Bilan d’une campagne aux élections fédérales intense mais peu novatrice

Si, comme moi, vous avez des amis très politisés, alors j’imagine que la seule perspective d’ouvrir Facebook vous donne envie de faire un bond dans le temps et d’atterrir directement le 19 octobre. Voire même le 25, histoire d’être sûr que tout est terminé. Vidéos, photos, slogans, invitations d’«amis» candidats, tout est fait pour se promouvoir en vue des élections fédérales du 18 octobre. Et ce de manière continue depuis la fin de la pause estivale. Des partis aux ONG et des candidats aux intéressés, tous se sont impliqués à fond dans la campagne. Mais pour quels résultats? Savons-nous vraiment pour qui nous avons voté et si ces gens-là sauront représenter nos idées au Parlement?

Ces questions sont d’autant plus légitimes que, à l’heure où la plupart des Suisses ont déjà posté leur enveloppe de vote, il est temps de tirer un bilan. Bilan d’une campagne intense certes, mais pas forcément porteuse d’idées très novatrices, tout particulièrement sur le thème qui me touche le plus, à savoir la politique européenne suisse. Bien sûr qu’on a parlé d’Europe – et le Nomes y a largement contribué en organisant une «tournée européenne» de débats dans neuf villes de Suisse et en lançant une plateforme internet – mais le débat est resté superficiel. Quel sera le programme en terme de politique européenne suisse des partis ces quatre prochaines années? Comment allons-nous résoudre la quadrature du cercle suite à la votation du 9 février ? Silence radio sur toutes les lignes (ou presque). Dans ce contexte, deux constats peuvent être faits.

Le premier constat est qu’il y a une énorme différence entre la position des partis et la position des candidats pris de manière individuelle sur la question de l’Europe. Ainsi, dans le canton de Vaud par exemple, alors qu’Axel Marion, co-président du PDC Vaud, affiche clairement sa position proeuropéenne, son parti reste lui (très) frileux sur la question. Même chose à Berne où Christa Markwalder semble marcher seule sur la voie européenne du PLR qui a fait de l'accord-cadre le but ultime à atteindre dans nos relations avec l'UE.

Le second constat est qu’il est difficile, voire impossible, pour les citoyens suisses de savoir quel sera leur destin et celui de leur pays dans les quatre années à venir sur la question des relations Suisse-UE. En effet, au détour des différents articles parus et des différents débats organisés, très peu sont les candidats qui ont pu définir un programme précis, donner des échéances ou encore proposer des solutions. De plus, seul le Nomes, par sa proposition d’amendement, a véritablement posé une alternative à l’initiative RASA.

A la lumière de ces deux constats, la conclusion à tirer est simple. Nous avons besoin – et ce le plus vite possible – que les partis suivent l’exemple de leurs candidats proeuropéens (voir liste complète ici) et prennent une position claire sur l’avenir de nos relations avec l’UE. Il est temps de rompre le monopole de l’UDC sur les questions qui ont trait à l’Europe, telles que la libre circulation, l’immigration ou encore les questions institutionnelles. Enfin, nous avons besoin que des solutions soient proposées, que les mythes véhiculés actuellement soient déconstruits et qu’un nouveau vote – inéluctable – soit préparé. Afin que, dans quatre ans, nous soyons encore une Suisse de l’intégration et non de l’isolement. 

 

 

 

Caroline Iberg

Caroline Iberg a travaillé entre 2013 et 2017 au Nouveau mouvement européen Suisse (Nomes). Elle est désormais chargée de communication à Strasbourg.