Détenteur du Prix Pulitzer et sans-papier

José Antonio Vargas (photo prise lors de la prestation de serment de Janet Napolitano devant le Sénat/Chip Somodevilla/Getty Images/AFP) était assis au premier rang lorsque le président Barack Obama a présenté son plan de 000_117585168réforme de l'immigration à Las Vegas mardi. Derrière lui, Janet Napolitano, la patronne du Département de la sécurité intérieure (Homeland Security), ministre responsable des expulsions d'immigrants illégaux. Or José Antonio Vargas est un sans-papier. Le jeune Vargas, 32 ans, avait 12 ans en 1993 quand sa mère l'envoya des Philippines où il est né aux Etats-Unis pour vivre avec ses grands-parents. C'était l'espoir, selon elle, qu'il vive une meilleure vie.

Le jeune Vargas s'adapte vite à son nouvel environnement. Il obtiendra d'excellents résultats au collège, puis à l'université. Il effectuera plusieurs stages journalistiques au New York Times, New Yorker, Politico et au Washington Post. Au sein du quotidien de la capitale, il obtiendra, en équipe, le Prix Pulitzer du journalisme pour la couverture de la fusillade du Virginia Tech en 2007. Mardi, Barack Obama a répondu aux attentes de José Antonio Vargas, même si ce dernier l'avoue: il ne comprend pas pourquoi les frontières doivent être encore davantage renforcées. Les passages de clandestins ont atteint l'un de leurs plus bas niveaux depuis des années.

Quand il a décidé de faire son "coming-out" en tant que sans-papier, il a fait la une de Time Magazine et l'objet d'articles dans la presse américaine. Il a lui-même décrit son cas dans le New York Times et créé un site internet, Define Americans.

Avec plusieurs jeunes sans-papier, il explique les enjeux de la réforme de l'immigration:

 

Armes à feu: le calvaire d’une mère de Chicago

Shirley Chambers avait un fils Carlos, 18 ans. Il fut tué par une arme à feu par un jeune de son collège en 1995. Elle avait aussi un fils dénommé Jerome et une fille Latoya. Tous deux ont été abattus par balles en 2000 à quelques mois de distance. Samedi dernier, dans les rues de Chicago, c'est le dernier enfant de Shirley Chambers, Ronnie, 34 ans, qui a succombé à une fusillade.

Voici le témoignage de sa mère, Shirley, dévastée:

Ronnie Chambers était connu sous le nom de Scooby à Chicago et passa sur une émission de télévision, The Ricki Lake Show. Il y prodigua des conseils aux jeunes pour rester à distance des gangs qui minent la ville de Chicago. Selon la police, près de 600 gangs, pour la plupart petits, ont proliféré dans la ville de l'Illinois. Arrêté 29 fois par la police, Ronnie Chambers avait été condamné pour la dernière fois en 2005. Il s'était distancié de ce milieu et se consacrait à la musique et au rap.

Au cours de la dernière année, Chicago a dénombré près de 500 morts par armes à feu. C'est beaucoup plus que les années précédentes, mais c'est beaucoup moins qu'au milieu des années 1990 quand 900 personnes étaient abattus par des armes à feu dans la ville de Barack Obama.

La dernière apparition de Ronnie Chambers à la télévision:

 

La théorie du complot, encore, toujours

L'interview double du président Barack Obama et de la secrétaire d'Etat Hillary Clinton sur CBS lors de l'émission 60 Minutes n'en finit pas de susciter des réactions des médias conservateurs. Sur Fox News, les commentateurs en sont convaincus. CBS est une "télévision d'Etat" et ne fait que relayer le message de la Maison-Blanche. Ils continuent par ailleurs à alimenter la théorie du complot quant à la commotion cérébrale qu'a subie Hillary Clinton en tombant à la suite d'un évanouissement.

Le milliardaire Donald Trump, qui considère Hillary Clinton comme une amie, a tenté de contourner la difficulté de critiquer la secrétaire d'Etat et le président en s'en prenant à CBS et au journaliste qui a interviewé les deux personnalités en pointe de l'administration démocrate.

Voici l'avis des commentateurs de Fox News et de Donald Trump:

 

Obama et Clinton ensemble en interview

En 2008, c'eût été un événement impensable. Barack Obama, 51 ans et Hillary Clinton, 65 ans étaient de féroces adversaires lors des primaires démocrates. La bataille fut si disputée que beaucoup ne voyaient jamais les deux démocrates se réconcilier. Or Barack Obama, qui finira par remporter l'élection présidentielle, surprendra d'emblée en choisissant son ancienne rivale pour devenir secrétaire d'Etat.

