Faire de la déception professionnelle un plan d’action

Quand la promotion tant attendue, l’augmentation tant méritée, les moyens demandés (humains, techniques, financiers) n’arrivent pas, comment échapper au ressentiment, à la démotivation? Voici 4 pistes pour transformer la déception professionnelle en plan d’action qui influence notre avenir :

  1. Prendre le temps de digérer le sentiment cuisant, de préférence dans le cercle intime. Le faire au bureau soulage, sans régler notre problème. Au contraire, notre réputation risque d’en pâtir. Et nous en aurons besoin pour approcher notre réseau sous un jour favorable, prendre le pouls des opportunités, vérifier à quel point l’herbe est plus verte ailleurs, et donc entrevoir nos alternatives.
  2. Comprendre : sur quels points spécifiques la décision défavorable repose-t-elle? Est-ce une question d’attitude, de performance, de compétences, de politique interne, etc? Le comprendre canalise les ruminations et éclaire la décision de partir, rester, se former, explorer de nouvelles ressources. Si c’est envisageable, demandons un feed back en précisant la nature constructive de la démarche à l’interlocuteur qui pourrait redouter de devoir justifier sa décision ou celle de l’entreprise. Un tel échange est l’occasion d’évaluer nos chances d’atteindre le but l’année prochaine, et de baser nos actions sur des faits.
  3. Agir sur des faits place le focus sur ce qui est en notre pouvoir, ouvre des choix, par opposition aux émotions ruminées qui nous condamnent à être dans la réaction. Même un feed back décevant permet de se demander en quoi cette promotion nous semble si désirable, ce qu’elle nous permettra d’accomplir, voire quel serait un autre moyen d’atteindre ce but. Piloter notre devenir professionnel nous incombe, avec le plus d’objectivité possible. C’est un moment charnière pour être coaché afin d’influencer sa satisfaction professionnelle, comme ces deux clients qui m’ont annoncé simultanément et avec le même enthousiasme, avoir pris des décisions majeures, sur la base de ce qui était au départ une déception.
  4. Accroître la zone d’influence : sachant qu’à la course aux promotions et autres reconnaissances externes il y a davantage d’appelés que d’élus, que la notion de mérite est relative et que tout ne se mesure pas, le risque de ressentir de la frustration est élevé. A nous d’élargir notre zone d’influence en élaborant des sources de reconnaissance directe sur lesquelles nous avons prise: le fait d’être reconnu par ses pairs, apprécié par ses collaborateurs et clients, d’être recommandé par eux, d’être sollicité par des chasseurs de têtes… A nous de valoriser ces atouts pour les faire jouer en notre faveur.

Je peux me tromper mais… comme disait A. Einstein, on ne peut pas résoudre un problème, en réfléchissant de la même manière qu’il a été créé.

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La tyrannie de l’intensité

Pas à pas, l’intensité s’est glissée dans notre quotidien, au travail comme en dehors. Vous en doutez ?

Au travail, elle se traduit par les injonctions de performance. Une petite pause-café pour garder le rythme ? Certes, mais assortie d’un breuvage à l’arôme intense. Une pause déjeuner ? Le plat à l’emporter se décline en version « booster » (à grand renfort de graines, baies, pousses, etc) ou «détox», éliminant, brûlant … quoi au juste ?

Pour avoir l’air d’un(e) gagnant(e), les produits de soins ne sont pas en reste. Ils sont assortis de super pouvoirs, parfois déclinés en triple action protectrice « effet 48 heures » dont l’intérêt m’échappe. Tels des super héros, ces potions font un effet bouclier qui combat les forces du mal (l’âge en premier lieu !) et autres menaces imminentes qui nous guetteraient .

Champions de l’intensité et du vocabulaire guerrier, les produits de nettoyage sortent l’artillerie lourde. Dopés de particules ultra puissantes ils promettent d’exterminer la poussière. Et que dire de l’aspirateur ressemblant à un engin de l’espace, qui permet de mesurer sur écran notre score d’acariens pulvérisés?

Plus le produit promet une action fulgurante, plus il est solidement protégé par un indestructible emballage, empaqueté dans des capsules invincibles. Un peu comme nous, quand nous fendons l’air sur nos skis, vélos, trottinettes, promettant toujours plus (de quoi au juste?). Nous voici, à notre tour, empaquetés dans des protections, carapaces, avertisseurs annonçant au monde notre présence. Pendant ce temps, les voitures dotées de technologie quasi spatiale, rampent à 30 km/h.

