Lampedusa : la Suisse doit mener une action concertée avec l’UE pour relancer la procédure d’ambassade

Le 9 juin passé, le peuple votait massivement pour la 10ème révision de la Loi sur l’asile, adoptée dans l’urgence par le parlement. Au cœur de la réforme contestée par la gauche se trouvait en particulier la suppression de la « procédure d’ambassade ». Les procédures d’ambassade permettaient d’autoriser l’entrée légale en Suisse par avion des personnes les plus menacées. Dorénavant, ces personnes devront venir déposer leur demande d’asile en Suisse et y accèderont soit par le biais d’un visa humanitaire, soit illégalement par le biais de passeurs. L’expérience démontre que la procédure d’ambassade permettait d’accorder une protection à des personnes véritablement persécutées. La droite et le Conseil fédéral relevaient que les visas humanitaires constituent une alternative à la possibilité de déposer des demandes d’asile aux ambassades. C’est faux. Le visa humanitaire n’est pas un moyen de remplacement suffisant car son application est en principe bien plus limitée : alors que plus de 200 autorisations d’entrée via la procédure d’ambassade étaient délivrées en moyenne par année, seules une petite dizaine de demandes de visas pour motifs humanitaires ont été acceptées au cours de ces derniers mois. Le seul moyen d’accéder à l’asile est donc le recours aux passeurs.

Au cours des débats au Parlement, le Parti socialiste a à maintes fois demandé qu’avant de supprimer la procédure d’ambassade, la Suisse mène une action concertée avec l’UE sur cette question. Les partis de droite ont sèchement refusé.  Compte tenu des  tragiques évènements survenus ces derniers jours à Lampedusa et qui concernent en grande majorité des réfugiés érythréens, somaliens et syriens, il est temps de revenir sur cette décision politique inique.

Celsa Amarelle

Professeure de droit à l'Université de Neuchâtel, Cesla Amarelle enseigne actuellement le droit constitutionnel, les droits humains et le droit de la libre circulation des personnes. Elle est également conseillère nationale (PS/VD), membre de la Commission des institutions politiques et de la Commission des finances (présidente de la sous-commission en charge de la santé), et vice-présidente des Femmes socialistes suisses.