Vignette, vinaigrette

Enjeu de portée limitée, l’augmentation de la vignette autoroutière à cent francs, a généré une confusion sans limite.

Oubliant que la démocratie directe est un mécanisme d’ordre plus émotionnel que rationnel, le Conseil fédéral a cru qu’il suffisait que la majoration prévue soit logique pour qu’elle soit acceptée. Oubliant qu’il représente les intérêts des automobilistes, le TCS a combattu la perception de nouvelles recettes permettant d’effectuer les améliorations du réseau routier que ses membres réclament. Oubliant que les défenseurs de l’environnement demandent depuis toujours que la route finance les coûts qu’elle génère, les Verts se sont opposés à l’augmentation d’une taxe payée par les automobilistes.

Drôle de salade, où les cuisiniers se sont positionnés à rebours de leurs propres intérêts. Quant aux citoyens, ils ont probablement dit non pour économiser soixante francs, sans se soucier des théories qui leur ont été présentées.

Résultat, des travaux indispensables seront peut-être retardés, même s’ils se feront quand même un jour. Un effort financier est différé, même s’il sera de toute façon demandé d’une manière ou d’une autre. Reste un arrière-goût désagréable : quand elle est servie à toutes les sauces, la démocratie directe finit par ne servir que de mauvaises vinaigrettes.

François Cherix

Spécialisé dans la communication politique, François Cherix travaille depuis des années sur la réforme du modèle suisse, l'organisation de l'espace romand, la question européenne, les liens entre politique et médias. Essayiste, il a publié plusieurs ouvrages et de nombreuses analyses. Socialiste, il a été membre de l'Assemblée constituante vaudoise et député au Grand conseil. Aujourd'hui, il est co-président du Nouveau mouvement européen suisse (Nomes).