J’ai « perdu mon âme » dans mon travail lorsque…

Extraits de témoignages, recueillis par Catherine Vasey. Un grand merci à toutes les personnes qui ont partagé leur expérience !

J’ai « perdu mon âme » dans mon travail lorsque…

 « Mon collègue ferme les portes arrière de l’ambulance. Je m’assois sur le siège “capitaine” à la tête de la patiente, pour surveiller ses voies aériennes. Elle est en surpoids et il nous est impossible de la mettre en PLS (position latérale de sécurité) sur notre brancard. Soudainement elle commence à s’agiter en tournant la tête à droite et à gauche. Tenant le vomibag de la main gauche, je le plaque avec force sur son visage avec la main droite vers le côté gauche, pour qu’elle ne vomisse pas partout. La jeune patiente très alcoolisée ne remarque rien de mon geste.  Moi, je regarde ma main droite bleue gantée avec effroi et consternation. Ce n’est pas ainsi que je souhaite prendre soin des personnes. Pendant que je relâche la pression, je me souviens avec soulagement que j’ai déjà démissionné de mon poste… »

« Je travaillais dans l’industrie, je dessinais des machines pour trier les carottes et les patates. L’objectif était de construire une machine qui élimine les carottes peu présentables : si ce n’est pas parfait, cela ne se vend pas ! Alors que dans ma vie, j’essaie de construire une vie responsable… au niveau écologique… »

« En tant que jeune médecin, j’avais une idée naïve de ce que mon travail serait. J’ai dû travailler à l’encontre de mes valeurs : un rythme inhumain, coupée du patient pour effectuer du travail administratif. Les procédures administratives et le rendement poussés à l’extrême. Si tu veux prendre du temps pour soigner vraiment les gens, tu dois faire du bénévolat ! »

« Dans le rural, on accorde au vétérinaire 15’ minutes montre en main pour voir l’animal et encaisser la consultation auprès du paysan ! »

« Je me dis que parfois un vétérinaire travaille mieux qu’un médecin : Avant d’administrer un antibiotique, le vétérinaire fait une culture afin de choisir le bon antibiotique, un médecin n’a plus le temps de faire une culture, il administre l’antibiotique à un enfant sans tester. La vache à un rendement économique, l’enfant n’en a pas ! »

« On me dit : Dégages cette poubelle ! Tout le monde se parle mal dans ce fast-food ! Alors je n’ai plus envie d’y aller. Je dois créer des raisons pour continuer d’y aller. Je dois développer cette attitude à créer mes bonnes raisons de travailler. »

« Quand tu es fonctionnaire dans un service publique, le patron c’est qui ? Nous sommes au service de la population mais tout le monde s’en fout ! »

« Je travaillais en librairie, on me demandait de vendre au moins 4 à 5 cartes de crédit par mois, mais sans s’assurer que le client soit solvable.  Je ne pouvais accepter l’idée que je puisse participer à cet endettement !!! J’ai alors négocié avec mon employeur, il a accepté que je ne vende que les cartes de fidélité. »

« J’ai eu l’impression de vendre mon âme au diable lorsque j’ai mis ma force et mon énergie à vendre des montres de luxe. Vendre un objet inutile, cela n’avait aucun sens finalement !!! »

« Ergothérapeute, travailler dans le « care » n’est pas valorisé, on n’apporte pas une valeur économique à la société, on coûte de l’argent ! On s’occupe de l’autre, ça ne vaut rien… »

« Ma cheffe ne sait même pas où est mon bureau… pour dire que la santé au travail c’est moyennement prioritaire dans notre usine… sauf quand il faut miroiter des chiffres ou la réalisation de projets de prévention durant les visites des grands pontes… »

« Notre entreprise a grandi, nous avons pris des risques en engageant davantage de personnel. Mais j’ai le sentiment que tout peut s’effondrer d’un jour à l’autre, que ce n’est qu’une question de temps, tout est tellement fragile car nous n’avons aucune marge. Je ne peux pas m’empêcher d’anticiper le sentiment de culpabilité et d’échec le jour où tout volera en éclat. Je crains l’avenir. Pas terrible pour un leader qui devrait au contraire donner de la confiance à ses collaborateurs et encourager son associé… Je me sens complètement prisonnier. J’ai parfois envie de tout arrêter parce que j’en ai marre, j’ai fait le tour, j’ai envie de tenter autre chose. Mais j’ai honte de penser que je serais comme le capitaine qui saute du navire et qui laisse les autres sombrer, comme l’architecte qui abandonne un chantier au milieu d’une construction. J’ai honte de penser que j’aurais préféré abandonner plutôt que de me battre jusqu’au bout. J’avais fait le choix d’entreprendre pour répondre à un besoin d’indépendance, de liberté. C’est comme si je me retrouve maintenant prisonnier de ce choix. »

 

 « Gagner ma vie sans y perdre mon âme ? »

