On se voit à Locarno?

Dans quelques jours commencera le 66ème Festival du Film de Locarno. Comme toute la communauté du cinéma de ce pays, que l’on désigne en Suisse comme «la branche» (ça me fait toujours penser à une branche de chocolat, allez savoir pourquoi), je vais donc traverser le Gothard et ses bouchons pour m’installer dans la ville des rives du Verbano. Pour y voir, bien sûr, un certain nombre de films et profiter, le soir venu, des inoubliables projections sur la Piazza Grande. Mais aussi pour y voir, rencontrer, croiser des gens que je pourrais voir à Zurich, à Genève ou à Berne… Mais que je vais rencontrer là, parce que Locarno est aussi fait pour ça. Depuis maintenant plus d’une dizaine d’année, Locarno est devenu le lieu de rendez-vous incontournable des gens de la «branche», d’une part, mais aussi, d’autre part, de certaines personnalités de la politique et de l’économies. En raison du fameux «dîner républicain» organisé chaque année par Frank-A. Meyer, des sponsors privés toujours plus nombreux, des visites de conseillers fédéraux divers et variés, Locarno n’est plus seulement la foire de Bâle des professionnels de la profession, mais aussi le mini Davos de la politique nationale. Quand je dois rencontrer quelqu’un, en été, il est presque d’usage de dire «On se voit à Locarno». Comme si nous tous y étions, le nous étant représentatif d’une communauté politico-économico-culturelle relativement bien définie. Et il est vrai que les petites discussions sur les terrasses de Locarno sont souvent bien plus efficaces que des rendez-vous plus formel dans des bureaux… moins ensoleillés!

Frédéric Maire

Frédéric Maire est directeur de la Cinémathèque suisse. Journaliste et réalisateur, il a co-fondé le club de cinéma pour enfants La Lanterne Magique en 1992 et dirigé le Festival international du Film de Locarno de 2005 à 2009.