Brèves de psys

SOMMES-NOUS TOUS TRAUMATISES ? Série sur le trauma #2

Sous pression - le trauma

Tous mes nouveaux blogs depuis juillet 2023, sur mon site ici: https://therapie-de-couple.ch/blog/#

Fête du 1er août, je suis un garçon de 8 ans, nous sommes montés en famille au chalet pour la fête nationale. Nous sommes très excités, car nous les trois garçons, nous avons pu acheter des feux d’artifice et surtout de petites fusées, de plusieurs grandeurs. C’est le crépuscule, nous ne pouvons pas attendre, dans le champ à côté, nous commençons tout fiers, à en allumer quelques-unes. Mon père, Britannique venu s’installer après la guerre en Suisse, nous supervise un peu, mais… juste pas assez.

A un moment, mon frère aîné, allume une fusée un peu plus grande que les autres, au mauvais endroit, c’est-à-dire au milieu des fusées qui jonchent le sol. Et c’est là que le vrai feu d’artifice démarre ! En allumant cette fusée, le jet de feu, avant de s’envoler, allume une bonne dizaine d’autres fusées, horizontalement, dans toutes les directions. Juste effrayant et drôle comme tout.

Mon père, qui avait fait la grande guerre dans les parachutistes, ne fait qu’un bond en se couchant par terre, les bras en croix, la tête enfouie dans ses bras pour éviter les bombes !? Réflexe de guerre, complètement inapproprié avec toutes ces flèches qui frôlaient le sol. Nous avons beaucoup ri de cette mésaventure maladroite, mais mon cher père, le pauvre, pour un instant était à nouveau dans “sa guerre“.

Le terme de “traumatisme“ désigne les conséquences émotionnelles pénibles que peut entraîner le fait de vivre un évènement éprouvant. Il n’y a pas de règles et c’est subjectif. C’est à dire, que pour deux mêmes personnes, face à une violence par exemple, le trauma et ses conséquences peuvent être singulières et très différentes. Par ailleurs, certains traumatismes sont apparemment asymptomatiques, mais peuvent se réveiller plus tard, de manière surprenante.

 

Ce blog veut vous donner une meilleure notion

de ce qu’est un psycho-traumatisme

et de quelle manière il peut impacter nos vies et nos proches.

 

Wikipédia en donne une définition simple :

“Le traumatisme psychique, psycho-traumatisme, ou traumatisme psychologique, est l’ensemble des mécanismes de sauvegarde d’ordre psychologique, neurobiologique et physiologique1 qui peuvent se mettre en place à la suite d’un ou de plusieurs évènements générant une charge émotionnelle non contrôlée et dépassant les ressources du sujet (défaut d’intégration corticale). Il s’exprime très souvent par un trouble de stress post-traumatique mais également par des troubles de l’humeur, troubles de la personnalité, troubles de l’alimentation, troubles anxieux généralisés, symptômes dissociatifs, troubles psychotiques aigus, maladies liées aux stress, etc.“

Il est donc à différencier du traumatisme somatique en médecine classique.

 

Une autre histoire, en résumé approximatif, celle de mon Prince Harry !

En 1997, ce petit garçon de 12 ans , Harry, perd sa mère, Diana, de manière dramatique. D’après son récit dont il a abondamment parlé à la Presse, il décida que pleurer, ça ne ferait pas revenir sa mère. Donc il bloqua ses réactions naturelles à un tel choc, comme pleurer, être en colère, craquer et ressentir toutes ces émotions et sentiments qui viennent dans de pareilles circonstances. Il tient le coup, mais dès la fin de son adolescence Harry est turbulent, fait ses frasques, et s’attire des ennuis et le regard des tabloïds… Drogues et alcool, partys déjantées, bagarres etc… Vers l’âge de 28 ans, son grand frère William lui parle et lui demande de se prendre en main et d’aller consulter un thérapeute. Il le fait et cela change tout. Il en parlera à l’époque dans la Presse, en s’exposant de manière étonnante pour un British. D’ailleurs, il a été reconnu pour avoir fait beaucoup pour que la notion de Santé Mentale soit plus acceptable et utile au Royaume Uni.

Suite à ce premier travail sur ses traumas et son passé, il rencontre sa femme Meghan, fonde une famille, quitte son pays et se libère du carcan lourd de notre bien aimée Famille Royale normalement dysfonctionnelle. Pour toute jeune personne, c’est un vrai signe de santé, qu’au moment de sa prise d’autonomie, elle mette une distance avec le premier “nid“ . Cela n’arrange pas sa famille, ce qui est souvent le cas. L’émancipation a parfois un coût.

Cela [les séances de thérapies, il en refait depuis les 4-5 dernières années.] fonctionne pour moi, et je commence à revenir au point de traumatisme et à être capable de tout démêler et déballer pour que je puisse maintenant vivre une vie vraiment authentique, être vraiment heureux et être un meilleur père pour mes enfants”, a relaté le prince Harry. Avant d’ajouter : “Mais en même temps, je me sens de plus en plus distant avec mes proches et ma famille.” Interview du 4 mars 2023

Harry se lâche, décide de parler, d’écrire et de partager son expérience, médiatise et finance ses révélations. Vous pouvez le juger, vous moquer de lui, mais je reste convaincu que son parcours est exemplaire et pour un hyper-sensible et suppléant, il prend sa place et s’offre un vrai chemin de résilience !

