarella est bien là, et peut-être serait-ce intéressant d’inviter vos lecteurs à observer le programme et l’alliance Carlo Calenda / Matteo Renzi, Azione e Italia Viva, signés il y a quelques jours. Au moins ces deux candidats expérimentés n’ont-ils pas renvoyé Mario Draghi a casa et pourraient rassembler des voix.

    1. Chère Madame,

      Merci pour votre commentaire.
      Aimerais beaucoup avoir tort. Mais, je crains que ce n’est pas le cas.
      Vous avez raison, il y a un accord entre Carlo Calenda et Matteo Renzi. Mais, cet accord s’est fait contre le PD d’Enrico Letta, à savoir contre le principal parti de gauche! Et c’est là que le bât blesse.
      De surcroît, Berlusconni désire que Mattarella se démette…à son profit.
      Mon article a aussi pour but de sonner l’alarme et de ne pas dire après le 25 septembre, “je ne savais pas”. Si, on sait!
      Très cordialement.
      Gilbert Casasus

  2. Il y a un proverbe persan qui dit : si tu te jettes dans un puits et que tu ne peux plus en sortir, inutile de blâmer le destin.

    C’est exactement ce qu’on a envie de dire dans la situation actuelle.

    Je comprends très bien qu’un progressiste européiste comme l’auteur de ce blog soit angoissé de voir que Macron n’a pas de majorité et qu’il est donc condamné à l’impuissance et à l’impopularité, alors que la situation, qui ne peut que se dégrader, ne peut qu’amener naturellement de plus en plus d’eau au moulin de Marine Le Pen, qui malgré ses limites évidentes, va finir par gagner toutes les élections: locales, régionales et nationales, petit à petit. On comprend aussi l’angoisse du progressiste européiste en voyant que la Meloni, qui annonce sa couleur, est en passe de devenir peut-être présidente du conseil d’un pays qui est la troisième économie européenne. On comprend l’angoisse du partisan de l’euro qui est conscient que l’Italie ne pourra plus, avec la meilleure volonté du monde, se maintenir dans cette monnaie, et que par conséquent le projet d’Union Européenne troujours plus étroite ne peut que capoter à court-moyen terme.

    Mais quand-même, il faudrait reconnaître que l’EUROTAN (j’aime bien cette expression qui montre que l'”Europe” de Bruxelles n’est que l’habillage politique de l’OTAN, c’est à dire d’un protectorat US sur l’Europe occidentale) l’EUROTAn donc, par ses décisions insensées, est entièrement responsable de la situation d’échec dans laquelle elle se trouve, notamment à cause de politique de défense de l’Ukraine jusqu’au dernier Ukrainien, après avoiracculé la Russie à se défendre en faisant de l’Ukraine une base de l’OTAN pour une politique d’agression contre la Russie.

    Je n’attaque pas du tout M. Casasus, car je n’ai pas lu sous sa plume de ces tirades bellicistes antirusses stupides, que l’on lit un peu partout ailleurs. Mais personnellement la politique de l’OTAN en Ukraine, s’appuyant d’ailleurs sur des éléments beaucoup plus vicieusement fascistes que Giorgia Meloni, et directement héritiers des perpétrateurs de la Shoah par balles, ce qui est quand même un comble, cette politique donc, depuis le coup d’état de Maidan en 2014 a rendu inévitable l’opération spéciale russe.

    Force est de constater aussi que les sanctions antirusses sont contreproductives et vont plonger les économies européennes dans la récession, si ce n’est pire, causant ainsi mécaniquement des victoires électorales des horribles populistes. Et on ne parle pas du désastre causé et des effets fatals pour l’économie de tous ces confinements. Même le Dr Delfraissy a reconnu que sa politique avait tué des gens et que les décisions de son comité scientifique étaient aberrantes.

    Je voudrais demander à M. Casasus, qui n’est pas un facho, ni un complotiste enragé, ni un poutiniste, s’il a remarqué qu’une nouvelle tendance se dessine parmi les têtes pensantes mondialistes intelligentes (donc là aussi, ni des fachos ni des complotistes), et cette tendance est diamétralement opposée à la tendance néo-con-forum de Davos, pro rattachement de l’Ukraine à l’OTAN, pro pass vaccinal.

    Je fais allusion ici, notamment, aux prises de position de gens comme Jeffrey D. Sachs, professeur à l’Université Columbia. Récemment il a dénoncé de manière véhémente l’échec de la désastreuse politique néo-con en Ukraine, et il a même fait pire: il a demandé qu’on ouvre une enquête officielle sur les agissements de l’entreprise Moderna qu’il soupçonne et même qu’il accuse d’avoir fabriqué elle-même le virus du Covid.