« Cela m’évoque l’importance de trouver du sens à mon travail, de me sentir utile, de contribuer à quelque chose. Il me semble que les gens les plus heureux au travail sont ceux qui ont l’impression de bien faire les choses et qui y mettent du cœur et du soin. »

« Nous n’avons pas à « gagner notre vie » car elle coule déjà en nous. Il y a toutefois un parcours intérieur nécessaire pour passer du mode survie dans lequel nous sommes enlisés, à la vie dans son entièreté. Certes, sur le chemin de retour à son âme, les résistances intérieures peuvent être fortes, en lutte tantôt avec l’extérieur, tantôt contre une partie de nous-même. Cette peur de manquer, en l’occurrence d’argent, qui nous pousse à aller jusqu’à l’épuisement, le reniement de soi, de nos aspirations. »

« La notion de « travail » est fausse, dans notre société, travail sous-entend travail-rémunéré. Ingénieur agronome devenue femme de paysan, si je suis à la maison, j’élève mes 4 enfants, je ne travaille donc pas ? Je n’ai rien à répondre à la question : « Que fais-tu dans la vie ? ». Ce n’est pas valorisé dans notre société… »

« Il y a un écart générationnel qui se crée… Les jeunes se posent la question de pourquoi travailler autant ? Avant on travaillait et on pouvait s’offrir des choses, des beaux voyages… Maintenant tu travailles pour payer l’essence pour aller travailler ! »

« On se rend compte qu’on augmente la qualité de vie en diminuant le travail. Finalement, on n’est pas né pour travailler, on est né pour vivre. L’économie devrait servir l’humanité, actuellement c’est l’inverse ! Je donne de la valeur à quoi ? Dans la productivité ? »

« Je me rappelle encore très bien me sentir agressée en tout temps, par le monde extérieur, les devoirs, les tâches à accomplir mais aussi par moi-même, mon intérieur. Pas à pas je découvre, je lâche prise, j’accepte, j’avance et je ME découvre. Le fait d’avoir à peine l’argent pour vivre et de s’en sortir malgré tout m’a enseigné que je n’avais pas besoin d’autant de choses. D’accepter de recevoir sans pouvoir le rendre à cet instant.  D’avoir eu la chance d’avoir été entourée de quelques personnes qui chacun à sa manière m’a beaucoup aidée et que remplie d’une gratitude et d’une reconnaissance sans fond je remerciais. Je n’ai pas encore trouvé ma réponse définitive à la question “comment gagner (financièrement) sa vie sans perdre son âme ?” Mais je continue à suivre mon chemin, sur lequel je découvrirai peut-être une réponse qui sera en accord avec moi. »

« Je pars travailler en gardant en tête que “je suis la priorité ». De ce fait, je respecte mes heures de travail, et les journées au travail sont courtes ! Terminé ou pas, je pars (de toute façon, même avec un pourcentage plus conséquent, je ne parviendrais pas à le réaliser à la hauteur de ce je souhaite !). Aussi j’ai retrouvé du temps en fin de journée à la maison et je l’apprécie !! Cette attitude me permet de prendre davantage de distance avec les éléments qui arrivent et sur lesquels je n’ai pas prise. »

Pour terminer cette série de témoignages, un extrait du discours de départ d’une jeune stagiaire :

« Comme vous le savez, c’est avec grande nostalgie que je quitte mes fonctions de stagiaire-esclave. Je ne sais toujours pas quel nom exact porte le rôle que j’ai pu accomplir (alors un cahier des charges ou des objectifs… n’en parlons pas !) mais après tout ce temps, j’ai compris qu’il n’a jamais été question de tâches, mais de personnes. De tout ce que j’ai pu faire, c’est vous soutenir qui m’a plu le plus ! »

Comment gagner ma vie sans y perdre mon âme ? (1er épisode d’une série d’articles publiés sur ce thème écrits par différents auteurs). N’hésitez-pas à partager vos expériences, questionnements, remarques ou « coups de gueule » en commentaires de ce blog, cela alimentera notre série d’articles sur ce thème…

Catherine Vasey

Insomnie : je me réveille à 3 ou 4 heures du matin…

Le mode de vie moderne est très exigeant, se coucher tard pour profiter de notre temps libre, se lever tôt pour le travail, quelles que soient la saison et la lumière du jour. Alors, lorsque nous nous réveillons la nuit, nous craignons de ne pas dormir suffisamment et d’être trop fatigués pour assumer nos obligations du lendemain. Cette attitude tendue et inquiète nous empêche de nous rendormir !

Se réveiller la nuit est normal !

Interpréter le réveil nocturne comme un trouble du sommeil est récent. L’historien Roger Ekirch nous rappelle que ce que nous considérons comme normal : « dormir d’un bloc continu de huit heures » est apparu à la révolution industrielle, avec l’arrivée de l’éclairage artificiel et des horaires de travail imposés. Les nouvelles exigences de notre société productive ont réduit notre vision de ce qui devrait être un bon sommeil.

