Trump et Carson décrivent une Chine qui n’existe pas

Lors du quatrième débat républicain à Milwaukee dans le Wisconsin diffusé par Fox News, les deux candidats en tête des sondages dans la course à l’investiture républicaine pour la Maison-Blanche Donald Trump et Ben Carson ont chacun parlé de la Chine. Pour le premier, Pékin est un acteur qui manipule sa devise et envers lequel l’administration Obama est beaucoup trop conciliante. Mardi soir, il a fustigé le président Barack Obama, relevant que le déficit de la balance commerciale avec la Chine se chiffre en dizaines voire centaines de milliards de dollars. Pour étayer sa thèse selon laquelle Washington est trop mou face à Pékin, il a cité le Partenariat transpacifique, un traité de libre-échange entre douze pays de la zone Asie-Pacifique dont les Etats-Unis. Pour lui, le TPP est la preuve de l’incompétence de la Maison-Blanche qui n’a pas su conclure un traité favorable aux Etats-Unis qui accorde beaucoup trop d’avantages à la Chine. Problème: la Chine ne fait pas partie du TPP…

Ben Carson, qui promet d’anéantir le caliphat que souhaite instaurer l’Etat islamique en Irak et en Syrie bien qu’il souhaite une empreinte militaire réduire des Etats-Unis dans la région, a parlé mardi l’implication de la Russie et de la Chine en Syrie. Problème: la Chine n’est pas impliquée militairement en Syrie. Les slogans des deux candidats dits anti-establishment seront-ils suffisants pour masquer à terme leurs lacunes criantes en politique étrangère notamment? Les médias, mercredi matin, au moment de l’analyse des faits, ne les ont en tout cas pas ratés.

Quant au sénateur Ted Cruz, il n’a pas commis de bévue au sujet de la Chine. Il a simplement précisé que pour réduire les dépenses de l’Etat fédéral, il allait supprimer cinq entités du gouvernement: l’IRS (fisc américain), le Département du commerce, le Département de l’énergie, le Département du …commerce et HUD (le Départment of Housing and Urban Development). Il a peut-être évité le “oups” de Rick Perry lors d’un débat présidentiel en 2012, quand il oublia l’une des trois agences qu’il voulait supprimer. Mais il n’en a pas été loin…

Les questions auxquelles Jeb Bush ne devrait jamais répondre

Depuis le début de sa campagne électorale, le plus “intelligent” des Bush, dixit la famille, multiplie les impairs. Son slogan “Jeb can fix it (Jeb peut le réparer) a mal passé. Le satiriste de HBO Bill Maher n’a pas manqué l’occasion d’exprimer son scepticisme, utilisant un jeu de mot avec le verbe fix (tantôt réparer, tantôt truquer): “Ok, si vous ne pensez pas que Jeb puisse réparer les choses, rappelez-vous l’élection en Floride en 2000. Il peut “truquer” les choses.”

Plus récemment, lors d’une interview accordée au Huffington Post, le journaliste lui a demandé s’il tuerait un bébé dénommé Hitler s’il pouvait remonter le temps. Question piège qui était inspirée d’un sondage réalisé par le New York Times Magazine:

 

Et qu’a fait Jeb Bush, candidat à l’investiture républicaine dans la course à la Maison-Blanche? Il n’a pas tenu compte du conseil donné à tout candidat: ne jamais répondre à une question embarassante. Il a répondu: “Oui, je l’aurais fait. Il faut agir, man!” C’est ce type de réponse qui fait dire à plusieurs observateurs que le fils de George Bush père et le frère de George W. Bush n’a pas le savoir-faire nécessaire pour gérer une campagne électorale devant le mener à la Maison-Blanche.

Jeb Bush, tiraillé entre Oedipe, Abel et Cain

S’il y a un candidat à la Maison-Blanche qui ne se réjouit pas de la parution de la biographie “Destiny and Power: The American Odyssey of George Herbert Walker Bush”, c’est bien Jeb Bush. Se confiant à l’auteur Jon Meacham, George Bush père déclare que Dick Cheney et Donald Rumsfeld ont saboté la présidence de George W. Bush qu’ils ont servi en tant que vice-président et chef du Pentagone. George W. Bush s’est défendu des propos paternels, mais Jeb Bush est dans un embarras qu’il n’est pas difficile d’imaginer.