Dimanche soir, sur l'émission phare de CBS "60 Minutes", Barack Obama et Hillary Clinton ont montré le chemin qui a été parcouru depuis. Les deux personnalités phares de l'administration démocrate ont accordé à Steve Kroft de CBS une interview conjointe, une première. Le président américain a d'emblée justifié la démarche: remercier en public l'un des secrétaires d'Etat les meilleures qu'ait connus l'Amérique. Hillary Clinton, pour sa part, a répliqué au journaliste qu'il n'était pas question ici de lire "dans les feuilles de thé". "Nous avons de l'eau de toute façon." La très populaire Hillary Clinton n'a donc donné aucune indication quant à ses intentions pour la présidentielle 2016. Mais les deux interviewés ont montré à quel point ils défendaient la même vision du monde et des Etats-Unis et à quel point ils sont devenus des amis.

Voici un extrait de "60 Minutes):

 

L’Amérique renforce sa sécurité cybernétique

RTR31QWELa Marine américaine subit près de 110 000 cyberattaques par heure. Plusieurs banques aux Etats-Unis ont été victimes de violentes attaques cybernétiques ces derniers mois. Même les ordinateurs de hauts responsables américains à la retraite, comme l'amiral Mike Mullen, ont été piratés.

Face à une accélération de la guerre électronique, le Pentagone vient de décider de renforcer sensiblement ses moyens de défense et de riposte. Le Cyber Command, le quartier général de l'unité spéciale chargée de protéger l'Amérique de cyberattaques va voir ses effectifs bondir de 900 employés à 4900. Une multiplication par cinq. Comme le révèle le Washington Post, l'annonce n'a pas encore été faite, mais la décision date de la fin de l'année dernière. Pour le Département de la Défense, il s'agit de prévenir des attaques cybernétiques contre le réseau électrique, contre des trains dont les pirates informatiques pourraient prendre le contrôle ou contre d'autres infrastructures. Leon Panetta, le patron sortant du Pentagone (photo Kevin Lamarque/Reuters), a parlé de "Pearl Harbor cybernétique" pour qualifier la menace potentielle.

Barack Obama adepte du tir aux pigeons

Le président américain a récemment déclaré la guerre à la National Rifle Association, le puissant lobby des armes aux Etats-Unis, en annonçant le plus ambitieux train de mesures pour combattre la violence par les armes à feu depuis des décennies depuis le Gun Control Act, une loi adoptée par le Congrès en 1968 et promulguée par le président Lyndon Johnson.

Même si la NRA estime que la Maison-Blanche est sur le point de saper le second amendement de la Constitution autorisant le port d'armes, Barack Obama a tenu à montrer qu'il n'est pas sectaire en la matière. Il a déclaré à The New Republic qu'il s'adonnait régulièrement, à Camp David, au tir aux pigeons ou ball trap. "

Extrait de l'interview:

– Avez-vous déjà utilisé une arme à feu?

– Oui, à Camp David, nous nous adonnons au ball trap, au tir aux pigeons tout le temps.

Toute la famille?

– Non, pas les filles, mais souvent certains de mes invités. Et j'ai un profond respect de la tradition de la chasse qui remonte à des générations dans ce pays. Je pense que ceux qui l'oublie commettent une grave erreur." "Si on veut aller de l'avant, il faut comprendre que la réalité des armes à feu en zones urbaines est très différente de la réalité en milieu rural. Si vous avez grandi (dans de tels régions) et que votre père vous a donné un fusil de chasse quand vous aviez dix ans et que vous passiez la journée dehors avec lui et vos oncles, c'est devenu une part de la tradition familiale et on peut comprendre pourquoi vous souhaitez la préserver."

La leçon de réalisme de Kerry à Rubio

John Kerry a 29 ans d'expérience au Sénat américain. Marco Rubio deux ans, beaucoup moins expérimenté. Devant la Commission des affaires étrangères du Sénat jeudi, l'audition du premier cité, qui devrait devenir, mardi prochain, le nouveau secrétaire d'Etat en remplacement d'Hillary Clinton, a permis au démocrate du Massachusetts de livrer une belle leçon de réalisme au jeune sénateur de Floride Marco Rubio.

Le républicain, une étoile montante au sein du Parti républicain comme on a pu le voir lors de la convention républicaine de Tampa en août dernier, a interrogé John Kerry sur la vision (qu'il ne voit pas) du président Barack Obama et sur le relatif retrait américain des affaires du monde. Il a en particulier souligné que si les Etats-Unis étaient restés deux ou trois semaines de plus en Libye après l'intervention de l'OTAN en 2011, il n'y aurait pas eu le chaos auquel on assiste et le gouvernement libyen serait plus fort.