En réalité, la physiologie de notre sommeil est diversifiée, colorée et vivante ! Notre organisme profite de l’absence d’activité pour se régénérer et se réparer, le cerveau digère nos émotions, réorganise et consolide nos apprentissages.

Une nuit de sommeil comporte deux grandes phases séparées par un potentiel moment de réveil. Une première tranche de sommeil lent et récupérateur et une seconde partie comportant un sommeil paradoxal activés de rêves. Entre deux, une possibilité de réveil. Ce moment de veille nocturne était utilisé à bon escient par nos ancêtres : entretenir le feu, faire un tour de garde contre d’éventuels prédateurs, boire ou manger quelque chose, nourrir les bébés, prendre soin des animaux, raconter des histoires, prier, vivre un moment d’intimité… Et, grand avantage de notre vie d’autrefois, nous avions l’habitude de vivre dans l’obscurité : un clair de lune, les braises d’un feu, la flamme d’une bougie, la douceur de ces sources de lumière facilitait la relaxation et le rendormissement.

Aujourd’hui, non seulement nous n’interprétons pas le réveil nocturne comme un bénéfice, mais en plus la lumière électrique agresse notre organisme, le smartphone ou tout écran quel qu’il soit déboussole notre horloge biologique. Le rythme circadien (veille-sommeil) est très sensible, un simple coup d’œil à l’heure sur un écran lumineux risque de le dérègler.

Apprivoiser cet espace-temps calme dans l’obscurité

Les études sur le rythme circadien montrent que la nuit nous sommes baignés dans un élixir d’hormones (sérotonine, prolactine, etc.) qui favorise un état de conscience très différent de notre conscience diurne : l’imagination, le rêve, la créativité sont très accessibles, contrairement à la réflexion analytique et rationnelle qui est atténuée. Durant la nuit, nous pouvons bénéficier de cette hyper créativité comme elle peut se retourner contre nous : les ruminations inquiétantes ont tendance à circuler librement dans notre esprit. Nous sommes capables d’imaginer les pires scénarios catastrophes et scènes d’horreur absurdes.

Et si, plutôt que de nous inquiéter, nous considérions ce réveil nocturne comme un accès privilégié à nous-même ? Un accès facilité à une conscience plus profonde, à notre vulnérabilité, nous devenons comme perméables à une sensibilité créative. C’est une chance d’explorer notre vie intérieure autrement, d’imaginer et d’inventer libérés de la censure cognitive !

Nous pouvons préparer à l’avance une activité douce ou créative que nous choisissons de faire si nous avons le temps et l’occasion durant la nuit… (peut-être que nous allons même nous réjouir de nous réveiller la nuit !)

En cas de réveil nocturne, plutôt que de chercher à nous rendormir à tout prix, acceptons d’être réveillés, prenons-le comme une opportunité : la vie nous offre un moment rien que pour nous ! Nous pouvons nous lever et nous installer dans un fauteuil confortable avec une lumière tamisée, dans une activité douce, laissons-nous vivre cette disponibilité intérieure…

Dans cette tranquillité, il est probable qu’un accès au sommeil revienne, comme une fenêtre qui s’ouvre à nouveau, nous nous recouchons tranquillement et repartons pour une nouvelle période de sommeil. Si ce n’est pas le cas, soyons rassurés d’avoir au moins dormi cette première phase de sommeil lent et profond essentielle à notre récupération.

(En complément à cet article, lisez : « Le cercle vicieux de la fatigue »)

Et aussi : “savoir dormir est une compétence”

Comment dire NON à son chef / sa cheffe ?

Si vous faites partie des personnes qui ont l’habitude de dire oui, vous êtes davantage à risque de surcharge. En effet, dans le stress et le rythme accéléré chacun cherche le chemin le plus facile, les demandes pleuvent souvent sur les collaborateurs conciliants. On s’habitue à demander là où c’est plus simple ! Celles et ceux qui posent bien leurs limites et qui n’hésitent pas à dire non seront naturellement moins sollicités !

Le chemin pour dire non à notre hiérarchie est souvent plus ardu que pour poser des limites à nos collègues. En réalité, nous avons appris à obéir à l’autorité depuis tout petit, on ne nous a pas appris à dire non. Quelques stratégies afin de poser des limites de façon adéquate à votre chef.fe:

Incarnez votre motivation à poser vos limites : « Je dis non afin de préserver ma santé, préserver ma vie privée (mes proches en seront contents), et préserver mon travail (j’en serais satisfait) ». Dire non à votre hiérarchie est une prise de risque et un effort important, il faut absolument être déterminé.e et savoir quels en seront les bénéfices pour vous.