    Je suppose que je n’ai pas besoin d’expliquer au prof Casasus qui est Jeffrey D. Sachs. Je lui conseille de se référer à son site officiel sur internet, très facile à trouver. Je pense que des gens intelligents comme Jeffrey Sachs, qui partagent les espérances politiques de M. Casaus, sans doute, ont désormais compris que les conséquences des politiques folles inspirées par le forum mde Davos sont tellement graves qu’il y a une extrême urgence à donner l’alarme, quelles que soient les conséquences de déclarations donnant raison à ceux que jusqu’à maintenant a appelé un basket de déplorables.

    Il est certain que les conséquences de l’opération Greta, puis de l’opération Covid de contrôle total par vaccination obligatoire et pass vaccinal, et pour couronner le tout de la dépression économique, conséquences qui sont la fin de l’Euro et la victoire populiste pratiquement inévitable, notamment à cause des sanctions inapplicables (inapplicables du moins pour des pays comme l’Italie) et du fait que les gens ne veulent pas mourir de froid pour les néo-cons et le forum de Davos, ni mourir de myocardite pour les beaux yeux de Bill Gates, toutes ces conséquences remettent en cause l’intégralité des acquis positifs et raisonnables de ce que les progressistes européistes sensés (comme M. Casasus) étaient en pass d’atteindre.

    Je pense donc qu’on peut dire qu’il existe des élites insensées, qui avaient réussi à faire une sorte de coup d’état par l’EUROTAN, l’industrie de big tech et de big pharma, et que maintenant leur hubris rend impossibles tous les objectifs raisonnables que les progressistes pouvaient espérer atteindre. Donc c’est bien le cas de dire: ils se sont jetés dans le puits. On espère qu’ils ne vont pas blâmer le destin pour lerus propres bourdes.

    Jeffrey Sachs demande des négociations de paix immédiates en Ukraine. Il est probablement pouir l’abandon de toutes ces politiques vaccinales absurdes.

    Moi je dis: c’est probablement déjà trop tard. Le mal est fait. Il aurait fallu y penser avant. Mais c’est intéressant de voir que même des représentants intellectuels éminents du camp progressiste universaliste mondialiste comme Jeffrey Sachs, disent des choses auxquelles moi qui suis à la droite de la droite, conservateur, souverainiste et eurosceptique, je peux souscrire.

    Qu’en pensez-vous professeur Casasus?

    1. Cher Monsieur,

      Merci de partager mes inquiétudes qui ne sont visiblement pas les vôtres.
      Je ne partage pas vos idées, mais tiens à vous répondre sur la Russie.
      Je n’ai jamais été son ennemi et ne compte pas le devenir.
      Je n’approuve pas la guerre que le régime de Poutine mène en Ukraine. Je la récuse et la condamne. Mais, je ne confonds par la Russie, son histoire, sa culture, ses mérites durant la Seconde Guerre mondiale avec les affres de ses gouvernements, ceux de l’URSS, mais aussi celui du maître actuel du Kremlin.
      Vous ne serez certainement pas d’accord avec moi, d’autant qu’en Russie il demeure toujours très impopulaire. Toutefois, je garde M. Gorbatchev en grande considération.
      J’en reviens à votre question. L’ayant déclaré publiquement sur les ondes de la RTS, je suis de l’avis que la guerre en Ukraine fait d’abord l’affaire des USA. Et qui dit USA, dit aussi OTAN, une organisation que je n’ai jamais portée dans mon coeur, m’étant exprimé à plusieurs reprises pour une défense européenne, bien que son existence ne soit malheureusement pas encore à l’ordre du jour.
      Cordialement.
      Gilbert Casasus

  3. Selon ce qu’il m’en semble, le pouvoir réel concernant l’Italie est de plus en plus à Bruxelles, et de moins en moins à Rome.
    Draghi en était l’expression même comme ancien président de la BCE: il était présenté partout dans les journaux comme le sauveur.
    Le sauveur de qui? des Italiens ou des banques? de l’économie locale?
    Donc la question fondamentale est – des dettes insoutenables n’aboutissent-elles pas forcément à de grandes catastrophes?
    Nous sommes en temps de crise et Draghi doit être très content de ne pas devoir assumer son bilan – qui était de ne pas avoir peur du surrendettement.
    Les nuages approchent. Et tout sera mis sur le dos de Meloni and Co quand l’hiver viendra.
    Or, même si je trouve abjecte le parti de G.Meloni, c’est le résultat de de 30 ans de gouvernance italienne – et européenne!
    Qui veut payer l’addition?
    Il n’y a plus personne.