John Kerry ne s'est pas fait prié en déclarant que le monde arabe a connu le bouleversement le plus considérable depuis l'effondrement de l'Empire ottoman et qu'il fallait du temps pour que les pays concernés se stabilisent. Au sujet de la Libye, le démocrate a répondu à Marco Rubio. En restant quelques semaines de plus sur place, les Américains auraient pu ou n'auraient peut-être pas pu changer la donne. Les choses ne sont pas si simples, a insisté le futur secrétaire d'Etat. Car le colonel Kadhafi avait mis en place tout un système fondé sur les tribus en concluant des accords avec elles. "Il y avait plusieurs couches de pouvoir", a précisé John Kerry qui a ajouté: "Nous devons prendre en compte l'Histoire, la culture et la nature des endroits avec lesquels nous avons à faire. On ne peut pas simplement prendre un concept américain ou occidental et l'appliquer tel quel en pensant qu'il va marcher."

 

Donald Trump peut-il acheter le New York Times?

C'est la dernière trouvaille du magnat de l'immobilier new-yorkais Donald Trump: acheter le New York Times. Il aurait déjà eu plusieurs réunions à ce sujet. Ses motivations: le quotidien vedette de New York est en difficulté et le milliardaire serait prêt à venir le sauver avant qu'il ne soit trop tard.

Le New York Times perd de l'argent depuis plusieurs années et a de lourdes dettes. Lors des 9 premiers mois de 2012, il a perdu 43,7 millions de dollars. Son siège à la 42e rue, en face de la gare routière de Port Authority, est grevé par une lourde hypothèque. Ses actions ont néanmoins connu une croissance de 16% en 2012. Mais elles ont perdu plus de la moitié de leur valeur au cours des cinq dernières années. Ces dernières semaines, le quotidien a ouvert un guichet pour les départs naturels. Le NYT compte se passer à l'avenir de "30 "managers" ou "editors".

Donald Trump aime les coups médiatiques. En pleine campagne électorale, il avait pré-annoncé qu'une nouvelle allait changer le cours des choses. Le jour venu, Donald Trump annonçait à la télévision qu'il proposait de verser une large somme d'argent à une oeuvre de charité choisie par le président Barack Obama si celui-ci publiait son acte de naissance et d'autres documents universitaires. Donald Trump est un "birther", un Américain qui doute que Barack Obama soit né sur sol américain. Or Hawaï, jusqu'à preuve du contraire, est un Etat américain et les autorités de l'île du Pacifique ont déjà confirmé à de multiples reprises la naissance d'Obama dans un hôpital de l'île. Le magnat de l'immobilier est aussi un républicain conservateur. On voit dès lors mal la famille d'Arthur Sulzberger Junior, propriétaire de la majorité des actions du journal et réputée très progressiste (liberal), céder l'icone du journalisme américain à Donald Trump.

Interrogé par Twitter par un journaliste du Wall Street Journal à Davos, Arthur Sulzberger a répondu qu'une telle nouvelle le faisait bien rire. Les partisans d'un journalisme de qualité espèrent aussi qu'il s'agit d'une nouvelle facétie de Trump. Ce dernier estime d'ailleurs que le New York Times n'a pas de leçon économique à lui donner.

Aujourd'hui, la famille Bancroft, qui a vendu le Wall Street Journal à un autre magnat de la presse celui-ci, Rupert Murdoch, se mord les doigts après avoir appris les pratiques scandaleuses de corruption exercées par des journalistes de journaux britanniques appartenant au groupe de Murdoch, News Corporation.

Ci-dessous, l'animateur de Fox News Sean Hannity, qui tente de dissuader Donald Trump d'acheter un journal, une perte assurée dit-il, demande néanmoins à ce dernier les raisons qui pourrait le pousser à acheter le New York Times:

 

 

Hillary Clinton témoigne pour la dernière fois devant le Congrès

Après avoir été accusée d'avoir feint une "maladie diplomatique" par les ultra-conservateurs américains, la secrétaire d'Etat Hillary Clinton a témoigné mercredi devant les commissions des Affaires étrangères du Sénat et de la Chambre des représentants au sujet de la tragédie de Benghazi. Il s'agit de la dernière prestation majeure de l'ex-First Lady et ex-sénatrice qui quitte son poste de secrétaire d'Etat pour le laisser au sénateur John Kerry.