Clarifiez vos priorités, votre cahier des charges, le planning de vos tâches en cours. Souvent la hiérarchie n’est pas sur le terrain et ne peut pas se rendre compte précisément de votre charge de travail actuelle. Soyez prêt à le transmettre et à négocier avec votre chef.fe.

Entraînez-vous à dire non progressivement et par degré de difficulté croissante, du plus facile au plus difficile : d’abord dites non dans votre tête (entraînez-vous dans l’imaginaire), puis demandez systématiquement un délai de réponse : « Si j’ai bien compris, vous me demandez de… Je vais réfléchir comment m’organiser pour intégrer cette nouvelle demande dans mon planning, je reviens vers vous dans… (5 minutes, 15 minutes, demain matin… ).

4° Lorsque vous tentez le non effectif : montrez votre volonté de bien faire et votre impossibilité de le faire, lâchez si votre chef.fe n’est visiblement pas conciliant.e. Valorisez ce premier pas même s’il est maladroit, autorisez-vous d’apprendre par essais et erreurs. Dites non dans une ouverture et une négociation : « J’aimerais bien le faire, malheureusement, vu ma charge de travail actuelle, il m’est impossible d’exécuter cette tâche supplémentaire », « Voici ma charge de travail en cours, il m’est impossible de tout faire, qu’est-ce qui est prioritaire ? Quelle tâche vais-je devoir laisser tomber pour respecter mes heures de travail ? »

Vous pouvez aussi dire oui dans un premier temps tout en avertissant comment procéder autrement afin que cela soit plus facile pour vous par la suite : « En principe, je devrais partir maintenant mais j’accepte de rester au travail le temps de terminer cette tâche supplémentaire. Cependant, la prochaine fois, je vous demande de m’avertir plus tôt dans la journée afin que je m’organise et que je puisse partir à l’heure, sinon je serai obligé de vous dire non ». Et si cela se reproduit, vous appliquez ce que vous avez averti !

Dans tous les cas, dire non à sa hiérarchie est une prise de risque : l’autre sera déçu.e, peut-être fâché.e, il.elle pourrait ne plus vous donner de tâches intéressantes ? La hiérarchie par définition a le pouvoir sur vous. Ce qui peut vous aider c’est d’interpréter la réaction de l’autre autrement : « S’il.elle réagit négativement c’est que j’ai réussi à poser mes limites, c’est un succès pour moi ! »

Précautions à prendre lors de demande toxique et abusive : Si vous avez l’impression que les demandes de votre hiérarchie sont injustes, inéquitables ou que la forme ne respecte pas votre intégrité (agressivité, dénigrement, humiliation) :

1° Consignez tout par écrit : date, demande ou comportement irrespectueux, témoins éventuels ? Preuves écrites conservées (mail ou autre).

2° Faites le bilan avec une personne de confiance : constatez l’étendue des abus, est-ce une injustice avérée, est-ce intentionnel, êtes-vous le.la seul.e à subir cela ?

3° Demandez de l’aide : personne de confiance, RH, médiateur, chef de votre chef

4° Préparez un plan B : chercher un travail ailleurs ! Dans ce genre de situation, la solution afin de se préserver est très souvent « courage fuyons ! ».

(davantage de précisions sur cet article de blog)

Rappelez-vous que lorsque vous dites non à l’autre c’est pour vous dire oui à vous-même !

Rubrique radio RTS sur dire non à sa hiérarchie

La gestion de stress des astronautes

Entretien avec Claude Nicollier,  astrophysicien et spationaute suisse de l’Agence spatiale européenne. Il devient en 1992 un des premiers européens dans l’espace.

 

Avez-vous été fidèle à votre rêve d’enfant, devenir astronaute ?

« On a marché sur la lune » de Tintin a été publié lorsque j’avais 10 ans. Le ciel noir avec les étoiles, l’équipage coloré, la fusée magnifique, Tintin, Milou, le Capitaine Hadock, les passagers clandestins ! Tout cela me faisait rêver. C’était pour moi une source d’inspiration extraordinaire. Le rêve d’être astronaute était dormant car c’était à l’époque encore impossible. J’avais beaucoup d’affection pour le ciel et les étoiles, j’étais curieux de tous les phénomènes naturels, j’ai fait des études de physique et par la suite d’astrophysique. Un rêve réalisé, en parallèle, celui de devenir pilote dans les forces aériennes. Mon grand bonheur est de faire quelque chose qui a un sens, avoir des responsabilités, s’entraîner, aller dans l’espace réparer le télescope qui nous a donné des images absolument fantastiques de l’espace où il y a une telle richesse. C’est un immense privilège d’avoir été impliqué dans ces actions profondes.

 

Vous qui avez réalisé des missions dans l’espace dans des conditions d’exigence extrême, comment vivez-vous le stress au travail ?

Il y a les périodes tranquilles où le niveau de pression est nul : j’ai tout le temps, je réféchis, j’écris, j’évalue, je peux rêver. Des activités où il faut produire, par exemple donner un cours, je le prépare, durant la délivrance du cours, je reste concentré pour ne pas faire trop d’erreurs, pour assurer un niveau de confiance auprès des étudiants. Il ne faut pas briller, mais il faut faire le choses correctement. C’est un niveau moyen de pression. Un engagement dans une mission militaire, il faut attaquer une cible précise par mauvais temps, dans la montagne, c’était un niveau de pression plus élevé. Il y a du danger. Quand je donne un cours, il n’y a pas le risque physique, il y a un petit risque mental de ne plus être respecté par les étudiants si on se trompe complètement. Mais ce n’est pas un risque physique. Certain de mes collègues militaires ne sont pas revenus, tout simplement.

Pour moi l’aviation militaire était une magnifique leçon de gestion du stress. Pour quelqu’un qui aime voler, c’était une forme de vol extraordinaire, un avion à réaction de 10 tonnes, on peut faire de l’acrobatie, des évolutions en formation, pour un pilote c’était fabuleux ! En même temps, nous avions des scores à faire dans les tirs. On nous contrôlait, nous essayions de faire au mieux, il n’y avait aucune distraction, nous étions complètement focalisés. La gestion du stress est venu automatiquement avec la passion du vol et la responsabilité. Les avions coûtaient 2 millions de francs, chaque vol était cher : une dizaine de milliers de francs pour chaque vol.

Pour éviter le niveau de stress négatif, il faut se préparer, y compris à des situations inattendues mais auxquelles on a déjà pensé, « what if ? ». En se posant beaucoup de questions de ce type, nous réfléchissons aux mesures à prendre de façon à pouvoir accomplir la mission. C’est une responsabilité que nous avons, si nous ne pouvons pas l’accomplir, nous essayons au moins de nous en sortir et de ramener le vaisseau spatial sur la piste en une seule pièce !

Les sorties en scaphandre, c’est intense ; il faut  vraiment se concentrer pour ne pas faire d’erreur. L’absence de pesenteur rend les choses beaucoup plus dificiles car il faut à chaque geste toujours s’accrocher à la structure, sinon détaché, il ne reste plus que le filain de sécurité. Mais nous l’avons tellement entraîné dans la piscine que c’est automatique. Le téléscope fait 16 mètres de haut, j’ouvre des portes, et c’est le même mécanisme, je sais que cette poignée est relativement dure, il faut utiliser les outils motorisés pour desserer les boulons, tout cela je l’ai déjà vécu en simulation.

C’était la joie de faire quelque chose qui avait un sens, pour laquelle j’avais été préparé, nous étions obsédés de réussir chaque sortie extra véhiculaire qui nous avait été confiées. Nous avons dû changer l’ordinateur principal et introduire une caméra grande comme un piano à queue dans le télescope. Ce n’était pas le bonheur de voir les étoiles et la terre, c’était la joie de faire ce qui avait du sens. Le sentiment de responsabilité est très fort. On nous avait confié cette tâche difficile, relativement dangereuse, nous la faisions au mieux. Préparé, je me focalise, 8 heures dehors, sans pause. Nous avions un sac à eau dans le scaphandre, uniquement de l’eau, pas de nourriture. A la fin de la sortie, il n’y avait pas eu assez d’eau et j’avais les lèvres complètement sèches et déshydratées.

 

Comment réagit un astronaute lorsqu’il fait une erreur ?

Nous sommes très soutenu, généralement nous savions ce que nous devions faire mais les coéquipiers nous rappelait toujours les procédures avec une voix calme. Nous n’élèvons jamais la voix, tout est tranquille, chacun fait son travail, le temps est limité, donc une pression sur le temps. Pour chaque sortie, le « time line » était contrôlé par le sol, ils entendaient toutes les communications, connaissaient toutes les données télémétriques, y compris l’ECG qui enregistre en permanence la fréquence cardiaque. Lorsque nous étions un peu en retard par rapport au « timeline », nous sentions la pression sur nous pour ne pas continuer d’être en retard. C’était du bonheur, le bonheur de faire un travail qui était rigoureux et très exigeant.

Si nous faisions une erreur, il fallait d’abord corriger la conséquence de l’erreur, pour rétablir la normalité. Ensuite il faut mettre cela derrière nous, sans se laisser perturber. Lors d’une sortie extra-véhiculaire, si un astronaute réalise que le filain de sécurité est détaché, c’est une erreur majeur. Il le dit, tout le monde le sait, c’est arrivé. Dans ce cas-là, il rattache tranquillement le filain de sécurité, il rétablit la normalité, il met tout cela imméditement derrière. Il reprend le travail avec une performance à 100%. Il n’y a pas de conséquences directes. Les erreurs doivent servir à minimiser la probabilité qu’elles se produisent à nouveau dans le futur. Par la suite, dans le débrifing nous discutons de pourquoi c’est arrivé sans jamais avoir l’idée de critiquer qui que ce soit. C’est un respect de qui nous sommes, nous sommes des être humains qui font de temps en temps des erreurs. Nous en tirons des leçons pour que cela n’arrive plus. Les choses embarassantes ne sont jamais masquées, elles sont mises sur la table car cela évite à d’autres que de mêmes circonstances se produisent pour eux.