    1. Cher Monsieur,

      Le bilan de Draghi est très respectable, même si je ne partage pas toujours sa politique.
      Il est facile de s’en prendre à Bruxelles. Mais n’est-ce pas Bruxelles qui vient de se montrer très généreux à l’égard de l’Italie, victime de la Covid?
      Il va de soi que plusieurs partis portent une responsabilité dans la dégradation de la situation italienne. Mais, cela n’excuse en rien de voter pour le parti de Giorgia Meloni…Et puis, Letta ou d’autres personnalités italiennes comme l’actuel Maire de Florence, Dario Nardella, sont des personnalités compétentes et respectables.
      Cordialement.
      Gilbert Casasus

      1. Le bilan de Draghi est à l’image de son bilan à la BCE – avec une augmentation très importante de l’endettement. C’est une catastrophe pour un pays déjà trop endetté, avec une population vieillissante.
        Et cela semble d’ailleurs la politique de bien des gens respectables, comme vous dites.
        Malheureusement, je crois aussi que l’ardoise sera réglée par la population et personne d’autre.
        Bien entendu, Bruxelles n’y est officiellement pour rien, mais ce rien impacte assez fortement la population.
        Et je n’appelle aucunement à voter G.Meloni, qui n’amènera rien de mieux qu’une stigmatisation des étrangers pour faire passer la pilule très amère de la récession.

        1. Le choix est aussi celui de voter ou non pour Meloni. Ce n’est pas une solution de remplacement. Et le mécontentement est mauvais conseiller en la matière.
          GC

  4. D’accord avec vous pour appeler à voter le plus possible en toute conscience. L’alarme de voir ressurgir les démons existe depuis 1946… Pourquoi la presse alentour, y compris Le Temps, n’affichent que le pire des scénarii et n’analysent pas la situation de façon un peu plus nuancée? Parce qu’en matière de politique italienne, les journalistes francophones manquent sérieusement de connaissance de terrain, de volonté de savoir et de compétences linguistiques approfondies – à part quelques correspondants, toujours les mêmes. On préfère les clichés, les têtes connues… Berlusconi a 90 ans, il ne menace qu’avec une réthorique usée et peu crédible. Les 5 Stelle aussi avaient demandé vainement la démission du Président de la République. Meloni n’a aucune expérience du pouvoir; son modèle Marine a certes surpris en juin dernier mais n’a pas obtenu de majorité. Et Enrico Letta a tout de suite réduit ses chances en annonçant des impôts supplémentaires. Il est toujours permis d’espérer. Peindre le diable sur la muraille profite toujours au diable. Renzi s’avoue ambitieux, machiavélique, sans promesses et sans clic perpétuel sur les sondages. Il a présidé le Conseil pendant 3 ans sans grosse gaffe, surtout à cause de son référendum. Par exemple son expérience de maire de Florence en matière de mobilité et d’écologie en remontrerait à certaines personnalités politiques suisses. On verra. Bien cordialement.

    1. Chère Madame,

      L’échec du référendum italien du 4 novembre 2016 est l’une des pires pages de la politique italienne.
      Renzi avait raison, mais le peuple ne l’a pas entendu.
      Aujourd’hui, l’Italie en paye le prix.
      Son successeur à la Mairie de Florence, Dario Nardella, pourrait/devrait être un homme d’avenir pour la gauche italienne. Mais, ce n’est pas qu’une question de personnes, mais aussi de travail politique qui fut notamment négligé en Italie, mais pas qu’en Italie.
      Très cordialement.
      Gc

  5. C’est très intéressant. Je lis vos textes avec un intérêt croissant. Bien sûr, nous n’avons pas les mêmes opinions, mais je peux me retrouver avec vous dans le réalisme politique au sujet de la Russie, de l’OTAN, et dans la critique des idées déconstructionnistes comme les “identity politics” qui vont causer énormément de tort à la gauche en général. Evidemment vousy êtes opposé parce que vous êtes attaché à une gauche raisonnable, et moi je pourrais me réjouir si la gauche a du plomb dans l’aile, mais si c’est à cause d’idéologies toxiques qui rendent la vie impossible, je ne m’en réjouis pas.

    Je tiens à dire que je ne suis pas un admirateur de Poutine (je crois que c’était une coquille quand vous avez écrit qu’il était impopulaire, en fait il est populaire) mais je pense que l’on doit considérer la Russie rationnellement en tant que grande puissance, et non sur la base de la sympathie ou antipathie qu’on a pour ses dirigeants.

