Le temps de la guerre est-il arrivé ?

Le temps de la guerre est-il arrivé ? C’est du moins ce que de nombreuses personnes craignent ou espèrent, suivant l’avis de certains medias. L’Occident répondra-t-il aux provocations répétées des criminels islamistes, en vengeant les victimes sacrifiées sur l’autel d’un odieux marketing terroriste ? Nul ne le sait encore, mais il est clair que ces nouveaux barbares continueront cet immonde commerce jusqu’au point de rupture qu’ils recherchent. À moins que…, les rouages qui demeurent dans l’ombre de cette machine à tuer se grippent.

Pour le moment, la bête avance, étendant son pouvoir, inspirant des fous dépourvus de raison d’être, des paumés trouvant plus faciles de tuer en se mettant au service d’une croisade qu’ils estiment légitime, des maudits qui auraient pu tout autant revêtir l’uniforme des Waffen SS il y a 70 ans.

La comparaison est aisée. Il en est une autre qui pourrait être faite : l’inaction de la SDN dans les années 30 face à la montée du régime hitlérien, dont les intentions étaient pourtant évidentes, et l’incapacité des nations contemporaines d’apporter une solution à la crise enflant depuis des mois, si ce n’est des années. Et que dire des réfugiés fuyant les terres occupées par la terreur ? Quelle soit nazie ou islamiste, la menace est la même, et conduit sur les chemins de l’espoir, ou du désespoir, des malheureux par milliers.

Les historiens pourront ergoter durant un temps sur les conséquences de la colonisation ou de la décolonisation, les sociologues sur les fonctionnements tribaux des ethnies du Proche-Orient, et les politologues sur les engrenages stratégiques de mouvances multiples et obscures, ils ne feront là que leur métier en tentant d’expliquer les raisons d’une situation de faits. Mais comment comprendre la passivité, ou du moins l’absence de réactions efficaces, des gouvernements démocratiques face à l’indicible que nul ne peut nier ? Serait-ce que la guerre, que personne ne veut livrer, constitue la seule alternative, le prolongement, à en croire Clausewitz, de la politique par d'autres moyens ? Encore faut-il que politique et diplomatie il y ait ! Machiavel l’écrivait il y a 500 ans déjà « le prince doit faire le bien s’il le peut et entrer dans le mal s’il le faut ». Il semblerait toutefois que nos princes contemporains soient tout autant incapables de l’un comme de l’autre ! 

Christophe Vuilleumier

Christophe Vuilleumier est un historien suisse, actif dans le domaine éditorial, et membre de plusieurs comités de sociétés savantes, notamment de la Société suisse d'histoire. On lui doit plusieurs contributions sur l’histoire helvétique du XVIIème siècle et du XXème siècle, dont certaines sont devenues des références.