Le triathlon, c’est la santé puissance 3

Premier volet d’un tryptique sur le triathlon, qui explore les multiples facettes d’un sport jeune et en développement. Le deuxième traite du triathlon et de la compétitionMes conflits d’intérêts : je suis médecin de la fédération suisse de triathlon, et pratiquant moi-même.

Le triathlon à Genève

Le weekend des 15 et 16 juillet a vu le retour du triathlon de Genève, après une année de pause post organisation des championnats d’Europe en 2015 (couronnés de succès helvétique, et primé comme meilleur triathlon continental).

Quelques 1700 personnes y ont participé avec des formats divers, allant des distances classiquement proposées, à de nouvelles offres plus courtes pour les adultes, des épreuves très courtes pour les enfants et un « run/bike » en équipe de deux sans natation, le tout pour favoriser la découverte du multisports.

Mais c’est un sport pour les supers entraînés, non ?

Pour ceux qui ne connaissent pas cette activité sportive, il s’agit d’enchaîner une partie natation, puis vélo et enfin course à pied, sans pause réelle entre les disciplines. La perception du public, et on le comprend bien, est celle d’un sport un peu extrême, s’adressant aux supers sportifs en combinaison moulantes et machines à deux-roues rutilantes.

La pratique en compétition demande un entraînement régulier dans les diverses disciplines, si l’on veut s’exprimer physiquement avec son plein potentiel. Pour faire la course reine (distance pratiquée aux Jeux Olympiques, 1500m de nage, 40km de vélo et 10km de course), un minimum de 4 à 5 heures d’entraînement hebdomadaire est recommandé, sachant que les amateurs visant la performance en feront entre 12 et 20 heures. Alors oui, vu comme ça, c’est pas pour tout le monde.

Trois activités bonnes pour la santé

Le mouvement est nécessaire à la santé globalement, et il n’est plus nécessaire de rappeler ici les multiples bienfaits du maintien ou de l’amélioration de la condition physique sur la santé. Cette vidéo de l’Office Fédéral du Sport présente brièvement les recommandations en vigueur :

Il est surtout utile de retenir que la pratique d’activités variées permet une sollicitation diversifiée de notre corps et procure des effets bénéfiques complémentaires, tout en évitant la monotonie et la surcharge de l’appareil locomoteur. Dans le cas du triathlon, il s’agit potentiellement d’un trio gagnant, voyez plutôt :

1. La natation présente de nombreux avantages pour la santé, comme sport « porté » sans impact, au contact de l’eau, sollicitant tant le système cardiovasculaire que la musculature du haut du corps et du tronc, les jambes en bonus selon les styles de nage. L’association anglaise de natation (Swim England) a récemment publié un rapport faisant état des multiples bénéfices pour la santé de la natation.

2. La randonnée, la marche, le jogging permettent d’améliorer et d’entretenir son endurance, sa fonction cardiaque, sa musculature des membres inférieurs, ainsi que son équilibre. On redoute souvent les impacts pour ses articulations, craintes qui ne sont guère fondées. Bien au contraire, les articulations bénéficient de ces stimulations mécaniques régulières, tout comme les os dont la densité est entretenue, effet primordial au long cours pour prévenir les fractures de l’âge avancé. C’est seulement en présence d’arthrose marquée, ou encore d’accident des genoux, hanches ou chevilles que l’on préférera éviter trop d’impacts.

3. Le cyclisme peut se pratiquer à tout âge (voir les exploits de Robert Marchand à 105 ans, qui établit cette année un nouveau record de distance en une heure, soit 22.5 km) et a un profil particulièrement intéressant pour le maintien cognitif et de la coordination, tout en permettant une exploration géographique réservant souvent de belles surprises. Les anciens cyclistes du Tour de France vivent même 6 ans de plus que le reste de la population selon cette étude (certes ils avaient peut-être de bons gênes au départ). Le vélo à assistance électrique permettra d’aller plus loin pour les plus hésitants, tout en faisant un effort agréablement bénéfique (voir article dans la Revue de la Conférence Vélo Suisse). Alors, qu’attendez-vous pour les gonfler, ces pneus ?

Le triathlon, c’est la santé puissance 3

N’ayons pas peur des mots. Si vous pratiquez 3 activités dans la semaine, dans l’ordre de votre choix, et selon vos préférences, pour autant que sur l’année vous mélangiez ces trois types d’activité, votre santé bénéficiera d’excellentes conditions pour se porter à merveille.

Les principes à garder en tête seront : pas nécessairement de recherche de performance, mais priorité au plaisir, à la nature, au partage et à la variété. Les français ont d’ailleurs développé un programme qui s’appelle Coaching Triathlon Santé, se ralliant à ces principes et visant la promotion de la santé avant tout.

Le triathlon est en train de faire peau neuve en se redéfinissant comme une superbe opportunité de sport santé. Et si on s’y essayait en famille, entre amis, ou simplement pour soi-même, sans compétition (voir le deuxième billet sur les dérives de la compétition) ?

Boris Gojanovic

Boris Gojanovic est médecin du sport à l'Hôpital de La Tour à Meyrin (GE). Son credo: la santé pour et par le mouvement. Sa bête noire: l'immobilisme. Il s'occupe de tous ceux, jeunes ou moins jeunes, sportifs ou non, qui pensent que bouger mieux les mènera plus loin. Il espère être un facilitateur, tout en contribuant au transfert et à l'échange de connaissances, tant dans la communauté que dans les auditoires.

6 réponses à “Le triathlon, c’est la santé puissance 3

  1. Excellent article!
    Ancien coordinateur de recherche clinique en insuffisance cardiaque à Montréal (Institut de cardiologie et EPIC), je travaille actuellement sur ce sujet, pratiquant moi-même le triathlon non pas en compétition mais en enchaînant les entraînements.
    Si vous êtes intéressé à mes travaux, contactez-moi.

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