Les femmes se mobilisent aujourd’hui pour l’égalité: soutenons-les!

La grève des femmes en ce 14 juin 2019 

Ce matin, 14 juin 2019, 6 heures du matin au réveil, ma première pensée va aux Femmes. Nous sommes le 14 juin 2019: les Femmes font grève aujourd’hui. Maman de deux filles, je me sens de soutenir ce mouvement, avant tout pour nous, Femmes d’aujourd’hui, mais surtout pour elles, qui seront amenées à devoir gérer vie de famille et vie professionnelle dans un monde encore, pour l’heure, inégal.

Lorsque j’explique vouloir écrire sur la grève des Femmes, j’ai droit à une réaction du type : “ne fais pas ta féministe”.

Interpellée, je suis allée rechercher la définition du mot féminisme afin de saisir ce propos.

Le féminisme est un ensemble de mouvements et d’idées politiques, philosophiques et sociales, qui partagent un but commun: définir, promouvoir et atteindre l’égalité politique, économique, culturelle, personnelle, sociale et juridique entre les femmes et les hommes. 

A l’aune de cette définition, j’en conclu que oui, je suis féministe.

Aujourd’hui, je me demande pourquoi, plus de 38 ans après l’inscription dans la Constitution fédérale du principe de l’égalité des droits entre les hommes et les femmes, une grève des Femmes est-elle nécessaire?

Les mouvements de grévistes y répondent:

Parce que les femmes ont des salaires inférieurs aux hommes 

En moyenne, les femmes gagnent 19,6% de moins que les hommes. L’écart est de 16,6% dans le secteur public. Cette différence est calculée pour un plein temps. Comme la majorité des femmes travaillent à temps partiel, la différence de salaire sur la fiche de salaire est de 35% : en Suisse, la moitié des femmes gagnent moins de 3’750 francs par mois contre 5’760 pour les hommes.

Parce que seules les femmes travaillent à temps partiel et sont ainsi sujettes à la précarité, à des chances minimes de faire carrière, à des droits amputés en matière d’assurances sociales et de retraite

En Suisse, près de 59 % des femmes, contre 18% des hommes, travaillent à temps partiel. Pour les parents d’enfants de moins de 4 ans, ce taux est de 83% pour les mères, contre 13% pour les pères. Aussi, seules les femmes, la plupart du temps, cumulent emploi et travail domestique et de soins aux enfants pour un salaire minime à temps partiel. Cela a comme conséquences la précarité, des chances de carrière amoindries et des droits amputés en matière d’assurances sociales et de retraite.

Parce que le temps passé à effectuer du travail domestique n’est pas reconnu (ni rémunéré)

Les femmes assument encore les deux tiers du travail domestique: tâches ménagères, prise en charge et éducation des enfants, soins aux proches âgées et/ou malades, alors que les hommes consacrent la plus importante partie de leur temps à leur emploi. Ce temps de travail offert par les femmes pour le bien-être commun (de la famille, de la société) n’est pas rémunéré. Cela a pour conséquence d’exposer davantage les femmes à la pauvreté, en particulier les femmes vivant seules avec des enfants ou étant à la retraite.

Parce que concilier vie de famille et vie professionnelle est compliqué 

Si la mère suisse est actuellement protégée durant sa grossesse et son congé maternité, qu’elle à un droit à l’allaitement et dispose de trois jours en cas d’enfant malade, la Suisse est l’un des pays les moins généreux en matière de congé maternité et c’est sans parler du congé paternité qui est, quant à lui, laissé au bon vouloir des entreprises. Les Femmes revendiquent à ce titre que des mesure concrètes soient prises pour pouvoir concilier plus harmonieusement vie de famille et travail, à l’exemple d’un congé maternité plus long, d’un congé parental, de jours supplémentaires rémunérés pour enfants ou proches malades.

Parce que les professions féminines sont dévalorisées, parce que le harcèlement sexuel n’est pas admissible et que les violences faites aux femmes doivent cesser

Le monde du travail est cloisonné et les professions “féminines” sont moins bien rémunérées à niveau d’étude équivalent.

A cela s’ajoute que bien que la Loi sur l’égalité interdise le harcèlement sexuel, peu de femmes aboutissent dans leur démarche visant à dénoncer ces agissements contraires au droit et 83% des plaintes déposées par les Femmes sont rejetées.

Quant aux violences, en Suisse, une personne décède en raison de violences domestiques toutes les deux semaines, les victimes étant majoritairement des Femmes.

* * *

Pour toutes ces excellentes raisons visant à obtenir une réelle égalité, les femmes sont dans la rue aujourd’hui et nous nous devons de les soutenir, que nous soyons nés Homme ou Femme.

 

                                                                  Anaïs Brodard

avocate et médiatrice FSA

 

http://mediation-avocate-lausanne.ch

http://www.metropole-avocats.ch/etude/me-a-brodard

http://www.mediation-oav.ch/cms/index.php

Anais Brodard

Anaïs Brodard est avocate de droit de la famille (divorce/séparation) à Lausanne. Elle est également médiatrice FSA et formée au droit collaboratif. Associée au sein de l'étude Brodard Avocats SA, elle est principalement active dans le droit de la famille, domaine dans lequel elle exerce tant comme avocate, que comme médiatrice reconnue par la Fédération Suisse des Avocats et assermentée par le Tribunal cantonal. A ce titre, elle est régulièrement appelée par les Tribunaux.

5 réponses à “Les femmes se mobilisent aujourd’hui pour l’égalité: soutenons-les!

  1. Si les revendications des femmes sont légitimes, le choix éditorial de votre journal de ce jour, à savoir laisser en blanc toutes les contributions de femmes, est en revanche une grossière erreur, dans la mesure où elle va à l’encontre du but recherché: il montre qu’un journal peut parfaitement se passer de femmes pour l’essentiel de l’actualité. Plutôt que de mettre en évidence la contribution des femmes de manière négative, il eût été bien plus efficace de la mettre en évidence de manière positive, par exemple en imprimant leurs articles en rose ou dans un cadre rose. Dommage.

    1. P.S. Succès total, bravo les femmes 🙂

      Ainsi, le 14 mai deviendra chaque année la grève des femmes, ou la prochaine est prévue dans vingt ans?

      Oui, j’aime trop les femmes pour croire qu’elles puissent penser que ce jour va changer quoi que ce soit

  2. Question de point de vue. J’aurais personnellement préféré un journal du 14 juin avec des News rédigées uniquement par des femmes. Mais je reconnais qu’elles auraient pu être en opposition avec le mouvement de grève. Donc je m’incline.
    Une enquête/investigation journalistique serait bienvenue pour entendre et comprendre ces « vieux schnock » d’un autre âge qui s’obstinent encore et toujours en 2019 dans les divers comités et autres instances décisionnelles politiques à maintenir, coûte que coûte, ces différences entre homme et femme (salaires, fonctions, responsabilités, congés parentaux, etc.). On devine facilement les raisons, mais on aimerait les entendre le dire.

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