 

Vous avez effectué 4 missions dans l’espace, comment récupériez-vous après le stress et l’effort intense d’une mission ?

Généralement, nous n’étions pas désignés pour la prochaine mission qui devait avoir lieu une année plus tard. Il y avait quelques heures d’entraînement une à deux fois par semaine et le reste du temps, nous avions un job où nous collaborions avec des ingénieurs sur un problème, améliorer la pilotabilité du bras articulé par exemple. Nous pouvions aussi être engagés comme soutien à une mission en cours, comme communicateur dans la salle de contrôle, assis juste à côté du directeur de vol. C’est un niveau de pression relativement bas. Dès que nous sommes désigné pour la prochaine mission, tout bascule dans l’entraînement intensif. Les astronautes sont complètement intégrés dans le projet, c’est notre mission, non seulement parce qu’on nous l’a confiée mais parce que nous l’avons créée, en même temps de s’y entraîner. La satisfaction au travail est énorme, c’était magnifique et extraordinaire ! La première mission sur hubble n’avait jamais été faite avant, il fallait tout imaginer.

 

Une question personnelle, on dit que le paradis est dans le ciel, alors ?

Il y a une beauté stupéfiante de l’espace, cela m’a profondément touché : voir tout le ciel étoilé qui se déplaçait rapidement. Les levers d’Orion à l’Est, les vues de la Terre. En considérant que l’extrême beauté nous rapproche du divin, alors, dans ce cas-là, je me suis rapproché du divin, oui. En regardant dehors, nous avons l’impression d’une extraordiaire pureté que nous ne trouvons jamais sur terre. L’atmosphère est un écran qui nous empêche de voir les étoiles pendant le jour car il y a la diffusion de la lumière du soleil dans toutes les molécules d’oxygène. Sortis de cet écran, nous avons une visibilité sur l’univers, sans obstacle, rien ne nous empêche de voir le lointain. En dehors de l’atmosphère, la vison est si claire et les univers fabuleux. Ce qui m’a ému, c’est l’extraordinaire pureté. Le divin et la pureté sont des choses qui se rapprochent. Pour apprécier la véritable saveur et la grandeur, la splendeur du vol spatial, il faut y passer des jours ou des semaines, voir les couchers de soleil, la nuit voir toutes les lumières des villes qui se déplacent rapidement.

 

Quels sont vos 3 leviers pour être en santé au travail ?

La passion pour ce que je fais, la rigueur et la discipline, et l’exercice physique.

 

Extrait du livre : “La boîte à outils de votre santé au travail”, C.Vasey, éd. Dunod 2020

Le coût humain de la rentabilisation du domaine social

Comment préserver la santé des professionnel·le·s du secteur médico-social dans un contexte d’optimisation des tâches et d’accélération ? Le temps de voir émerger des changements organisationnels et politiques qui soutiennent la santé au travail, chacun·e est amené·e à prendre des mesures de prévention au quotidien.

Les métiers du secteur médico-social sont en pleine métamorphose. En effet, rentabiliser les prestations génère de nouvelles exigences en matière d’immédiateté et d’attentes collectives. L’objectif est « d’économiser », chaque année « des drames humains », des complications ou de réduire la longueur des hospitalisations. L’indicateur de performance a pour but d’optimiser l’efficacité des prises en charge en fonction du budget attribué mais il a tendance à dénaturer le sens du travail, chaque tâche devenant un objectif à atteindre coûte que coûte dans un temps donné.

L’effet secondaire de ce système économique est l’augmentation des tâches administratives pour justifier l’investissement des moyens financiers. Ce travail se fait au détriment du temps passé auprès des bénéficiaires, les professionnel·le·s ont tendance à se mettre la pression pour réussir à satisfaire les exigences des financeurs et maintenir, malgré tout, la qualité d’accompagnement en moins de temps.

Pour les travailleuses et travailleurs de terrain, formés à avoir des initiatives pour le bien de la personne, la mue du sens au travail est radicale. Aujourd’hui, ils ne peuvent plus se fier uniquement à leur expertise pour prendre des décisions adaptées à chaque situation. Ils se doivent d’atteindre des objectifs chiffrés décidés par d’autres avec des moyens formatés par des budgets pré-établis.  De plus, la logique de performance et de rentabilité encourage l’action à court terme, alors que, par exemple, l’accompagnement d’une famille dysfonctionnelle, la prise en charge d’une personne en situation de handicap ou le maintien d’une personne âgée à domicile sont des processus longs et complexes. Il n’y a souvent aucun résultat significatif rapidement.