    Je crois comprendre assez bien maintenant où vous vous situez politiquement et philosophiquement. Malheureusement je pense que les gardiens du temple humaniste républicain et progressiste, devraient prendre conscience que les choses se présentent très mal en ce moment, pour leurs idéaux, et que c’est en partie la faute de certains groupe qui en principe appartiennent à leur camp, surtout les éléments pro OTAN néo-cons, Forum de Davos, etc., qui ont vraiment été trop loin et perdu le sens commun. Ils devraient essayer de faire quelque chose pour qu’on revienne à la raison. Vous devriez leur dire.

    Je vous conseille encore une fois la lecture des textes de Jeffrey Sachs, depuis quelques temps il dit des choses très intéressantes.

    1. Cher Monsieur,

      Je prends bonne note de vos conseils je consulterai les textes de Jeffrey Sachs.
      C’est Gorbatchev qui est impopulaire, pas Poutine qui est populaire. J’aurais préféré le contraire.
      Bonne soirée.
      Gilbert Casasus

  6. J’ai regardé cette affaire du référendum de 2016. J’avoue que je ne comprends pas bien pourquoi la droite populiste était contre. C’était une réforme qui aurait amélioré la répartition des tâches entre l’état central et les régions, il me semble. Donc cela me paraît tout à fait acceptable.

    Est-ce que le référendum n’a pas été un référendum pour ou contre Renzi? Dans ce cas on peut comprendre que les gens aient voté non, pour lui voir les talons. Exactement comme les gens ont voté non au référendum suicide de de Gaulle en 1969, pour lui voir les talons. Et c’est dommage parce que la réforme proposée par de Gaulle en 1969 était bonne.

    Renzi était très impopulaire et il y avait des raisons à ça. Je n’ai jamais trouvé que Renzi était convaincant. C’est sa personnalité, et sa politique, pas à la hauteur des défis politiques de l’Italie, qui ont été sanctionnées.

    Maintenant on peut aussi se demander si l’acceptation de la réforme constitutionnelle proposée par Renzi en 2016 aurait enrayé la montée du populisme. Je ne le pense pas. Cela aurait peut-être permis à Renzi de rester au pouvoir encore quelques temps, mais cette montée du populisme a des causes profondes : disfonctionnement de l’UE, immigration, Euro, paupérisation, etc.

    Regardez, Salvini était parvenu au pouvoir. Il en a été chassé. On a mis Draghi pour faire la politique du Forum de Davos. Mais Draghi n’a pas pu se maintenir. Il a été forcé de mettre les bouts et on avait même l’impression qu’il était soulagé de partir et laisser à d’autres la responsabilité du désastre inévitable qui sera bientôt la conséquence de sa propre politique. Et aujourd’hui la Meloni est aux portes du pouvoir. Et elle est plus intelligente que Marine Le Pen.

    Donc il me semble que ça prouve que la montée du populisme aurait eu lieu quand-même si le référendum de 2016 avait été accepté. Salvini ou la Meloni auraient gouverné avec cette nouvelle constitution, qui leur aurait donné plus de pouvoir que l’actuelle avec son bicaméralisme parfait.

    Le populisme monte quand le peuple ne trouve pas son compte dans la politique qui est faite. Les politiques actuelles dans l’UE, le peuple n’y trouve pas son compte. C’est ça le problème à mon avis.

    Peut-être que je me trompe et que vous pourrez me convaincre que ce référendum aurait tout changé. Je n’en suis pas sûr.

    1. La droite s’est opposée à ce référendum pour des raisons idéologiques et de basses manoeuvres politiciennes.
      Elle voulait la peau à Renzi. Elle l’a eue.
      De plus, cette réforme remettait en cause le modèle constitutionnnel instauré par Berlusconi.
      L’acceptation n’aurait peut-être pas changé la face du monde, voire de celle de l’Italie, mais aurait largement contribué à la stabilité politique du pays.
      La responsabilité de la droite italienne est immense.
      Cordialement.
      Gilbert Casasus

      1. OK je comprends.

        Je voudrais vous dire qu’hier j’ai eu une conversation avec un professeur d’économie que je n’aimerais pas nommer mais qui appartient vraiment au petit groupe des gens les mieux informés au monde sur la situation économique, et donc politique, étant très proche des dirigeants des grandes multinationales. Il n’est pas réjoui des conclusions auxquelles il arrive mais il juge que certaines choses sont inévitables:

        – Dépression économique aux Etats Unis comme en 1929, à part que la bourse ne s’effondrera pas.