Je peux me tromper mais qu’avons-nous vraiment gagné avec toutes ces promesses ? Le café est-il distinctement meilleur ? Equipés pour la guerre des étoiles, avons-nous pour autant cessé de faire le ménage ? Le charabia survolté des produits de beauté a-t-il pulvérisé les signes de l’âge ? Nos armoires débordent juste un peu plus. Et en pensant à ce qui se passe «dans la vraie vie», on se prend à espérer plus de retenue, pour ne pas dire de bon sens.

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Carrière: 7 conseils pour encaisser les critiques et élargir nos options

Essuyer des critiques est inévitable et toujours déplaisant, en particulier dans la sphère professionnelle. Lorsqu’un rapport de subordination existe avec la personne qui nous critique, il conditionne nos options. D’où l’intérêt d’exercer notre capacité à mieux encaisser les critiques car elles éveillent souvent des sentiments d’injustice, de honte, d’incompréhension, de colère, de peur des conséquences, etc. A leur tour, ceux-ci teintent notre attitude: repli, démotivation, esprit de collaboration ou de résistance, perte de confiance, …

Rechercher l’approbation est une quête instinctive qui consolide notre sentiment d’appartenance au groupe. La critique fait exactement le contraire en bousculant notre sentiment de sécurité et de valeur. Face à un tel stress, notre système réagit par la fuite, la lutte ou l’inhibition de l’action.

N’ayant guère prise sur la critique, notre pouvoir réside dans le fait de plier sans ployer, de vaciller sur son socle sans en tomber. Cultiver cette résilience nous permet d’examiner l’information contenue dans la critique, de considérer l’intention de la personne, le crédit que nous lui accordons. Rappelons que le plus souvent, une critique reflète une opinion (subjective): à nous de décider ce que nous désirons en faire!

Voici 7 conseils pour encaisser les critiques et élargir nos options :

  1. Avant de répliquer, inspirer plusieurs fois en identifiant nos émotions atténue des réactions telles que voix étranglée, indignation, larmes ;
  2. Reformuler la critique de manière neutre afin de vérifier qu’on l’a bien comprise ;
  3. Demander des exemples et creuser permet de clarifier les raisons de cette critique ;
  4. Noter les faits aide à consolider sa neutralité ;
  5. Prendre le temps d’y réfléchir est constructif, sans constituer un acquiescement ;
  6. Ce temps peut servir à recueillir l’avis factuel et dépassionné de tiers;
  7. Cas échéant, pourquoi ne pas reprendre la conversation avec l’auteur de la critique ?

Je peux me tromper mais, plus ou moins justes et bienveillantes, les critiques contiennent souvent une pointe de vérité sur soi (et sur l’autre). Face à cela, j’invite toujours mes clients à focaliser leur énergie et leur action sur leur propre développement plutôt que sur le (res)sentiment car ignorer une critique s’avère souvent plus dommageable que de prendre le temps d’y réfléchir.

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Tendre l’oreille à la bonne anxiété

L’anxiété a mauvaise réputation et l’actualité regorge de raisons de l’attiser encore. Docteur en neurosciences, Wendy Suzuki nous propose d’écouter l’anxiété, et plus précisément la bonne, dans son livre « Good Anxiety». Elle se réfère à celle qui nous alerte pour nous protéger des risques en anticipant les futurs possibles, à grands renforts de « Et si… ? Imaginons seulement que… ».

Sous l’effet de l’anxiété, notre esprit se met donc à produire une liste infinie de scénarios. Imaginons que nous ayons à prendre la parole en public sous peu ou à être interviewés. Il se pourrait bien que la veille de l’événement l’anxiété se mette à multiplier des scénarios du pire tels que :  « et si le réveil ne sonnait pas…, et si la circulation…, et si une fois sur place…et si j’avais un blanc».