Comment préserver la santé des professionnel·le·s du secteur médico-social dans un contexte que certaines interprètent comme une « zone sinistrée » ? Le temps de voir émerger des changements organisationnels et politiques qui soutiennent la santé au travail, chacune et chacun est amené à prendre des mesures de prévention au quotidien.

La nécessité de prendre soin de soi en priorité

Dans un avion, les directives d’urgence pour sauver un bébé sont : « le parent prend d’abord de l’oxygène avant de mettre le masque sur son enfant ». Le parent est prioritaire et c’est vital pour lui comme pour son petit. De façon similaire, un travailleur social dont le rôle est d’aider des personnes vulnérables en souffrance, doit d’abord prendre soin de lui. Impossible de soigner ou d’accompagner les gens de façon adéquate sans veiller scrupuleusement à sa santé physique et psychique !

Comprendre ce qu’est le burn-out

Plus les travailleuses et travailleurs médico-sociaux sont informés et plus ils pourront être vigilants. Le burn-out n’est pas un état qui apparaît subitement. Généralement, l’épuisement s’installe au-delà de 6 mois de stress chronique. Ce processus s’entraîne de lui-même : le stress permanent augmente la tension, le corps se fatigue, le sommeil est perturbé, la récupération est difficile, l’efficacité au travail diminue, les heures supplémentaires augmentent pour compenser, ce qui crée davantage de fatigue.

Identifier les signaux d’alerte

Concrètement, chacune et chacun doit être attentif à son état physique, émotionnel et mental. Les signaux qui devraient alerter sont : une fatigue de tension, une irritabilité accrue, des inquiétudes, une démotivation mais également la rumination de soucis professionnels qui envahissent la vie privée et empêchent de se changer les idées et de bien dormir. Le stress chronique provoque une vision systématique des difficultés et non des solutions ce qui développe un sentiment de ras-le-bol ou d’impuissance. Dépasser les limites, entrer dans une zone à risque, est habituel pour des travailleurs engagés. L’important est de s’en rendre compte et de mettre en place des mesures de protection au bon moment.

Kit de survie en zone de danger

Si les signaux d’alerte se sont installés, la priorité consiste à se ressourcer davantage. Pour ce faire, protéger son sommeil est primordial. Se défouler et se changer les idées est aussi prioritaire. Au travail comme dans la vie privée, il est conseillé de se concentrer sur les situations où il est possible d’agir plutôt que se focaliser sur les difficultés. Un des points qui fait une grande différence est de cadrer les ruminations toxiques, surtout dans la vie privée.

Maintenir une vie privée solide et sortir du rôle d’aidant

Le plus grand danger ? Les préoccupations professionnelles mangent peu à peu la vie personnelle et les opportunités de se ressourcer s’amenuisent. Notre pouvoir de récupération tient en priorité à la vie hors travail : veiller à avoir une vie privée enrichissante et à « déconnecter » complètement du rôle d’aidant.

Evacuer ses émotions sainement

Assurer une attention constante et bienveillante implique d’être en bonne santé physique et psychique. La résonnance émotionnelle est l’outil principal pour travailler avec empathie et assurer une présence humaine. L’hygiène émotionnelle est vitale pour les professionnels du secteur médico-social ; il s’agit d’évacuer régulièrement ses émotions, se défouler, bien connaître son fonctionnement, être conscient des problématiques susceptibles d’entrer en résonance avec son propre vécu et savoir poser des limites.

Garder le sens de son travail vivant

La première étape indispensable est de ne pas subir mais d’accepter les indicateurs de performance qui constituent le nouveau paysage du secteur médico-social. Entrer en opposition, résister, signifie investir et gaspiller son énergie dans un gouffre sans fond ! Il s’agit d’adopter une attention sélective : injecter du sens chaque jour dans les actes du quotidien, garder à l’esprit les indicateurs précis qui montrent la qualité du travail social en fonction des valeurs professionnelles. Recueillir l’auto-évaluation de l’aidé et valoriser une stratégie des « petits pas ».

Entretenir une ambiance d’équipe positive et bienveillante

Etre en équipe ou partager avec des pairs contribue à ventiler le stress et permet d’échanger sur des situations, que ce soit de manière formelle ou informelle. Le rire aide à dédramatiser et à relâcher les tensions. Il est possible de « vider son sac » mais cela doit être fait avec conscience, en avertissant l’autre et en respectant ses limites pour ne pas contaminer les collègues par une humeur plaintive ou de découragement systématique. Les supervisions permettent de questionner le fonctionnement d’une personne ou d’une unité, puis d’implémenter des changements durables et encourageants. L’échange de pratique permet de « débriefer » les émotions tout en bénéficiant de conseils pour s’améliorer. Les supervisions aident également à repérer les travailleurs sociaux en souffrance et à examiner avec eux les mesures à prendre.

