Né au Canada, Ted Cruz est-il éligible? Donald Trump se pose la question

Le favori actuel de la course à l’investiture républicaine Donald Trump avait déjà questionné l’américanité de Barack Obama lors de la campagne présidentielle de 2012, laissant entendre que le démocrate n’était pas né à Honolulu, dans le cinquantième Etat américain, mais au Kenya. Il fut le fer de lance des “birthers”, de ces Américains qui voient un complot derrière tout, surtout au sujet du lieu de naissance de Barack Obama. Pour être juste, ce n’est d’ailleurs pas Donald Trump qui avait mis en doute pour la première fois l’américanité de Barack Obama, mais l’équipe de la campagne électorale de …Hillary Clinton opposée à l’époque au sénateur de l’Illinois dans des primaires sanglantes.

Aujourd’hui, Donald Trump a d’autres intérêts. Menacé par le sénateur texan Ted Cruz en Iowa, il a dans le collimateur cet ultra-conservateur soutenu par le Tea Party. Ted Cruz est en effet né au Canada d’un père cubain et d’une mère américaine. Selon nombre d’experts en droit, il répond aux critères de “natural-born citizen”. Il a acquis dès la naissance la nationalité américaine et a renoncé, depuis qu’il est à Washington, à la nationalité canadienne. Le républicain John McCain avait suscité le même débat en 2008. Le sénateur d’Arizona était né à Panama de parents américains.

En septembre dernier, Donald Trump ne voyait pas de problème avec le lieu de naissance de Ted Cruz qu’il considère parfois comme un ami. Aujourd’hui, le ton a changé. Dans une interview accordée au Washington Post, il estime que le lieu de naissance du Texan pourrait être un problème si les démocrates décidaient tout à coup de porter plainte devant la justice. Le cas échéant, une enquête de la justice pourrait, dit-il, porter préjudice au Parti républicain.

Chris Christie serait le président de la “Troisième Guerre mondiale” qui ferait abattre un avion russe s’il le fallait

C’est sans doute l’un des moments qui a le plus passé en boucles sur les télévisions américaines. Gouverneur du New Jersey et candidat à l’investiture républicaine, Chris Christie a jugé nécessaire de montrer ses muscles pour tenter de remonter dans les sondages et se remettre en selle dans la course à la Maison-Blanche. Répondant à une question de l’animateur du débat républicain de Las Vegas mardi soir animé par le journaliste Wolf Blitzer de CNN au sujet de l’instauration éventuelle d’une zone d’exclusion aérienne en Syrie, Chris Christie n’a pas hésité. Si un avion russe violait la zone en question, il n’hésiterait pas: il ferait abattre l’avion en question, montrant qu’il n’aurait rien à voir avec l’actuel occupant du Bureau ovale sans courage et incapable de résister à la Russie de Vladimir Poutine.

Ses propos ont provoqué des réactions tous azimuts. A commencer par celles du candidat Rand Paul qui, lors du débat, a fait remarquer au public que s’il voulait un prétendant à la Maison-Blanche désireux de déclencher la Troisième Guerre mondiale, Chris Christie était son candidat.  “Nous avons besoin d’un commandant en chef de l’armée, nous avons besoin de quelqu’un avec une capacité de discernement.” Animateur de Hardball sur MSNBC, Chris Matthew a articulé son commentaire du jour sur Chris Christie et l’irresponsabilité d’un candidat qui fait fit de la raison, de l’histoire et de la sécurité des Américains. Tout au long de la Guerre froide, les chefs de la Maison-Blanche ont toujours agi pour éviter à tout prix une confrontation directe avec la Russie, plus grande puissance nucléaire mondiale avec les Etats-Unis. On se rappelle John F. Kennedy en 1962 avec la crise des missiles de Cuba. Ronald Reagan lui-même n’a jamais poussé la rhétorique au-delà du point de non-retour. Plus récemment, Barack Obama a tout fait pour imposer des sanctions à Moscou pour l’annexion de la Crimée et pour son rôle de perturbateur dans l’est de l’Ukraine, mais c’était une manière de mieux éviter la confrontation directe. Washington est restée aussi très en retrait quand la Turquie a abattu un avion russe qui, selon Ankara, aurait violé l’espace aérien turc. Il n’a pas cherché non plus à condamner les mesures que Moscou comptait prendre pour punir la Turquie. Le potentiel de dérapage entre un membre de l’OTAN et la Russie était trop grand.