Récemment, il a eu un entretien avec un des spécialistes du trauma, le Dr Gabor Maté (ce dernier sera le sujet d’un prochain blog). Le Prince Harry semble avoir vraiment appris comment travailler ses traumas. Il prend ainsi ses responsabilités, ce qui lui permet de vivre sa vie, et que du coup, il libère aussi ses enfants : “ Je ressens une énorme responsabilité à ne pas transmettre les conséquences de mes traumatismes ou d’expériences négatives que j’ai vécues en tant qu’enfant ou en tant qu’homme en grandissant“.

 

Pour vous rassurer, (!) cette rupture nécessaire,

permets souvent plus tard dans de meilleures conditions,

un retour à des relations familiales plus sereines.

 

Dénis, moqueries et dangers ambulants :

La grande méthode après-guerre était de serrer les dents, serrer les fesses, un coup de rein pour se remettre debout, “stiff upper lip“ (lèvres pincées), arrêter d’en faire toute une histoire et aller de l’avant ! Dénis et minimisation. Il fallait survivre, il y avait donc de bonnes raisons à cela. La psychologie populaire en livres et dans les magazines n’existait pas, “ma foi, on devait vivre avec !“

Dans les caricatures, surtout pour nous les hommes, il est de bon ton de ne pas montrer nos faiblesses, de ne pas s’en occuper, voire même de se glorifier de nos cicatrices, de notre dureté et de notre insensibilité. Même si cela est un peu moins vrai ces dernières années, où beaucoup d’hommes (et de femmes bien-sûr) ont pu se montrer vulnérables, même en public, dans les médias, cela reste une sorte de tabou.

Je ne veux pas en parler“, “mais oui, je vais bien“ , “je peux le faire tout seul“, “ça ira mieux“ sont des phrases naïves, mensongères, trop courantes dans les couples et familles, où l’on pourrait s’attendre à plus de transparence et d’honnêteté.

La vulnérabilité (le fait d’être humain, “blessable“ (“verwundlich“ en allemand) est souvent assimilé à de la faiblesse ou de la fragilité. Les Maîtres disent qu’au contraire, c’est une grande force que de pouvoir se montrer vulnérable, de s’assumer dans son humanité.

 

Et de devoir toujours jouer les forts pour cacher ses failles,

c’est un aveu de faiblesse, c’est tuant pour les proches,

et en terme de santé psychique ou physique, c’est dangereux et stupide.

 

Conséquences sur l’entourage : un être humain traumatisé, marqué par un ou des évènements douloureux et laissant de graves blessures au corps et aux âmes, porte ce fardeau et réussi à survivre. Ce qui est déjà extraordinaire. Souvent à l’aide d’addiction, de consommation de substances, de compensations dangereuses et de comportements dysfonctionnels lourds pour les proches au travail ou en privé.

Mais lorsqu’il s’agit de vivre, alors cela devient beaucoup plus difficile. Porter un poids, une ombre, des charges fantômes nous rend maladroit, hyper réactifs de manière inappropriée, peut nous faire passer à l’acte, de manière désastreuse. Une image : nous sommes un peu comme des bombes à retardement. Ces bombes explosent souvent dans le contexte intime et sécure d’un couple ou d’une famille où l’on se lâche de manière plus automatique, parfois des années plus tard.

Imaginez le conflit Russo-Ukrainien en ce moment. Des deux côtés, tous ces traumas, toutes ces charges émotionnelles violentes concernant la folie déshumanisée de cette guerre. Combien de générations devront absorber et faire leur processus avec les séquelles et les conséquences de cet absurde et inutile massacre ?

Il en est vrai de chaque guerre d’ailleurs.

 

Il y a de petits traumas et de grands traumas. Il y a un temps et une disposition à créer pour les travailler avec un professionnel. Certains, rarement, se métabolisent et se digèrent de manière naturelle. D’autres agissent comme les secrets de famille, et peuvent se transmettre aux générations suivantes.

La prise de conscience est souvent facilitée par des proches, par les femmes en particulier – davantage en contact avec leur ressenti, ou hélas victime de la violence normalisée et niée de leur conjoint.

 

Attention, il n’a rien de plus naturel

que nos névroses et nos vieux traumas… !

Ce n’est pas une bonne raison que de les laisser prendre la place et polluer l’ambiance !

 

Les sciences humaines et les experts ont fait des pas de géants dans ce domaine, ces dernières décennies, nous apprenons beaucoup comment en prendre soin et de s’en occuper de manière délicate et appropriée.

 

Demander de l’aide est un signe de maturité.

 

Il y a souvent un avant et un après. Le thème de la résilience que nous voyons partout parle de cela. Il est possible de rebondir, de passer à autre chose, de créer une qualité de vie intérieure meilleure pour nous-même et aussi pour nos proches.

 

 

 

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