Travailler avec l’humain nécessite des garde-fous

Le challenge actuel dans le secteur médico-social est de trouver le juste équilibre entre la logique économique, le respect des valeurs professionnelles et les besoins spécifiques de l’humain en situation de souffrance. Privilégier systématiquement la quantité et la rapidité au détriment de la qualité des prises en charge crée des conflits internes chez les travailleuses et travailleurs médico-sociaux : ils sont tiraillés entre ce qui leur est imposé de faire avec les moyens limités à disposition et ce qu’ils souhaiteraient pouvoir faire face aux besoins particuliers d’une personne en détresse sur le terrain.

Les meilleur·e·s professionnel·le·s sont les plus exposé·e·s dans leur santé : engagé·e·s dans leur travail, elles et ils ont des exigences de qualité élevées selon leurs valeurs professionnelles, n’abandonnent pas face à une situation difficile. Un bon professionnel épuisé en arrêt de travail prolongé coûte cher à l’institution, son absence aura des répercussions sur ses collègues et l’efficacité des équipes. Le coût humain en sera élevé et contre-productif dans une logique de rentabilité et d’efficacité sur un moyen terme.

La responsabilité de la santé au travail est partagée, les professionnel·le·s mettent en place des mesures de protection individuelle au quotidien et le système institutionnel soutient et respecte les choix spécifiques des travailleurs. Des mesures conjointes, individuelles et organisationnelles, permettront d’augmenter l’efficacité, la rentabilité et la qualité des prises en charge sur un moyen à long terme. Une grande réflexion de société est ouverte : le secteur médico-social doit-il être absolument rentable au même titre qu’une entreprise commerciale ? Quels sont les garde-fous que nous souhaitons voir établis pour préserver la qualité de la relation d’aide dans notre pays ?

 

Dans une PME, le patron est à risque !

Le burn-out n’est pas une fatalité même dans les PME qui n’ont aucun budget à investir dans la prévention. Des mesures simples existent et toute l’entreprise y gagne de les appliquer au quotidien. Voici 3 stratégies pour prévenir le burn-out dans une PME

 

 

1° Préserver le patron !

Les dirigeants des PME sont constamment confrontés à la réalité du terrain pour le meilleur (définir sa propre stratégie d’entreprise, transmettre sa vision, être proche des collaborateurs, se sentir utile) et parfois pour le pire : baisse de commande, manque de liquidités, personnel malade, clients difficiles et exigeants, société en danger. Ils sont sur tous les fronts et donc le terrain favorable au burn-out est bien présent. De plus, le profil à risque de burn-out correspond à celui des patrons : engagés, motivés, désireux de bien faire, prêts à agir pour l’entreprise et sachant gérer leur stress. Ce côté battant les pousse à essayer de surmonter les obstacles sans jamais rien lâcher. Ils apparaissent aux yeux de tous comme des personnes solides, tenant bon contre vents et marées. En réalité, ils sont les plus à risque de burn-out dans l’entreprise !

=> Le patron, hyper-sollicité et toujours vigilant doit apprendre à lever le pied régulièrement, prendre du recul et relâcher la pression. Se ménager une semaine de temps en temps pour décrocher totalement, en résistant à la tentation du téléphone portable ou d’internet. Cela donne aussi l’occasion aux collaborateurs de compter davantage sur eux-mêmes.

=> Se confier à un pair : être en lien avec un ami extérieur à l’entreprise donc neutre, entrepreneur lui aussi, qui connaît très bien les difficultés vécues. Son œil averti, son écoute concernée, ses conseils avisés permettront au patron de se sentir épaulé, moins seul avec les soucis qu’il ne peut confier au sein de son entreprise.

 

2° Sensibiliser les collaborateurs sur les risques de burn-out

L’absentéisme longue durée dans une PME est souvent un désastre car il y a moins de moyens d’absorber la charge de travail supplémentaire ; viser le dépistage précoce est primordial : les collaborateurs agissent pour maintenir leur santé au travail, ils savent identifier les signaux d’alerte et trouver l’aide nécessaire en cas de déséquilibre avant l’arrêt de travail et l’épuisement grave.

 

3° Assurer une stratégie de récupération pour tous

Le stress temporaire est positif et stimulant pour l’être humain, par contre le stress chronique (plusieurs mois) sans récupération suffisante épuise le corps et atteint la santé. La stratégie efficace est de limiter ce qui est usant et stressant : les ruminations mentales toxiques, les exigences trop élevées, les interruptions trop fréquentes, un cahier des charge pas clair. D’un autre côté, être attentif à se ressourcer : l’activité physique, si possible dans la nature, se défouler pour lâcher les tensions, se changer les idées, avoir des intérêts hors travail, trouver du sens dans ses actions, bénéficier d’une ambiance de travail constructive et stimulante.