Afin de ne pas subir en vain les assauts de l’anxiété, l’auteur propose différents moyens de l’apprivoiser. Pour reprendre l’exemple de la prise de parole ou de l’entretien, il s’agirait de retranscrire un message anxiogène tel que «Et si une fois sur place… » sur une liste, sous la forme d’une action concrète à entreprendre pour parer à l’éventualité en question: «Prévoir d’arriver sur place 30 minutes plus tôt pour avoir de la marge… Se renseigner au sujet de… ». Le fait d’inscrire l’action sur une liste a son importance dans l’apaisement progressif de l’état anxieux.

En revanche, la longueur de la liste importe peu car une fois l’émotion apaisée, nous aurons retrouvé un niveau de sécurité suffisamment confortable pour opérer un tri pertinent.

Je peux me tromper mais… puisque « la crainte du danger est mille fois plus terrifiante que le danger présent. Et l’anxiété que nous cause la prévision du mal est plus insupportable que le mal lui-même»*, calepin et stylo en main, je tends l’oreille, à l’écoute de la prochaine salve de “Et si… et si… et si…” afin de rester en mouvement.

*Daniel Defoe auteur de “Robinson Crusoé”

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7 pistes pour optimiser (et retrouver) son temps

Combien de fois se dit-on qu’il faudrait plus de 24 heures dans la journée pour venir à bout de la liste de choses à faire? Et celle du lendemain s’allonge, comme si une 25ème heure allait surgir par magie. La question ne se pose pas les week-ends dont l’objectif déclaré est de ne rien faire!

Le télétravail nous a permis de grapiller le temps des trajets. Et voici qu’en 2022, le temps semble vouloir rattraper sa course, dans un élan collectif qui bouscule ce qui est planifié. Janvier et février engloutis, nous voici déjà en mars.

Où donc passe le temps ? Avons-nous procrastiné? Prévu trop de choses? L’intérêt n’est pas tant de se fustiger que de comprendre quels leviers sont à notre portée. En l’absence de recette universelle, voici des pistes non exhaustives qui aident mes clients:

  • Prendre son élan, avant de se lancer bille en tête dans sa journée. Revalider par exemple les éléments de notre liste par urgence et importance. Etre au clair quant aux objectifs à atteindre, et au besoin les préciser. Et, pour les perfectionnistes, définir le niveau de détail satisfaisant.
  • A quel point y a-t-il le feu ? Avant de sortir les grands moyens, quelle est l’urgence ou l’importance de la situation? Quelle est la partie qui nous incombe ? Et celle qui pourrait être déléguée?
  • Distinguer les leviers d’action: notre productivité est-elle contrariée par des éléments intrinsèques, extrinsèques, ou les deux à la fois? On peut être (intrinsèquement) productif et se heurter à une informatique défaillante ou des demandes imprécises et qui changent intempestivement (causes extrinsèques). Les leviers seront différents si nous nous laissons interrompre par des emails entrants, des appels, des messages personnels, des activités sans rapport, n’osons pas dire non, ou s’il est question de notre motivation…
  • Travailler par séquences : ce recours permet de canaliser les distractions. Il favorise la concentration pendant un temps fixe, suivi d’une pause définie, idéale pour contrôler ses messages, se restaurer, bouger, avant de repartir pour une séquence de travail.
  • Procéder par lots de tâches : technique intéressante pour tous ceux qui sautent d’une tâche à l’autre, perdant au passage du temps et de l’énergie à se reconcentrer. Elle consiste à grouper les tâches par activités plutôt que par dossiers. Ainsi, si nous traitons les dossiers A, B, C qui comprennent différentes tâches (par exemple réunions à planifier et rapports à écrire), il s’agit de prendre connaissance des éléments utiles pour procéder ensuite par tâches (par exemple planification puis rédaction) plutôt que par dossiers.
  • Gérer son agenda c’est aussi bloquer des plages de travail avec la même importance que s’il s’agissait d’un rendez-vous. Sans oublier d’inclure du temps pour absorber les imprévus.
  • Choisir son heure : et s’il s’agissait davantage de gérer son énergie plutôt que son temps ? Connaître ses performances permet de tirer profit des pics pour tout ce qui demande plus d’énergie, ce que nous reportons. Le plus agréable pourra se faire dans les autres moments de la journée. Savoir maîtriser son effet « turbo » permet de produire des étincelles alors que vivre pied au plancher use la mécanique.

