Voilà, nous y sommes, plus que quelques jours avant la date fatidique du 21.12.2012. Depuis des décennies, toutes sortes de savantes exégèses et d'interprétations farfelues ont été publiées, donnant lieu à des succès littéraires ou cinématographiques planétaires et alimentant les discussions des cafétérias universitaires et ouvrières. « On arrivera tous en même temps à Noël », disait l’autre, sauf que cette fois on n’en est pas vraiment sûr. Alors vivons à fond ces quelques derniers jours, faisons ripaille frénétiquement, buvons en chœur à perdre la raison et aimons-nous les uns les autres encore plus fort !
Ceci dit, les supposées prédictions des ancêtres amérindiens ne sont rien en comparaison du risque bien réel que nous fait courir une autre Maya, en l’occurrence notre amie l’abeille. La situation est grave et, pour une fois, je n’ai aucunement envie d’ironiser sur ce sujet. Les feux sont au rouge dans le secteur apicole, car les menaces sont réelles et difficiles à contrer. On parle notamment de l’effrayant varroa et des pesticides dévastateurs. Même la Confédération prend le cas très au sérieux.
Comme la plupart des humains sur terre (où d'autre?), j’aime le miel. Dans mon cas, c’en est devenu une quasi-manie, puisque je ne peux quitter un pays sans un bocal du précieux nectar concocté par les travailleuses indigènes. La perspective qu’un jour, à cause d’un horripilant parasite et de la chimie à croix rouge ou d'ailleurs, je ne pourrai plus m’offrir ma dose de miel quotidienne, me paraît proprement insupportable.
Mais surtout – la science l’a clairement démontré -, les abeilles jouent un rôle-clé au coeur de l’équilibre naturel. Sans elles, le maintien de la biodiversité telle que nous la connaissons aujourd’hui n’est pas garanti. Ce constat sans appel mérite une prise de conscience et des actions rapides.
Tous les moyens sont bons pour sauver Maya. Enfin, presque tous. Si la science a prouvé le rôle des abeilles et l’urgence de leur protection, rien ne justifie l’absence de rigueur et d’honnêteté dans leur défense. Ainsi, certains continuent de colporter une sorte d’hoax citant Albert Einstein de manière erronée : «Si l’abeille disparaissait de la surface du globe, l’homme n’aurait plus que quatre années à vivre». Einstein n’aurait jamais prononcé cette phrase, comme l’ont révélé plusieurs recherches. Une demi-vérité répétée cent fois ne deviendra jamais une vérité. A méditer longuement avant de citer ses sources sans les vérifier.