Solidarité minimum

Angoissée, la Suisse a dit oui le 9 février à l’initiative contre l’immigration de masse. Parmi les nombreuses inquiétudes qui ont agité la campagne, celle du dumping salarial a joué un rôle important. Freinons la Libre circulation des personnes, qui favorise l’engagement de frontaliers à bas coût ! a-t-on répété de toutes parts.

Trois mois plus tard, en bonne logique, la Suisse aurait donc dû réserver un accueil bienveillant au projet de salaire minimum. Or cette mesure d’accompagnement susceptible de compenser la globalisation des marchés du travail a été sèchement balayée.

L’un des charmes du droit d’initiative, qui n’en manque pas, est de permettre la succession de positions parfois contradictoires. D’un dimanche l’autre, les politiques globales se voient découpées en tranches de salamis, avec des résultats dont la cohérence n’est pas toujours la caractéristique principale.

Mais il se peut aussi qu’une triste logique lie ces deux décisions. L’initiative contre l’immigration de masse visait directement les étrangers. Et les salariés gagnant moins de 4'000 francs suisses sont très souvent des étrangers. En tout cas, dans les deux votations, le principe appliqué aux personnes concernées a été celui de solidarité minimum.

François Cherix

Spécialisé dans la communication politique, François Cherix travaille depuis des années sur la réforme du modèle suisse, l'organisation de l'espace romand, la question européenne, les liens entre politique et médias. Essayiste, il a publié plusieurs ouvrages et de nombreuses analyses. Socialiste, il a été membre de l'Assemblée constituante vaudoise et député au Grand conseil. Aujourd'hui, il est co-président du Nouveau mouvement européen suisse (Nomes).