Optimiser son temps procure plus de satisfaction pour soi, profite à notre entourage comme à notre travail. Je peux me tromper mais… à l’heure où la semaine de quatre jours est examinée sous l’angle de la productivité, réjouissons-nous que celle-ci concerne autant celle de l’entreprise que celle de chaque collaborateur.

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Réseauter est bien plus que solliciter: 4 idées de fin d’année

Nombre de clients me parlent de leurs scrupules à solliciter leur réseau tout au long de l’année. Or réseauter est bien plus que solliciter: c’est interagir, proposer, échanger, féliciter, remercier, le faire de manière authentique et avec une certaine régularité. Les Fêtes offrent des occasions à la portée de chacun, pour prendre soin de nos relations.

  • Soirée d’entreprise : petits ou grands rassemblements permettent de s’intéresser au parcours d’une personne, de se découvrir un intérêt commun. On peut réseauter de manière transversale (à travers les services) voire verticale, en approchant différents niveaux hiérarchiques. Et si votre soirée n’a pas eu lieu, tout n’est pas perdu !
  • Vœux de fin d’année : pourquoi ne pas dresser une courte liste de personnes à qui faire vos vœux de vive voix, plutôt que par un message écrit standard? Le temps étant précieux, il importe de bien sélectionner, de choisir le bon timing pour l’interlocuteur, et d’avoir un message bref et sincère. Dans une période portée sur le virtuel, la touche humaine sort de l’ordinaire.
  • Remerciements : cultiver son réseau interne et externe, c’est aussi exprimer sa reconnaissance. Quel/le est ce/cette collègue, ce/cette proche, qui vous a consacré du temps? Cette relation professionnelle, ce/cette prestataire qui, en faisant bien plus que son travail, vous a rendu service? C’est le moment de lui rappeler notre appréciation. Voire de proposer une réciprocité.
  • Entre amis il y a fort à parier que chacun évoquera son année écoulée, ses projets à venir. S’y intéresser alimente la relation, nous apprend de nouvelles choses, donne des idées. Que direz-vous lorsqu’on vous interrogera sur 2021 et vos projets pour 2022? Suivant les circonstances personnelles, il peut être utile de réfléchir au message que vous souhaitez transmettre, afin qu’il invite à un échange constructif.

En matière de réseautage, je me donne du courage grâce à la phrase de Sénèque: “Ce n’est pas parce que les choses sont difficiles que nous n’osons pas. C’est parce que nous n’osons pas qu’elles sont difficiles.”

Pratiquer le réseautage avec réciprocité et authenticité: une bonne résolution pour 2022 ?

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Vers une épidémie de notes?

Mesurer la performance par des notes, lettres, points, indicateurs divers n’a rien de nouveau. Les professeurs notent les élèves. Les employeurs évaluent leurs collaborateurs. Ils le font en qualité d’experts.

C’est en matière de services, d’interactions, de transactions, que le monde ne semble plus pouvoir se passer de mesurer notre satisfaction. Nous voici donc soudain (experts ?) notant pêle-mêle déplacements, livraisons, professions libérales, dépannages, propreté des lieux, etc. Au prétexte d’amélioration continue, le monde tournerait-il soudain (mieux) autour d’étoiles, points, pouces levés ou en berne, boutons « sourire » ou « grimace »?

Il n’est pas rare que des employés annoncent aux clients qu’une demande d’évaluation de 0 à 10 leur parviendra. Et de préciser que 7-8 est une note moyenne, tandis que 9-10 correspond à une très bonne prestation. Face à l’absurdité, on serait tenté de s’abstenir d’évaluer. A moins que l’absence de note ne s’avère pénalisante pour le collaborateur !?

A coup de « j’aime » ou « je n’aime pas », qui, de la prestation ou de la personne, évaluons-nous au juste? Avec quelle incidence sur son travail, sa rémunération ? A brasser des étoiles, points, sourires et grimaces, j’ai pour ma part l’impression d’agir sur le symptôme plutôt que sur la source, de donner une réaction simpliste à une question souvent multifactorielle. De contribuer davantage à la visibilité de l’entreprise par les moteurs de recherche, qu’à son excellence.

Je suis viscéralement attachée à la qualité du service, à l’amélioration des prestations, y compris des miennes. Et tout aussi consciente de la somme de facteurs qui construisent une réputation, outre les étoiles et les points.