Chris Christie, lui, ne voit pas le problème. Un jour après le débat, il enfonce le clou.

Rencontre intimiste avec le réalisateur Michael Moore

“Tout citoyen américain devrait voir ce film.” Dans une salle de cinéma de l’Upper West Side de Manhattan, mon voisin est catégorique. Le dernier film de Michael Moore, “Where to Invade Next (A quand une nouvelle invasion)” qui devrait sortir le 12 février prochain dans les salles obscures des Etats-Unis (il y aura des projections à New York et Los Angeles dès le 23 décembre dans l’optique des Oscars. Le film a été “short-listé”), est décapant.

Le réalisateur de “Bowling for Columbine”, de “Fahrenheit 9/11”, de “Sicko” et de “Roger and Me” tend un miroir à l’Amérique en “envahissant” plusieurs pays européens et un Etat nord-africain. La technique est bien rôdée. En Italie, il joue les Américains interloqués quand il entend que les Italiens ont droit à cinq semaines de vacances payées par an, à un treizième salaire et à un congé maternité. En France, il est admiratif de la culture de la cuisine saine dans une cantine scolaire du nord de la France. En Slovénie, il admire le système de formation où l’inscription à l’université ne coûte pas 50 000 dollars par an comme aux Etats-Unis. Elle ne coûte rien. Il tresse des louanges à l’Allemagne pour le formidable travail qu’elle a accompli sur son passé (Vergangenheitsbewältigung) et souhaiterait que l’Amérique en fasse de même avec l’esclavage et la ségrégation raciale. Il tombe des nues en apprenant que les élèves finlandais n’ont pas de devoir à la maison. Il s’émerveille quand il découvre le système carcéral norvégien axé sur la réhabilitation et que des meurtriers peuvent évoluer dans un environnement carcéral très ouvert. Il est fasciné par la sagesse du président islamiste d’Ennahda en Tunisie, Rached Ghannouchi, qui renonce au pouvoir par “choix éthique” et par l’existence de cliniques où les Tunisiennes peuvent avorter.

Le film de Michael Moore est généreux. Le réalisateur américain l’a souligné lors de la projection privée: “I only pick the flowers, not the weeds”. Il ne s’intéresse qu’à ce qui marche dans les pays visités et non aux problèmes dont il a conscience. Il rappelle aussi que les idées qui marchent en Europe furent aussi un temps des idées américaines… Avec ses voisins de l’Upper West Side, Michael Moore est aussi généreux. Facilité d’accès et de contact, il a voulu faire plaisir à ses voisins, nombreux, habitant dans son immeuble. Pour partager son aventure cinématographique, il a organisé un buffet au cours duquel il a parlé spontanément, sans filet, de sa vision des Etats-Unis, de l’Europe et du monde et de ses espoirs. J’ai eu le privilège d’assister à cette soirée simple, conviviale. En voici quelques extraits vidéos.

Michael Moore a laissé tomber trois pays dans son film: l’Estonie, où une mère a trois fois moins de chance de mourir en accouchant qu’aux Etats-Unis, l’Autriche où l’âge de vote a été abaissé à 16 ans, et le Canada où le système de vote est toujours rudimentaire, mais fiable.

Michael Moore a été très impressionné par l’Allemagne et le travail qu’elle a accompli sur son passé. Si les Etats-Unis en faisaient de même, le pays serait dans une meilleure situation qu’aujourd’hui, dit-il:

Michael Moore refuse la notion du “bon vieux temps”. Il se souvient du jour où Martin Luther King a été assassiné, le 4 avril 1968. C’était un Jeudi saint. Un habitant de Flint, où il habitait, venait d’entendre la nouvelle à la radio dans sa voiture. Il cria que le leader des droits civiques était mort et la foule à la sortie d’une église catholique exprima une certaine joie.Le réalisateur de “What to Invade Next” n’avait que treize ans. Il fut traumatisé:

Michael Moore est toujours très incisif dans ses films. Aux Etats-Unis, il a déjà fait l’objet de multiples menaces:

Le réalisateur de “Bowling for Columbine” aborde la question des armes à feu aux Etats-Unis:

Quant aux policiers et les dérapages dont ils se sont fait les auteurs dans le cadre de la mort d’Eric Garner à New York, Tamir Rice à Cleveland ou encore Laquan McDonald à Chicago, Michael Moore nuance. 5% d’entre eux sont sans doute “horribles”:

Pour Michael Moore, les Européens ne sont pas différents des Américains. Ils ont aussi 23 chromosomes. “Les Français ne sont pas meilleurs que nous. Les Norvégiens ne sont pas meilleurs.” Mais ils pensent plus en termes de “nous” et non de “je”. Ils se soucient de ceux qui passent entre les mailles du filet social. La couverture médicale en Europe est universelle. Le réalisateur américain fait même l’éloge du président d’Ennahda, le parti islamiste tunisien, Rached Ghannouchi:

Michael Moore déplore le fait de constater que la Motion Picture Association of America a fixé la limite d’âge à 17 ans pour pouvoir voir son film “Where to Invade Next”. Or à ses yeux, tout adolescent devrait pouvoir le voir. Il explique aussi pourquoi Donald Trump ne réussira pas à conquérir la Maison-Blanche:

Ici, Michael Moore explique comment il travaille. En réalité, ses producteurs ne l’informent que de façon minimale des lieux où le tournage va se dérouler. Objectif: Michael Moore veut être filmé quand il exprime le même type de réaction que le public qui visionne son film pour la première fois:

Le réalisateur estime que l’égalité des droits pour les femmes n’est pas garantie et qu’il convient de la codifier dans la Constitution:

Banksy, Steve Jobs, fils d’immigré syrien et les républicains américains

A Calais, l’artiste britannique Banksy interpelle l’Amérique, celle de Donald Trump, de Ted Cruz, de Ben Carson, de Marco Rubio ou encore de Jeb Bush. Celle qui ne veut pas voir de réfugiés syriens et/ou musulmans aux Etats-Unis.

Banksy a réalisé un dessin au pochoir sur le mur d’un camp de Calais abritant 4500 réfugiés. L’oeuvre représente Steve Jobs, le défunt patron et fondateur d’Apple, portant un baluchon et un ordinateur McKintosh. Motif? Sa vie a été directement liée à la question des réfugiés. Son père Abdulfattah Jandali, marié à une Américaine d’origine suisse, avait émigré de la ville syrienne de Homs. Même si le jeune Steve Jobs sera placé dans une famille adoptive, il avait du sang syrien qui coulait dans ses veines.

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Le fils d’immigrant syrien a plutôt bien réussi aux Etats-Unis et même les républicains ne se privent jamais de souligner avec emphase le formidable succès d’Apple, une success story américaine. Banksy a voulu montrer que l’immigration est loin de n’être qu’un poids sur les ressources d’un pays. Elle peut être une formidable richesse. Banksy, dont on ne connaît toujours pas l’identité, a déclaré qu’Apple “est la société la plus profitable du monde. Elle paie plus de 7 milliards de dollars d’impôts par an, un fait rendu possible parce (les Etats-Unis) ont laissé entrer un jeune homme de Homs.”

Michelle Obama, la plus «cool» et la plus rappeuse des First Ladies.

On savait Michelle Obama déterminée à véhiculer des messages forts en termes de lutte contre l’obésité, de nutrition saine. Là, la First Lady inaugure un nouveau style en entonnant un rap avec Jay Pharoah, un comédien de Saturday Night Live, le show de NBC, focalisé sur la nécessité pour tout jeune d’aller à l’université. “Si tu veux piloter des avions, tu dois aller à l’université. Vise haut et encaisse ton salaire, remplis ta tête de connaissance.” Comme le souligne The Guardian, cet effort médiatique de Michelle Obama s’inscrit dans le cadre de sa campagne “Reach Higher” qui veut inciter les jeunes à suivre une haute école technique, la voie professionnelle (apprentissage) ou l’université.

La vidéo se présente comme un mode d’emploi destinés aux jeunes pour chercher des conseils et le cas échéant une aide financière. La First Lady, qui a grandi dans le quartier défavorisé du South Side de Chicago, raconte sa propre expérience, celle d’une fille qui avait une heure de trajet à effectuer le matin pour se rendre dans une école de degré supérieure grâce à la politique du “busing” (littéralement transporter des élèves d’une minorité, en l’occurrence afro-américains, pour leur permettre de s’intégrer dans une école mixte avec des Blancs) et qui, en travaillant dur, a pu étudier à Princeton et à Harvard.

 

La perception qu’a le juge de la Cour suprême Scalia de la race

Antonin Scalia, le juge catholique de la Cour suprême des Etats-Unis, sort de plus en plus de sa réserve depuis quelque temps. Alors que la haute cour auditionnait plusieurs personnes sur la question de la discrimination positive en lien avec le cas Fisher vs Texas, le juge a fait un commentaire qui laisse entendre que les Noirs seraient d’une race inférieure.

“Il y a ceux qui acceptent que les Afro-Américains ne profitent pas d’être intégrés dans l’Université du Texas où ils ne réussissent pas bien et qu’ils s’en sortiraient mieux dans une école moins avancée, moins poussée”, a déclaré Antonin Scalia avant d’ajouter: “Un document relève que la plupart des scientifiques noirs dans ce pays ne proviennent pas d’écoles comme l’Université du Texas.”

Les propos du juge, qui n’en est pas à sa première controverse, ne vont pas manquer d’enflammer un peu plus le débat racial aux Etats-Unis à un moment où le maire de Chicago, Rahm Emanuel, subit la pression de la rue et des Afro-Américains qui exigent sa démission pour avoir mal géré voire camoufler la bavure d’un policier qui a tiré plus de seize balles contre un Afro-Américain qui ne représentait pas, selon une vidéo explicite qui a fait le tour des réseaux sociaux, une menace.

Fusillade en Californie: la communauté musulmane dénonce rapidement un acte de terreur pour éviter les amalgames

Il était employé du Département de la santé du comté de San Bernardino, à quelque cent kilomètres au sud de Los Angeles. Il était spécialisé dans les questions sanitaires liées à l’environnement. Syed Farook, un citoyen américain, est l’un des suspects de la pire fusillade perpétrée aux Etats-Unis depuis celle de Sandy Hook, à Newtown, Connecticut, en décembre 2012. Mercredi soir, le bilan était très lourd: 14 personnes tuées, 17 blessés dont 10 très grièvement. Selon les enquêteurs et le FBI, le suspect n’était pas seul. Une femme, qui conduisait le véhicule 4×4 dans lequel s’était aussi installé Syed Faro, a été tuée  lors d’échanges de coups de feu avec la police. Le passager est également mort dans la confrontation.

Les autorités californiennes n’excluaient pas la piste terroriste, mais sont restées très prudentes quant à la qualification de la tragédie. Les auteurs de la fusillade se sont rendus au Inland Regional Center, un centre pour handicapés qui était utilisé mercredi par le personnel du Département de la santé du comté pour une fête de fin d’année. Le suspect présumé, Syed Farook, serait entré dans la salle, se serait disputé avec d’autres employés. Il serait ensuite ressorti et revenu pour commettre un massacre. Selon des témoins, il portait un passe-montagne de ski, mais plusieurs personnes ont reconnu sa voix. Hier soir, des sources proches de l’enquête laissaient entendre que son frère serait également dans le collimateur des autorités. Dans le véhicule 4×4, les deux suspects étaient vêtus de tenues de camouflage et portaient des fusils d’assaut.

Preuve des tensions qui pourraient monter encore d’un cran envers les musulmans malmenés par certains candidats républicains à la Maison-Blanche, le Council on American Islamic Relations (Le Conseil des relations américano-islamiques) a tenu d’emblée une conférence de presse pour dénoncer l’acte commis mercredi sur le coup de onze heures dans le sud de la Californie. Durant la conférence, le beau-frère du suspect, Fahran Khan, choqué, a exprimés sa tristesse face à une tragédie apparemment causée par le frère de son épouse: “Les mots me manquent pour dire à quel point je suis triste.” Fahran Khan a parlé à Syed Farook il y a environ une semaine. Il a déclaré ne pas savoir pourquoi son beau-frère aurait accomplis un tel acte.

Pour la communauté de San Bernardino, un comté connaissant des conditions socio-économiques difficiles, c’est un traumatisme. Si personne ne semblait connaître les raisons de la fusillade et que les autorités n’excluaient pas un acte terroriste, la tragédie a remis sur le devant de la scène la question ultra-sensible des armes à feu. Selon les enquêteurs, les armes utilisées auraient été achetées légalement. Mais on ne connaît pas à ce stade les conditions dans lesquelles elles ont été acquises et où elles ont été achetées. La Californie connaît pourtant l’un des régimes les plus strictes du pays en termes de régulation des armes à feu. Invité sur CBS pour une interview prévue de longue date, le président Barack Obama a exprimé une nouvelle fois sa consternation face à une énième tragédie causée par des armes à feu. “Ce que nous savons maintenant, c’est que nous sommes confrontés à une série de fusillades dans ce pays qui ne connaît aucun parallèle dans le monde.” Il a appelé une nouvelle fois à un durcissement du contrôle des armes à feu, à l’introduction de contrôle strict de l’identité des acheteurs. Il s’étonne que les républicains craignent la venue en avion de réfugiés syriens et qu’ils ne disent rien quand n’importe qui peut acquérir une arme à feu sans grande formalité.

Mercredi soir, des forces spéciales cernaient encore la maison où semblait habiter le principal suspect Syed Farook, craignant également la présence d’explosifs. Un robot spécial a été utilisé pour tenter d’y voir plus clair.

 

Vidéo choquante d’un policier blanc abattant comme un animal un adolescent noir

Mardi soir, ils ont été plusieurs centaines à défiler dans les rues de Chicago pour protester contre ce qui apparaît comme une exécution. Le 20 octobre 2014, un policier blanc a abattu de 16 balles un jeune Afro-Américain de 17 ans. Sans raison. Ce dernier aurait pu être maîtrisé par d’autres moyens, mais un policier a vidé littéralement son chargeur sur l’adolescent et comptait même recharger son arme.

Les autorités de Chicago sont fortement mises en cause, ayant tout fait pour éviter de devoir diffuser la vidéo. Mais après des plaintes de médias, la justice a ordonné la publication de la vidéo. Laquan McDonald apparaît sur le document, marchant au milieu de la rue. Il sera abattu comme un animal.

Difficile de dire ce que va être la réaction ces prochains jours de la communauté noire. Mais une explosion de colère et de violence du type Ferguson n’est pas exclue tant la marmite raciale bout aux Etats-Unis.

Donald Trump plaide pour recourir à nouveau aux simulations de noyade

On pensait de la technique de la simulation de noyade qu’elle avait été définitivement jetée aux oubliettes de l’Histoire par Barack Obama en 2009 quand il l’avait interdite. Elle avait provoqué un scandale quand il s’avéra que la CIA l’utilisa abondamment sur ses sites secrets où elle détenait des terroristes présumés principalement d’Afghanistan, du Pakistan et du Yémen. Le cerveau autoproclamé du 11 septembre 2001, Khaled Cheikh Mohammed, a subi à 183 reprises le “waterboarding”.

C’était sans compter sur le maître de l’outrage, Donald Trump, candidat à l’investiture républicaine pour l’élection présidentielle américaine de novembre 2016. Dimanche, sur la chaîne ABC, il a plaidé pour le retour de cette technique d’interrogatoire considérée par l’administration Obama et les organisations de défense des droits de l’homme comme de la torture. “Je pense que la simulation de noyade, c’est de la gnognotte par rapport à ce qu’ils nous font subir”, a déclaré Donald Trump, faisant référence aux atrocités commises par les djihadistes de l’Etat islamique.