L’ex-gouverneur de Floride a déjà toutes les peines du monde à se positionner clairement sur la guerre en Irak et la présidence de son frère “W.” depuis qu’il a lancé sa campagne  électorale. Désormais, il doit trouver un équilibre entre les déclarations au vitriol de son père et le bilan que revendique son frère sans donner l’impression de sacrifier l’un ou l’autre. Il devient soudain le fils devant porter à bout de bras la dynastie Bush. Certains y voient une nécessité oedipienne pour Jeb Bush de “tuer” le père ou une histoire de type “Cain tuant Abel”. Quel que soit le ressort psychologique, Jeb Bush est dans une situation très inconfortable d’autant qu’en dépit de dépenses de campagne substantielles, il a plongé à 4% des intentions de vote dans les sondages dans les pré-primaires républicaines. La famille Bush elle-même pourrait ne pas en sortir indemne. L’idée d’élire pour la première fois un troisième membre de la même famille à la Maison-Blanche semble rebuter une partie de l’électorat.

Jeb Bush en campagne dans le New Hampshire: EPA/CJ GUNTHER
Jeb Bush en campagne dans le New Hampshire: EPA/CJ GUNTHER

Dans la biographie, George Bush père révèle un autre fait qui dérange son fils Jeb. En 1988, en campagne électorale pour la Maison-Blanche, il avait choisi comme colistier Dan Quayle. Jeb Bush aurait tenté de l’en dissuader et de jeter son dévolu sur quelqu’un d’autre. Qui? Donald Trump… Dans une interview accordée à Kasie Hunt de NBC, Jeb Bush a déclaré ne pas se souvenir de cet épisode…

 

Lawrence Lessig abandonne sans avoir pu se battre

Le professeur d’Harvard Lawrence Lessig, qui avait lancé sa campagne électorale pour l’investiture démocrate le 6 septembre dernier après avoir récolté un million de dollars par financement participatif abandonne la course à la Maison-Blanche. Sans avoir pu se battre. Les instituts de sondage, m’avait-il déclaré voici quelques semaines lors d’une longue interview au Temps, n’ont jamais voulu l’intégrer dans leurs calculs. Ils ne sont pas les seuls à ne pas avoir joué le jeu. La direction du Parti démocrate a eu une attitude assez déplorable à son égard, refusant de le laisser accéder aux débats télévisés qui permettent à un candidat d’exister.

Or si la candidature de Lawrence Lessig est originale et axée sur un seul thème de campagne – le financement des campagnes qui corrompt les futurs élus et par là le fonctionnement du Congrès -, elle méritait d’être entendue. Car rien n’est plus dommageable au système politique américain aujourd’hui que son mode de financement. Selon Lawrence Lessig, quelque 400 familles financent le gros des campagnes électorales. Ce n’est plus, pour le professeur d’Harvard, une démocratie représentative qui fonctionne, c’est une ploutocratie.


Photo: Reuters

Obama se moque des républicains au sujet de Poutine

Lundi, lors d’une collecte de fonds à New York organisée après qu’il s’est rendu au spectacle de Broadway “Hamilton”, le président Barack Obama s’est moqué des candidats républicains à la Maison-Blanche, en particulier ceux qui pensent que l’actuel président est faible et incapable de résister au maître du Kremlin Vladimir Poutine. “Quand je parlerai à Poutine, il se redressera rien que du fait que je le regarde”, a-t-il déclaré, parodiant notamment les candidats Donald Trump et Ben Carson, actuellement en tête des sondages dans la course à l’investiture républicaine. Et Barack Obama d’ajouter:” Et puis il s’avère qu’ils (les candidats) n’arrivent pas à gérer une poignée de modérateurs (du débat) de CNBC.” La foule, séduite, applaudit à tout rompre. “Si vous n’arrivez pas à (leur) faire face, je ne pense pas que les Chinois et les Russes auront vraiment peur de vous”, a-t-il ajouté, s’adressant aux républicains. Certains candidats n’avaient pas hésité à préciser en plein débat, comme Carly Fiorina, qu’ils appelleraient directement Vladimir Poutine pour lui dire leurs quatre vérités et le persuader de changer de politique.

Halloween: la chaîne Walmart retire des masques controversés

Ce n’est pas la première fois que Walmart, la multinationale américaine, suscite la polémique. Mardi, le plus grand distributeur de la planète a dû retirer de ses étalages un nez factice du “cheikh Fagin” du nom d’un personnage juif d’ “Olivier Twist”, le roman de Charles Dickens. Il a réagi sans tarder aux griefs exprimés par la Commission américano-arabe contre la discrimination qui estime que le déguisement pourrait servir à de la propagande anti-arabe. Comme le raconte le New York Times, un hebdomadaire de Seattle, The Stranger avait publié une histoire l’an dernier au sujet du rappeur Macklemore qui était monté sur scène avec un nez du “cheikh Fagin”. Il fit l’objet de vives critiques car le déguisement fut interprété comme une caricature blessante d’un juif.

En 2013, Walmart avait déjà été contrainte de retirer de ses magasins un masque d’Oussama ben Laden. Cette année, un autre déguisement provoque la polémique: un costume d’enfant représentant un soldat de Tsahal, l’armée israélienne. Sur la publicité de Walmart, l’enfant porte un béret rouge, un costume vert olive. Là aussi, la vente de cet accoutrement a causé une vive polémique alors qu’Israéliens et Palestiniens sont à nouveau engagés dans un nouveau cycle de violence. La société qui produit le costume, Wholesale Halloween Costume of Edison, dans le New Jersey, est par ailleurs très explicite dans le texte accompagnant le produit:

“Défends fièrement ton héritage juif en portant le costume de soldat israélien. Les Forces de défense israéliennes ont pour mission de protéger le pays et les habitants d’Israël de menaces extérieurs (…) et d’éviter de déclarer la guerre dans la mesure du possible. L’une des valeurs cardinales des Forces de défense israéliennes, c’est la vie humaine. Elles voient en chaque personne un être de valeur en dépit de sa nationalité, de son origine ou de sa religion.”

 

Armes à feu: San Francisco durcit encore ses lois

Le 31 octobre prochain, San Francisco devrait perdre sa dernière armurerie, la High Bridge Arms. Celle-ci vend quelque 1000 armes à feu par an. Mais son propriétaire, Steven Alcairo, n’en peut plus de la volonté du “superviseur” de la ville californienne d’imposer l’installation d’une caméra de surveillance au magasin d’armes, relève The Guardian. Une violation inadmissible, selon lui, de la sphère privée. San Francisco apparaît comme un île en Amérique. Le second amendement de la Constitution qui reconnaît le droit de porter une arme est abondamment cité pour justifier la possession d’un pistolet ou d’un fusil chez soi pour se protéger de voyoux, mais aussi, estiment les plus extrêmes, d’un gouvernement qui pourrait devenir “tyrannique”. Les armes à feu abondent dans des Etats comme la Floride, l’Arizona ou le Nevada. Des lois de légitime défense très subjectives appelées “Stand your Ground (résiste)” promeuvent le contraire de ce que l’autorité publique devrait promouvoir: le recours à une arme à feu pour se défendre si on se sent menacé dans son intégrité corporelle ou de mort. De telles lois ont déjà donné lieu à des abus dont les conséquences sont dramatiques.

Des partisans d'un durcissement de la législation sur les armes à feu. Mark Wilson/Getty Images/AFP
Des partisans d’un durcissement de la législation sur les armes à feu. Mark Wilson/Getty Images/AFP

Aux Etats-Unis, les armes à feu demeurent un thème explosif, pour ainsi dire. Le pays est le théâtre presque chaque semaine d’une fusillade. Récemment, un lycée technique de Roseburg, en Oregon a vu un élève de l’établissement débarquer avec plusieurs pistolets et fusils d’assaut et faire feu sur plusieurs de ses camarades ainsi que l’enseignante. Neuf morts et une dizaine de blessés. Si les candidats démocrates à la Maison-Blanche plaident pour un durcissement du contrôle des armes – même si Bernie Sanders a une position moins radicale sur le sujet-, les candidats républicains sont la plupart opposés à de telles mesures. Donald Trump estime que si le personnel du lycée Umpqua de Roseburg avait été armé, il y aurait eu moins de mort. Ben Carson est lui aussi convaincu du bienfait de la possession d’armes à feu. Il a même lâché que si les Juifs avaient été armés à l’époque nazie, ils auraient pu mieux se défendre et peut-être éviter l’Holocauste…

A San Francisco, la régulation en la matière est stricte. Il faut un permis pour le port d’arme, attendre dix jours avant de pouvoir en toucher une qu’on vient d’acheter. Tout acheteur doit se soumettre à un processus de vérification d’identité (background checks). Les marchands d’armes doivent tenir un inventaire précis des ventes et des stocks de munitions. Le Law Center to Prevent Gun Violence, le Centre légal pour la prévention de la violence par les armes à feu, à San Francisco, place la Californie en tête des Etats américains appliquant des lois strictes en la matière avec une note A-. L’Arizona et le Nevada apparaissent comme des cancres avec une note F.

Le modèle de San Francisco peut-il être appliqué ailleurs dans le pays? Cela apparaît comme du wishful thinking. Après la tragédie de Newton, dans l’école primaire de Sandy Hook où 26 personnes furent abattues dont 20 enfants de six ans, beaucoup estimaient que ce horrible fusillade, en décembre 2012, allait être un tournant. Peu après, le président Barack Obama avait mené une robuste campagne pour inciter le Congrès à agir et avait proposé plusieurs mesures. Il buta sur un Congrès hostile à tout durcissement de la législation sur les armes à feu et toujours sous l’influence de la National Rifle Association, le puissant lobby des armes.

Ben Carson: si les Allemands avaient été armés, Hitler n’aurait pas pu décimer autant de juifs

Il est connu pour ses déclarations parfois outrancières. Ben Carson, le candidat à l’investiture républicaine qui caracole actuellement en deuxième position des sondages derrière le milliardaire Donald Trump, a renforcé sa réputation jeudi en déclarant que les crimes de masse commis par Hitler contre les juifs auraient été grandement diminués si les Allemands n’avaient pas été désarmés par les nazis. Le neurochirurgien à la retraite n’en est pas à sa première incartade. Peu après la fusillade de Roseburg, en Oregon, où un jeune a massacré neufs personnes, le candidat anti-establishment avait relevé que les victimes auraient dû s’en prendre au tueur afin de l’empêcher de sévir. Les propos ont suscité une vive controverse aux Etats-Unis.

Ses propos sur Hitler et les Allemands ne sont pas un nouveau dérapage. Ils figurent dans le livre que Ben Carson vient de publier et qui s’intitule “A More Perfect Union”. Ils s’inscrivent cependant dans un contexte de mobilisation pour tenter une énième fois de durcir le contrôle des armes dans un pays qui y est fortement réfractaire. Après la tuerie de Roseburg dans l’Oregon, une nouvelle mobilisation s’est fait jour au Congrès. Avant tout dans le camp des démocrates qui estiment que cela ne peut plus continuer ainsi.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Si la population des Etats-Unis ne représente que 5% de la population mondiale, l’Amérique est le théâtre de 31% des fusillades (mass shootings est un terme utilisé pour décrire les fusillades faisant au moins quatre morts). Les Etats-Unis sont le théâtre de plus de fusillades que n’importe quel autre pays. Mais par 100 000 habitants, la Suisse, la Norvège et la Finlande en ont davantage.

Didier Burkhalter livre un plaidoyer contre la peine de mort à l’ONU à New York

C’est une priorité de la politique étrangère suisse. Mardi 29 septembre, le conseiller fédéral Didier Burkhalter, à la tête du Département fédéral des affaires étrangères, est intervenu avec conviction en marge de la 70e Assemblée générale des Nations unies lors d’un événement organisé par le Haut-Commissariat aux droits de l’homme de l’ONU intitulé: “Moving away from the Death Penalty: The Voices of Victims’ Families”.

Le conseiller fédéral l’a soulingé: “Le but fixé par la Suisse est l’atteinte de l’abolition mondiale, ou au moins d’un moratoire universel, d’ici 2025. La Suisse reste fermement d’avis que la peine de mort n’a pas d’effet dissuasif sur les crimes, est discriminatoire et contient le risque inévitable d’exécuter des innocents. Trop souvent, la peine capitale ne fait que masquer notre impuissance face aux drames que nous aurions voulu pouvoir prévenir. Maintenir un dialogue ouvert entre rétentionnistes et abolitionnistes et rappeler à chaque occasion les échecs de la peine capitale est l’unique manière d’arriver un jour à l’abolition universelle.”

Dans le cadre de son intervention, il a attiré l’attention sur un événement que la Confédération appuie: “Windows on Death Row”. Mis en place par la journaliste Anne-Frédérique Widmann et le dessinateur de presse (du Temps et du New York Times International) Patrick Chappatte, il offre une vision unique de la vie de quelques-uns des 3000 condamnés à mort qui croupissent dans les prisons américaines. 70 oeuvres d’art réalisées par des condamnés à mort seront exposé à partir du 22 octobre à Los Angeles.

Simonetta Sommaruga aux côtés de Barack et Michelle Obama

Didier Burkhalter, le ministre suisse des Affaires étrangères a eu cet honneur l’an dernier. Cette année, c’est au tour de Simonetta Sommaruga, en qualité de présidente de la Confédération, de se prêter à l’exercice de la photo avec le couple présidentielle Barack et Michelle Obama à l’occasion de la réception que le locataire de la Maison-Blanche organise en marge de chaque Assemblée générale de l’ONU.

Simonetta Sommaruga entourée de Michelle et Barack Obama (Official White House Photo by Lawrence Jackson)
Simonetta Sommaruga entourée de Michelle et Barack Obama (Official White House Photo by Lawrence Jackson)

La conseillère fédérale a cette fois pu véritablement plonger dans le multilatéralisme en passant cinq jours à New York. A la tribune de l’ONU, elle a souligné l’importance des Objectifs de développement durable et insisté sur la bonne gouvernance, un garant de développement. Elle a parlé de la démocratie suisse pour mettre en évidence ses qualités, mais elle l’a rappelé: ce qui importe davantage, c’est la culture politique. Or celle-ci, poursuit-elle, n’est pas un acquis. Il faut la travailler constamment.