Le 11 septembre 2012, le consulat américain de cette ville libyenne a été la proie d'un raid de militants salafistes lourdement armés. Lors de l'assaut, quatre Américains ont été tués dont l'ambassadeur en Libye Christopher Stevens.
Hillary Clinton a d'emblée défendu l'action du Département d'Etat, rappelant que "lorsque l'Amérique est absente (du terrain), particulièrement dans des environnements instables, cet état de fait a des conséquences. L'extrémisme prend racine, nos intérêts en souffrent et notre sécurité intérieure est menacée."

La secrétaire d'Etat a relevé les aspects positifs des révoltes arabes du printemps 2011, mais aussi les dangers. Elle a déclaré qu'Al-Qaida avait subi de sérieux revers en Afghanistan et au Pakistan, mais que l'organisation et ses affiliés restaient actifs en tant que mouvement mondial. "Les forces américaines peuvent tuer ses leaders, mais jusqu'à ce que la démocratie s'installe dans la région, nous continuerons d''être confrontés à ce niveau d'instabilité."

Dans un vif échange avec le sénateur républicain du Wisconsin Ronald H. Johnson, Hillary Clinton a fustigé ses accusations selon lesquelles l'ambassadrice américaine auprès de l'ONU à New York, Susan Rice, aurait menti au peuple américain lors de plusieurs émissions télévisées du dimanche où elle avait laissé entendre que la tragédie était peut-être en lien avec une vidéo anti-Islam diffusée sur Internet par un Américain d'origine égyptienne (coopte).

Le sénateur John McCain, qui a fait de l'affaire de Benghazi une affaire quasi-personnelle (il était devenu ami de Christopher Stevens), a dit ne "pas être satisfait des réponses" d'Hillary Clinton. Selon lui, le Département d'Etat n'a pas réagi aux avertissements en provenance de Libye sur la sécurité des Américains sur place.
Or selon une loi que le Congrès a adoptée en 1990, le Département d'Etat est prié de sélectionner le sous-traitant local le meilleur marché, et non le meilleur pour assurer la sécurité des ambassades et consulats des Etats-Unis. Cet aspect n'a pourtant jamais été mis en évidence dans l'enquête à propos de Benghazi. Les gardes locaux du consulat de Benghazi ont d'ailleurs fait le minimum pour garantir la sécurité du consulat. De fait, le Département d'Etat évalue tous les six mois la sécurité de ses édifices à l'étranger en les classant dans plusieurs catégories allant de "zéro risque" à "critique". Dans le cadre de son budget 2013, le Département d'Etat a déclaré vouloir introduire une nouvelle catégorie "très critique" pour les ambassades les plus menacées. De plus, selon un audit de l'Inspecteur général, deux tiers des responsables de la sécurité des ambassades américaines ont évoqué des problèmes avec des gardes locaux et plus de la moitié d'entre eux ont estimé que la sécurité serait sensiblement améliorée s'ils pouvaient passer outre la clause imposant d'engager les gardes les meilleur marché.
Le sénateur républicain Rand Paul a été particulièrement véhément au sujet d'Hillary Clinton: selon lui, elle a "mal géré" l'affaire. "Si j'avais été président, je vous aurais relevé de vos fonctions. C'est inexcusable", a ajouté Rand Paul estimant que l'affaire de Benghazi est la pire tragédie depuis les attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis
Durant l'audition devant le Sénat, la secrétaire d'Etat n'a pas retenu son émotion quand elle a dû décrire ce que représentait pour elle la mort de quatre collaborateurs. Elle a décrit le retour des cercueils sur la base aérienne d'Andrew dans le Maryland. Peu avant de témoigner devant le Congrès, la secrétaire d'Etat a souligné que son département allait mettre en oeuvre le plus rapidement possible 29 recommandations émises par les auteurs d'une enquête sur la tragédie qu'elle avait commandée pour faire toute la lumière sur le drame.
Les républicains du Congrès attendaient ce moment depuis longtemps. Certains d'entre eux sont convaincus que l'administration Obama a mal géré l'affaire de Benghazi. Ils y voient une possibilité de ternir le bilan d'Hillary Clinton, qui pourrait être la candidate démocrate à la présidentielle de 2016. Or celle-ci est aujourd'hui plus populaire que jamais. Selon un observateur connaissant bien le Département d'Etat se confiant au Temps, la secrétaire d'Etat "est une vraie star" au sein de son département, n'hésitant pas à aller encourager et féliciter personnellement des collaborateurs, même aux échelons inférieurs, pour le travail accompli.

Les attaques du sénateur John McCain contre Hillary Clinton: