A première vue, vous conviendrez que les analogies sont difficiles à mettre en évidence entre la banque et la muséologie. A l'exception, peut-être, des banquiers philanthropes qui décorent leurs salons feutrés d'oeuvres d'art dénichées par des experts reconnus. Les clients disposant d'une fortune suffisante sont accueillis dans de tels espaces au design soigné, ornés de peintures ou photographies signées de maîtres historiques ou contemporains. Pour Germaine et Marcel, c'est dans des halls lumineux et imposants que s'organise l'accueil. Après avoir retiré un petit billet portant le numéro-sésame, comme à la boucherie du supermarché, ils ont tout le temps de contempler les affiches commerciales élaborées par d'autres maîtres de l'art visuel: les publicitaires.
Et dans ce domaine, chacun semble rivaliser de banalité pour attirer le chaland. Et ses économies. Faites le test: prenez 10 affiches publicitaires d'établissements bancaires, enlevez les logos et essayez de retrouver la banque qui se trouve derrière
1. l'image du sportif adulé,
2. de la famille heureuse devant sa maison fraîchement construite ou de
3. la poignée de mains ferme et honnête liant le conseiller à son client.
Je parie que vous aurez bien des difficultés à faire le tri. Ah! J'oubliais le petit cochon symbolisant l'enfance (gage de sympathie!) et les économies (j'en parlais plus haut). Et dans le genre, le cochon rouge-orange du Crédit Agricole vantant le taux de 1% gracieusement versé en contre-partie de votre épargne mérite une mention spéciale. Quelle originalité, quelle audace, quelle efficacité sémantique! Et quelle pertinence dans le choix des couleurs, les méchants concurrents arborant un gris parfaitement de saison. Pour rappel, dans un autre domaine, d'aucuns avaient tenté le coup du mouton noir, offusquant immédiatement une large frange de la population helvétique.
A l'opposé, on peut être positivement étonné par le clin d'oeil délicieusement déjanté commis par le Musée cantonal d'archéologie et d'histoire, à Lausanne. On n'attendait pas forcément cette vénérable institution aussi joviale dans son expression publicitaire.
Oser pour suprendre. Etonner pour se démarquer. Se différencier pour espérer séduire. Mais il est vrai qu'un taux de 1%, même présenté de manière déjantée et résolument originale, restera toujours un taux de 1%.
PS: oui, je sais, il y a des banques qui communiquent très bien et de manière très originale, bravo à elles! Ce billet visait forcément toutes les autres.