Il nous a fait une belle Chiracquerie, Pierre Chiffelle. Tel le grand Jacques pris en flagrant délit de drague éhontée par une Bernadette légitimement outrée (pour rappel : vidéo), le voilà découvert dans une affaire valaisanne aux relents de possible faute professionnelle. Alors que certains politiciens sont poursuivis pour «comportement inopportun», Pierre Chiffelle se contente de pécher par procédure inadéquate.
Cet épisode a d’ores et déjà inspiré de multiples piques médiatiques et il ne manquera pas de générer des suites juridiques dont nous voyons poindre les prémices. Mais il soulève également la question de l’image des personnes publiques et de son impact sur la logique de communication et de médiatisation. Prenez Franz Weber : aussi sympathique que virulent, il peut se permettre presque toutes les dérives verbales, notamment aux yeux des médias. En effet, son enthousiasme faussement naïf couvre d'un voile virginal les arguments tour à tour fondés ou fallacieux qui parsèment ses campagnes héroïques. Mais que Pierre Chiffelle se défende en évoquant une « erreur marginale » noyée dans une masse d'actions parfaitement en règle, ça passe plus difficilement dans le landerneau romand.
L’une des raisons de ce traitement médiatique asymétrique est précisément l’image de Pierre Chiffelle, construite depuis des années autour d’une attitude que certains qualifient de suffisante. C’est sans doute son tempérament – excessif parfois, à l’aune de la légendaire réserve vaudoise – qui a permis à l’avocat veveysan de défendre avec succès plusieurs causes auxquelles il croyait profondément. Mais ces combats ont laissé des traces dans la mémoire collective et il en devient difficile, dès lors, de faire appel à l’indulgence populaire lorsque l'on commet une erreur crasse dans un dossier sensible.
On pardonne facilement à Jacques Chirac (aujourd'hui) ou à Franz Weber, car ils ont ce petit grain de folie qui leur procure une sorte d'immunité réputationnelle. C’est plus difficile pour Pierre Chiffelle. Il a certes admis son erreur, ce qui est bien, mais on lui pardonne moins de tenter de la minimiser. Faute mineure ou non, il aurait été certainement plus habile – en termes de communication – de ne pas jouer la carte de la relativisation à stade. Cette tactique a donné un os à ronger aux adversaires de Pierre Chiffelle et ils ne le lâcheront pas de sitôt.
Mais cela m’a donné une idée : je vais contester l’amende salée reçue pour un dépassement de vitesse de quelques misérables km/h, en invoquant le fait que ma conduite est globalement irréprochable. Tout est relatif, n’est-ce pas ?