Le milliardaire new-yorkais en a fait une marque de fabrique de sa campagne électorale: il faut dire tout haut ce que beaucoup ne pensent même pas tout bas. En déclarant quelques jours plus tôt qu’il fallait établir un fichier pour recenser les musulmans vivant aux Etats-Unis, il a suscité une réaction de colère même auprès de la communauté juive pour laquelle ce type de méthode rappelle des heures sombres de l’entre-deux-Guerres. Face au tollé, il a rectifié en partie le tir, soulignant que le registre dont il parlait ne s’appliquerait qu’aux réfugiés syriens. Dans la même interview accordée dimanche à George Stephanopoulos sur ABC, Donald Trump affirme même que les musulmans du New Jersey auraient “applaudi aux attentats du 11 septembre 2001”. On ne compte plus chez lui les dérapages qui n’ont pour l’heure aucun effet sur sa cote de popularité ou qui plutôt la renforce. Donald Trump (32%) est largement en tête d’un sondage réalisé par ABC/Washington Post. Ben Carson arrive en seconde position avec 22% et Marco Rubio troisième avec 11%.

Les propos de Donald Trump sur le “waterboarding” choque, mais ils ne font que rappeler ce que l’ex-vice-président Dick Cheney ne cesse de penser: des techniques de ce type sont nécessaires et ont permis d’obtenir des informations cruciales dans la lutte contre le terrorisme, notamment de trouver Oussama ben Laden.C’est aussi la version qui semble s’imposer dans le film de Kathryn Bigelow “Zero Dark Thirty”. Face au vif débat que ce dernier a provoqué, la réalisatrice oscarisée s’était empressée de précider que le film était de la fiction et non plus ce qu’elle avait décrit en préface du film: qu’il s’agissait d’un film “basé sur des informations de première main sur des événements réels”. Un travail en somme de journalisme d’investigation.

Cette thèse a été cependant largement réfutée par le rapport sur la torture établi par une commission du Sénat et par celle qui en fut encore la présidente l’an dernier, la sénatrice démocrate Dianne Feinstein.

Meeting de Trump: l’invitée surprise fait un tabac sur les réseaux sociaux

Elle s’appelle Johari Osayi Idusuyi. Elle étudie au Lincoln Land Community College, à Springfield, la capitale de l’Illinois. Ayant obtenu des billets pour assister au meeting électoral de Donald Trump lundi soir, elle a demandé si elle pouvait s’asseoir derrière la tribune où allait intervenir le milliardaire new-yorkais. Des volontaires lui répondirent que ce n’était pas possible, car les places étaient réservées à des VIP. C’était sans compter sur l’intervention d’un autre collaborateur de l’équipe de Trump qui invita Johari Osayi Idusuyi et ses amis à s’asseoir aux places souhaitées. Pour la jeune étudiante, la raison de ce revirement était évidente: il y avait peu de personnes au meeting représentant les minorités afro-américaine ou hispanique.

Là où l’histoire devient croustillante, c’est quand la jeune étudiante sort un livre de Claudia Rankine intitulé “Citizen”, un recueil de poèmes sur la race aux Etats-Unis. Elle le lit alors que Donald Trump parle toujours. Des spectateurs assis à côté d’elle s’en offusquent et lui demandent de partir si elle n’a rien d’autre à faire. Une dame déclare même être contente que la jeune étudiante ne soit pas sa fille.

L’image prise par de nombreuses caméras fera toutefois le tour des réseaux sociaux et des télévisions, suscitera des commentaires de l’animateur Jimmy Kimmel. Johari Osayi Idusuyi n’était pourtant pas venu au meeting pour saboter la campagne du New-Yorkais. Elle avait très peu d’attentes par rapport au candidat, mais voulait voir par elle-même et non à travers les médias qui était vraiment Donald Trump. Quand des protestataires ont perturbé la soirée et éjectés avec force de la salle avec le commentaire de Trump “Get out of here”, elle est passée d’une attitude neutre à une attitude plus hostile. L’un des protestataires portait un chapeau à l’effigie d’Obama. Il fut pris à partie et son chapeau a été lancé dans la foule sous les hourrahs et applaudissements. “J’étais dégoûté”, a déclaré après coup l’étudiante afro-américaine. Désormais, elle sait de quel bois Donald Trump et son public se chauffent. L’expérience est suffisante à ses yeux…