Pensons au client qui évalue à quel point un professionnel a résolu sa situation, sachant que certains problèmes requièrent la collaboration du client. Pensons au patient évaluant un médecin qui, pour des raisons précises, ne lui prescrirait pas le traitement qu’il souhaite. Plaire est certes agréable mais dangereusement réducteur.

Allons un pas plus loin. Imaginons que des conjoints au seuil de la séparation, se notent «pour mieux servir le prochain partenaire». Que notre médecin note notre performance à suivre le traitement prescrit.  Que notre degré de civisme pendant la pandémie soit noté (et par qui ?). Que les enfants évaluent leurs parents et vice-versa. Et si nos notes isolées s’agrégeaient pour nous attribuer une évaluation universelle ? Et si cette dernière nous donnait un accès plus ou moins aisé à un travail, un logement, un crédit, une relation amoureuse? A ce propos, je signale l’ouvrage « La nouvelle guerre des étoiles » de Vincent Coquaz et Ismael Halissat.

Je peux me tromper mais… notre discernement me semble être l’unique rempart pour ne pas répondre à n’importe quoi sans se demander qui et à quoi cela sert vraiment. Pour ne pas s’engouffrer dans des tendances inabouties. Pour raison garder au milieu des étoiles.

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Carrière : 5 clefs pour parler de soi quand on n’est pas au top

Parler de soi est un acte assez spontané dans des circonstances ordinaires. Qu’il s’agisse de partager des nouvelles, de rire et de nous lamenter, l’échange avec autrui est fluide. Tout se complique lorsque notre carrière nous interroge. C’est particulièrement le cas quand on perd son travail ou que le changement de carrière entrepris n’a pas encore abouti. Que son projet d’entreprise stagne ou que la retraite nous cueille insuffisamment préparés. Ou quand, après avoir mis sa carrière entre parenthèses, on ne sait par quel bout la poursuivre.

Dans ces différentes transitions professionnelles nombre de mes clients évoquent leur malaise face à certaines questions. Que cela soit à une soirée («que faites-vous dans la vie?»), entre deux portes («que deviens-tu?») ou en entretien de travail («parlez-nous de vous»), et voilà que la réponse n’est jamais pleinement satisfaisante. Comment se montrer engageant, concis, convaincant et pertinent quand on doute? Repenser la manière dont nous parlons de nous contribue à renouer avec la confiance en soi, en faisant de ces questions des opportunités positives.

Repenser notre réponse varie selon la personne qui nous interroge et son intention. Rien ne nous oblige, en effet, à nous raconter. Il est donc utile d’avoir en réserve une réponse succincte comme parade. Un classique consiste à répliquer à la question par une autre, qui lancera l’interlocuteur dans un développement. Quant à repenser notre présentation, voici:

5 clefs pour parler de soi quand on n’est pas au top de sa carrière:

  • Démarrez au présent par votre positionnement actuel et futur : je suis spécialiste en, expert/e en, je veux, je cherche, mon projet consiste à …
  • Réservez le passé pour plus tard. Comment vous êtes devenu/e ce que vous êtes servira à renforcer votre crédibilité ultérieurement. Et gare aux envolées nostalgiques : mettez l’accent sur les projets actuels et d’avenir.
  • Songez au fil conducteur qui relie les différentes étapes de votre parcours. L’identifier met en valeur le cheminement, vos motivations, votre personnalité.
  • Partez de votre interlocuteur/trice: écoutez et observez. Comment adapter votre propos pour le rendre encore plus pertinent, l’illustrer? Les histoires doivent intéresser celui qui les écoute. Misez sur la concision et restez connecté/e aux signaux émis par votre interlocuteur.
  • Exercez-vous: votre récit gagnera en conviction à mesure que vous vous l’appropriez. Votre confiance en vous également.

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Le télétravail peut-il nuire aux carrières féminines ?

En un an de télétravail, bon an mal an, chacun a aménagé sa place de travail à domicile et adopté de nouvelles routines.

A mesure que le monde « d’avant » s’estompe, comment sera celui « d’après » pandémie? Y aura-t-il des solutions « à la carte », des formules hybrides? Et si le choix nous est donné, qui, dans le couple, retournera au bureau?

Gare, avant de décider! Selon une récente étude française de Boston Consulting Group*, l’affaire ne se résume pas à de simples considérations pratiques (parfois tentantes), mais bien à l’impact du télétravail sur les carrières féminines.

Les auteurs soulignent en particulier la difficulté à effectuer leur travail : les femmes sont 1,3 fois moins nombreuses que les messieurs, à disposer d’un espace de travail dédié à la maison. Elles sont donc 1,5 fois plus susceptibles d’être interrompues, avec le risque accru d’erreurs, de distractions et la difficulté à se (re-)concentrer. Le télétravail offre, certes, un supplément de flexibilité dans l’organisation du temps. En revanche, il sollicite toute notre autodiscipline pour savoir où débutent et finissent le travail et le repos, et pour limiter le cumul des tâches professionnelles et privées, à l’origine de la charge mentale.

Autre aspect, à considérer : développer sa carrière c’est davantage qu’avoir bien fait son travail. Cela passe aussi par une bonne visibilité et audibilité. A quel point les femmes ont-elles pris la parole en visioconférence l’année écoulée ? 29% de moins que les hommes. Les raisons sont multiples mais en termes de carrière, en prendre conscience permet d’agir en conséquence.

Enfin, l’étude indique que le télétravail génère un sentiment d’isolement, 6% plus marqué chez les femmes. Fortes de ce constat, ont-elles cultivé leur réseau virtuel et réel? Certainement! Mais 13% de moins que les messieurs. S’agissant de gérer sa visibilité et son audibilité, développer son réseau (réel et virtuel) est une étape clef, dont les techniques s’apprivoisent.

Pour faire face aux défis des nouveaux modes de travail, l’étude préconise une prise de conscience forte à tous niveaux, et l’adoption de mesures d’accompagnement qui ont fait leurs preuves, comme le coaching, pour éviter les décrochages professionnels en particulier ceux des femmes.

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*Echantillon de 2002 femmes et hommes travaillant dans des bureaux, tous secteurs et types d’entreprises confondus.

L’art de remettre au lendemain

Connaissez-vous la procrastination consciente ? C’est l’art de remettre au lendemain, en toute conscience, et un acte de liberté dans un monde qui nous presse de construire carrière et famille, vite, vite, entre 25 et 40 ans, avant de basculer dans le « grand âge ». C’est le propos que la philosophe et psychanalyste Hélène L’Heuillet développe dans « Eloge du retard » (Albin Michel).

Une idée séduisante où l’on décide consciemment de remettre une obligation à plus tard, au profit d’un moment pour soi, à savourer pleinement. Car le grand malentendu consiste à penser que le procrastinateur (ou la procrastinatrice) se résume à un être désorganisé, paresseux, voire dépourvu de volonté. D’où le faible succès des injonctions qui lui sont faites de « se secouer », « se remuer », « se dépêcher » sinon…

Pour Fuschia Sirois, professeur de psychologie à l’Université de Sheffield, procrastiner n’est pas éviter une tâche mais éviter les émotions négatives qui y sont associées telles que manque de confiance en soi, sentiment d’incompétence, peur d’échouer… Au classement des tâches les plus procrastinées, outre celles qui ne nous intéressent pas, figurent celles qui sont mal définies, mal attribuées, ambiguës, impliquent un saut dans l’inconnu.

Vu sous cet angle, nous sommes tous des procrastinateurs en puissance. Savoir s’autoréguler consisterait alors à être conscients de notre manœuvre d’évitement de la tâche, à définir ce qu’elle évoque, avant de la décomposer en étapes (gérables) aboutissant au résultat.

Procrastiner ne rime donc pas automatiquement avec lambiner. A la fin d’une bonne journée de procrastination, un procrastinateur zélé peut avoir réorganisé ses dossiers ou ses armoires par codes couleurs, et ce, à la perfection. Comme «LA» tâche n’aura pas avancé d’un pouce pour autant, le zélé sera, au choix, frustré, coupable, stressé, irritable, saturé de grignotage, etc. Et bien décidé à se lever une heure plus tôt le lendemain!

Je peux me tromper mais quand je me surprends à ranger frénétiquement , je “m’autorégule” en observant en quoi cela contribue à LA tâche qui m’attend. Et parfois, le rangement sert à trier mes idées, canaliser le stress, dompter la peur. Tout l‘art de la procrastination consciente consiste alors à savoir en sortir au bon moment.

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