        – Réélection de Trump probable à 85% car son emprise sur le parti républicain, et par conséquent sur la justice, empêchera les démocrates de la coincer sur des affaires judiciaires. Biden est tombé au fond du fond de l’impopularité et Kamala Harris n’a aucune chance.

        – Il n’est pas trumpiste mais pense que si Trump ne revient pas au pouvoir, alors ce sera la guerre civile aux Etats Unis.

        – En Ukraine il y aura une guerre d’usure qui peut durer des années et cela contribuera au marasme et à la paupérisation dans les économies européennes. Il pense que ce serait plus sage de faire un traité de paix garanti internationalement en cédant le Donbass aux Russes, mais malheureusement selon lui, les “powers that be” ne veulent pas de ça, ils préfèrent continuer la guerre qui dure, dans l’illusion d’user la Russie. Malheureusement, l’occident s’usera encore plus.

        – Il prévoit l’élection de Liz Truss au royaume Uni, ce qu’il regrette car il juge l’autre candidat bien plus intelligent et meilleur pour le business.

        – Enfin, last but not least, en raison de la situation économique il juge INEVITABLE l’accession au pouvoir, dans la plupart des pays européens, des mouvements populistes eurosceptiques du style Victor Oban.

        Je ne sais pas ce que vous en pensez. Moi personnellement j’ai été horrifié par ces pronostics mais plus j’y pense plus ils m’apparaissent réalistes.

        1. Expérience à l’appui, je me suis toujours méfié des futurologues en politique…ceux par exemple qui avaient misé à 100% sur l’élection de Hillary Clinton en 2016 et de François Fillon en 2017!
          GC

  7. Intéressant j’allais dire comme d’habitude et stimulant, cependant 2022 n’est pas 1922 y compris en Italie et il serait temps de considérer que fascisme et nazisme ne nous semblent si proches que rétrospectivement et ont peu à voir sauf à considérer que tout est dans tout et lycée de Versailles. Ceci pour essayer d’en finir avec l’invective facile de fascisme qui flatte nos ego et notre confort intellectuel sans faire avancer le smilblick ni en faciliter notre compréhension et partant notre efficience à le circonvenir et à le terrasser.
    Ensuite pour fratelli d’Italia c’est oublier comme la démontre l’histoire de la République italienne depuis 1945, sa capacité infinie à intégrer et à reconditionner les mouvements politiques y compris les plus extrémistes et ses leaders.
    La question comme le professeur Casasus l’avait déjà souligné est d’abord de refonder une pensée authentiquement de gauche, qui écoute les gens ordinaires comme vous et moi, qui se dégage de l’emprise anti démocratique des experts souvent stipendiés, des recettes qui ont échouées et construise une alternative démocratique et crédible. Finalement en revenir au discours de Gettysburg qui lui est plus que jamais d’actualité, à Paris, Bruxelles, Washington et Roma anché

    1. Que la gauche italienne soit l’une des plus bêtes du monde, pour reprendre une formule célèbre, cela ne fait aucun doute. Elle se détruit en son sein et ne trouve pas de réponse crédible à une droite de plus en plus à droite.
      La mise en garde contre le parti de Giorgia Meloni n’a rien pernicieux. Cette femme est maline, encore plus que ne l’est Marine Le Pen. À cet égard, je propose aux lecteurs de langue allemande, l’excellent article du correspondant Oliver Meiler du groupe suisse “Tamedia” à Rome, paru en ce jour sous le titre “Meloni spielt mit der Flamme”, à savoir “Meloini jouer avec la flamme”. Il y dévoile les arrière-plans du discours de la leader d’extrême droite. Passionnant!
      Très cordialement.
      Gilbert Casasus

  8. bonjour! Macron a fait passer son simulacre de soutien financier à la population française sensée compenser l’inflation, grâce au FN; ce parti prétendûment populaire sera vite discrédité par ses propres électeurs, une fois que ces derniers auront compris la trahison dont ils sont l’objet; donc le FN ne sera pas à l’Elysée, jamais; idem en Italie vraisemblablement; quant à l’Europe il en est question souvent avec qq trémolos idéalistes dans la voix; mais il y a à la considérer vulgairement et seulement que comme un relais des USA; voire Pfizer et maintenant les marchands d’armes; des gens comme Macron ou Ursula Von Der Layen ne font que trahir les intérêts des populations européennes et donc aussi celle de la Suisse; leur responsabilité est immense quant à l’inflation galopante, et devront rendre des comptes, assurément.

    1. Que le RN ou les Fratelli d’Italia reposent sur de fausses promesses, cela est vrai. Malheureusement, il est tout aussi vrai que des millions d’électeurs ne s’en rendent pas compte.
      GC

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